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ïa campagne de Rome, à douze milles de Cette ville
-S. E. avec un évêché qui ne releve que du pape,
& l’un des fix que les fix plus anciens cardinaux ont
le droit d’opter. Elle eft connue par les palais & les
jardins délicieux que les Italiens ont bâti dans fon
territoire , & qu’ils appellent des vignes , entre lef-
■ qucls on remarque les vignes Ludovifia, Borghèfe,
& Aldobrandine. M. Matthéi a donné l’hiftoire de
FraJ'cati, le lefteur y peut recourir. Long, fuivant le 1
P. Borgondio, 3 o , 1 7 ,3 0, latit. 4 1 ,4-5, o. {D . / .)
FRASCAUX, fi, m. {Manu/, en foie. ) bouts de
nerfs de boeufs, ou morceaux de boucs , dans lef-
quels font paflees les broches des roiiets ; c eft la
même cho.e chez les Cordiers. Au lieu de nerfs de
boeufs ou de morceaux de boucs, ils fe fervent aufli
<de treffes de jonc ou de paille.
FRATERNITÉ, f. f. ( Jurifprud. ) eft le lien qui
-unit enfemble des freres, ou le frere & la foeur.
Sur la maniéré dont la fraternité doit être prouvée,
yoyc^ la loi 73 au code, liv. IV . tit. x jx .
On a aufli donné le nom de fraternité ou confraternité,
à certaines fociétés dont les membres fe traitent
entre eux de freres, ou doivent vivre enfemble
comme freres : telles font les confrairies, les communautés
de religieux. Voye\leglojfaire de Ducange,
■ au mot fraternitas. { d )
F r a t e r n i t é dAr m e s , {Hifi. mod?) aflociation
entre deux chevaliers pour quelque haute entrepri-
fe qui devoit avoir un terme fixe, ou même pour toutes
cellesqu’ilspourroient jamais faire; ils fejuroient
d’en partager également les travaux & la gloire, les
dangers, & le profit, & de ne fe point abandonner
-tant qu’ils auroient befoin l’un de l’autre. L’eftime,
la confiance mutuelle de gens qui s’étoient fouvent
trouvés enfemble aux mêmes expéditions, donnèrent
la naiflance à ces engagemens; & ceux qui les pre-
noient devenoient freres , compagnons d’armes.
Voye{ F r e r e d’Ar m e s .
Ces aflbciations fe contraôoient quelquefois pour
la vie ; mais elles fe bornoient le plus fouvent à des
expéditions paflageres, comme une entreprife d’armes
, telle que fut celle de Saintré, une guerre, une
bataille, un fiége, ou quelque autre expédition militaire.
L’ufage de la fraternité d'armes dont il s’agit i c i ,
eft fort ancien. Nous lifons dans Joinville, que l’empereur
de Conftantinople & le roi des Commains,
s’allièrent & devinrent freres ; & pour rendre cette
alliance plus folide, « il faillit qu’ilé, & chacuns de
» leurs gens de pan & d’autre, fe fiffent faigner, ôc
» que de leur fang ils donnaflfent à boire l’un à l ’au-
» tre , en figne àe fraternité ; & ainli fe convint faire
» entre nos gens & les gens d’icelui ro i, & mêlèrent
» de Iefu:' fang avec du vin , & en buvoient l ’un à
l’autre, & difoient qu’ils étoient freres l’un à l’au-
» tre d’un fang.......... ».
Si nous remontons à des fiecles plus reculés, nous
apprendrons l’antiquité de cette pratique. Oûavius
faifant le portrait des vices & des crimes des dieux
que Cëcilius adoroit,dit de l’inhumanité de Jupiter
convaincu d’homicide : « Je crois que c’eft lui qui a
» appris àCatilina de confirmerles conjurés dans leur
» deffein, en buvant le fang les uns des autres ».
Il refta long-tems parmi les hommes des traces de
cette barbarie ; car Ducange cite des exemples de
chevaliers, qui pour fymbole de fraternité , fe firent
faigner enfemble, & mêlèrent leur fang. Si cette dernière
pratique paroît à-peu-près aufli folle & aufli
barbare que la première , du-moins rien n’étoit plus
éloigné de la barbarie que le fentiment qui l ’infpi-
roit.
