rinhumanité de leurs patrons ; il des perfuada, raf-
fembla fous fes drapeaux un grand nombre d’autres
efclaves fugitifs , animés du même efprit ; il fe mit
à leur tête s’empara de.la,Campanie ,:8c remporta
de grands avantages fur les préteurs romains, que
le lenat.fe contenta d ’abord de lui oppofer avec peu
de troupes.
L ’affaire ayant paru plus férieufe., les confuls' eurent
ordre de marcher avec les légions; Spaftacus
les défit .entièrement, ayant choifi fon camp & le
champ de bataille comme auroit pû faire un .general
confommé ; de fi ^grands fuccè's attirerènt une
foule innombrable de peuples fous les enfeignes de
Spartacus , & ce gladiateur redoutable fe vit julqu’à
fix vingt mille hommes à fes.ordres,.bandits, efclaves
, transfuges, gens féroces 8c cruels, qui por-
toient le fer 8c le feu de tous côtés , $c qui n’envifa-
geoient dans leur révolte qu’une licence effrénée &
^impunité de leurs crimes.
fl y avoit près de trois ans que cette guerre do-
meftique dùroit en Italie , avec autant de honte que
de defavantage pour la république, lorlque le fénat
en donna la conduite en 681 à Licinius^Craffus, un
des premiers capitaines du parti de S y lla , 8c qui
avoit eu beaucoup de part à fes viâoires.
Craffus favoit faire la guerre, & la fit heureufe-
ment ; il tailla en pièces en deux batailles rangées
les troupes de Spartacus, qui cependant prouva toujours
qu’il ne lui manquoit qu’une meilleure caulè à
défendre: on-le vit bleffé à la cuiffe d’un coup de
javeline combattre long-tems à genou, tenant fon
bouclier d’une main 8c fon épée de l’autre. Enfin
percé de 'coups, il tomba fur un monceau ou de romains
qu’il avoit immolés à fa propre fureur, ou de
fes propres foldats qui s’étoient fait tuer aux pies de
leur général en le défendant.
Voye^ les détails de la guerre célébré des gladiateurs
dans leshiftoriens romains, dans Tite-Live ,
liv. X C F I I . Athénée, liv. II. Eutrope ,liv. FI. Ap-
pian, de la guerre civile, liv. II. Florus, liv. III. chap.
x x . Céfar , commentaires liv. I. Valere-Maxime, liv.
FU I . Velleius-Paterculus, liv. II. & autres. (D . /.)
Gladiateur expirant ( le) , Sculpture antiq.
c’ eft une admirable pièce de l’antique qui fubfifte
toujours ; il n’y a point d’amateurs des beaux arts,
dit M. l’abbé du Bos, qui n’ait du-moins vû des copies
de la figure du gladiateur expirant, laquelle étoit autrefois
à la Vigne Ludovece, 8c qu’on a tranfportée
depuis au palais Chigi. Cet homme qui vient de re^
cevoir le coup mortel veille à fa contenance, ut
procumbat honefic : il eft aflis à terre, & a encore la
force de fe foûtenir fur le bras droit ; quoiqu’il aille
expirer, on voit qu’il ne veut pas s’abandonner à
fa douleur ni à fa défaillance, 8c qu’il a l’attention
de tenir ce maintien courageux , que les gladiateurs
fe piquoient de conferver dans ce funefte moment,
& dont les maîtres d’eferime leur apprenoient l’attitude
: il ne craint point la mort, il craindroit de
faire une grimace ou de pouffer un lâche foupir ;
quis mediocris gladiator ingemuit, quis vultum muta-
vit unquam, quis non modb Jletit, veritm etiam decu-
buit turpiter, dit Cicéron dans l’endroit de fes Tuf-
culanes, oîi il nous raconte tant de chofes étonnantes
fur la fermeté de ces malheureux ? On fent dans
celui-ci que malgré la force qui lui refte après le
coup dont il eft atteint, il n’a plus qu’un moment à
v iv r e , 8c l’on regarde long-tems dans l’attente de
le voir tomber en expirant ; c’eft ainfi que les anciens
favoient animer le marbre, & lui donner de
la vie. On en trouvera plufieurs autres exemples
dans cet ouvrage. Foye^ Sculpture ancienne.
<J3. J .)
