précieux de cette excellente éducation générale, ni
de ceux d’une bonne éducation particuliere. [D . J .)
GYMNOSOPHISTES, f. m. plur. philofophes indiens
qui vivoient dans une grande retraite, faifant>
profemon de renoncer à toutes fortes de voluptés
pour s’adonner à la contemplation des merveilles de
la nature. Ils alloient nuds la plupart du tems, ce que
lignifie leur nom, & cela peut-être à caufe de la chaleur
exceflive de leur pays. On en diftinguoit deux
fettes principales, les Brachmanes 8c les Hylobiens:
ceux-ci fùyoient le commerce des hommes ; les autres
un peu plus humanifés fe couvroient d’écorce
d’arbres, paroiffoient quelquefois dans la fociété,
8c fe mêloient de medecine. Les Gymnofophifles
croyoient l’immortalité de l’ame, 8c fa métempfyco-
fe ou tranfmigration d’un corps dans un autre ; 8c
l’on prétend que Pythagore avoit pris d’eux cette
opinion. Ils faifoient confifter le bonheur de l’homme
à méprifer les biens de la fortune & les plailirs
des fens, 8c fe glorifioient de donner des confeils
defintérefles aux princes & aux magiftrats. Lorfqu’ils
devenoient vieux & infirmes, ils fejettoient eux-mêmes
dans un bûcher embrafé, pour éviter l’ignominie
qu’ils trouvoient à fe laiflèr accabler par les années
8c les maladies. Un d’eux, nommé Calanus, fe
brûla ainfi lui - même en préfence d’Alexandre le
grand. Il y avoit aufli en Afrique 8c en Ethiopie des
philofophes du même nom. ^qye^BRAGHMANES,
& à L'article I n d i e n S , La Philofophie des Indiens. ( G )
GYNÉCÉE, (Antiq. rom. ) logement deftiné à
mettre en réferve les habits, hardes , linge, meubles
, 8c autres effets de la garderobe des empereurs,
pour qu’ils puffent s’en fervir lorfque les affaires les
appelloient tantôt dans une province, tantôt dans
une autre. Il y avoit de ces fortes de logemens en
plufieurs villes des diverfes provinces, fituées fur
de grandes routes.
Quoique le mot gynoeceum, emprunté des Grecs
par les Latins , lig n i f ie proprement un cabinet oii les
femmes ferrent leurs habirsprècieux, bagues, joyaux,
ornemens, &c. néanmoins il s’applique particulièrement
à tous les endroits où on confervoit les habits
& ameublemens impériaux dans les villes principales
.Q
uantité de perfonnes, fur-tout des femmes,
étoient logées dans ces fortes de bâtimens, pour travailler
à l’ameublement de l ’empereur, ou à d’autres
manufa&ures.
Les maîtres des garderobes impériales de Province
fe nommoient procuratores gynoeciorum ; parce
qu’ils dévoient avoir foin que rien ne manquât de
ce qui concernoitle linge, vêtement, meubles, 8c
autres commodités néceffaires au fervice domeftique
des empereurs en route. Ils dévoient aufli tenir toû-
iours prêts un grand nombre d’habits pour les foldats :
enfin ils dévoient avoir en magafin des provifions fuf-
fifantes de toile à voiles pour les navires 8c vaiffeaux
de guerre, dont l’équipement feroit ordonné.
La notice de l’Empire appelle ces fortes d’inten-
dans procuratores gynoegiorum, mais c’eft par corruption
du vrai mot ; car dans les lois impériales, gynoe-
giurn fignifie un chenil, 8c félon Suidas, le lieu où
on expofoit aux yeux du peuple les bêtes féroces que
les gouverneurs des provinces envoyoient à l’empereur
pour les fpeôacles publics. Il n’y a donc point
de doute qu’il ne faille lire procuratores gynoeciorum,
c’efl; - à - dire maîtres des garderobes impériales : on
comptoit quinze de ces maîtres dans l’empire d’occident
, dont il y en avoit fix établis dans fix villes
ou cités des Gaules ; & tous étoient fubordonnés à
l’intendant général des finances ,fub difpojitione corni-
tis facrarum largitionum. (Z>. J.')
G Y N É C IA IR E , f. m. (H f l. anc.) ouvrier qui
travaille dans la g ynecée ; les hommes faifoient le
métier de tifferand 8c de tailleur dans les gynécées ;
les femmes filoient la laine & la fo ie , que les hommes
employoient à faire dès étoffes.
