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ne pourront avoir en magafin que fix feptiers. v
Il eft défendu aux grenetiers & greffiers de faire
commerce de fe l, ni d’être en foeiété avec ceux qui
le font, ni de recevoir d’eux aucuns préfens.
Les états tenus à Compiegne en 1 366 ou 1367,
ayant fait des plaintes à Charles V . an fujet de la
gabelle, il fît quelque tems après le 19 Juillet 1367,
une ordonnance, par laquelle il dit qu’ayant toujours
à coeur de foulager fes fujets, il avoit retranché
la moitié du droit qu’il avoit accoutumé de prendre
fur le fe l, ajoutant que le prix du marchand fût
diminué à proportion.
On trouve dans des-privilèges accordés par Charles
V . à la ville cle Rhodez au mois deFévrier 1369,
qu’il accorda entr’autres chofes à cette ville une gabelle
, gabellam in diclo loco : les lettres n’expliquent
pas en quoi confiftoit ce privilège, peut-être n’etoit-
ce autre chofe que le droit d’avoir un grenier à fel.
La gabelle étoit établie dans le Languedoc dès
13 67 : mais comme elle »’avoit pas lieu dans le Dauphiné,
les étrangers qui avoient coutume d’acheter
du fel en France, le prenoient dans les pays étrangers
, & le voituroient dans le leur, en paffant par
le Dauphiné. Charles V . pour réprimer cette fraud
e , donna des lettres du 15 Mars 1367, portant que
tant que dureroit ladite gabelle , le fel qui fortiroit
du Dauphiné y payeroit des droits, à-moins qu’ils
n’euffent déjà été payés dans les falines du royaume
lorfqu’il y auroit été acheté ; déclarant que fon
intention n’étoit pas que la gabelle fût levée fur le
fel qui fe diftribuoit dans le Dauphiné ; 6c que le
droit qui fe percevoit fur le fel fortant de cette province
, feroit employé moitié fuivant la première
deftination de la gabelle, 6c l’autre moitié appliquée à la recette du Dauphiné.
Quoique l’impofition fur le fel n’eût été mife que
•pour un tems, elle fut continuée dans tous les pays
tant de la Languedoïl que du Languedoc. En effet,
elle fe payoit encore en 1371, fuiyant des lettres de
Charles V. du 20 Juin'adreffées à un confeiller général
du roi fur le fait des aides ordonnées pour la
guerre. Ces lettres font mention que l’aide qui avoit
cours fur le fel dans les diôcèfes de Lyon, Mâcon, 6c
Châlons, apportoit peu de profit au- r o i , parce que
les habitans de ces diôcèfes achetaient en fraude du
fel fur les terres de l’Empire, dont ils n’étoient fépa-
rés que par le Rhône oü la Saône ; & comme ils ame-
noient ce fel audit Empire dès Avignon par terre par
le Dauphiné jufqu’ à la riviere d’ ifere , 6c de-là le
tranfportoient en l’Empire, le roi ordonna que dorénavant
on leveroit des droits fur le fel qui paffe-
roit fur la riviere d’ifere.
Ce même prince fit encore en 1379 un réglement
pour la police de la vente du fel, 6c pour la perception
du droit de gabelle ; il abolit l’ufage qui s’étoit
établi, d’obliger les habitans de chaque paroilfe de
prendre du fel en certaine quantité.
Il paroît qu’après le décès de Charles V. arrivé le
16 Septembre 1380, la gabelle 6c plufieurs autres
impofitions furent fupprimées, au moyen d’une grande
commotion qui s’éleva parmi le peuple à Paris :
mais fuivant des lettres de Charles VI. du 27 Janvier
2382, les bourgeois de Paris, ou la plus grande 6c
faine partie d’iceux, accordèrent au r o i, pour la dé-
fenfe du royaume,certaines aides qui dévoient être
perçûes en la ville de Paris, notamment l’impofition
de la gabelle, à commencer du premier Mars 1381.
Suivant une inftruction faite par Charles VI. &
fon confeil, le premier Décembre 1383, Ja gabelle
étoit alors de vingt francs pour chaque muid de fel :
mais en Poitou & Xaintonge, au lieu de ce droit, on
mit une aide qui confiftoit à faire payer au vendeur
du fel la moitié du prix pour la première vente ; 6c
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Iorfque le fel étoit enfuite revendu ou échangé, le
vendeur payoit cinq fous pour livre.