Le Chriftianifme s’étant répandu dans le monde ,
on l’employa pour rendre les fraternités plus folen-
neiles U puis refpe&ables j & en conséquence, on
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les contraôa à la face des autels. C ’eft ainfi que quel i
ques freres d’armes imprimoient à leurs fermens les
plus facrés carafreres de la religion : pour s’unir plus
étroitement, ils baifoient enfemble la paix que l’on
préfente aux fideles dans les cérémonies de la mefle.
Nous avons même des exemples de la fraternité-d'ar-
mes autorifée par la réception de l’hoftie confacrée :
ce fut de cette maniéré, au rapport de Jean Juvénal
des Urfins , que les ducs d’Orléans & de Bourgogne
lièrent unefraternité, qui pourtant ne dura pas long-
tems : « ils oiiirent tous la mefle ; reçurent le corps
» de N. S. & préalablement jurèrent bon amour, Ôc
» fraternité par-enfemble ».
Mais on obfervoit rarement des cérémonies aufli
graves dans ces fortes d’aflociations ; on les contrac-
toit d’ordinaire , les uns par le don réciproque de
quelques armes,les autres par le Ample attouchement
d’une arme,comme d’une épée ou d’une lance,fur laquelle
on fe juroit une alliance perpétuelle ; & ceux
qui faifoient ces fermens s’appelloient fratres jurati.
Monftrelet nous apprend que le roi d’Arragon fe
fit frere-d’armes du duc de Bourgogne par un Ample
traité. Les princes formoient dans l’éloignement leur
contrat de fraternité- d'armes, par des traités authentiques
fuivant l’ufage des tems. Ce fut par un aéto
femblable que le duc deBretagne & le comte de Cha-
rolois devinrent freres - d’armes l’un de l’autre. M.
Ducange, dans fa dijfertation fur Joinville, a rapporté
le traité de fraternité - d'armes entre Bertrand du,
Guefclin & O livier de la Marche, & celui que Louis
XI. & Charles dernier duc de Bourgogne firent en-,
femble.
On v i t , à la vé r ité , le duc de Bourgogne violer
les fermens de fa fraternité-d.'armes avec le duc d’Orléans
; mais c’eft un exemple très - rare, auquel on
peut oppofer celui du duc de Bretagne , long-tems
ennemi irréconciliable du connétable Cliflon. La
haine de ce duc fit place aux fentimens de la fraternité
, lorfqu’il fut devenu frere-d’armes du connétable.
Jamais amitié ne fut plus fincere que celle
qui régna depuis entr’eux, julqu’à la mort du duc de
Bretagne : Cliflon la lui continua encore après fa
mort dans la perfonne de fes enfans ; il fut toûjours
leur pere.
Au refte, les fraternités militaires donnoient à des
feigneurs particuliers le moyen de faire des entre-
prifes dignes des fouverains.Lorfque la guerre ne les
retenoit pas au fervice de leur monarque, ils s’aflo-
cioient pour aller purger une province de brigands
qui l’infeftoient ; pour délivrer des nations éloignées
du joug des infidèles ; pour venger un prince opprimé
, & déthroner un ufurpateur. Enfin , comme les
meilleures chofes dégénèrent, il arriva que les fra-
ternités-d'armes rendirent un grand nombre de feigneurs
indépendans, & quelquefois rébelles.
II arriva pareillement de-là,queles fraternités-d'armes
contractées par des fujets ou des alliés de nos
rois,firent naître des foupçonsfur la fidélité de ceux
qui avoient pris ces engagemens. Le roi de France ,
en 13 70 ,témoigna fon mécontentement de la conduite
d’Oftrenant fon allié, qui avoit accepté l’ordre
de la Jarretière ; & l’on ne fut pas moins fcandalifé
de voir le duc d’Orléans fe lier en 13 99 par une fraternité
d'armes &c d’alliance avec le duc de Lancaftre,
qui peu après déthrona Richard , roi d’Angleterre >
gendre du roi Charles VI. Le crédit que donnoient
ces fortes de fociétés étoit en effet d’une conféque; *
ce dangereufe pour le repos de l’état : on fait comment
elles finirent dans ce royaume. {D.J.)
