efpece de'vafe de fer rond ou quarré,plus ou moins
grand, au fond duquel eft enchâffé un grain d’acier
■ fur lequel rourne le pivot ou extrémité d’un arbre,
d’une v is , &c. La grenouille de la preffe d’imprimerie
a fept à huit pouces de diamètre fur environ un
pouce & demi de haut : en-defîous eft une forte de
pié ou d’allongement quarré de dix à douze lignes de
long fur environ trois pouces de diamètre, qui s’emboîte
dans le milieu du fommet de la platine, fi elle
eft de cuivre, ou dans le milieu du fommet de la
crapaudine,, quand la platine eft de fer. Voye{ Cra-
paudine.
GRENOUILLETTE, f. f. terme de Chirurgie, tumeur
qui fe forme fous la langue par l’amas de la
falive dans fes refervoirs. Tous ceux qui ont parlé
de cette maladie avant la découverte des organes qui
fervent à la fecrétion de la falive, n’ont pu avoir
des idées précifes fur la nature de cette tumeur : on
croit que Celfe en parle dans le x i j . chap. du V IL
liv. qui a pour titre, de abfcejfu fub linguâ. Ambroife
Paré dit que la grenouillette eft formée de matière
pituiteufe, froide, humide, groffe 8c vifqueufe, tombant
du cerveau fur la langue. Fabrice d’Aquapen-
dente met cette tumeur au nombre des enkiftées, &
ajoute qu’elle eft de la nature du melliceris ; Dionis
eft aufli de ce fentiment, & il eftime que la grenouillette
tient un peu de la nature des loupes. Munnick
inftruit par les découvertes de Fanatomie moderne,
ne s’eft pas mépris fur la nature de cette maladie ; il
dit pofitivement qu’elle vient d’une falive trop acre
& trop epaifle , laquelle ne pouvant fortir par les
canaux falivaires inférieurs, s’a ma fie fous la langue
& y produit une tumeur. Une idée fi conforme à la
raifon & à la nature des chofes, n’a pas été fui vie par
M. Heifter ; il a emprunté d’Aquapendente tout ce
qu’il dit fur la grenouillette ; & M. Col de Villars, médecin
de Paris, dans fon cours de Chirurgie, di£ré aux
écoles de Medecine, dit que la ranule eft caufée par
le féjour 8c l’épaifliffement de la lymphe qui s’accumule
fous la membrane dont les veines ranules font
couvertes. Enfin M. de la Faye, dans fes notes fur
Dionis, reconnoît deux efpeces de grenouillette, les
unes rondes placées fous la langue, qu’il dit produites
par la dilatation du canal excrétoire de la glande
fublinguale, les autres font plus longues que rondes,
placées à la partie latérale de la langue, & formées,
dit-il, par la dilatation du canal excrétoire de la :
glande maxillaire inférieure ; il ajoute que la falive
eft la caufe matérielle de ces tumeurs, par fon épaif-
fiffement 8c l’atonie du canal. Voilà le précis des
diverfes opinions qu’on a eues fur la nature & le fié-
ge de la grenouillette.
Ce n’eft point une maladie rare, il n’y a point de
praticien qui n’ait eu occafion de voir un grand
nombre de tumeurs de cette efpece : quand elles ne
font pas invétérées,la liqueur qui en fort reflëmble
parfaitement par fa couleur 8c fa confiftance, à du
blanc d’oeuf ; la matière eft plus épaiffe fi elle a fé-
journé plus long-tems ; elle devient quelquefois plâ-
treufe, & peut même acquérir une dureté pierreufe.
Il fembleroit donc plus naturel de penfer que l’épaif-
fiffement de la falive n’eft point la caufe de la grenouillette
, puifque l’épaifliffement de cette humeur
eft l’effet de fon féjour. Cette maladie vient de la
difpofition viciée des folides ; elle dépend de l’oblitération
du canal excréteur : en effet on guérit toujours
ces tumeurs fans avoir recours à aucun moyen
capable de delayer la falive, & de changer le vice
qu’on fuppofe dans cette humeur; c’eftune maladie
purement locale ; l’atonie du canal ne retiendroit pas
la falive ; 8c l’on n’a jamais obtenu la guérifon de
cette maladie que par le moyen d’un trou fiftuleux
refté pour l’excrétion de la falive dans un des points
4 e l’ouverture qu’on a faite pour l'évacuation de la
maticrê Ycnièfinee'dâiis la tumeur, j ’en aï ouvert
philïeurs; 8c il eft prelque toujours arrivé, lorfquo
1 mcifion n’avoit pas a f e d’étendue, que les levres
de là plaie le reuniffoient, 8c la tumeur fe reproduis
loit quelque teins après : les anciens ont fait la même
obforyation.C eft la raifon pour laquelleParé préfère
le cautère aétuel à la lancette, dans ces fortes de cas.