Quelquefois on condamnoit les criminels à travailler
dans le gynecée pour le prince, à-peu-près
comme on les condamne aujourd’hui à fervir fur
les galeres : du - moins ce travail étoit une corvée
que les princes exigeoient de leurs fujets, hommes;
ou femmes. Diciionn. de Trév. & Chambers
GYNÉCONOME, f. m. (.HiJÎ. anc.') nom d’un*'
magiftrat d’Athènes, qui avoit infpeétion fur les
femmes.
Les gynéconomes étoient au nombre de dix ; ils
s’informoient de la vie 8c des moeurs des dames de
la v ille , puniffoient celles qui fe comportoient mal
8c qui fortoient des bornes dé la pudeur 8c de la mo-
deftie qui convient au fexe.
Ils expofoient dans un lieu public la lifte de celles
qu’ils avoient condamnées à quelque amende ,
ou à d’autres peines. Diciionn. de Trév. & Chambers.
GYNÉCOCRATIE, f. f. (Hijl. anc.) état où les
femmes peuvent gouverner, ou gouvernent.
Dans ce fens, l’Efpagne & l’Angleterre font des
gynécocraties. Les François s’eftiment fort heureux
de ce que leur gouvernement ne peut être gynécq-
cratique. Voye[ L o i SALIQUE. Chambers.
GYNÊCOCRATUMÊNIENS, fubft. m. pl. (HiJI;
anc.) nom propre d’un ancien peuple de la Sarmatie
européenne, qui habitoit fur le bord oriental du T a-
naïs vers fon embouchure, dans les Palus Méotides.
Ce nom lui vient, félon quelques auteurs, de ce qu’il
n’y avoit aucune femme chez lui, ou plûtôt parce
qu’il étoit gouverné par une femme.
Le P. Hardouin dans fes notes fur Pline, dit qu’ils
furent ainfi nommés parce qu’àprès un combat qu’ils .
perdirent fur les bords du Thermodoon avec les
Amazones, ils eurent commerce avec elles pouf
leur donner des enfans : & quod viclricibus obfequan-
tur adprocurandam eis J'oboUm.
Le P. Hardouin les appelle les maris des Amazones
, Ama^onum connubia : ca r , comme cepere l’ob-
ferve, il faut ôter unde du texte de Pline, puifqu’il
n’y a été ajoûté que par des gens qui n’ont point
entendu cet auteur, unde Ama^onum connubia.
Ceux qui prennent les Amazones pour un peuple
fabuleux, en difent autant des Gynécocratuméniensm
V oye^ Amazone. Diciionn. de Trév. & Chambers.
G Y P S E , ou Pie r r e à Pl â t r e , gypfum, (Hifi;
nat. Minéral.) on appelle gypfes ou pierres gypfeufes ^
toutes les pierres que l’aô io n du feu change en plâtre
: ainfi le gypfe ou la pierre à plâtre font la même
ch o fe , 8c le plâtre eft le produit que donne le gypfe,
lorfqu’il a été calciné. Voye{ Pl â t r e .
Les gypfes font des pierres très-tendres ; leur tiflii
eft ordinairement fi peu ferré, qu’on peut les égratigner
avec l’ongle, les pulvérifer, ou les écrafer entre
les doigts : ils ne donnent point d’étincelles lorf-
qu’on les frappe avec de l’acier ; ils ne font point fo-
lubles dans les acides, quoique quelques auteurs pré-;
tendent qu’ils s’y diflolvent.
Les anciens ont connu differentes efpeces de gypfe
, dont ils faifoient le même ufage que nous ; l’île
de Chypre en avoit des carrières confidérables. Ils
nommoient metallum gypfnum, celui qu’ils regar-
doient comme le plus parfait; c’étoit, fuivant M.
Hill, le gypfe feuilleté, que nous appelions pierre
fpéculaire. Les naturaliftes anciens parlent aufli d’une
pierre qu’ils appelloient gypfum tymphaicum, qui
mêlée avec l’eau fans avoir éprouvé l’aélion du feu ,
prenoit corps & faifoit un ciment ou plâtre. Ils s’en
lervoient aufli pour dégraiflèr les habits, comme de
la terre cimoléc : mais il y a lieu de croire que c’étoit
plûtôt une fubftançe calcaire , telle que celle
qu’on
qu’on nomme calx nativa , 8c que c’eft improprement
qu’on lui donnoit le nom de gypfum. Voye{ le
traité des pierres de Théophrafte, avec les notes de
M. Hill, pag. 20Ç). & fuiv. de la traduftion franç,
8c Plinii hiß. nat. lib. X X X V I . cap. xvij.
