
gne. Elle embrafle 12 autres provinces ] 6c abonde
en cacao. Les Indiens qui l’habitent fous la domination
efpagnole, font groflïers, 6c la plûpart profef-
fent la religion chrétienne, à laquelle ils mêlent mille
fuperftitions ; ils aiment extrêmement la danfe & les
boiflons qui peuvent enivrer, couchent fur des ais
•ou des roleaux liés enfemble, un peu élevés de terre
, pofés deffus une natte, 6c un petit billot de bois
leur fert de chevet ; ils ne portent ni bas ni fouliers,
ni chemifes ; leur unique vêtement confifte en une
efpece de furplis, qui pend depuis les épaules jufqu’-
au-deflous de la ceinture, avec des manches ouvertes
qui leur couvrent la moitié du bras. Guadmala
eft la capitale de la province. (D . J.)
G u a t im a la , B l i grande 6c riche ville de
l’Amérique feptentrionale dans la nouvelle Efpagne,
capitale de la province du même nom, avec un évêché,
& une école que les Efpagnols nomment uni-
verjité. Cette ville eft fituée dans une vallée environnée
de hautes montagnes qui femblent pendre deffus,
du côté de l’orient. Il y en a une entièrement
ftérile, fans verdure, couverte de cendres, de pierres,
& d e cailloux calcinés; c’eft le gibel de l’Amérique
, terrible volcan qui vomit fans celle des flammes,
des torrens de feu bitumineux, & quelquefois
jette des pierres & des roches qui pourront un
jour détruire Guatimala de fond-en-comble; elle
fait néanmoins un commerce conlidérable avec le
Mexique par le fecours des mulets, 6c par la mer
avec le Pérou. Long. 28G. 5 . lat. 14. G. (D . J.)
G U A X A C A , (Géogr.) pro vince de l’Amérique
feptentrionale, dans la nouvelle Efpagne. Elle a 100
lieues le long, ço de large, 6c eft très-fertile en froment
, mays, cacao, cafte, 6c cochenille. Antiquéra
en eft la capitale. La vallée de Guaxaca commence
aupié delà montagne de Cocola, fur la latit. feptentrionale
de i8d. (D . J.)
GUA X A TÉ C A S , ( Géog.) province de l’Amérique
feptentrionale au Mexique ; elle renferme plu-
fieurs bourgades qui font fituées fur la riviere de Pa-
nuco, & c’eft pourquoi M. de Lille appelle cette
province Panuco. (Z). Z.)
GUAYAQU1L , ou GUYAQUTL, (Géog.) ville ,
baie, &c port de l’Amérique méridionale au Pérou ,
capitale d’une province de même nom, dans l ’audience
de Qu ito, avec deux forts. La riviere eft navigable
à 14 lieues au-deflus de la ville ; mais tous
vaifleaux qui y mouillent, font obligés d’attendre
un pilote, parce que l’entrée de cette riviere eft très-
dangereufe. La province eft fertile en bois de charpente
d’un grand ufage pour la conftruétion 6c la réparation
des vaifleaux. On y recueille une fi grande
quantité de cacao, qu’on en fournit prefque toutes
les places de la mer du Sud, 6c qu’il s’en tranfporte
tous les ans plus de 30 mille balots, dont chacun pe-
fe 81 livres, 6c le balot vaut deux piaftres & demi.
Il n’y a point de mines d’or & d’argent dans le p ays,
mais toutes fortes de gros bétail.
Guayaquil a une audience royale, dont l’Efpagne
Vend les emplois; cette ville fut pillée en 1685 par
■ des flibuftiers françois de Saint-Domingue, qui en
retirèrent plus d’un million en or, en perles, 6c en
pierreries. L ’inquifition y régné avec févérité, 6c ne
défendra jamais des flibuftiers cette malheureufe ville.
Guayaquil eft fituée à 7 lieues de Puna, 6c à 10
de la mer. Long. 300.40. lat. mérid. 4. 10. (Z>. J.)
G UA ZA CO A LCO, ( Géogr.) riviere de la nouvelle
Efpagne en Amérique, dans la province de
Guaxaca qu’elle arrofe, & va fe perdre enfuite dans
la baie de Campeche. (D . J.)