FRATRICELLESJ f. m. pl. (Hift. eccléfiafi.) ce
nom, qui fignifie petits freres, fe donna à quelques
religieux apoftats & vagabonds du treizième & du
quatorzième fiecle, qui prêchoient différentes erreur^
Cette fe&e fut occafionnée, dit M. Fleury*
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dans fon huitième difcours fur l'hifoire eccléfiajlique,
c. viij. par les difputes fameufes des Freres mineurs
Ou Cordeliers, pour favoir quelle devoit être la forme
de leur capuchon, & fi la propriété de ce qu’ils
mangeoient leur appartenoit, ou à l’Eglife romaine ;
difpute fur laquelle quatre papes donnèrent des bulles
contradictoires, ne fe montrant en cela ni infaillibles,
ni fages. Nicolas III. par fa bulle, exiit qui fê-
tninatfeminare femen fuum, déclara d’après S. Bona-
venture, que la propriété de ce que les Cordeliers
mangeoient no leur appartenoit pas, mais Amplement
le feul ufage de fait. Jean XXII. décida le contraire
; & l’empereur Louis de Bavière, qui ne l’ai-
moit pas, le fit condamner pour cela comme hérétique,
dans une efpece de concile tenu à Rome. Ce
prince .fit enfuite élire un anti-pape fratricelle, nommé
Pierre de Corbière, qui dès qu’il fe vit pape, renonça
à la pauvreté qu’il avoit prêchée, & vendit
des bénéfices, pour avoir des chevaux, des domefti-
ques, & une table fomptueiife. Mais ce pape rte fit
pas fortune. Il y eut d’ailleurs quelques fratricelles de
brûlés comme hérétiques. Cette fottife, dit un auteur
célébré, n’ayant pas fait fépartdre beaucoup de
fang, peut être mife au rang des fottifes paifibles.
Les fratricelles s’appelloient aufli bicoques , beg-
ghards, &c. Voye{ B eGGHARDS. (O )
FRATRICIDE , f. m. (Jurifprud.) quafi fratris coe-
des, eft le crime déteftable que commet celui qui tue
fon frere ou fa foeur.
On appelle aufli fratricide celui qui commet ce
crime.
Celui qui tue fon frere ou fa foeur fe rend indigne
de leur fucceflion ; fes enfans en font pareillement
exclus : anciennement cette fucceflion étoit confif-
qüée ; mais préfentement elle eft dévolue aux plus
proches héritiers habiles à fuccéder.
Le frere qui eft complice de l’homicide de fon frere
, eft aufli exclus de fa fucceflion.
Voyt{ Anne Robert, liv. I II. ch. vij. Papon, liv.
X X I . tit.j. n°. 2.3.. & tit.jv. n°. 1. Carondas , liv.
I I . rep. 80. Maynard, l. VII. de fes qufi. ch. xcxjv,
Mornac, ad lib. I. cûd. ubi caufoefinales. (A')
* FRAUDE, f. f. tromperie cachée. La fraude eft
un des vices oppofés à la juftice & à la véracité.
Elle peut fe trouver dans le difcours, dans l’aâion,
& même quelquefois dans le filence. L’homme qui
fe taît eft frauduleux, toutes les fois qu’il fe laiffe
interpréter à faux. Il doit alors réparer le mal qu’il
a fouffert, comme s’il l’avoit commis.
La Mythologie faifoit de la fraude une des filles de
l ’Enfer & de la Nuit. L’Enfer & la Nuit,c’eft-à-dire la
méchanceté & l’hypocrifie, avoient donné naiflance
à tout ce qu’il y a de pernicieux parmi les hommes.
F r a u d e , C o n t r a v e n t io n , C o n t r e b a n d e ,
(Comm.) ces trois mots font ici fynonymes, & font
pris pour toutes infra&ions aux ordonnances & ré-
glemens qui ont rapport aux droits établis fur les denrées
ou marchandifes ; avec cette différence, que la
fraude eft fourde & cachée, comme lorfque l’on fait
entrer ou fortir du royaume des marchandifes par des
routes détournées,pour éviter le payement des droits
fur celles permifes, ou la confifcation fur celles prohibées.
La contravention fuppofe de la bonne - foi, &
vient de l’ignorance des réglemens, enforte qu’elle fe
commet en manquant aux formalités prefcrites. La
contrebande eft un crime capital, parce qu’elle fe fait
avec attroupement & port d’armes : elle eft par con-
féquent contraire aux lois établies pour la fureté de
l’état.
