fujet, entr’autres ouvrages, l’hijloire de tacadémie de
îy iÇ ; les épliémerides des curieux de la nature, Déc.
I I . année. Santorinus fait mention d’une femme qui
ne laiflapasdè concevoir, quoiqu’elle eût dans le
Ventre un enfant qu’elle portoit depuis vingt-trois
ans ; ce qui fit juger que cet enfant n’étoit pas dans
la matrice, Comme on s’en convainquit enfuite»
5°- Qu’il y a un grand nombre d’obfervations de
conceptions qui fe font faites dans les trompes de
Fallope, dans lefquelles les oeufs fécondés ont pris
leur accroiffement, & les fétus ont groffi comme
dans la matrice. Riolan , Duverney, Mauriceau,
Dionis, Douglas, & bien d’autres auteurs, rapportent
des exemples de groffeffes tubales. Mais outre
ce que des accidens, des écarts de la nature ont appris
à cet égard, on ne doit pas omettre ce quê l’art
a confirmé fur ce fujet par la fameufe expérience
faite & rapportée par Nlick (adenogr. curiof.), qui
ayant lié la trompe d’une chienne trois jours après
la copulation, affûre avoir trouvé le vingt-unieme
jour deux fétus entre l’ovaire & la ligature, tandis
que la portion de la trompe entre la ligature & la
matrice fe trouvoit abfolument vuide. L’accord de
ce fait avec ceux qui viennent d’être allégués, qui
ont \m rapport très-direô à celui-ci » ne laiffent aucun
doute fur la vérité du réfultat.
4°. Que l’érettion des trompes, l’application du
pavillon aux ovaires, le mouvement périftaltique
de ces conduits, concourent à annoncer qu’ils font
deftinés à recevoir les oeufs détachés des ovaires &
à les tranfporter dans la matrice. Toutes ces propriétés
étant prouvées par les obfervations de plufieurs
anatomiftes célébrés, tels que Graaf, Malpi-
g h i, Valifnieri, Bohn, &c. Semblent ne devoir laif-
fer aucun doute fur les effets qui doivent s’enfuivre,
fans lefquels on ne verroit point de quel ufage peuvent
être ces organes dans l’économie animale. Voye[
Ovaire, OEuf, Trompe de Fallope (Anat.)
j°. Que la qualité alkalefcente halitueuje, qui eft
reconnue dans la partie fubtile de la femence du
mâle (voye{ Semence) , la rend très-propre à pénétrer
la fubftance de l’oeuf, à produire une forte de
diffolution dans les différentes humeurs du petit corps
de l’embryon qu’il contient, qui, comme elles ne
participoient auparavant que d’une maniéré fort
éloignée aux effets du principe du mouvement commun
à toutes les parties de l’individu femelle, ne
pouvoient avoir que peu de fluidité, & fe mouvoir
qu’avec une extrême lenteur ; enforte que, ayant
acquis par l’influence de la liqueur féminale une plus
grande difpofition à circuler, qu’elles n’avoient,
étant laiffées à elles-mêmes ; l’ame ou la puiffance
motrice, telle qu’elle puiffe être, que le Créateur
place en même tems dans cette petite machine, y
met tous les organes en jeu, & commence une vie
qui eft propre à l’embryon, dont les effets tendent
dès-lors à convertir en fa fubftance les fucs nourriciers
renfermés dans l’oeuf, à le faire croître par ce
moyen, & à en former un animal parfait.
