» les du fon ; de forte que la vertu élaftique de ce
„ milieu , toutes chofes d’ailleurs égales, doit être
» plus de 700000 X 700000, c’eft-à-dire plus de
„ 400000000000 fois plus grande que n’eft la vertu
» élaftique de l’air : car les vîteffes des pulfions des
» milieux élaftiques, toutes chofes d’ailleurs égales,
» font en raifon fous-doublée de la direéle des élal-
» ticités de ces milieux.
» Comme la vertu magnétique eft plus confidéra-
» ble dans les petites pierres d’aimant que dans les
» grandes à proportion de leur volume, 8c que l’at-
» traâion éleélrique agit plus vivement fur les petits
» corps que fur les grands : de même la petitefle des
» rayons de lumière peut contribuer infiniment à la
„ force de l’agent, ou de la puiffance qui leur tait
w fubir les réfraûions. Et fi on fuppofe que l’éther
» ( comme l’air que nous refpirons ) contienne des
»> particules qui s’efforcent de s’éloigner les unes des
»> autres, 8t que ces particules foientinfiniment plus
» petites que celles de l’air, ou même que celles de
» la lumière, leur petiteffe exceffive peut contribuer
» à la grandeur de la force par laquelle elles s’éloi-
» gnent lés unes des autres , rendre le milieu infini-
» nient plus rare 8c plus élaftique que l’a ir , 8c par
» conféquent infiniment moins propre à réfifter aux
mouvemens desprojeftiles, & infiniment plus pro-
» pre à caufer la pefanteur des corps par l’effort que
» font fes particules pour s’étendre. Optic. p. 32 J. &C. Voyez LU M IE R E , É L A S T IC IT É , &c.
Voilà un précis des1 idées générales que Newton
paroît avoir eues fur la caufe de la gravité : cependant
fi on examine d’autres endroits de fes ouvrages ,011
eft tenté de croire que cette explication générale
qu’il donne dans fon Optique, étoit deftinée principalement
à raffurer quelques perfonnes que l’attraûion
ayoit révoltées. Car ce philofophe, en avouant que
la pefanteur pourroit être produite par l’impulfion,
ajoûte qu’elle pourroit aulîi être produite par quel-
qu’autre caufe : il fait mouvoir les planètes dans un
grand vnide, ou du-moins dans un efpace qui contient
très-peu de matière ; il remarque que Fimpul-
fion d’un fluide eft proportionnelle à la quantité de
furface des corps qu’il frappe, au lieu que la gravité
eft comme la quantité de matière, & vient d’une
caufe qui pénétré pour ainfi dire les corps ; ainfi il
n’étoit pas, ce mè femble, fort éloigné de regarder
la gravité comme un premier principe, & comme
une loi primordiale de la nature. En un mot toute
cette explication eft bien foible, pour ne rien dire de
plus, bien vague, 8c bien peu conforme à la maniéré
ordinaire de philofopher de fon iiluftre auteur; 8c
nous ne pouvons croire qu’il l’ait propofée bien fé-
rieufement. D ’ailleurs Newton parut donner fon approbation
à la préface que M. Cotes a mife à la tête
de la fécondé édition de fes Principes, 8c dans laquelle
cet auteur foûtient, comme nous l’avons dit, que
la gravité eft effentielle à la matière, Voyez aux articles
A t t r a c t io n & G r a v i t a t io n les réflexions
que nous avons faites fur cette derniere opinion.
La partie de laMéchanique qui traite du mouvement
des corps entant qu’il réfulte de la gravité f
s’appelle quelquefoisflatique. Voyez S t a t iq u e .
On diftingue la gravité en abfolue & relative.
La gravité abfolue eft celle par laquelle un corps
defcend librement fans éprouver aucune réfiftance.
V o y e z R é s i s t a n c e .
Les lois de la gravité abfolue fe trouvent aux articles
A c c é l é r a t io n & D e s c e n t e .
La gravité relative eft celle par laquelle un corps
defcend après avoir confumé une partie de fon poids
à furmonter quelqu’obftacle ou réfiftance. Voyez
R é s i s t a n c e .
