3 0 F O I
La bile qui a été féparée dans te foie* eft repïife
par les pores biliaires, qui vont s’en décharger en
partie dans le conduit hépatique, 8c en partie dans
la véiicule du fiel, par les pores biliaires qui y répondent
, & que l’on a nommés conduits hépati-cyjti- ;
qucs. . j 1
L ’examen delà fabrique.de la veine-porte, de la
veine-Cave, & du pore hépatique ; la considération
■ lu mouvement des humeurs dans la veine-porte ; la
nature de l’humeur contenue dans le pore biliaire ;
les expériences anatomiques faites en liant, en cou- '
pant, en.ramaffant la bile, tout cela nous, apprend
que du fang apporté par la veine-porte, il fe fépare
une humeur qui coule d’abord par les.petits rameaux ,
du pore hépatique hors du foie, pendant que le fang
qui relie après cette féparation, eft pouffé dans les
rameaux dè la veine-cave hors du/oie, 8c de cette
veine au coeur. Ce qui. en donne encore-une idée
plus claire, c ’eft la diffribution des nerfs hépatiques,
qui eft toujours par-tout la même que celle- de la
veine-porte. ,
Enfin, on fait par expérience qu il y a un chemin
ouvert 8c facile de la cavité de la véficule du fiel au
foie , au.pore biliaire, aux inteftins, ainfi que; du por
e hépatique dans le canal cyftique, 8c réciproquement
de celui-ci dans celui-là. •
Conféquences qui rèfultent de cet expofé. De tout ce
détail rèfultent les vérités fuivantes : i°. que l’artere
hépatique 8c celles qui l’accompagnent, fervent à là
v ie , à la nutrition, à la chaleur, à lapropulfion, Sécrétion
, expulfion des humeurs hépatiques. C eft
pour cela que cette artere eft répandue avec un art
merveilleux par tout le foie par la membrane externe
de ce vifeere, comme Ruilch 1 a démontré,
thef.jx.tab. s .f ig .à , ■ ■ ■ I I I H |
2°. Qu’il part des extrémités de cette membrane
une grande quantité de vaiffeaux lymphaiiques:, in-
vifibles, qui appartiennent au/cuV, & defquels il en
part d’autres vifibles., lefquels ne lé rendent point
dans la veine-porte, mais dans le réfervoir des lombes.
. -
. 3°. Qu’il y a des veines qui reçoivent le fang porté
par... l’artere hépatique fur la .furface du foie , & qui
vont le porter dans une portion de la veine azygos,
qui eft fituée fous le diaphragme.
4°. Que la veine-porte prend non-feulement la
forme d’artere par fes ramifications qui deviennent
plus petites, mais qu’elle en exerce encore les fonctions
; car elle fait des fecrétions, ce qui ne convient
qu’à des arteres dans tout le refte du corps. De-là il
s’enfuit que le fang qui en fortant du coeur 8c en
entrant dans les veines méferaiques, a été artériel
& veineux, devient encore i°. artériel dans la veine
porte , c’eft-à-dire qu’il.entre dans des vaiffeaux
•qui ont la forme d’artere ;. z°. veineux en rentrant
clans la veine-cave.
5°. Que tous les vifeerés abdominaux chylopôié-
tiques, la rate, l’épiploon, le ventricule, le pancréas
, le méfentere, les inteftins, travaillent uniquement
pour le foie, en ce qu’ils y portent le fang veineux
après l’avoir bien préparé; de-là vient que les
maladies du foie ont tant de liaifon avec celles de
tous ces vifeeres,& qu’il eft fi difficile d’y remédier;
en effet qu?on imagine feulement qu’il fe trouve une
obftru&ion dans les ramifications de la veine-porte,
que d’accidens n’éprouveront pas les autres vifeeres
•qui lui envoyent leur fang?-
<5°. Que comme lé mouvement des humeurs ne
peut être que très-lent dans la veine-porte, il falloit
que le foie fût placé'fous, le diaphragme, 8c expofé
à l’a&ion des mufdes del’abdomen : plus ces muf-
cles agiffient, mieux la bile doit fe vuider ; de-là vient
que fi. l’on demeure dans l’inaâion, il fe forme dans
le foie & dans la véficule du f ie l, des matières gluti-
neufes 8c des concrétions pièrreqfèsi
F o r
7°, Que les maladies du foie font frès-cômmiines
& très-difficiles à guérir, tant à caufe de la dépendance
qu’a ce vifeere avec les autres, que parce qu’il y
a peu de médicamens qui y parviennent., en confer-
vant leurs vertus. Dans les affeftions hépatiques, il
•faut quelquefois exciter une fievre legere,. employer
des gommeux 8c des remedes fluides, qui puiffent
être repompés par les vaiffeaux méfentériques, 8c
opérer la cure à la faveur de l’exercice ou des frictions
réitérées.
