l’eau , & fait avec elle un bouillonnement fen-
fible ; au lieu que le gypfc calciné ou plâtre, ne s’échauffe
point, à beaucoup près, fi vivement avec
l’eau , & n’y caufe point de bouillonnement fenfi-
ble. 5°. Le gypfe calciné ou le plâtre mêlé avec l’eau,
prend du corps & devient en peu de tems dur comme
une pierre, fans qu’on foit obligé d’y joindre du
fable ; au lieu que la pierre calcaire calcinée, ou la
chaux, ne prend point feule du corps avec l’eau, il
faut pour cela y joindre du fable, le mélange ne
prend de la confiftance & de la dureté que lentement.
40. La chaux éteinte reprend toutes fes propriétés
par une nouvelle calcination ; au lieu que le
plâtre ne les reprend jamais par ce moyen, & n’eft
plus propre à fe durcir avec l’eau. Le plâtre en fe
léchant augmente de volume & fe gonfle ; au lieu
que le mortier diminue plutôt que d’augmenter. M.
Macquer rend raifon de ces différences par fes conjectures,
confirmées par des expériences. Vcye^ les
mémoires de l'académie royale des Sciences , an, iy4y.
Les gypfes fe trouvent par couches dans le fein de
la terre. C ’eft la butte de Montmartre qui fournit
prefque tout le plâtre qui s’employe dans les bâti-
mens de Paris. Cette petite montagne préfente plu-
fieurs phénomènes, dignes de l’attention des Natu-
raliftes. Elle eft placéé au milieu d’un pays tout-à-
fait calcaire, & eft compofée d’un grand nombre de
couches parallèles à l’horifon, dans lefquelles on af-
fure n’a voir jamais trouvé de coquilles fofliles, quoique
toutes les pierres des environs de Paris en foient
remplies, & ne foient, pour ainfi dire, formées que
de leurs débris. On y trouve deux couches de gypfc.
La couche inférieure eft d’une fi grande épaiffeur
qu’on n’en a point encore trouvé la fin, quoique
dans certains endroits on ait creufé jufqu’à 70 ou
80 piés de profondeur. On trouve allez fréquemment
au milieu de» cette malfe de gypfe, des offe-
mens & vertebres de quadrupèdes qui ne font point
pétrifiés, mais qui font déjà un peu détruits, & qui
font très-étroitemcnt enveloppas dans la pierre : on
allure même qu’on y a trouvé autrefois un fquelette
humain tout entier ; mais comme ce dernier fait n’eft
point appuyé d’autorités inconteftables, on n’en garantit
point la vérité.
Quoiqu’on ne puilfe point toûjours diftinguer à la
fimple vue les parties qui compofent la pierre gyp-
feule, ces parties font pourtant conftamment d’une
figure régulière & déterminée. Suivant M. de Juf-
fieu, tous les gypfes réduits en pouffiere, & confédérés
au microfcope, préfentent une infinité de petits
parallelipipedes tranfparens, dont la longueur ex-
cede de beaucoup les autres dimenfions, & dont la
furface eft parfemée irrégulièrement de globules
très - petits par rapport à eux. M. de Juflieu ayant
obfervé que quand l’air étoit humide ces globules
changeoient de figure & en prenoient une ovale ap-
platie, & qu’ils difparoiflbient quand l’humidité s’é-
vaporoit, a jugé que c’étoient des parties falines qui
entrent dans la compofition du gypfc. Quand on ob-
ferve de même la pouffiere de plâtras ou de plâtre
defanimé & inutile, on voit encore les mêmes parallelipipedes
& les globules ; mais ils font mêlés
avec beaucoup d’autres petits corps différens d’eux
& de figures irrégulières. M. de Juffieu conjeôure
que ces corps ont été introduits par l’eau quand on
a gâché le plâtre, & croit que ce font eux qui empêchent
les platras de pouvoir être recalcinés de
nouveau & redevenir utiles. Voyeç l'hifoire de l'académie
des Sciences, ann. 1 y 1 g . page 13. & fuiv.
Les propriétés du gypfe ont depuis long -tems attiré
l’attention des Chimiftes & des Naturaliftes ;
mais jufqu’à-préfent on n’a point encore pu trouver
exactement ce qui le conftitue, & ce qui produit
fa différence d’avec les pierres calcakçs. Bien
des auteurs ont cru que le gypjc étoit formé par la
combinaifon de l’acide vitriolique, avec la terre calcaire
; ce qui fait qu’on nomme félènite ce qui reffem-
ble, à quelques égards, au gypfe : mais M. Pott a
trouvé qu’elle en différoit à beaucoup d’autres. C e
favant chimifte a fait un grand nombre d’expériences
pour l’analyfe du gypfe : la pierre fpéculaire lui
a donné une quantité considérable de flegme ou d’eau
d’une odeur defagréable, mais infipide, & dans laquelle
il n’a pu trouver aucune trace fenfible d’al-
kali vola til, quoique M. Henckel l’eût prétendu: il
croit plutôt que la fubftançe faline qui eft contenue
dans le gypfe > eft de la nature du fel marin. Le gypfe
pulvérifé & mis dans une chaudière fur le feu, auffi-
tôt qu’il eft bien féché, devient fluide comme de l’eau
& bouillonne ; il ne faut pour cela qu’un degré de
feu qui rougifle la matière : cela prouve qu’il eft
chargé d’une quantité d’eau très-confidérable; c’eft
auffi ce qui paroît être caufe de la promptitude avec
laquelle il s’unit avec l’eau & prend corps avec elle.