Telle eft la gravité par laquelle un corps defcend
le long d’un plan incliné, où Une partie de fa force
eft employée à furmonter la réfiftance ou le frottement
du plan. Telle eft encore la gravité par laquelle
un corps defcend dans un fluide. Voyez Fr o t t e m
e n t , 8c pour les lois de la gravité relative, con-
fultez les articles Pl a n in c l in é , D e s c e n t e ,
Fl u id e , R é s i s t a n c e , & c.
Centre de G r a v i t é , voyez C e n t r e .
La formule j = que nous avons donnée
au mot Fo r c e c e n t r i f u g e , / » ^ 120 de ce Volume
t col. 1. peut fervir à trouver le rapport de la
force centrifuge des corps terreftres à la gravité; car
on peut connoître par les lois des pendules ( voyez
Pen d u l e ) le tems ô d’une vibration d’un pendule,
dont la longueur feroit égale au rayon de la terre ;
8c on peut connoître de plus l’efpace A , où la partie
de la circonférence de l’équateur qu’un point
quelconque de la furface de la terre décrit dans ce
meme tems ; & comme w eft le rapport de la demi-
circonférence au rayon, 8c A B le diamètre de la
terre, on aura donc en nombres très-approchés le
rapport de 2 A à % A B ou de A à —q— , c’eft-àdire
de l’arc A à la demi-circonférence de la terre.
O r , achevant le calcul, on trouve que ce rapport
eft d’en viron 1 à 17. Voyel le difcours de M. Huy-
ghens fur la caufe de la pefanteur. Donc le rapport de
la force centrifuge à la gravité fous l’équateur, eft
égal au quarré de -f,, c’eft'-à-dire T7-5.
Les lois de la gravité des corps qui pefent dans les
fluides, font l’objet de l’Hydroftatique. Voyez Hy d
r o s t a t iq u e .
Dans cette fcience on divife la gravité en abfolue
8c fpécifique.
La gravité abfolue eft la force avec laquelle les
corps tendent en embas. Voyez le commencement de cet
article.
La gravité fpécifique eft le rapport de la gravité
d’un corps à celle d’un autre de même volume. Voy.
S P E C IF IQ U E .
Pour les lois de la gravité fpécifique avec les maniérés
de la trouver, ou de la déterminer dans les
folides & dans les fluides, confultez l 'article Balance
HYDROSTATIQUE. (O)
G r a v it é , voyez ci-dev. Ûarticle G r a v e , (Graml
& Morale.)
G r a v i t é , en Mufique, eft cette modification du
fon , par laquelle on le confidere comme grave, ou
bas par rapport à d’autres fons qu’on appelle hauts
ou aigus. Voyez So n G r a v e . C’eft une des bifarre-
ries de notre langue, qu’il n’y ait point pour oppo-
fer à ce mot de fubftantif propre aux fons aigus : celui
d'acuité que quelques-uns ont voulu introduire ,
n’a pu paffer.
La gravité des fons dépend de la groffeur, longueur,
tenfion des cordes,de la longueur des tuyaux,'
8c en général du volume 8c du poids des corps fo-
nores : plus ils ont de tout cela, 8c plus leur gravité
eft grande ; car il n’y a point de gravité abfolue, 8t
aucun fon n’eft grave ou aigu que par comparaifon.
V o y e^ C o r d e & Fo n d a m e n t a l , ( i 1)
GRAVITER, v . n. (Phyfiq.) on dit dans la phi—
lofophie newtonienne, qu’un corps gravite vers un
autre, pour dire qu’il tend vers cet autre corps par
la force de la gravité, ou , pour parler fuivant le fy-
ftème de Newton, qu’il eft attiré par cet autre corps.’
Voyez G r a v i t a t io n , &c.
GRAVOIR, f. m. outil de Charron , c’eft une ef-
pece de marteau dont un pan eft rond 8c plat, 8c
l’autre pan eft plat 8c tranchant. Il fert aux Charrons
pour couper & fendre des cercles de fer & d’autres
pièces.
* G r a v o ir , (Lunetier.) c’eft un infiniment avec
lequel'le lunetier trace dans la châffe de la lunette,
la rainure oh fe place le verre, Sc qui le retient.