8°. Qu’on ne voit nulle part tant de vaiffeaux, d©
vifeeres, d’humeurs, de caufes, concourir à former
quelque liqueur du corps, qu’il s’en trouve pour la
production de la b ile ; 8c conféquemment qu’elle
n’eft point un excrément, mais au contraire qu’elle
eft dans le corps une humeur d’une grande importance
8c d’un grand ufage. Elle entretient la fluidité 8c
le mouvement du fang , prépare le chyle .dans les
premières voies, le rend propre à fuiyre.la circulation
& à porter la nourriture néceffaire à toute
l’économie animale. Poye^ Bile.
• 90. Que cette liqueur eft préparée avec plus d’artifice
que celles qui fe filtrent dans le refte du corps ;
car la nature a formé pour la féparer des couloirs
très-particuliers : & le fang n’a nulle part les mêmes
mouvemens, puifqu’il repaffe, pour ainfi dire par
un fécond coeur, qui eft le finus ; en effet le fang revenu
des vifeeres sV raffemble, 8c il en fort par
quatre ou cinq ramifications.
i.o°. Qu’enfin le foie étoit néceffaire ; i° . pour empêcher
que l’huile devenue acre dans le méfentere
par la chaleur & la privation de la lymphe, ne rentrât
dans le fang ; 2°. pour fournir une liqueur propre
à diffoudre les alimens gras, à exciter l ’appétit,
8c à nettoyer les inteftins. Voye^ Foie (Phyjîolog) .
Obfervations anatomiques. I . La connoiffance de la
fitiiation du foie en entier dans fa pofition naturelle,
eft importante aux Médecins. Sans cette connoiffance
, il arrive facilement, 8c même aux plus exercés
qui examinent un foie détaché 8c tiré hors du corps r
de fe tromper par rapport à la fituation des diverfes
parties de cet organe, fur-tout de celles de fa furface
concave. Or le manque de lumières ou d’attention;
en ce genre, a été la caufe d’un grand nombre de
fauffes obfervations...
Seconde obferyation, Julius Jaffolinus eft un des anciens
anatomiftes qui, quoi qu’en dife Riolan, a le
mieux expofé la génération de la bile. Il donna même
une figure nouvelle de la véficule du fiel & de
fes vaiffeaux ; voye7 fon livre de poris choledochis
& vejicula fellea, qui parut à Naples en 1577 in-8°;
Il eft extrêmement rare.
Troijieme obferyation. Jacobus Berengarius a le premier
décrit l’anaftomofe de la veine-porte & de la
veine-cave dans le foie ; 8c Archangelus Piccolhomi-
ni en a publié la figure.
Quatrième obferyation. Jean Riolan a impofé les
noms reçus aujourd’hui de canaux hépatiques & cyf-
tiques.
Cinquième obferyation. La partie convexe & concave
du foie eft arrofée, comme on l’a dit ci-deffus, de
quantité de vaiffeaux lymphatiques. Les premiers
qui ayent été apperçûs, le furent d’abord de Fallop-
p e , enfuite plus clairement d’Afellius, de Rudbeck,
de Bartholin , de Pecquet, &c.
Sixième obferyation. La ftrufture charnue de la cap-
fule de Gliffon 8c fa force mufculeufe, ont été démontrées
fauffes par Gowper, Fanton, 'Winflow,
"Watther, & Morgagni.
Septième obferyation. Le lobule du foie poftérieure-
ment terminé à l’orifice de la veine-cave, eft mal-à-
propos nommé lobule de Spigel; car Euftachi, Jacobus
Sylvius, & Vidus-Vidius en ont fait mention
ayant SpigeL
F O I
Huitième obferyation. Ruyfch a prouvé que la fubf-
tance du foie eft plus compofée de la veine-porte que
de la veine-Cave. Cette idée a paru d’abord fingu*
liere, parce que la veinênsave, excepté un peu de
bile, reporte tout le fang de la veine-porte, outre
celui de l’artere hépatique » dont la quantité n’eft pas
médiocre; mais cette raifon démontre feulement la
lenteur de la circulation du fang par les rameaux de
la veine-porte.