Dionis dit aufli qu’il a vû des grenouillettcs qui reve-
noient, parce qu’on s’étoit contenté d’iine fimple
ouverture avec la lancette. Pour prévenir ct;t inconvénient
, il preferit de tremper dans un mélange de
miel rofat & d’efprit de vitriol, un petit linge attaché
an bout d’un brin de balai, avec lequel on frottera
rudement le dedans du kifte , pour le faire exfolier
ou fe confùmer. Il n’y a point d’auteur qui ne fernble
regretter que la fituation de la tumeur ne permette
pas la diffeâion totale du kifte. Les fuccès que Fabrice
d Aquapendente a eus en incifant feulement la
tumeur dans toute fon étendue, ne lui ont point ôte
cette prévention ; & M. Heifter confeilleroit l’extirpation
, fi la nature des parties voifines qu’ on pour-
roit bleiîèr, n’y apportait, dit-il, le plus grand ob-
ftacle ; mais fi ce prétendu kifte, fi cette poche n’eft
autre chofe que la plaridemênie ou fon canal excréteur
dilaté par la rétention dé l’humeur falivaire, on
conviendra qu’il ferait dangereux d’irriter le fond
de là tumeur, pour en détruire les parois,au'défaut
de l’extirpation qu’on eftime néçeflairè, & qu’on eft
fâché dé ne pas trouver poflible. Toutes les fois
qu’on a fait une affez grande incifiop qui a permis
1 aftaiflement des levres de la plaie, il n’y a point ce
récidive : Munniçk recommande expreflernent cette
incifion ; & Roflius met la petite ouverture qn’oh
fait dans ce cas , au nombre des fautes principales
qu on petit commettre dans la méthode de traiter
cette maladie, & d’oit dépend le renouvellement de
la tumeur, n ne faut pas diiîimuler qu’il recommande
aufli la deftruâion du kifte : mais pour parvenir à
ce but, il ne propofe que des remedes affrimrens &
defficarifs, dont l’effet eft borné à donner du “ effort
aux parties qui ont fouffert une trop grande extension
, & à les réduire, autant qu’il eft poflible, à leur
état naturel : c’eft donc par pare prévention que cet
auteur croyoït dtffoudre & Confùmer infenfiblement
le kifte avec des remedes dé cette èfpccc.
Les tumeurs faliyaires font les glandes même &
leurs tuyaux excrétoires dilatés par la matière’ de
l’excrétion retenue. Ainfi îe nom de tumeur ènkifiés
ne convient qu’impropçement à: la grenouillette au-
moins eft-il certain que fi Fon appelle ces forte’s de
dilatations, tumeurs enkiftées, elles ne.«font pas du
genre de celles dont on doive détruire & extirper le
kifte ; c eft bien affez de les ouvrir dans toute leur
longueur, l’on peut même retrancher les levres de"
l’incifion, dans le cas oit ces bords feraient tuméfiés
durs, ou incapables de fe rétablir à-peu-prls dans
1 état naturel, à caufe de la grande extenftan que
ces parties auraient foufferte par le volume confidé-
rable de la tumeur. J’ai obfervé que la guérifon radicale
dépentloit toûjoiirs d’un trou fiftuleux qui f ef-
toit pouf l’excrétion de la falive ; & lorfqu’il fe trouve
inférieurement derrière les dents incifivcs, il y
a dans certains mouvemens de la langue , Une éjaculation
de falive très incommode. On peut prévenir
cet inconvénient , puifque pour la guérifon parfaite
, il fuffit de procurer à l'humeur falivaire retenue
mie iffue qui ne puiffe pas fe confolidér ; il fem-
ble que la perforation de la tumeur avec le cqutere
actuel , comme Paré l’avoit propofée , ferait un
moyen aufli efficace que l’incifion, mais moins douloureux,
& préférable en ce que l’on ferait affûré
de former l'ouverture de la tumeur pour l’excrétion
permanente de la falive, dans la partie la plus éloignée
du devant de la bouche, 8c de mettre les malades
à l’abri de l’incommodité de baver continuellement,
ou d’éjaculer de la falive fur les perfonnés
à qui ils parient, ( T )
G R ÈS, vo/ é^GraiS.