Il confifte en une plaque ronde, d’un diamètre un
peu plus petit que le verre 8c la châffe. Cette plaque
eft tranchante & dentelée. Il y a une platine appliquée
à cette plaque, 8c qui la déborde : l’un &
l ’autre font montés fur un petit arbre qui les traver-
f e , qui a fes poupées comme les arbres des tours à
tourner en l’a ir , 8c qui porte au milieu une boîte
ronde, comme il y en a aux forets. On monte la
corde de l’arçon fur cette boîte ; on fait tourner l’arbre
8c la plaque tranchante ; l’ouvrier place fa châffe
contre la platine qui le dirige ; il fait mordre la plaque
tranchante dans l’épaiffeur de la châffe, 8c la rainure
fe fait. Il faut obferver que la platine peut être
montée avec la plaque tranchante lur un même arbre,
pourvu que ces deux parties laiffent entre elles
l’intervalle convenable, ou qu’elles peuvent être fé-
parées, enforte que la plaque tranchante foit feule fixée
fur l’arbre, & qu’on en puiffe approcher parallèlement,
8c fixer folidement & à la diftance convenable
, la platine qui fert de direftrice à l’ouvrier,
& fans laquelle il ne feroit pas sûr de pratiquer fa
rainure dans un plan bien vertical.
G RAVOIS, f. m.pl. (Architect.) fe dit des décombres
des bâtimens, des pièces d’eaux 8c baflins lorf
qu’ils font achevés ; ou bien de ce qui refte des allées
quand elles viennent d’être dreflées 8c épierrées.
GRAVURE, f. f. (Beaux Arts:') On a déjà dit au
mot Estampe quelque partie des chofes qui ont rapport
à l’art de graver ; mais cet art n’a été regardé
alors que du côté de fes productions. Nous devons
entrer ici dans le détail des opérations néceffaires
pour produire par les moyens qui lui font propres,
les ouvrages auxquels il eft deftiné.
’ Les mots gravure 8c graver viennent ou du grec
ypétpca, qui fignine j'écris, ou du latin cavare, creufer.
Il eft moins néceffaire de s’arrêter à fixer fon étymologie
, que d’expliquer précifément l’aôion de
graver. Cette aâion confifte à creufer, & toutes les
différentes matières dans Iefquelles on peut creufer
les formes des objets qu’on a deffein de graver font
comprifes dans les idées générales de l’art de la Gravure.
La différence des matières & celle des outils 8c
des procédés qu’on employé, diftinguent les efpeces
de Gravure : ainfi l’on dit, graver en cuivre, en bois,
en or, en argent, enfer, en pierres fines.
Je commencerai par l’art de graver en cuivre, non
pas comme le plus ancien, mais comme celui qui eft
d’un plus grand ufage, 8c fans doute d’un ufage plus
utile aux hommes pour multiplier leurs connoiffan-
ces. . •
Dans les détails des opérations de cet a r t , j ’emprunterai
les préceptes 8c les deferiptions qui font
contenus dans un ouvrage d’Abraham Boffe , graveur
du ro i, qui a été confidérablement enrichi par
les lumières de M. Cochin le fils, favant artifte de
nos jours, qui dans une derniere édition de cet ouvrage
l’a augmenté de différens traités que les progrès
de l’art lui ont fournis, & de réflexions juftes
qu’il doit à fon talent 8c à fes fuccès, /
Le cuivre dont on fe fert pour la Gravure dont je
parle, eft le cuivre rouge. Le choix que l’on fait de
cette efpece de cuivre, eft fondé fur ce que le cuivre
jaune eft communément aigre, que la fubftance
n’eft pas égale, qu’il s’y trouve des pailles, & que
ces défauts, font des obftacles qui s’oppofent à la
beauté des ouvrages auxquels on le deftineroit. Le
cuivre rouge même n’eft pas totalement à l’abri de
ces défauts ; il en eft dont la fubftance eft aigre, 8c
les traits qu’on y grave fe reffentent de cette qualité
; ils font maigres 8c rudes : il s’en trouve de mou
dont la fubftance approche (quant à cette qualité)
de celle du plomb. Les ouvrages que l’on y grave
n’ont pas la netteté qu’on voudroit leur donner :
l’eau-forté ne l’entame qü’avec peine \ elle ne creufe
pas, & trompe l’attente du graveur. Quelquefois on
rencontre dans une même planche de cuivre ces qualités
oppofées ; enfin on y trouve de petits trous imperceptibles,
ou des taches defagréables.