Les gypfes varient pour la couleur & pour la figure
; ce qui fait qu’on en compte plufieurs efpeces.
La plus connue 8c la plus ordinaire eft celle qu’on
nomme pierre à plâtre ; elle fe divife en maffes d’une
figure indéterminée : au premier coup-d’oeil elle
a quelque reflemblance avec de la pierre à chaux,
& quelquefois avec le grès. Elle paroît remplie de
points luifans, qui la font en quelque forte reflèm-
bler à du fucre brut ; elle eft ou blanche, ou d’un
gris clair , ou femée de taches, ou rougeâtre, ou
verdâtre, &c. On en trouve de cette efpece à Montmartre
8c dans plufieurs autres endroits des environs
de Paris, où on la nomme pierre à plâtre, ou motion
de plâtre «
Le gypfe feuilleté, qui s’appelle atiflî pierre fpéculaire
Sc miroir des ânes, eft une pierre formée par
l’aflemblage de plufieurs feuillets très-minces 8c
tranfparens, placés les uns fur les autres, 8c qui fe
féparent aifément. Ces feuillets font quelquefois
prefque aufli tranfparens que du verre ; quelquefois
ils font colorés , ce qui fait que leur aflemblage forme
une pierre jaunâtre, ou brune 8c luifante, fur
laquelle on voit des iris ou les couleurs de l’arc-en-
ciel. Çe gypfe reffemble beaucoup au ta lc , qu’on
nomme glacies marie , ou verre de Rußte : voilà pourquoi
plufieurs auteurs l’ont confondu avec lui, quoiqu’il
en diffère par les propriétés. Le gypfe feuilleté
devient blanc, & perd fa tranfparence dans le feu ;
au lieu que le talc n’y éprouve aucun changement.
Ce gypfe a aufli de la reflemblance avec le fpath
feuillete 8c rhomboidal ; mais ce dernier eft une
pierre calcaire. On trouve aufli de la pierre fpéculaire
ou du gypfe feuilleté dans les carrières de Montmartre
; on regarde le plâtre qui en eft fait, comme
le plus pur. Il y a du gypfe dont les lames ou feuillets
font difpofés confufément : quelques auteurs le
nomment gypfe ardoifé. II ne diffère de l’autre que
par l’arrangement de fes parties , qui font qu’il eft
plus ou moins opaque. Quelquefois les lames du
gypfe feuilleté fe réunifiant par une de leurs extrémités,
forment différens angles plus ou moins aigus ;
comme on peut le remarquer dans le gypfe feuilleté
de Montmartre ; fouvent l’efpace compris entre les
deux angles, eft rempli d’une fubftançe étrangère
qui eft calcaire.
Le gypfe ftrié eft une pierre formée par un affem-
blage de filets ou d’aiguilles, paralleles les unes aux
autres ; ce qui fait qu’elle reffemble parfaitement à
de l’asbefte , ou à de l’amiante : quelques auteurs
l ’ont abufivement nommé alun de plume.
Les gypfes cryftallifés font des pierres dont la figure
varie ; elle eft tantôt rhomboidale , tantôt par
filets, tantôt en pyramides de differentes grandeurs ;
mais le plus fouvent en colonnes, aflèz femblables
aux cryftaux du fel de Glauber : ces cryftallifations
gypfeufes fe reconnoiflènt aifément à leur peu de
confiftence 8c de dureté. C ’eft improprement que
quelques auteurs ont donné le nom de félénite à
cette efpece de gypfe.
Le gypfe folide eft une pierre dont les parties font
liées fi étroitement, qu’on a de la peine à diftinguer
la figure des parties qui la composent : cette pierre
a de la tranfparence, 8c reflemble aflèz à de la cire
blanche. On en fait en Allemagne des figures aflèz
agréables.
Un très-grand nombre de naturaliftes dont l’autorité
eft d’ailleurs refpeûable , mettent l’albâtre au
rang dt s gypfes ; mais cela demande une explication.