G rès , f. m. ( r izerie, ) ce font les greffes dents
d’en-haut d’un fanglier'qiü touchent 8c frayent cori-
îre lés défènfes-, & qui femblént les aiguifer -, c ’eft
d’où ce nom eft venu.
GRESIL, f. nfi. ( Verrerie.) c’eft ainfi qu’on appelle •
des fragmens de cryftal, deftinés à être remis en fii-
lion dans les pots. Voye^ l'article VerRerie.
GRESILLER, GRÉSER, ou GROISER du verre,
en termes de V itr ilt , c’ e f t l e fa ç o n n e r a v e c l ’ o u t il
q u ’o n n om m e u n gréfoir. Voyt^ G r é SOI R.
GRESOIR, f. m. terme de Vitrier, eft Un inftrument
de fer qui fert à égrugér les extrémités d’un carreau
de verre. Cet inftrument eft de fer ; il a à chaque extrémité
une entaille, dans laquelle l’ouvrier engage
le bord du verre à égrifer ; ce qu’il exécute en tenant
ferme fon outil de la main droite, en tournant le
poignet fur lui-même, 8c faifant glifler de la main
gauche le bord, du verre dans l’entaillé du grefoir,
à mefure que le travail avance.
GREVE, f. f. (Géog.) le mot de Grève lignifie une
place fablonneufe, un rivage de gros fable & de gravier
fur le bord de la mer ï>u d’uné riviere, où l’on
peut facilement aborder 8c décharger les marchan-
tlifes. On appelle grève en Géographie, un fond de
fable que la mer couvre 8c découvre, foit par fes
vagues, foit par fon flux 8c reflux : le mot de grève
n’eft ufité que parmi les équipages des bâtimens de
Terre-Neuve. (D . J .)
GREVER, v . a€t. ([jurifp.) lignifie charger quelqu’un
de quelque condition ; ce terme s’applique, fur-
tout en matière de fubftitution 8c de fidéi- commis ; on
dit grever un héritier ou légataire de fubftitution ou
fidéi-commis : le grevant, gravans , eft celui qui met
la condition ; le grevé, gravatus , eft celui qui en eft
chargé*
On ne peut en général grever perfonne, qu’en lui
faifant quelque avantage ; 'c’eft ce que lignifie la maxime
, nemo oneratus niji honoratus. Voyc{ F lD E I -
C o m m i s & S u b s t i t u t i o n . ( A )
GRIBANE, f. f. {Marine.') c’eft une efpece de barque
qui pour l’ordinaire eft bâtie à foie , c’eft-à-dire
fans quille, 8c qui eft du port depuis trente jufqu’àfoi-
xante tonneaux. Ce bâtiment porte un grand mât, un
mât de mifene fans hunier, & un beaupré; fes vergues
font mifes de biais comme celle de l’artimon.
On fe fert de cette forte de bâtiment pour tranfpor*-
ter des marchandifes le long des côtes de Normandie
, 8c fur la riviere de Somme depuis S. Valleri juf-
qu’à Amiens. (Z )
GRIEFS, f. m. pl. ( Jurifprud.) lignifie tort, préjudice
qu’un jugement fait à quelqu’un.
On entend aufli fingulierement par griefs, les dif-
férens chefs d’appel que l’on propofe contre une fen-
tence rendue en procès par écrit; on diftingue le
premier, le fécond grief, 8cc.
On appelle aufli griefs^ les écritures qui contiennent
les caufes 8c moyens d’appel dans un procès
par écrit ; au lieu que fur une appellation verbale
appointée au confeil, ces mêmes écritures s’appellent
caufes & moyens d'appel.
Les griefs font quelquefois intitulés, hors le procès,
parce que c’eft une piecè qui ne fait pas partie du
procès par écrit : mais cette qualification ne convient
proprement que quand il y a déjà des griefs qui
font partie du procès, comme cela arrive quand il y
a déjà eu appel devant un premier juge, 8t réglé
comme procès par écrit, oh l’on a fourni des griefs.