Neuvième obferyation. C ’eft Malpighi qui a le plus
embelli l’hypothèfe glanduleufe de la ftruâure du
foie. L ’analogie tirée de l’examen des poiffons , des
quadrupèdes, des oifeaux, la vue , les injections
8c les maladies de ce vifeere ont fait conclure à ce
beau génie que le foie étoit une glande conglomérée,
& que les grains qu’on y voydit, préfentoient des
glandes fimples, dont le canal fecréteur étoit un pore
biliaire. ‘Winfiow décrit les mêmes gfains comme
pulpeux, polygones au-dedans du foie, convexes à
la circonférence , & entourés d’un tiffu celluleux.
Ruyfch a prétendu que les derniers rameaux des
veines '& du pore b iliaire, s’uniffoient à leurs extrémités
en petits faifeeaux indiflblubles, fembïables à
des brins de vergette, fans aucune membrane propre;
& que ces petits paqiiets en avoient impofé à
Malpighi, qui les a voit pris pour des glandes; mais
prelque tous les modernes ont préféré l’opinion de
Malpighi à celle de Ruyfch.
Jeux de la nature. Il eft certain que le foie varie
naturellement dans plufieurs hommes, par rapport
à fa pofition, fa conformation, fa figure, fa grof-
feur, fa petiteffe, &c. Mais il n’eft pas moins certain
qu’on nous a donné fur cette matière plufieurs obfervations,
qui font très - fufpe&es ou très-fauffes.
Telle eft celle de Gemma, qui parlé d’ùn fine qui
p efo it, dit-il, 40 livres. Plufieurs autres obfervations
méritent d’être confirmées ou expliquées ;
telle eft celle de M. Méry (mém. de Trévoux, Février
///(T, pag. 3 iC.) , qui raconte avoir vû le foie
fitué au côté gauche, & la rate au côté droit. Mais
quand Riolan rapporte avoir trouvé à l’ouverture
d’un cadavre un foie qui égaloit à peine la groffeur
d’un rein ; on conçoit aifément que des abcès ou d’autres
maladies longues peuvent produire cet effet.
Les ligamens du foie multipliés par quelques habiles
anatomiftes, doivent vraiffemblablement leur
origine à ces jeux de la nature de ce vifeere.
M. Littré a fait voir fur un foie humain , qui d’ailleurs
étoit dans l’état naturel, & très-bien conditionné
, que les glandes qui ne font prefque jamais
fenfibles, avoient près d’une ligne de diamètre, 8c
que les extrémités des arteres, de même que les racines
de la veine-porte, de la veine-cave, & les conduits
biliaires, qui fe terminoient à ces glandes,
étoient vifibles fans mierofeope. Toutes les autres
parties de cet homme qui venoit d’être tué, fe trouvèrent
très-faines ; d’oii il femble qu’on pourrait dans
ce cas attribuer à la première conformation cette
groffeur plus qu’ordinaire des glandes du foie. Hiß.
de P Acad, ly o i, page Si.
M. Lemery a connu quelqu’un , dont le cadavre
offrit en l’ouvrant une conformation de foie fort extraordinaire
; le vifeere étoit rond, au lieu qu’il eft
communément convexe d’un cô té , & concave de
l’autre, 8c fes deux lobes n’étoient pas féparés. L’extrémité
du pylore perçoit la propre fubftance du foie
8c s’y unifloit intimement, il n’y avoit point de véficule
du fiel, mais divers réfervoirs qui paroiffoient
être formés par la réunion des canaux biliaires, lef- ;
quels fervoient de véficule, en communiquant la •
bile au duodénum par plufieurs petits conduits ; le
canal pancréatique fe réuniffoit aufli au duodénum
en cet endroit H fi. de VAcad. iÿ o i. page S 4.
Remarques fur quelques cas rares de maladies du foie.