Une autre inftruftion donnée par le même prince
fur le fait des aides le 6 Juillet 1388, veut que toutes
maniérés de gens conduifans du fel non gabelle,
avec port d’armes, ou autrement, foient par les gre-
netiers& contrôleurs,& par toutes juftices oîi ils vendront
& pafferont, pris 6c punis de corps & de biens,
felouque le cas le requerra: que fi les grenetiers,
contrôleurs , ou autres gens de juftice, demandent
aide pour le roi, que chacun d’eux foit tenu de leur
aider, fur peine d’amende arbitraire : 6c fi ceux qui
conduifent le fel non gabellé fe mettent en défenle,
il veut que l’on faffe .que la force en demeure aux
gens du roi ; & que fi mort ou mutilation y advient
contre aucun des conducteurs du fel ou leurs aides
& receveurs, le roi veut que ceux qui l’auront fait
pour conferver fon droit 6>c aider fes gens, en foient
quittes, 6c iinpofe fiience à tous fes jufticiers 6c procureurs
, de même qu’aux amis des fraudeurs qui auront
été occis ou mutilés.
Les généraux des aides ordonnées pour le fait de
la guerre au pays de Languedoc 6c duché deGuien-
ne,firent en 1398, au nom du roi, avec la reine de
Jérufalem, comteffe de Provence, une foeiété pour
deux ans par rapport à la gabelle du fel qui remontait
le Rhône, pour être porté dans les terres de l’Empire.
Outre le droit qui fe percevoit fur le fel pour le
ro i, il accordoit quelquefois un oftroi fur le fel aux
habitans de certaines villes, comme il fit en faveur
de ceux d’Auxerre, pour deux années, par des lettres
du 3 Mars 1402, portant que le produit de cet
oôroi feroit employé aux réparations du pont de
cette ville.
Charles VI. avoit ordonné le 21 Janvier 1382^
qu’outre les vingt francs que l’on percevoit dans le
refte du royaume fur chaque muid de fe l, on pren-
droit encore pour fon compte vingt francs d’or par
muid. La même chofe fut ordonnée au mois de Janvier
1387 : mais cette crûe de vingt francs d’or fut
abolie le 23 Mai 1388, & le droit de gabelle réduit-à
vingt francs par muid de fel. Ce même prince, par
des lettres du 28 Mars 1395 » diminua d’un tiers le
droit de gabelle dans tout le royaume. Louis XI. porta
le droit de gabelle jufqu’à douze deniers pour livre.
François I. en 1542 , mit 24 liv. tournois par chaque
muid de fel ; l’année fuivante, il fixa ce droit à 45 1.
Les gages des cours fouveraines & autres officiers,
ayant été affignés fur les droits de gabelle, cela donna
lieu de faire encore différentes augmentations fur
ces droits, lefquels font enfin parvenus à tel point,
que le minot de fel fe paye au grenier 52 liv. 8 f.
6 den.
Nos rois ont établi divers officiers, tant pour la police
de la fabrication, commerce, 6c diftribution du
fe l, que pour juger les conteftations qui peuvent s’élever
à cette occafion. Voye^ ci-après aux mots Gre-
netier , Grenier À Sel , Marais salans , Salines
, Salorges. ( A )
GABELAGE, f. m. ( Saline.) tems que demeure
le fel dans un grenier. Les ordonnances défendent
d’entamer les maffes des greniers , qu’elles n’ayent
tout leur gabelagt, c’eft-à-dire que le fel n’y ait été
apporté depuis deux ou trois ans au-moins.
Ce font auffi les marques que les commis des greniers
mettent parmi le fel, pour découvrir dans leurs
vifites fi le fel qu’ils trouvent chez les particuliers
eft du fel de gabelle ou du fel de faux faunage : ils fe
fervent ordinairement de paille ou autres herbes hachées
qu’ils changent fouvent. Diclionn. du Comm.
& de Trév.
De gabelle, on a fait le mot précédent 6c ceux de
gabelé , de gabeltur, &c. (G)
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G A B E T , f. m. {Mariné.') Quelques navigateurs
fe fervent de ce mot au lieu de girouette j il n’eft
guerê dhifage que dans la Manche. (Z )
GABIAN, o ife au , Voye^ Mo u e t t e .