Ces auteurs femblent avoir donné le nom d’albâtre à
Tome V U .
une pierre qui, à la vérité, lui reffemble beaucoup ,
tant par fon tiffu que par fa blancheur, par les veines
& les couleurs qu’on y remarque. Cette pierre,
qui eft un vrai gypfe, fe trouve fur-tout en differentes
parties de l’Allemagne, 8c c’eft fur elle que M.
Pott a fait toutes fes expériences pour découvrir la
nature de la pierre gypfeufe : mais le véritable albâtre
, 8c fur - tout celui que nous connoiffons fous le
nom d'albâtre oriental, dont on fait des tables, des
colonnes, des manteaux de cheminées, & d’autres
ouvrages, doit être regardé comme une pierre calcaire
, puifqu’il fait effèrvefcence avec les acides, 8c
fe change en chaux par la calcination; Ferrante Im-
perato regarde l’albâtre comme une ftalaûite , Sc i l
y a toute apparence que c’eft le marbre qui produit
cette ftalaûite. On peut voir plufieurs de ces a lb â-.
très en ftalaflite, dans le cabinet du jardin du Roi à
Paris. Ainfi la pierre que MM. Vallerius & Pott nomment
albâtre, & qu’ils placent parmi les gypfes, n’a
rien de commun, finon la reflèmblance extérieure ,
avec ce que nous entendons par albâtre.
M. Wallerius met aufli la pierre phofphorique »•
appellée.p/erre de Bologne, au rang des gypfes ; mais
de fon aveu même elle eft calcaire , puifqu’il dit
qu’elle fait effèrvefcence avec les acides. Le même
auteur dit dans fes remarques, que tous les.gypfes
acquerent par la calcination la propriété de luire
dans l’obfcurité, tout comme les pierres calcaires 8c
les marbres ; mais M. Pott nous apprend que fes expériences
lui ont fait voir le contraire. M. "Wallerius
met aufli la pierre néphrétique au rang des gypfes >
tandis qu’il lui attribue de même la propriété d’être
foluble dans les acides. Voye^ la minéralogie de Wallerius
, tome I. pag. $8. & fuiv. de la traduélion fran-
. çoife.
Le célébré M. Pott, dans fa lithogiognofie, fait
une claflè particulière des gypfes; au lieu que d’autres
auteurs penfent qu’on ne doit en faire qu’une
foûdivifion des pierres calcaires ; qu’elles n’en different
qu’accidentellement & par des qualités qui ne
font point de l’eflèncè de la pierre : ainfi ils regardent
le gypfe comme une pierre calcaire modifiée.
M. de Jufti eft de ce fentiment, dans fon plan du régné
minéral, § . 4/0. &fuiv.
M. Macquer regarde le plâtre comme une chaux
grofliere, & croit que le gypfe n’eft point compofé
de parties homogènes, comme la pierre à chaux;
mais qu’il entre deux efpeces de pierres dans fa com-
pofition, dont l’une eft calcinable, 8c l’autre ne l’eft
point ; il dit que c’eft pour cela que le plâtre prend
corps avec l’eàu , 8c fe durcit avec elle fans addition
de fable, parce que le plâtre eft une chaux qui porte
déjà fon fable avec elle. Voyc{ les mémoires de l'académie
royale des Sciences , année 1747 , page GS-l
& fuiv.
Quoi qu’il en foit de tous ces fentimens, voici
les différences qui fe trouvent entre le gypfe 8c lu
pierre à chaux. i° . Le gypfe, foit cru, foit calciné%
ne fait point d’effervefcence avec les acides , tels
que l’eau-forte, l’efprit de fel, &c. au lieu que toute
pierre calcaire s’y diflout très-promptement 8c avec
effèrvefcence, foit avant, foit après la calcination-.1
Quand une pierre gypfeufe fait effèrvefcence, c’eft
une preuve qu’elle n’eft point pure, mais mélangée
avec quelque fubftançe calcaire. Cependant M. de
Jufti prétend, dans fa minéralogie, que les gypfes fe
diflolvent dans les acides lorfqu’ils ont été divifés
8c atténués*, & qu’il y en a même qui fe diflolvent
avec une effèrvefcence plus confidérable que le marbre.
Il faut que cet auteur ait été trompé par des
pierres calcaires qui feflèmbloient à du gypfe, ou par
des pierres gypfeufes, mêlées de parties calcaires.
20. La pierre à chaux calcinée donne une fubftançe
qui s’échauffe fortement lorfqu’on la mêle avec de,
* O O O o 0 o