
€n recouvre le membre. Cette gaine dont la fitua-
iion eft fuffifamment connue , eft un prolongement
de la peau ; extérieurement elle fe prefente comme
une forte de poche flotante, d’une confiftance très-
forte & très-epaiflé, qui cede fans s^étendre dans le
tems de l’ére&icm, & qui paroît ouverte fur le devant
lorfque le membre eft retiré. Son orifice a la
forme d’un bourrelet ; il eft garni d’un plus ou grand
nombre de rides & de plis différens. C’eft fur^la portion
inférieure de ce même bourrelet , que l’on découvre
dans quelques chevaux deux fortes de mam-
melons affez voifins l’un de l’autre ; d’oii il n eft pas
étonnant que l’on ait penfe qu’il en eft qui ne font
pas abfolument dépourvus de manunelles, mais d ou
il eft fin«ulier que l’on ait voulu conclure que ceux
dans Iefquels on n’obferve aucune élévation qui
puiffe les annoncer, n’en ont pas toujours été privés.
Ariftote a ufé de plus de réferve. Lorfqu’il n’en
a pas apperçu la plus legere trace, il n’a pas cru
devoir fuppofer qu’elles avoient exifté, & qu’elles
étoient affaiffées ou détruites par l’âge : j’ai vu
d’ailleurs une multitude de jeunes chevaux, dans
Iefquels malgré les recherches les plus fcrupuleufes,
je n’ai jamais pu en reconnoître le moindre veftige.
Je ne fai au furplus fi ce grand naturalifte a parlé d’après
des obfervations exa&es & répétées, lorfqu’il
a dit : equi mammas non habent, nifi qui matri f miles
prodiere.
Le fourreau eft ordinairement dénué de poil. Comme
il eft dans la peau du membre une quantité de
cryptes folliculeux du genre des glandes febacées,
que dans l’homme nous nommons glandes odoriférantes
de Tifon, & qui filtrent une humeur graffe &
îrès-fétide, dont l’amas & le féjour peut caufer des
inflammations, il importe extrêmement de laver &
d e nettoyer avec foin cette poche. Foye{ Pa n s e r .
Ï1 arrive fouvent aufli qu’elle paroît enflée, fur-tout
après que l’animal a féjourné long-tems dans l’éçu-
rie : ces fortes d’enflures auxquelles les chevaux entiers
font plus fujets que les chevaux hongres, ne ré-
fiftent jamais aux bains de riviere, & à un exercice
modéré. Ceux qui ne feront point à-portée d’avoir
recours à ces bains, étuveront fréquemment cette
partie avec de l’eau fraîche ; ce qui produira les mêmes
effets. (e)
* FOURRÉE, f. f. terme de Pêche, bas parcs que
les pêcheurs forment fur les fables dans des terreins
convenables, comme les fonds qui vont en pente.
Pour cet effet ils plantent des pieux de deux, trois,
& quatre piés de haut, à fept à huit piés de diftance
les uns des autres, en forme de fer à cheval qui fe
recourberoit vers fes deux extrémités. Us amarrent
fur ces pieux des filets d’une hauteur proportionnée
, par le moyen d’un tourmort haut & bas ; &
pour que les filets s’appliquent plus exactement fur
le fond, on en enfable le pié , enforte que rien ne
peut s’échapper par-deffous. La marée montant rapidement
fur les bas-fonds, y porte le poiffon ; mais
quand elle vient à fe retirer, alors ce poiffon rencontre
le filet qui le retient, & les pêcheurs le prennent
à fec. La quantité en eft quelquefois très - con-
lidérable. Les pêcheurs contreviennent en deux
points aux ordonnances. Le premier en ne donnant
pas à leur maille l’étendue de deux pouces en quar-
ré ; & le fécond en enfablant le pié du filet. Il s’enfuit
de-là que la fourrée retient une multitude de petit
poiffon qui périt, & qui s’échapperoit. Voyè( les
Planches de Pêche.
* F O U R R E R , v . a£l. c’eft garnir de fourrure.
Voyelles articles FOURRÉ & FOURRURE. Il fe dit aufli
pour faire entrer à force. On ne peut rien fourrer de
plus dans cette malle. On ne peut rien fourrer dans
cette tête. Fourrer, c’ eft dérober fous une marchan-
dife de prix, une autre marchandife de moindre valeur.