F O I 3 1
Ôn_S yû arriEver à la partie fopérieürê & Cônvexe
Au foie g 1 endroit ôiVil eft attaché au diaphragme,
une mflammation phiegmôneufe qui fe termine en
fuppuration alors l ’abcès s’ôüvre, & fispatiche-
ment du pus caufe u„ empyenïe entre là deuxieme
& troifieme nÔte.Màts Comment cet empyeme pêut-
il fe former , vu 1 mterpofition du diaphragme & de
la pleure qu. couvre ce umfcle du côté de la poitri-
B — H ü fermé entre le ƒ»«& le diaphragme PeIce cà nrnfefe &
la pleure panfon-erofiön ; enfuite agiffantfürlesmuf-
clés mtercoftaux , il les perce entre les deux côtes
8c produit une tumeur externe dans ce lieu, comme
à 1 occafion d’une pleuréfie ou péripneumonie, lorsque
l’abcès s’ouvre, 8c que le pus s’épanche fur le
diaphragme. Il arrive aufli quelquefois, que la partie
intérieure du poumon fe trouvant adhérente audia-
phragme > le pu s, après avoir rongé ces parties, eft
rejetté par les crachats.
Riolan parle d’un abcès au f o i e dont le pus fe
vuida par l’eftomac qu’il avoit percé à l’endroit où
la fuppuration fe faifoit, c’eft-à-dire joignant la partie
cave du/o«,-qui eft collée à l’èftomac. Le même
auteur allure, qu’on a vû des tumeurs dans la partie
convexe du fo ie , qui fe font heureufement déchargées
pari application du cautere; ce,cas peut fe ren-
contrer, lorlque le foie fe dilate à caufe du pus dont
il eft plein, & qu il s’attache au péritoine vis-à-vis
les mufcles obliques.
Les grandes bleffures de tête produifent quelquefois
des abcès au foie qui deviennent mortels. Bohn
prétend avoir oblervé qu’une partie du foie formoit mrnESOE miSlÊM mmÊlÊËÊBÊlÊÊKÊÊm bleue guent , quoiqu’on lui eût tiré une portion du
Joie; ce dernier fait eft bien furprënànt S’il eft vrai.
Auteurs. On doit confulter, outre Ruyfch 8c Mal*
pighi, Gliflbnius, dont la première-édition parut à
Londres en 1654 avec figures. Rudbec( Olaus) exer-
cit. andtom, exhibens duclus hepaticos aquofos , & vafa
glandularum ferofa, Lugd. Bat. 1654. in 12. Rolfin-
cius (Gu ern) Difjert, dehepdte , Jenæ, 1673. in-40.
Biânchi, hfi. hepatica, Turin , 1710. in-40. Mais il
faut lire ce dernier auteur avec précaution , car il
n’eft pas exempt d e fautes, 8c c’eft affez fon ufage
de renouveller des erreurs furannées. On trouvera
dans les oeuvrespofihumes de Duverney qui font fous
preffe, de très-belles chofes fur cet o rgane, & dans
les mem. de l acad, des-Scienc. ann. 1 y f ß . des recherches
curieufes de M. Ferrein fur la ftrufture & les
vaiffeaux du foie. A l’égard de la ftruélure de ce v i f
cere, il prétend que chacun de fes lobules eft com-
pôfé de deux fubftances différentes ; Tune qu’il appelle
corticale, extérieure, friable, & d’un rouge
tirant für le jaune; l’autre médullaire ou intérieure
rouge, pulpeufe, placée au centre de chaque grain
apparente dans plufieurs animaux , & fouvent dans
l’homme. Par rapport aux vaiffeaux du foie , il a découvert
diverfes particularités dans les vaiffeaux
fanguins, les vaifleaux lymphatiques, &-les conduits
biliaires ; mais nous n entreronis point dans ce
détail j il nous conduirait trop loin, 8c nous appréhendons
même que cet article nefoit déjà trop étendu.
(D . J.) ' ^
Fo ie , ( Phyfiologie. ) Les anciens n’àyant pas cort-
noiffance des vaiffeaux qui fervent à porter le chyle
des premières voies dans les fécondés, 8c ayant
trouvé tout près des principaux organes de la digel-
tion, un gros vifeere d’une couleur qui a beaucoup
de rapport avec celle du fang, dont il paroît aufli
plus rempli qu’aucun autre vifeere, eu égard au
grand nombre de veines qui y font attachées, avoient
imaginé que c’eft dans cette partie à laquelle oh a
donné le nom de foie , que le fuc des alimens eft porté
pour y être converti en fang, 8c que la bile n’eft