GUAZUMA, genre de plante à fleur en rofe,
compofée de plufieurs pétales dilpofées en rond ; il
s’élève du fond du calice un piftil qui devient dans
la fuite ua fruit ovoïde, charnu 6c tuberculeux àl’extérieur,
ligneux dans l’intérieur , & divifé eft
plufieurs loges qui contiennent des fcmences en forme
de rein. Plumier, nova plant. Amer, vouer. Foyei
Pla n t e , ( ƒ )
GUA ZZO, (Peinture.) c’eft le nom que les Italiens
donnent à la peinture en détrempe
On a quelque raifon de croire que ce «retire de
peinture eft le premier qui ait été pratiqué, parce
que toutes fortes de couleurs s’y peuvent employer,
6c qu’il ne faut que de l’eau avec un peu de gomme
ou décollé pour les détremper 6c les fixer. On peint
à gua^o fur des murs de plâtre, fur de? bois, fur
des peaux, fur des toiles, lur du papier fort ; Ion plus"
grand ufage eftconfacré pour les éventails 6c les décorations
de théâtre; cependant il eft aflez indifférent
fur quel fond on l’employe, pourvu que ce fond
ne foit pas gras, 6c que ce ne foit point fur un enduit
frais, où il entre de la chaux, comme font les enduits
pour la peinture à frefque. Elle a cela de commun
avec cette derniere, que les clairs en font très-vifs ;
& elle a de plus, que les bruns en reflortent'mieux.
Un avantage particulier de la peinture à gilarro ,
c’eft qu’étant expofé à quelque lumière que ce foit,
elle produit fon effet; & plus le jour eft grand, plus
elle paroit éclatante. Elle dure long-tems à couvert
dans un lieu fec, 6c fes couleurs ne changent point
tant que le fond fubfifte. Enfin elle eft à l’abri des
vernis, des frottémens, 6c autres fupèreheries des
brocanteurs; mais malgré toutes ces prérogatives,
la peinture à gaa^o doit céder le pas à la peinture à
l’huile, qui a les avantages admirables d’être plus
douce , d’imiter mieux le naturel, de marquer plus
fortement les ombres, de pouvoir fe remanier, 6c de
conferver fon effet d’aflez près comme de loin. Voy%
P ein ture . ( D . J . y
GUBEN, Guba, (Géog.') petite ville d’Allemagne
dans la baffe Luface, fur la Neifs, à 10 lieues.S. O.,
de Francfort fur l’Oder, & z< N. E. de Drefde.
Long. 3 * . 3 4 . lat. 61. 6 S.
Elle eft la patrie dés Kirch (Godefroy, & Chrift-
Fried) pere 6c fils, tous deux diftingués par leurs
o v a t i o n s 6c leurs ouvrages en Aftronomie*
GU BER, (Géog.) royaume d’Afrique dans la Ni-
gritie, au nord 6c au midi de la riviere de Senega ,
qui le coupe, en deux parties d’orient en occident!
M. de Lille appelle ce pays Goubour, 6c le met au
nord du Ganbarou. La Croix en parle comme d’un
canton ravagé par les rois de Tombut, qui l’ont conquis
6c ruiné. (D . J .)
^ GUBIO, Eugubium, (Géogr.) ville d’Italie ’dans
l’état de l’Eglife* au duché d’Urbin, avec lin évêché
fuffragant-d’Urbin, mais exempt de fa jurifdic-
tion. Elle eft à 12 lieues S. O. d’Urbin, 7 N. E. de
Péroufe, 3 5 N. E. de Rome. Long. 10. 1 G. lat a i
18. .......................
Gubio eft la patrie de Lazzarelli (Jean-François)
poëte connu par fon recueil-intitulé la Cicceide dans
lequel il s’eft permis des.excès honteux; c’eft une fa-
tyre compofée de fonnets 6c d’autres pqéfies obfce-
nes qu’il publia.contre Arriguini. Il mourut en 1694,
âgé. de plus de 80 ans.
Steucus (Auguftin) furnommé Eugubïnusydu nom
de fa patrie, étoit un théologien du>xvj. fiecle, qui
pofîedoit bien lesilangues orientales. Ses ouvrages
ont été imprimés à Paris en 1 577. (D. J .) .