Voyei l'article Fo u r r é . '
FOURRER les cables, les mâts, & les manoeuvres ~
(Marine.') c’eft les garnir de toile ou de petites cordes
en quelques endroits, pour les conferver & empêcher
qu’ils ne s!ufent. (Z )
F o u r r e r une manoeuvre, ( Corderie. ) c’eft la garnir
de toile ou de petites cordes pour empêcher qu’elle
ne s’ufe par le frottement. On fourre avec du bitord,
du Iufin, &t.
Fourrer, (à la Monnoie.') c’eft crime d*un faux
monnoyeur, qui pour tromper le public, fait couvrir
un flanc de cuivre, d’or ou d’argent. Foye* l ’article
Fo urré.
FOURREUR ou PELLETIER, f. m. (.Art média-
ni'q.') celui qui acheté, vend, apprête & employé à
différens ouvrages, des peaux en poil.
L ’art du pelletier-foureur eft plein de manoeuvres
ignorées, que nous allons décrire le plus exa&ement
qu’il nous fera poflible.
Dans les grandes villes, les pelletiers ne partent
point eux - mêmes leurs peaux. Ils fe repofent de
ce travail fur des ouvriers particuliers qu’ils appellent
habilleurs. Mais dans les villes de province ils
font obligés de faire tout par leurs mains, l’habillage
ainfi que le refte de l’ouvrage.
Pour habiller, il faut au pelletier un couteau dont
la lame foit de quatre pouces de longueur, fur un
pouce & demi de largeur ; qui ait le dos abattu en
chamfrain, fur la pointe, de la longueur d’un pouce
& demi, & le manche avancé jufqu’à la moitié dé
la largeur de la lame, de niveau avec le dos, de huit
lignes de longueur, fur fix d’épaiffeur & autant de
largeur. Cet infiniment porte environ une ligne &t
demie d’épaiffeur fur le dos.
Pour le tenir d’une façon commode au travail, il
faut que le pouce de la droite foit appliqué fur le côté
de la lame qui lui correfpond ; que l’index appuie
fur le dos ; que le fécond doigt pôle fur la platine du
manche ; & que le troifieme foit étendu & couché
fur le petit doigt, afin de tendre la peau, & la couper
fans attaquer le poil. Tandis que le couteau travaille
de la main droite, là main gauche foûtient ce
que l’on a coupé.
Les autres inftrumens du fourreur font une réglé
de 30 pouces de longueur, divifée par pouCés; il
s’en fert pour donner à fon manchon les dimenfions
convenables.
Une paire de cifeaux femblables à ceux des Perruquiers
; des carrelets à trois quarts, des gros &
des fins. Les carrelets font des aiguilles dont il fe fert
aux endroits oii la peau eft épaiffe.
Nous avons donné, en parlant dit couteau dü fourreur
, la maniéré d’habiller les peaiix, ou de les détacher
de l ’animal. Il s’agit maintenant de les paffer.
Pour cet effet vous commencerez par les plier en
deux depuis la tête jufqu’à la queue, que les ouvriers
appellent la culée ; vous prendrez votre carrelet, &
les coudrez tout-autour , le poil en-dedans: ce qui
s’appelle bourfer les peaux.
Quand elles feront bourfées, vous prendrez de k
foupe ou bouillon de tripe, ou de l’urine, & vous
les mouillerez bien. Si ce font des peaux d’oürs, de
loups, ou de chiens, il faudra les mouiller à deux re-
prifes ; c’eft-à-dire qu’après les avoir mouillées une
première fois , vous les laifferez environ huit heures
les unes fur les autres dans un endroit frais ; les
mouillerez une fécondé fois, & les laifferez repofer
en pile le même intervalle de tems : il faut voir en
les mouillant, s’il n’y a point d’endroits qui ayent
pris plus d’humidité que d’autres; fi on humettoit
ces endroits davantage , on ne pourroit paffer la
peau.
Lorfque vous vous ferez aflïiré que les peaux ont
bien bû leurs eaux, vous en prendrez trois ou quatre
à-la-fois : û ce font des peaux de loup, vous les
mettrez dans tifî tonneau défoncé; d’un bout. Vous
pancherez le tonneau, afin que les peaux fe trouvent
fur le fond qui refte, comme fur un plan incliné.