* GLAIE , f. f. ( Ferrerie.') c’eft ainfi qu’on appelle
la partie de la voûte du four, compofée depuis l’ex-
•teneur des deux tonnelles entre les arches à pot*
jufqu’à l’extrémité du revêtement du four. Foye^
les.articles T onnelle , FOUR , VERRERIE.
GLAIRE , f. f. (Médecine.') ce terme eft employé
vulgairement pour defigner une humeur gluante,
vifqueufe, une forte de mucofité tranfparente produite
dans le corps humain par quelquecaufe morbifique
; c’eft la même chofe que ce que les médecins
appellent phlegme, pituite, /•'qye^.PiTÜITE. (d)
GLAIRER, v. aâ . ÇRelieure.') c’eft paffer du blanc
d’oe uf avec une éponge fine fur le plat de la couverture
d’un livre prêt à être doré & p o li; on glaire à
plufieurs reprifes.
G L A I S E , f. fi TERRE GLAISE, ARGILLE,
(Hïfi. nat. Minerdlog. Agvicé) c’eft une terre dont la
couletir eft ou blanche , ou jaune, ou brune, ou
rougeâtre, ou grife, ou bleue, bu verdâtre; elle
eft tenace, pefante, compade, vifqueufe ou graffe
au toucher comme du favon ; fes parties font très*
fines & fort étroitement liées les unes aux autres :
elle s’amollit dans l’eau , & a la propriété de prendre
corps, & de fe durcir confidérablement dans le
feu.L
ifter compte vingt-deux efpeces d'argilles ou de
glaifes en Angleterre ; Wallerius en compte dix efpeces
dans fa minéralogie , mais ces terres ne different
point effentiellement entr’elles ; elles ne varient
que par la couleur, qui peut avoir un nombre
infini de nuances, & par le plus ou moins de fable,
de gravier, de terreau ou de humus“ de craie, de
marne, de parties ferrugineufes, Sc d’autres fub-
ftances étrangères qu’elles peuvent contenir.
On a quelquefois voulu mettre de la différence
entre Yargille 8c la glaife ; cette diftindion étoit fon*
dée fur ce que Yargille étoit, dit-on, mêlée d’un plus
grand nombre de parties de fable 8c de terreau ; mais
l’on fent que ce mélange purement accidentel ne fuf-
fit pas pour faire diftinguer ces terres qui font effentiellement
les mêmes, 8c qui ont les mêmesproprié-
tés , quoiqu’on les defigne par deux noms différens.
Cela pofé,fans s’arrêter ici à faire un article féparé
de la glaife, on auroit pû renvoyer à Yart. Arg il le ;
mais comme cet article n’eft que l’expofé du fyftè-
me de M. de Buffon fur la formation de Yargille , &
comme d’ailleurs on n’y eft point entré dans le détail
des principales propriétés de cette terre , on a
cru que ce feroit ici le lieu de fuppléer à ce qui a
été omis dans cet article.
Il y a long-tems que les Chimiftes ont obfervé
que Yargille ou glaife colorée contenoit une portion
plus ou moins confidérable de fer ; ce qui prouve
cette vérité, c’eft la couleur rouge que prennent
quelques-unes de ces terres, lorfqu’on les expofe à
l’aâion du feu ; mais rien ne fert mieux à conftater
la chofe que la fameufe expérience de Becher qui a
obtenu une portion de fer attirable par l’aimant,d’un
mélange fait avec de la glaife 8c de l’huile de lin :
nous n’infifterons point fur cette expérience qui eft
fuffifamment décrite à Yarticle Fer , non plus que
fur la difpute qui s’éleva à fon fujet clans l’académie
royale des Sciences de Paris. Foye^Y er. C ’eft cette
portion de fer contenue dans la glaife qui contribue
à fes différentes couleurs.-On peut dégager cette
terre des parties ferrugineufes qu’elle contient en
verfant deffus de l’eau régale qui en fait l’extraftion
avec effervefcence ; la partie terreufe refte blanche,
parce que ce diffolvant lui a enlevé fa partie colorante
, 8c eft devenue jaune. L’eau-forte ne produit
point toûjours le même effet, parce que les parties
martiales de cette terre font quelquefois très fines
& enveloppées de tant de parties vifqueufes, que
le diffolvant ne peut point agir fur elles. Foye^ la
Lithogéognofie de M. Pott , tom. I. pag. QC) 6* fuiv.