GUCHEU, (Géog.) vifle de'la Chine fur la riviere
de T a , dans la province dé Quangfi, dont, elle.eft
la cinquième-métropole. La commodité dés rivières
qui l’arrofent, y fait fleurir le commerçej on recueille
le cinnabre en abondance dan? ies montagnes
de fon territoire : mais ce qui vaut mieux, on y voit
deux temples confacrés aux hommes illuftres. Elle
eft de 5d. 33r. plus occidentale que Pékin; fa latit.
eft de Z4d. 2'. (Z ? ./ .) „ „
G UÉ, f. m. (Grarnmé) lieu où 1 on peut palier une
riviere un marais, un ruifleau, à pié ou à cheval,
mais fans nager.
GUEBRES , f. m. pl. (Hi(l. anc. & mod. ) peuple
errant & répandu dans plufieurs des contrées de la
Perfe & des Indes. C ’eft le trifte refte de l’ancienne
monarchie perfane que les caliphes arabes armes par
la religion ont détruite dans le vij. fiecle, pour faire
regner le dieu de Mahomet à la place du dieu de
Zoroaftre. Cette fanglante miflion força le plus
grand nombre des Perfes à renoncer à la religion de
leurs peres : les autres prirent la fuite, & fe difper-
ferent en différens lieux de l’Afie, où fans patrie &
fans r o i, méprifés 6c haïs des autres nations, 6c invinciblement
attachés à leurs u fages, ils ont jufqu’à
préfent confervé la loi de Zoroaftre, la doctrine des
Mages, 6c le culte du feu , comme pour fervir de
monument à l’une des plus anciennes religions du
monde.
Quoiqu’il y ait beaucoup de fuperftition & encore
plus d’ignorance parmi les Guebres, les voyageurs
font aflez d’accord pour nous en donner une
idée qui nous intérefle à leur fort. Pauvres 6c fim-
ples dans leurs habits, doux 6c humbles dans leurs
maniérés, tolérans , charitables, 6c laborieux ; ils
n’ont point de mendians parmi e u x , mais ils font
tous artifans, ouvriers, 6c grands agriculteurs. Il
fernble même qu’un des dogmes de leur ancienne religion
ait été que l’homme eft fur la terre pour la
cultiver 6c pour l’embellir, ainfi que pour la peupler.
Car ils eftiment que l’agriculture eft non-feulement
une profeflion belle & innocente, mais noble
dans la fociété , 6c méritoire devant Dieu. C ’eft le
prier, difent-ils , que de labourer ; 6c leur créance
met au nombre des afrions vertueufes de planter un
arbre, de défricher un champ, 6c d’engendrer des
enfans. Par une fuite de ces principes, fi antiques
qu’ils font prefque oubliés par-tout ailleurs, ils ne
mangent point le boeuf, parce qu’il fert au labourage
, ni la vache qui leur donne du lait ; ils épargnent
de même le coq animal domeftique, qui les
avertit du lever du Soleil ; 6c ils eftiment particulièrement
le chien qui veille aux troupeaux, 6c qui
garde la maifon. Ils fe.font aufli un religieux devoir
de tuer lés infefres 6c tous les animaux malfaifans ;
6c c’eft par l’exercice de ce dernier précepte, qu’ils
croyent expier leurs péchés ; penitence finguliere,
mais utile. Avec une morale pratique de cette rare
efpece, les Guebres ne font nulle part des hôtes incommodes
; on reconnoît par-tout leurs habitations
au coup-d’oe il, tandis que leur ancienne patrie, dont
l’hiftoire nous a vanté la fertilité , n’eft plus qu’un
defert 6c qu’une terre inculte fous la loi de Mahomet
* qui joint la contemplation au defpotifme.
Ils font prévenans envers les étrangers de quelque
nation qu’ils foient ; ils ne parlent point devant
eux de leur religion, mais ils ne condamnent perfon-
ne leur maxime étant de bien vivre avec tout le
monde, 6c de n’offenfer qui que ce foit. Ils haïflent
en général tôits les conquérans ; ils méprifent 6c
détellent fingulierement Alexandre, comme un des
plus grands ennemis qu’ait eus le genre humain.
Quoiqu’ils ayent lieu de haïr particulièrement les
Mahométans, ils fe font toujours repofés fur la providence
du foin de punir ces cruels ufurpateurs ; 6c
ils fe confolent par une très-ancienne tradition dont
ils entretiennent leurs enfans, que leur religion reprendra
un jour le deflus, 6c qu’elle fera profeflee
de tous les peuples du monde : à cet article de leur
croyance, ils joignent aufli cette attente vague &
indéterminée, qu’on retrouve chez tant d’autres
peuples, de perlonnages illuftres 6c fameux qui doivent
venir à la fin des tems, pour rendre les hommes
heureux 6c les préparer au grand renouvellement.