Quelques auteurs regardent ce phénomène comme
une preuve que le gypfe eft très-chargé de fel, & prétendent
que ion durciffement avec l’eau n’eft dû qu’à
une cryftallifation qui fe fait fur le champ. Dans la
calcination du gypfe à feu ouvert, il en part pendant
quelque tems une fumée ou vapeur très - forte ; fi le
feu eft continué trop long-tems, le plâtre qui en provient
ne fe durcit point lorfqu’on le mêle avec de
l’eau, & il refte en poudre fans prendre corps.
Le gypfe entre en fufion au miroir ardent ; mais
à un feu ordinaire il n’entre point en fufion fans addition
: voilà pourquoi il eft très - propre à faire des
fupports pour les fubftances qu’on veut expofer à un
feu violent. M. Pott nous apprend avoir trouvé dans
le gypfe une portion très-petite de phlogiftique & de
principe colorant ; & que dans la calcination des
pierres gypfèufes les moins pures, on apperçoit une
matière lulphureufe qui s’enflamme. Ce favant chimifte
a combiné le gypfe avec différentes fubftances ,
tant terreufes que falines, dans des proportions variées;
ce qui lui a donné un grand nombre de produits
différens, comme on peut voir dans le I I . chap. du
1 .1. de fa Lithogéognojie. Lorfqu’on répand de l’eau
fur du gypfe calciné, le mélange s’échauffe, & il en
part une odeur très-defagréable. M. Rouelle a trouvé
que lorfqu’on calcine le gypfe il en part une odeur
d’arfenic très - fenfible. M. Brandt, favant chimifte
fuédois , a auffi examiné le gypfe, & il a trouvé'qu’il
n’a point une terre qui par la calcination devienne
caultique, comme la chaux vive. Il a mêlé du gypfe
avec du verre de bouteille, pour en faire une forte
de porcelaine ; il a donné un feu très-vif pendant 24
heures, & il eft parti du mélange une odeur de foie
de foufre très-forte qui remplit fon laboratoire. Mémoires
de Vacadémie royale de Suède , année iy4g.
Suivant les obfervations des Minéralogiftes, oji
n’a point encore trouvé de métaux dans le gypfe. '
Les anciens ont regardé le gypfe comme un poifon;
cependant quelques médecins en ont ordonné l’ufage
intérieur, qui ne peut être que très - inutile & même
dangereux, comme on peut en juger par les accidens
qui réfultent des plâtres neufs. Poye^ Plâ tr e .
On contrefait le marbre avec du gypfe très-pur
calciné, réduit en une poudre très-fine, pafle au tamis
; on l’humeâe avec de l’eau gommée, & on y
mêle les couleurs convenables pour former les veines
: ce mélange prend de la confiftance & un très-
beau poli. Voye^ St u c .
On voit par ce qui vient d’être dit, i° . que les
Naturaliftes ont fouvent regardé comme gypfe des
fubftances qui ne l’étoient point ; z°. que les principes
qui conftituent cette pierre, & qui produifent les
phénomènes qu’elle préfente, font encore inconnus
& demandent bien des expériences pour être déve-.
loppés. La maniéré de calciner le gypfe pour en faire
du plâtre, fe trouvera à ¥ article Plâtre. (—)
GYROMANGIE, f. f. (Divinat.) forte de divination
qui fe pratique en marchant en rond. Voyc{ D iv
in a t io n .
La gyromancie fe pratiquoit en marchant en rond,
ou en tournant autour d’un cercle, fur la circonférence
duquel étoient tracées des lettres, ou d’autres
carafteres fignificatifs. A force de tourner, on s’é-
tourdiflbit jufqu’à fe laiffer tomber; & de l’affem-
blage des lettres qui fe rencontroient aux divers
endroits oit l’on avoit fait des chûtes, on tiroit des
préfages pour l’avenir. Voye^ D ivination. (G)
GYROVAGUES, voye^ GirOvagues.
GYROLE, (2?or.) Voye{ Chervi.
GYRTONE, (Géog. anc.) ancienne ville de Grece
dans la Theffalie, ou plûtôt, fuivant Ptolomée, dans
la Stymphalie, province de Macédoine: c’eft pré-
fentement Tachi Volicati. (Z>. /.)
GYTHIUM, ( Géog. anc, ) ville du Péloponnefe
dans la Laconie, & qui étoit fituée, felon Ptolomée ,
à 30 ftades de Lacédémone, c’eft-à-dire à environ
cinq quarts de lieues françoifes. Son nom moderne
eft Colochine. (D . ƒ.)
F i n d u T ome S e p t i è m e .
De l’Imprimerie de L e B r e t o n , Imprimeur ordinaire du R O Y , rue de la Harpe«
Tome VII. O O O 0 0 0 ij