Lorfqu’il y a encore appel devant le juge fupérieur,
les griefs que l’on fournit devant lui font hors le procès
; à la différence des griefs qui ont été fournis dç-
Tome V I L
G R I 9 4 5
vant les premiers juges , lefquels font partie du procès.
L’appellant en procès par écrit fournit donc fes
griefs, & l’intimé fes répônfes à griefs, auxquelles
l’appellant peut répliquer par des écritures qu’on appelle
falvations de griefs. {À )
GRIFFADE, f. f. (Vénerie.) c’eft la bleflilrè d’une
bête onglée.
GRIFFÉ, f. f. l’extrémité de la patte d’un anima!
lorfqu’elle eft armée d’ongles crochus & recourbés :
on dit la grijfe d’un chat & la griffe de quelques oi-
feaux de proie, mais plus communément la ferre de
l’oifeau. Griffe fe prend aufli quelquefois ou pouf un
doigt avec fon ongle, ou pour l’ongle feul.
G r i f f é s , (Commerce.) marqués en forme de pattes
d’o ie , que les effayeurs d’étâin de la ville de
Roiien font aux faumonS de ce métal qui viennent
d’Angleterre ; ces marques défignent la qualité. L’étain
le plus pur n’a point de griffes, il a un agneau
pafcal ; les autres étains moins fins fe marquent à une,
deux, où trois . . . 1 1 I ■
G r i f f e de renoncule, (Jardinage.) fe dit de fes
cayeux , & mieux qu’oignons. C e s gr f f ts ont letiri
doigts, d’où il fort des fibres, ainfi que du collet ou
liaifon dans lequel s’articulent les doigts de la gr f f e .
(X )
G r i f f é , en tetme de Doreur, ce ft urte efpece dé
tenailles ou ferres montées fur un morceau de bois ,
qui fervent à tenir le bouton pour le brunir à là
main.
G r i f f e , en terme de Bijoutier b de Metteur en oeuvre
, font de petites épaiffeurs de forme conique, pri-
fès & réfervées fur l’épaiffeur des fertifliires, dont
la tête excédant un peu la fettiffure 8c le feuillet des
pierres , repofe en s’inclinant fur les faces de ces
pierres, & les retient aflujetties dans leur oeuvré.
Dans les ouvrages à g r ffe , ce ne font que de petites
branches foudées aux bâtes fur lefquelles re-
pofent les pierres, 8c excédantes de beaucoup ces
bâtes, qui étant rabattues, embraflent les pierres
par-defliis, 8c les tiennent aflujetties ; ces fortes d’ou*
vrages font fort peu folides.
Grffe y ouvrage à g r ffe , ce font des bijoux en pierreries
fauffes, dont les pierres repofent Amplement
fur une bâte, 8c font retenues uniquement par des
griffes.
* G r i f f e , ( Serrurerie. ) on donne en général ce
nom à un grand nombre de pièces de fe r , qui font
recourbées, 8c qui fervent à en fixer d’autres dans
une fituation requife, ou quelquefois à les reprendre
, quand elles en fortent, & à les y ramener.
GRIFFENHAGEN, viritium , (Géog.) ville d’Allemagne
, dans la Poméranie pruflienne, au duché de
Stétin, fur l’Oder, à 4 lieues de la ville de Stétin.
Long. 3 8 .4 5 . latit. 5 $ . i j .
Elle ne fut érigée en v ille que l’an 1 16 2, après
avoir été prife 8c reprife durant les guerres civiles
de l’Empire. Elle a été finalement cédée à l’élefreuf
de Brandebourg par le traité de Saint-Germain-en*
Layeen 1679.
Grfftnhagen eft la patrie d’André Muller, dont les
ouvrages montrent la grande érudition qu’il avoit
acquife dans les langues orientales 8c la littérature
chinoife; il mourut en 1694. (D . J .)
GRIFFER, v . n. ( Vénerie. ) c’eft prendre de la
griffe, comme les oifeaux de proie.
GRIFFON, ou plutôt GRYPHON, f. m. (Myth*
& Littéral.) en grec ypù-l, animal fabuleux qui par-
devant reffembloit à l’aigle, 8c par-derriere au lion ;
avec des oreilles droites, quatre piés, 8c une longue
queue.
Hérodote, Pomponius Mêla, Elien, Solin, &
Apulée, femblént avoir crû que cette efpece d’animal
exiftoit dans la nature ; car ils nous difent que
D D D d d d i j
I