Une difeipline févere &. des moeurs fages régnent
dans l’intérieur de leurs maifons ; ils n’époufent que
des femmes de leur religion 6c de leur nation ; ils
ne fouffrent point la bigamie ni le divorce ; mais en
cas de ftérilité, il leur eft permis de prendre une fécondé
femme au bout de neuf années, en gardant cependant
la première. Par-tout où ils font tolérés, ils
reçoivent le joug du prince, 6c vivent entre eux
fous la conduite de leurs anciens qui leur fervent dè
magiftrats.
Ils ont aufli des prêtres, qui fe difent iflus des anciens
mages, 6c qui dépendent d’un fouverain pontife
, 6c que les Guebres appellent dejlour, dejlouràn ,
la réglé des réglés ou la loi des lois. Ces prêtres n’ont
aucun habit particulier, & leur ignorance les diftiri-
gue à peine du peuple. Ce font eux qui ont le foin
du feu facré , qui impofent les pénitences, qui donnent
des abfolutions, & qui pour de l’argent diftri-
buent chaque mois dans les maifons le feu facré, 6c
l’urine de vache qui fert aux purifications.
Ils prétendent pofleder encore les livres que Zoroaftre
a reçus du ciel ; mais ils ne peuvent plus les
lire , ils n’en ont que dés commentaires qui font eux-
mêmes très-anciens. Ces livres contiennent des révélations
fur ce qui doit arriver jufqu’à la fin des
tems, des traités d’Aftrologie & de divination. D11
refte leurs traditions fur leurs prophètes 6c fur tout
ce qui concerne l’origine de leur culte, ne forment
qu’un tiflii mal aflorti de fables merveilleufes & de
graves puérilités. Il en eft à cet égard de la religion
des Guebres comme de toutes les auti'es religions
d’Afie ; la morale en eft toûjours bonne, mais l’hi-
ftorique, ou pour mieux dire le roman, n’en vaut
jamais rien. Ces hiftoires, il eft v ra i, devroient être
fort indifférentes pour le culte en général ; mais le
mal eft que les hommes n’ont fait que trop confifter
l’eflentiel de la religion dans un nom. Si les nations
afiatiquesvouloient cependant s’entendre entre elles,
& oublier ces noms divers de Confucius, de Brahma,
de Zoroaftre, 6c de Mahomet, il arriveroit
qu’elles n’auroiènt prefque toutes qu’une même
créance, 6c qu’elles feroient par-là d’autant .plus
proches de la véritable.
Plufieurs favans ont crûreconnoître dans les fables
que les Guebres débitent de Zoroaftre, quelques traits
de reftemblance avec Cham, Abraham 6c Moyfe ; on
pourroit ajouter aufli avec Ofiris, Minos, 6c Romu»
lus : mais il y a bien plus d’apparence que leurs fables
font tirées d’une formule générale que les anciens
s’étoient faite pour écrire l’hiftoire de leurs
grands hommes, en abufant des fombres veftiges de
l’hiftoire ancienne de la nature.
Plus l’on remonte dans l’antiquité, & plus l’on
remarque que l’hiftorique 6c l’appareil des premières
religions.ont été puifées dans de pareilles fourcès.
Toutes les fêtes des mages étoient appellées des mémoriaux
(Selden, de dus Syris) ; & à en juger aujourd’hui
par. les ufages de leurs defeendans, on ne peut
guere douter que leur culte n’ait effeélivement été
un refte des anciennes commémorations de la ruiné
& du renouvellement du monde, qui a dû être un des
principaux objets de la Morale & de la religion fous
la loi de nature. Nous favons que fous la loi écrite 6c
fous la loi de grâce, les fêtes ont fucceflivement eu
pour motifs la célébration, des évenemens qui ont
donné & produit ces lois : nous pouvons donc pen-
fer que fous la loi de nature qui les a précédées, les fê*
tes ont du avoir 6c ont eu pour objet les grands évenemens
de l’hiftoire de la nature, entre lefquels il n’y
en a pas eu fans doute de plus grands 6c de plus
mémorables que les révolutions qui ont détruit lé