6°. Que l’on ne peut pas douter que la femence
ne puiffe être portée jufqu’à l’ovaire, par le moyen
de la matriee & des trompes en éreôion. Si l’on fait
attention que cette liqueur n’eft pas d’une gravité
fpécifique plus confidérable que celle des parois de
la matrice & des trompes ; qu’elle peut par confé-
quent contrafter adhéfion avec la furface intérieure
de ces organes, & qu’elle peut être attirée de proche
en proche jufqu’à l’extrémité des trompes par
une fuéfion femblable à celle des tubes capillaires;
qu’on peut aufli fe repréfenter le tranfport de la femence
dans les cavités de la matrice & des trompes,
comme étant fait par un méchanifme femblable à
celui de la déglutition dans l’oefophage, par une forte
de mouvement périftaltique que l’on a dit ci-devant
avoir été obfervé dans les trompes, qui devient an»
tipériftaltique, pour porter en lens oppofé les oeufs
de l’ovaire dans la matrice , qui, quoiqu’ils foient
d’un plus grand diamètre que celui des trompes, dilatent
ces conduits, comme le bol alimentaire .fait à
l’égard de l’oefophage dans la déglutition»
7°. Que la comparaifon fe foûtient à tous égards
entre ce qui fe paffe pour la génération des animaux
vivipares & des animaux ovipares ; que comme les
oeufs de ceux-là ont befoin de l’incubation, pour
que la chaleur y prépare les fucs nourriciers de l’embryon
qui y eft contenu, & le difpofe à prendre de
l’accroifl'ement, à fe fortifier affez pour fortiï de fa
prifon & devenir enfuite un animal parfait ; de même
les oeufs fécondés dans les vivipares font retenus
dans la matrice, pour y être gardés & expofés à
une véritable incubation au même degré de chaleur
pendant un tems plus ou moins long, pour les mêmes
effets que le poulet, par exemple, éprouvé dans
l’oeuf couvé.
8°. Que cette analogie, à l’égard de la génération
entre les animaux ovipares & les vivipares, paroît
bien complété , fur-toüt en raifonnant d’après les
expériences nombreufes & rapportées par plufieurs
auteurs (vid. comment, injlit.medic. Boerhaav. § . (ftTç.
not. 20. Haller), qui prétendent que les femmes, &
par conféquent les femelles de la plupart des autres
animaux vivipares, Ont non-feulement des oeufs
fufceptibles d’être portés dans la matrice , après
avoir été fécondés, mais encore de ceux qui peuvent
y être portés, fans être fécondés : que ceux-ci
ont la faculté de groflir affez, par la feule nourriture
qui leur eft fournie, de l’individu femelle dont ils
font partie, pour fe détacher de l ’ovaire, être reçus
dans les trompes, portés dans la matrice, & en
fortir avec le fang menftruel, ou même avec la liqueur
qui s’en répand dans les aûes voluptueux,
comme le coït, & les autres moyens propres à exciter
l’orgafme vénérien ; dans lefquels oeufs inféconds
on n’obferve cependant aucune trace de l’embryon
contenu, parce qu’il eft imperceptible tant
qu’il ne joiiit pas d’une vie qui lui foit propre, 8c
qui puiffe commencer à rendre fenfible le développement
de fes parties.
9°. Enfin que l’analogie conduit à adopter le fen-
timent des oeufs à l’égard de la génération, non-feulement
par rapport aux animaux ovipares, mais
encore par rapport aux plantes, qui, félon l ’obfer-
vationdes plus habiles botaniologiftes, tels que MM.
Linnæus, de Sauvages, fe reproduifent toutes par
le moyen d’une trompe qui fert à porter dans l’amas
de graines , que l’on peut regarder comme un
ovaire, la pouffiere féminale pour les féconder ; en-
forte que cette trompe étant liée, & cette pouffiere
n’y pouvant pénétrer, elles reftent infécondes.
Quelques auteurs ont prétendu qu’il n’eft pas ab-
folument néceffaire que la femence du mâle entre
dans la matrice pour parvenir aux'ovaires, & pour
rendre par cette voie la femelle féconde ; parce que,
félon quelques obfervations, des femelles bouclées,
qui n’avoient par conféquent pu recevoir cette liqueur,
ou d’autres, qui de fait ne l’a voient point
reçue dans le vagin, mais feulement fur les bords
de fon orifice extérieur, n’avoient pas laiffé que d’être
imprégnées. Ils ont imaginé que pour refoudre
cétte difficulté, il fuffit de fuppofer que la femence
ainfi verfée fur les bords du vagin, eft reçue dans
les vaiffeaux abforbans qui la portent dans les veines
; d’oii elle eft bien-tôt mêlée dans toute la maffe
du fang, & portée par la circulation jufqu’aux ovaires
; enforte que l’oeuf difpofé à être fécondé, n’eft
fait te l, qu’après que toute la maffe des humeurs de
la femelle a été, pour ainfi dire, fécondée elle-
même.