Le cuivre rouge qui a les qualités les plus propres
à la Gravure, doit donc être plein, ferme, liant ; &
la façon de connoître s’il eft exempt des défauts contraires
que j’ai énoncés, e’eft d’y former quelques
traits avec le burin en différens fens : alors, s’il eft
aigre, le bruit que fera le burin en le coupant, 8c
lé fentiment de la main, vous l’indiqueront ; s’il eft
mou, ce même fentiment qui vous rappellera l’idée
du plomb, vous le découvrira aufli.
Lorfqu’on a fait choix d’un cuivre propre a graver
, on doit mettre fes foins à ce qu’il reçoive la
préparation qui lui eft néceffaire pour l’ufage auquel
on le deftine. Les Chauderoniers l’applaniffent*
le coupent, le poliffent ; mais il eft à-propos que les
Graveurs connoiffent eux-mêmes ces préparations ,
parce qu’il pourroit fe trouver que voulant faire
ufage de leur art dans un pays où il feroit inconnu
, ils ne trouveroient pas les ouvriers en cuivre
inftruits des moyens qu’il faut employer.
Une planche de cuivre de la grandeur d’environ
un pié fur neuf pouces , doit avoir à-peu-près une
ligne d’épaiffeur; 8c cette proportion peut régler
pour d’autres dimenfions. La planche doit être bien
forgée & bien applanie à froid î c’eft par ce moyen
que le cuivre devient plus ferré & moins poreux.
II s’agit, après ce premier foin, de la polir. On
choifit celui des deux côtés de la planche qui paroît
être plus uni 8c moins rempli de gerfures 8c de
pailles ; on attache la planche par le côté contraire
fur un ais, de maniéré qu’elle y foit retenue par
quelques pointes ou clous; alors on commence à
frotter le côté apparent avec un morceau de grès ,
en arrofant la planche avec de l’eau commune : on
la polit ainfi le plus également qu’il eft poffible, en
paffant le grès fortement dans tous les fens, 8c en
continuant de mouiller le cuivre 8c le grès, jufqu’à
ce que cette première opération ait foit difparoitre
les marques des coups de marteau qu’on a imprimés
fur la planche en la forgeant.
Lorfque ces marques ont difparu, ainfi que les
pailles , lès gerfures, Sc les autres inégalités qui
pourroient s’y rencontrer ; on fubftitue au grès la
pierre - ponce biên choifie ; on s’en fert en frottant
le cuivre comme on a déjà fait en tous fens, 8c en
l’arrofant d’eau commune : l’on efface ainfi les raies
que le grain trop inégal du grès a laiffées fur la planche
; après quoi l’on fe fert pour donner un poli plus
fin , d’une pierre - ponce à aiguifer, qui pour l’ordinaire
eft de couleur d’ardoife, quoiqu’il s’en trouve
quelquefois de couleur d’olive 8c de rouge. Enfin le
charbon 8c le bruniffoir achèvent de faire difparoître
de deffus la planche les plus petites inégalités.
Voici comme il faut s’ÿ prendre pour préparer le
charbon qu’on doit employer. Vous choifirez des
charbons de bois de foule qui foient affez gros &C
pleins, qui n’ayent point de fente ni de gerfure, 8r.
tels que ceux dont communément les Orfèvres fe
fervent polir fouder. Vous ratifierez l’écorce de ces
charbons, vous les rangerez enfemble dans le feu,
vous les couvrirez enfuite d’autres charbons allumés
8c. de quantité dé cendre rouge ; deforte qu’ils
puiffent demeurer fans communication avec l a i r ,
pendant environ une' heure 8c demie, 8c que le feu
les* ayant entièrement pénétrés, il n’y refte aucune
vapeur. Lorfque vous jugerez qu’ ils lero,nt en cet
état, vous les plongerez dans l’eau 8c les laifferez
refroidir.
Vous frotterez la planche qui a déjà été unie par le
grès, la pierre-ponce, ta pierre à aiguifer, avec un