G a b ia n , ( h u il e d e ) Hifloire des drogues, efpece
de petrole ; voye{ PETROLE. C ’eft une huile noire,
bitümineufe 6c inflammable, dé Languedoc ; la roche
dont elle découle fe trouve au village de Gabian
, près de Beziers. On vend ordinairemént cette
hiiile pour le petrole noir d’Italie ; mais il s’en faut
bien qu’elle approche de fes qualités. Elle n’eft ni fi
limpide, ni de la même couleur, ni d’une odeur aufli
fupportable; elle eft au contraire d’une odeur forte
6c puante ; fa confiftance tient le milieu entre l’huile
6c le petrole noir d’Italie ; fon goût eft acre 6c amer :
cependant il s’en confomme beaucoup en France,
ou fa vente fait,un des objets du revenu de l’évêque
de Beziers à qui la roche appartient, & qui peut en
tirer parti toute l’année. On contrefait l’huile de
gabian avec de l’huile de térébenthine, du goudron,
6c de la poix noire. Voye^ Pe t r o l e . (D . J.)
GÀBIE, f. f. {Marine.) la hune qui eft au haut du
mât ; ce terme n’eft d’ufage que fur la Méditerranée :
cè rhôt vient de l’italien gabbia, qui veut dire cage.
A Marfeille on appelle aufli gabie le mât de hune. (Z )
GABIER, f. m. (Marine.)matelot qu’on place fur
là hune pour y faire le guet, & donner avis de tout ce
qu’il découvre à la mer. (Z )
GABIEU, f. m. voye^ T o u p in .
GABIN, ( Géog.) petite ville de la grande Pologne
au palatinat de R iv a ,à fix lieues S. E. de Plof-
k o , feize O. de Varfovie. Long, g 8d. 1 o'. latit. JaA
18'. (D . J.)
GABION, f. m. (Art. milit.) efpece de panier cylindrique
fans fond , qui fert dans la guerre des fiéges
à former le parapet des fapes, tranchées, logemens,
&c. Voye1 Sa p e & L o g e m e n t .
Les gabions de fapes ou de tranchées ont deux piés
& demi de haut, & autant de diamètre : ils doivent
avoir huit, neuf, ou dix piquets chacun de quatre à
cinq pouces de tour, lacés , ferrés , 6c bien bridés
haut 6c bas avec de menus brins de fafeines élagués
en partie. Voye^,Pl. X I I I . de Fortification, le plan
6c l’élévation d’iin gabion de cette efpece.
Les gabions fe pofènt le long de la ligne fur laquelle
on veut former ou élever un parapet : on creu-
le le foffé de la fape ou de la tranchée derrière ; 6c
l ’on en prend la terre pour les remplir. Voy. Sa p e .
Les gabions fe payent 5 fous de façon , à caufe de
la difficulté de leur conftruftion, qui demande des
foins 6c de l’adreffe ; c’eft un ouvrage de fapeurs 6c
de mineurs bien inftruits. On y joint ordinairement
un détachement de Suiffes, parce qu’ils font plus
adroits que les François à cette forte d’ouvrage.
On fe fert aufli quelquefois de gabions pour faire
desbatterîes : mais alors ils font beaucoup plus grands
que les précédens ; ils ont cinq ou fix piés de large
& huit de hauteur. Voye^ Batteries. (Q) .
G a b io n f a r c i , c’eft un gros gabion qu’on rem»
]31it de différentes chofes qui empêchent qu’il ne puil-
fe être percé ou traverfé par la balle du fufil : on
s’en fert dans les fapes au lieu de mantelet, pour couvrir
le premier fapeur. Voye{ S a p e .
G a b io n n e r , c’eft fe couvrir de gabions pour fe
garantir des coups de l’ennemi. (Q)
GABIUM, (Géog. anc.) ville ancienne du Latium,
dont Horace 6c Properce parlent avec beaucoup de
dédain ; il n’en refte plus que des ruines à l’endroit
nommé Campo-Gabio, vers Paleftrine, à quatre ou
cinq bonnes lieues de Rome en tirant vers l’orient.
Du tems de Denis d’Halicarnàffe fous Augufte,
Gabium étoit prefque deferte ; mais fes ruines mar^
quoient qu’elle avoit été une affez belle v ille, puif-
qu’avantla fondation % Rome t il y avoit à Gabium
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une école célébré oii l’on enfeignoit les Beaux-Arts
6c les Sciences à la jeunefle. Cicéron & Plutarque la
mettent au nombre des villes municipales : Junon y
étoit particulièrement honorée ; & c’eft pour cela
que Virgile appelle cette déefle, Gabina Juno.