G E N
C’eft à ce mélange de la liqueur féminale du mâle
dans le fang de la femelle, que M. Fizes, qui entr’autres
a adopté ce fentiment (exercitatio de générât,
liomin. perioch. I II. ) , attribue tous les defordres,
dont font fatiguées, tourmentées la plupart des femmes
nouvellement enceintes. On peut en voir une
raifon plus vraiffemblable dans l'article Equilibre,
(Economie animale. )
Mais, d’après cette idée de fécondation procurée
par le moyen de la circulation, il devroit s’enfuivre
que cette oeuvre admirable pourroit être opérée,
par quelque voie que la femence fort introduite
dans la maffe du fang, & que les oeufs des ovaires
devroient être rendus féconds tous à-la-fois, ce qui
eft contre l’expérience.
Quoi qu’il en foit, de quelque manière que l’oeuf
foit fécondé ; foit que la femence du mâle portée
immédiatement jufqu’à lui, par la voie de la matrice
ou des trompes de Fallope, en pénétré la fubftance ;
foit que délayée dans la maffe des humeurs, elle n’y
parvienne que par les routes de la circulation vers
les ovaires : cette femence ou cet efprit féminal
ayant la propriété d’exciter l’irritabilité des parties
de l’embryon imperceptible, qui font déjà toutes
formées dans l’oe uf, y met ainfi en jeu le principe
du mouvement qui leur eft particulier, & les dif-
.pofe à fe développer, à fe rendre fenfibles. L’oeuf
jufque-là fixement attaché à l’ovaire, s’étend en
tous fens, fort de la cavité qui ne peut plus le contenir
, rompt fon pédicule, fe détache par conféquent
de l’ovaire : il eft reçu dans le canal de la
trompe, dont l’extrémité appellée le p a v i llo n , em-
braffe alors l’ovaire pour recevoir cet oe uf, qui delà
eft porté dans la matrice par le méchanifme dont
il a été fait mention ci-devant. Alors femblable aux
graines des plantes ou des arbres, lorfqu’elles font
reçues dans un terrein propre à les faire germer &
végéter, l’oe uf pouffe des racines de la furface des
membranes dont il eft compofé, qui, pénétrant dans
les pores de la matrice jufqu’à s’anaftomofer avec
les vaiffçaux de cet organe, en tirent les fucs nourriciers
néceffaires pour fon accroiffement, & pour
celui de l’embryon qu’il contient, & qui fait un tout
avec lui ; enforte qp’il fe nourrit du fang de fa mere,
comme les plantes des fucs de la terre, &. qu’il commence
à vivre par une véritable végétation. Voye^
ci-aprés GROSSESSE.
Aurefte , qu’une efpece de folidité, de dureté qui
fe trouve ordinairement dans l’enveloppe extérieure
des oeufs des oifeaux, n’empêche pas de comparer
à ces oeufs les facs dans lefquels font enfermés les
embryons des vivipares ; les oeufs de plufieurs animaux
, des tortues, des ferpens, des léfards, 8c. des
poiffons, n’ont point d’enveloppe dure, 8c n’en ont
qu’une mollaffe 8c flexible ; ce ne font pas moins des
oeufs, comme plufieurs de ceux que font bien des
poules, qui font fans coquille. Ainfi il eft bien des
animaux qui confirment cette analogie par rapport
aux enveloppes refpeftives des embryons ; on peut
même rapprocher encore davantage la génération
des animaux vivipares de celle des ovipares, fi l’on
fait attention qu’il n’y a pas d’autre différence, qu’en
ce que dans ceux-ci les oeufs n’éclofent que quelque
tems après être fortis du corps de la femelle ;
au lieu que dans les vivipares les oeufs éclofènt immédiatement
en lortant du corps de la mere : d’ou il
s enfuit que l’incubation qui eft néceffaire pour le
développement des parties de l’embryon, tout formé
dès la fécondation, le fait dans le corps à l’égard
des vivipares 8c hors le corps des ovipares, 8c
que par conféquent ces deux fortes de générations
reviennent au même. Voye^ OE u f , Incubation.