La fraude & la contravention étant toute voie qui
fouftrait à la connoiflance des fermiers Ou des prépo-
fés à la levée des droits, les chofes qui y font fujettes
, foit que celui qui ufe de cette voie le faffe à
deffein de frauder, ou parce qu’il ignore que le droit
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eft du, les peines font les mêmes ; parce que ce droit
étant établi par une loi publique, eft tenu pour connü
de tout le monde : fi l’ignorance pouvoit l’excufer ,
tous pourroient l’alléguer.
Lorfque le droit eft difproportioftné ati prix de 11
chofe, fa fraudt devient lucrative ; la peine de la confifcation
des marchandifes & d’une amende, n’eft pas
capable de l ’arrêtet, il faut alors avoir recours auX
peines que l’on inflige pour les plus grands crimes ;
& des hommes que l’on rte petit regarder comme médians,
font traités en fcélérats. D ’un côté l’intérêt, &C
de l’autre la crainte de fubir les peines portées par les
defenfes, excitent les peuples à la contrebande, & leS
font fe tenir en force, & commettre la fraude à main
armée.
La contrebande fe commet le plus ordinairement
fur les marchandifes dont l’entrée & lafortie font dé-*
fendues,comme font les étoffes des Indes où de I2
Chine, les toiles peintes, les glaces de miroirs , les
points de Venilè, & autres, pour l’entrée ; les armes
& inftrumens de guerre, l’or & l’argent, les pierreries,
le fil, le chanvre, les chardons à drapier, pour
la fortie. Ces marchandifes font appellées de contrebande
; elles font non-feulement fujettes à la confifcation
, mais elles entraînent aufli celles de toutes
les autres marchandifes dont le commerce eft permis
, qui fe trouvent avec elles dans les mêmes caifi*
fes & ballots ; comme aufli des chevaux , mulets ,
charrettes, & équipages des voitures qui les condui-
fent ; & toutes confifcations emportent amende, laquelle
doit être arbitrée par les juges, lorfqu’elle n’eft
pas fixée par les ordonnances. Il y a des contrebandes
qui font défendues fous peine des galeres, & même
de la v ie , comme celle du tabac & du faux-fel.
Voye{ G a b e l l e & T a b a c .
Le bien commun vend jufte l’impofition & là levée
des tributs ; & le befoin de l’état les rend néceffai-
res. Il s’enfuit de cette néceflité & de cette juftice ,
que les peuples font obligés à s’en acquitter Comme
d’une dette très-légitime , & qu’ils peuvent y être
contraints par les voies que l’ufage & les lois ont établies.
De-là on peut conclure qu’il n’eft pas permis
de frauder les droits, & de les faire perdre ; que
c’eft un devoir de confcience de les payer ; car outre
que l’on fait une injuftice ou au public ou à ceux
qui en ont traité, l’on occafionne de grands frais qui
feroient moindres, & beaucoup de précautions qui
gênent le commercé, pour prévenir les fraudes dont
plufieurs ufent. Mais il faut aufli convenir , que li
l’on accordoit au commerce toute la liberté dont il
a befoin pour être floriffant, les fraudes, contraventions
& contrebandes ne feroient pas communes.
De fraude , on a fait les mots frauder, fraudeur y
frauduleux , &c.
FRAUSTADT, (GéogJ) petite ville de Pologne
aux frontières de la Siléfie, remarquable par la bataille
que les Suédois y gagnèrent fur les Saxons le 14
Février 1706. Elle eft à 28 lieues N. E. de Breflaw, ôc
à 8 N. O. de Glogaw : c’eft la patrie de Chriftian
Griphius, grand poète allemand du dernier fiecle, &
deBalthafar Timéè, médecin, dont lès oeuvres ont
paru à Leipfick en 17 15 , in-40. Long. 33. 2S. latit-
5 i. 46. {D. J.)
FR AU X , ou FRECHES, fi m. pi. (Jurifp.) appeî-
lés aufli en d’autres lieu xfros,frox, &cfiouxt font des
terres incultes & en friche. Voye^ les notes fur la coût*
f Artois, art. 5 . n°. 1. & le glojfaire de Ducange , aux
motsfroccus & frifcum. (yf)
FRAWENFELD, ( Géog.) petite ville de Suifle*
capitale duThurgow lur une hauteur, près la riviere
de Murg. Voye^Longuerue. Long. 30. 42. latit. 47,
28. {D .J .)
FRAXINELLE > {Hifl. nat. bot.') gen-»
O O ij