La glaife ou Yargille pure ne fait point d’effervefcence
fenfible avec les acides; quand cela arrive,
preuve certaine q.ue-cette terre eft-mélangée
avec quelque fubftance alkaline ou calcaire, telle
que la cra ie, la marne, &c. ou avec des parties
ferrugineufes. C ’eflrfaute d’avoir eu égard à ces mélanges
que plufieurs auteurs ont confondu avec la
glaife d’autres terres dont les propriétés font fort
différentes ; cependant l’acide vitriolique aidé par
l’aftion du feu diffout une portion de Yargille ou glaife
, comme M. Hellot l’a prouvé dans les mémoires
de l'académie des Sciences de Paris, année tJ2>9 ‘ Cette
diffolution d’une portion de la terre glaife ou argil-
ïeufe par l’acide vitriolique, fait un véritable alun ;
cela avoit déjà été foupçonne par M. Pott, mais
Cette vérité vient enfin d’être démontrée par M.
Marggraf, qui prouve que Yargille ou glaife contient
la terre néceffaire pour la formation de l’alun ; mais
l’acide vitriolique ne diffout qu’une portion de cette
terre : celle qui refte 8c fur laquelle le diffolvant n’a
plus d’attion, a perdu les propriétés de la glaife. Et
M. Marggraf a tait des expériences qui prouvent
qu’elle eft de la nature des terres vitrifi ibles, telles
que le fable & les caillous pilés, puifqu’elle fait du
verre tout comme elles, lorfqu’on la fond avec du
fel alkali ; d’où î’on peut conclure que Yargille ou
glaife eft compofée de deux fubftances d’une nature
toute différente. Foye{ les mémoires de l'académie
royale de Berlin } année tySq., pag. 3 % , 34 » S'3 &
fuiv.
Quelquefois la glaife eft mêlée de mica ou de petites
particules talqueufes, luifantes, qu’il eft très-
difficile d’en féparer entièrement : on en fépare plus
aifément le fable, c’ eft en la faifant diffoudre dans
de l’eau , parce qu’alors les parties terreufes qui
compofent la glaife demeurent long-tems fufpendues
dans ce fluide, tandis que les particules de fable tombent
très-promptement au fond.
Plus les argilles ou glaifes font blanches, plus elles
font dégagées de matières étrangères, 8c c’efl
alors qu’on y remarque fenfiblement les propriétés
qui les cara&érifent. Les qualités extérieures auxquelles
on peut reconnoître la glaife, font fa ténacité
qui fait qu’elle prend corps toute feule avec l’eau ;
la vifeofité ou fon onûuofité qui la fait paraître
comme favonneufe & graffe au toucher ; la fineffe
de fes parties qui fait qu’elle s’attache à la langue,
& que quelquefois elle produit dans la bouche un
effet femblable à celui du beurre qu’on y laifferoit
fondre : mais le caraftere diftinâif de Yargille ou
glaife pure eft de fe durcir dans le feu au point de
former une maffe compare & folide, dont l’acier
peut tirer des étincelles comme il feroit d’un morceau
d’agate on de jafpe. C ’eft à cette marque fur-
tout que l’on peut reconnoître la préfence de cette
terre , même lorfqu’elle eft mêlée avec des fubftances
ou terres d’une autre nature. La terre dont on
fait les pipes eft une vraie glaife ; on dit que les Chinois
font une porcelaine d’une très-grande beauté
avec une terre feule délayée dans de l’eau ; elle eft
très-blanche & douce au toucher comme du favon ;
il y a en France & en beaucoup d’endroits de l’Europe
des terres dont on pourroit tirer le même part
i , fi on vouloit faire les expériences néceffaires
pour en découvrir les propriétés. F yye^ l'art. Porcelaine.
La vifeofité & la ténacité de la glaife font dûes à
une matière onûueufe qui fert à lier fes parties. M.