Ce tonneau doit être regardé comme une efpece
de moulin à foulon. Un ouvrier nud depuis la ceinture
jufqu’aux piés, entrera dans ce tonneau ; il fe
ceindra le corps d’un drap ou d’une farpilliere qu’il
rabattra fur l’ouverture du tonneau. On liera la far-
pilliere fur le tonneau. Alors il commencera à fouler
les peaux avec fes piés. Les peaux s’échaufferont;
& la farpilliere qui couvre l’ouverture du tonneau
, empêchera que la chaleur ne fe difîipe. On
foule les peaux pendant deux heures.
Après qu’on les a foulées, on les retire du tonneau.
On a du marc d’huile d’olive, ou delà graiffe,
mais Le marc d’hüile vaut mieux ; on en oint par-tout
les peaux. Cependant on a mis un rechaud avec du
feu dans le tonneau ; quand il eft échauffé fuffifam-
mcnt, on ôte le réchaud. On remet les peaux dans
le tonneau ; l’ouvrier y rentre avec la farpilliere qui
eft attachée autour de fa ceinture, & qu’on lie fur
le tonneau, comme on a voit fait la première fois ;
& les peaux font encore foulées pendant deux heures.
Cela fait, il faut trilaller les peaux. Cette manoeuvre
a pris fon nom de l’inftrument qu’on employé
, & qu’on appelle triballe. La triballe eft un
morceau de fer, tout femblable à celui dont on fe
fert à la campagne pour travailler le chanvre. Il a 18
pouces de hauteur , 3 de largeur, & z de branches ;
fur le dos 5 lignes d’épaiffeur; mais cette épaiffeur
va toujours en diminuant, comme fi l’inftrument de-
voit fe terminer par un tranchant ; mais il eft mouffe
& ne coupe point. La différence de la triballe & du
fer des filafliers, c?eft que la triballe a fon efpece de
tranchant ou de côté menu, en-dedans des branches
, & le dos tourné à l’ouvrier.
Pour triballer, l’ouvrier prend une peau tout au
fortir du tonneau ; il a enfoncé les branches de fa
triballe dans un poteau, ou dans un mur; pour cet
effet ces branches font pointues par chaque bout, &
font longues d’environ 3 pouceS. Il paffe fa peau fous
la lame de la triballe, entre cette lame & le poteau ;
il en tient le milieu de la main droite, & la tete de la
main gauche, fans être déboufée ; il avance le pié
gauche du côté du mur ; il retire le pié droit en-ar-
riere : lâchant la peau & la conduifant de la main
gauche, & la tirant fortement de la main droite, il
la fait aller & venir fur la triballe contre laquelle
tout le poids de fon corps qu’il jette en-arriere a chaque
mouvement, la tient appliquée.
On triballe de toutes fes forces les peaux de chien
& de loup. On ne rifque point de les déchirer. Il
faut travailler les autres avec plus de ménagement.
L’aélion de triballer les peaux les corrompt & les
affouplit ; peut-être même aide encore à leur faire
prendre l’huile qu’elles ont commencé à boire dans
le tonneau à fouler.
Lorfque les peaux font triballées, on les débou-
fe , on les étend fur leur large. On a un chevalet tel
que celui des Chamoifeurs, en dos d’âne, à demi-
rond , ou convexe en-deffus, & concave par-deffous;
ce chevalet doit avoir ç à 6 piés de longeur. Vous
le placez appuyé d’un bout contre le mur; vous
élevez l’autre à la hauteur de votre eftomac, par le
moyen d ’une efpece de croix de faint André, qu’on
appelle la gambette; vous étendez votre peaii de loup
ou de chien fur le chevalet ; vous prenez un couteau
à deux 'manches, qui ait depuis z z jufqu’à Z3 pouces
de long, y compris les manches, aont la lame
ait deux pouces & demi de large, & fix lignes d’épaiffeur
au dos. Ce couteau qui eft un peu concave
îlu côté du taillant, pour pouvoir prendre la rondeur
du chevalet, s’appelle couteau, à écharner, 11 ne
coupe pas furtôute fa longueur, mais feulement d’un
de fes bouts jufqu’au milieu. Vous preffez votre ventre
contre la peau que vous arrêtez ainfi fur le chevalet.