La voie Gabienne, via Gabiniana, ou via Gablna,
étoit un chemin qui conduifoit de Salone à Clifla,
anciennement dite Andetrium. Ce fut fur la voie Gabienne
que Camille défit les Gaulois après la prife 6c
l’embrafement de Rome , comme le marque Tite-
Live : fur la même voie on voyoit le fuperbe tom»
beau de Pallas, affranchi de Tibere, avec une inf-
cription encore plus arrogante, que Panvinus nous à
confervée.
La ceinture, ou plûtôt lâ trôuffure Gabienne, eine-
tus Gabinus, dont il eft parlé dans Virgile , dans Horace,
Lucain, Silius Italicus, & autres auteurs, étoit
une maniéré particulière qu’avoient les Romains de
trouffer leur robe à la guerre, & qu’ils avoient prife
des Gabiens : les Confuls & les Prêteurs en retinrent
I’ufage fous les empereurs., quand ils faifoient les
fonctions de leurs charges ; cette maniéré Confiftoit
à croifer les deux pans de leur robe en forme d’écharpe
fur les épaules & fur la poitrine, & à les noiier
enfemble pour les affujettir fixement. (D J.)
GABON > (Géog.) riviere d’Afrique au royaume
de Bénin ; elle a fa fource à j 3d. de long. & à i d. j o'i
de latit. feptentr. enfuite ferpentant vers le couchant,
elle va fe perdre fous l’équateiir dans le golfe de Gui»
née, vis-à-vis l’île de S. Thomas : cette riviere eft
nommée Gala par Linfchot. (D . J.)
GABORDSjf. m. p 1. (Marine.) ce font les premières
planches d’en-bas, qui font le bordage extérieur
du vaiffeau , 6c qui forment par dehors une
courbure depuis la quille jufqu’au-deffus des varai>-
gues ; 6c c’eft ce qu’on nomme bordage de fond.
Les bordages ont à-peu-près fous la première pré»
ceinte la même épaiffeur que cette préceinte ; 6c leur
épaiffeur diminue uniformément jufqu’à la quille, oit
le bordage qui eft reçûdans la rablure, & qu’on nomme
gabord, n’a que la moitié de l’épaifleur de celui
qui touche la préceinte. On leur laifle toute la longueur
& la largeur que les pièces peuvent porter. A
l’égard de leur épaiffeur, elle fe regle fur la grandeur
du vaiffeau. (Z )
GABRIELITES , f. m. pi. (Hiß. eceléf.) feéte particulière
d’anabaptiftes, qui s’éleva dans la Poméranie
en 1530. Elle porte le nom de Gabriel Scher-
ling fon auteur, qui, conjointement avec Jacques
Hutten, avoit apporté cette doôrine dans cette con»
tré e, parce qu’ils n’étoient plus tolérés ailleurs :
mais ce fanatique en fut encore chaffé, & mourut en
Pologne. Hiß. des Anabaptifles. Vyye^ le ditlionn. dé
Moréri & Chambers. (Ç )
GABURONS, CLAMPS, JUMELLES, (Marine.)
voyes^ Jumelles.
GACHE, f. f. (Marine.) c’eft un vieux mot qui
veut dire aviron ou rame, Voye{ Rame. (Z)
* GACHE, (Serrurerie.) piece de fer qui fert en général
à fixer Une chofe. contre une autre ; telles font
celles qui contiennent les tuyaux de defeente, les
boîtes de lanternes, & autres corps qu’on veut appliquer
à des murs : mais on appelle particulièrement
gâche le morceau de fer fous lequel paffe le pêne de la
ferrure, & qui tient la porte fermée. Les gâches des
tuyaux de defeente font en fer plat, & de la force re-
quife par l’ufage. On fait les gâches pour le plâtre ou
pour le bois ; le p lâtre, Iorfque le corps à fixer eft
adoffé d’un mur de pierre ou de moellon ; le bois,
lorfqu’il eft adoffé d’üne piece de bois. La gâche en plâtre
eft une piece de fer plat contournée fuivant la forme
de la piece qu’elle doit embraffer, 6c dont les extrémités
des branches qui doivent entrer dans le mur,
& qu’on appelle lefccllement, font refendues, afin qu -