Pott a fait un grand nombre d’expériences pour découvrir
la nature de ce gluten ou lien, fans jamais
y trouver le moindre veftige ni de 'fel ni de matière
inflammable, foit par la diftillation, foit par la lixiviation
; fur quoi il réfuté Boyle qui prétend que les
terres contiennent du phlogiftique , & prouve que
celui qu’on y découvre ne vient que de la petite
portion de fer qui ÿ èft contenue. Becher a cru que
le flegme ou la partie aqueufe qffon obtient par la
diftillation de Yargille ou glaife, avoit des vertus
merveiileufes, foit dans; la medecine , foit dans les
travaux lùr les métaux > foit pour la fertilifation des
terres; mais ces idées n’ont point encore été jufti-
fiées par l’expérience , non plus que les prétentions
de quelques alchimiftes qui regardent ce flegme
comme Vefprit de la nature. S’il fe trouve quelque
chofe dé lalin dans la g/ûi/è,, elle én eft redevable
aux fubftances étrangères qui y font jointes accidentellement.
La calcination au feu .& les acides
concentrés, enlevent entièrement le gluten :ou la
partie qui fert à lier cette terre, au point qu’elle n’eft
plus en état de prendre du corps & de fe durcir dans
le feu.
Les terres alkalines ou calcaires telle que la craie;
la marne, &c. mêlées avec la glaife, entrent très-ai-
fément en fufion, quoiqu’aucune de ees terres prife
féparément ne fe fonde point par elle-même, c^eft-
à-dire fans addition. M. Pott a employé dans cette
expérience ainfi que dans les autres une argille püre 5
car celle qui eft bleue eft mêlée de particules martia*
les qui lui fervent de fondant, & la font entrer en
fufion fans addition, au lieu que les argilles ou glaifes
pures ne peuvent être fondues par. le feu le,plus
violent qui ne fait que les durcir confidérablement ÿ
& au point de faire donner des étincelles lorfqu’on
les frappe avec de l’acier,
ha^glafe pure ou argille mêlée avec différentes
efpeces de pierres gypfeufes donne des produits différens
, fuivant que ees fubftances font plus ou moins
chargées de matières étrangères & colorantes ; cependant
en général M. Pott a obfervé que lorfqu’on
mêle la .glaife & le gypCe en parties égales;; il eti ré-
fulte à l’aide du feu une maffe pierreufe fi.dure que
l’acier en fait fortir des .étincelles.
Le mélange de la glaife ou argille avec les pierres
& les terres qu’on nomme vitrifiables, prend du
corps & s’unit très-fortement ; c’eft là-deffus qu’eft
fondé tout le travail de la poterie de terre, de la
fayencerie, de la briquerie, &c. Aulfi voit-on que
les Potiers de terre mêlent du fable avec la glaifï
pour former tous leurs ouvrages, qu’ils expofent
enfuite à l’aâion du feu. Toutes ces expériences,
ainfi qu’un grand nombre d’autres, font dûes à M.
Pott favant chimifte, de l’académie de Berlin , &
fe trouvent dans fon ouvrage qui a pour titre Lithogéognofie
3 ou examen chimique des terres & des pierres
, &C. tom. I. pag. 123 & fuiv. 82 &fuiv. & 140
de la traduâion françoife.
Paffons maintenant aux propriétés de la glaife *
eu égard à l’Agriculture & à l’Economie ruftiqueè
Plus cette terre eft tenace, compaâe & pure, moins
elle eft propre à favorifer la végétation des plantes;
cela vient i° . de ce que la glaife par la liaifon étroite
qui eft entre fes parties, retient les eaux du ciel 8c
ne leur fournit point de paffage, ces eaux font donc
obligées d’y féjourner, 8c par-là les femences doivent
fe noyer ou fe pourrir. z°. Quand ces femences
auroient pû être développées, les parties de la
glaife font fi étroitement liées entr’elles, 8c fe dur-
ciffent fi fort à-la furface de la terre par la chaleur
du foleil, que cette terre n’auroit point cédé ou prê*
té aux foibles efforts qu’une plante ou racine peut
faire pour s’étendre en tout fens ; de-là vient la fté-
rilité des terres purement glaifeufes : aufti un auteur
anglois a-t-il appellé la terre glaife une marâtre maudite
; les arbres mêmes, 8c fur-tout les chênes, n’y
croiffent qu’avec peine 8c très-lentement, 8c il y a
des glaifes fi ftériles qu’il n’y croît pas le moindre
brin d’herbe. Pour remédier à cette ftérilité, on eft
obligé d’avoir recours à différens moyens, qui tous
ont principalement pour but de divifer 8c d’atténuer