Vous appliquez deffus le concave de votre
couteau, du côté de la chair; vous la raclez avec la
partie qui ne coupe point, afin de corrompre la chair
& en préparer la féparation d’avec le cuir. Vous travaillez
enfuite avec la partie tranchante, appuyant
également & legerement, & craignanttoujours d’endommager
la peau. Vous continuerez d’écharner
jufqu’à ce que vous apperceviez à la peau de petits
points hoirs. Ces points font la racine du poil. Si
vous continuez l’action du couteau, vous détacherez
le poil du cuir; & votre peau aura alors le défaut
que les ouvriers défignent, quand ils difent d’une
peau, qu’elle lâche.
Quand la peau eft écharnéç, vous la prenez, l’agitez
en l’air de la main gauche ; & avec une baguette
que vous tenez de la droite, vous la frappez fur le
poil, afin de le faire relever. Ayez enfuite un tonneau
traverfé de part en part des deux fonds, par un
axe, à l’un des bouts duquel il y ait une manivelle;
que ce tonneau foit foùtenu comme une roue, ôc
puiffe tourner fur lui-même ; qu’il y ait à fon flanc une
ouverture de huit pouces en quarré, avec une porte
pour la fermer. Ayez du plâtre pulvérifé bien menu:
faites-le chauffer d’une chaleur à pouvoir y fuppor-
ter la main, & à ne point brûler le cuir ; mettez-le
dans le tonneau avec les peaux, & faites tourner le
tonneau lentement, enforte que le plâtre s’infinue
entre les poils de la peau, & les dégraiffe. Pour empêcher
que les peaux ne fe tortillent fur elles-mêmes
dans le tonneau, on y a pratiqué à fa furface, en
différens endroits, des trous, oit font enfoncées des
chevilles ou broches de bois qui entrent dans le tonneau
d’environ ç pouces de long.
On peut travailler ainfi quatre à cinq peaux de
loup à-la-fois. Il faut pour ce nombre de peaux, un
demi-boiffeau de plâtre. On tourne ainfi les peaux
pendant un quart-d’heure : on les retire ; on les bat
avec la baguette ou contre le mur, pour en faire
tomber la groffe pouflïere ; on les rebat avec la baguette
; on les repaffe une fécondé fois dansle tonneau
avec le plâtre en poudre, ou de la cendre de
motte de tan, ou des cendres ordinaires, mais de
préférence avec le plâtre; on les rebat, & on paffe
à une autre manoeuvre.
Nous obferverons feulement fur celle-ci qu’elle a
lieu pour les renards, les chats fauvages, les do-
meftiques, & autres ; les fouines, les martes de
France, &c. avec cette différence que ces dernieres
peaux fe dégraiffent féparément ; au lieu qu’on peut
travailler les autres enfemble.
Quand vous aurez fi bien battu vos peaux dégraif-
fées qu’il n’en forte plus de pouflïere, vous les tirerez
au fer. Pour cet effet ayez un fer de pelletier. Cet
infiniment ou lame a a 5 pouces de longueur, fur 6
de largeur; il a le taillant en dos d’âne; il vient en
diminuant vers fes extrémités, où il n’a guere que
trois pouces & demi de largeur ; il a 4 à 5 lignes
d’épaiffeur fur le dos ; cette épaiffeur.eft la même
jufqu’au milieu de la largeur de la lame, afin de le
fortifier; de-là jufqu’au taillant qui eft arrondi, l’é-
paiffeur diminue.
Voici comment on attache ou fixe le fer de pelletier
; on a deux branches ou pitons de la longueur
de z 1 à z z pouces ; ils font fendus à la tête; les bouts
du fer font reçus dans des efpeces de mortaifes ou
de fentes pratiquées à ces pitons. Vous plantez dans
le mur votre piton le plus bas, environ à deux piés
huit pouces de terre. Vous y fixez l’extrémité infé*
rieure de votre fer, dont le taillant doit être tourné
contre le mur; vous déterminez par la longueur du
fer la hauteur à laquelle l’autre piton doit être plan