Quelque bien fondé que paroiffe, par toutes ces
raifôns, le fyftème des oeufs, on n’a pas laiffé de le
trouver encore fufceptible de bien des difficultés >
tant générales que particulières : celles-ci regardent
principalement l’exiftence réelle des oeufs 8c leur
forme, à l’égard defquels on propofe des doutes, des
queftions, qui ne femblent pas aifées à réfoudre.
Ce n’eft pas ici le lieu d’entrer dans ce détail. Voye^
O v a i r e , OEuf. Quant aux difficultés du premier
genre, une de celles que l’on ne doit pas omettre
ic i, d’autant plus que l’on la regarde comme étant
des plus fortes; c’eft la reffemblance des enfans,
tantôt au pere, tantôt à la mere, & quelquefois à
tous les deux enfemble. Si le fétus elt préexiftant
dans l’oeuf delà mere, comment fe peut-il que l’enfant
reffemble à fon pere? Cette objedion pâlie
communément pour être infurmontable ; mais ne
pourroit-on pas la faire ceffer d’être telle, en répondant
que la difpofition des organes de l’embryon,
avant Sc après la fécondation, dépend beaucoup
de l’aâivité plus ou moins grande, avec laquelle
s’exerce, s’entretient la vie de la mere, & de l’influence
de cette attivité , pour qu’il foit conformé
de telle forte ou de telle maniéré, analogue à celle
dont cette même aftion de la vie (vis vicoe') dans la
mere a conformé fes propres organes, & que cette
même difpofition des parties de l’embryon ne peut
que dépendre auffi plus ou moins de la force avec
laquelle elles ont été mifes en jeu par l’effet de l’ef-
prit féminal du pere, dont elles ont été imprégnées ;
d’où il s ’enfuit que la reffemblance tient pins ou
moins du pere ou de la mere, félon que l’un ou l’autre
a plus ou moins influé, par cela même qu’il
fournit dans la génération 8c la formation ou le développement
du fétus, fur le principe de vie & l’or-,
ganifation de l’embryon, qui en reçoit à-proportion
une forme plus ou moins approchante de celle du
pere ou de la mere ; ce qui peut rendre raifon, non-
leulement de ce qu’on obferve par rapport à la reffemblance
quant à la figure, mais encore par rapport
à celle du cara&ere.
Une autre des difficultés générales que l’on propofe,
qui eft plus embaraffanre que la précédente,
c’eft le progrès à l’infini par rapport aux embryons
contenus dans les oeufs ; de maniéré que la première
femme devoit renfermer tous les embryons des hommes
qui ont été, qui font & qui feront, 8c de ceux qui
parla fécondation auroient pû, peuvent, 8c pour-
roient être. On ne peut pas lé diffimuler que cette
difficulté ne foit d’un très-grand poids,malgré l’idée de
la di vifîbilité poffible de la matière à l’infini ; parce que
ce n’eft qu’une idée,qui lorfqu ’on eflàye de la réduire
en a£te par le ca lcu l, étonne l’imagination autant
qu’elle paroiffoit d’abord la contenter» En effet, félon
la fupputation que l’on trouve dans l’hijloire natu*
relie de M. de Buffon, tome III. chap. v. l’homme fe-
roit plus grand par rapport à l’embryon contenu dans
l’oeuf de la fixieme génération en remontant, que la
fphere de l’univers ne l’eft par rapport au plus petit
atome de matière qu’il foit poflible d’appercevoir
au microfcope. Que feroit-ce, dit cet illuftre auteur,
fi l’on pouffoit ce calcul f eulement à la dixième génération;
calcul qui peut s’appliquer aux vers fperma-
tiques , comme aux oeufs ? Il faut encore convenir
que l’expanfibilité des matières odoriférantes, de la
lumière même , ne fait pas évanouir ce que celte
fupputation préfente de fort contre la vraiffemblan-
ce du progrès à l’infini,
C ’eft pour éviter cet écueil, que quelques phyfi-
ciens modernes ont crû devoir chercher dans les opinions
des anciens des, explications plus fatisfaifantes
du myftere de la génération, comme on a fait à l’égard
de celles delà formation dé l'univers., que l’on
a pour la plupart renouvellécs des Grecs, ,8c fur-tout
d’Épicure : c’eft ainfi quq Je fayant auteur de la Fé*