
v i f io n s d e b lé p o u r p lu fie u r s a n n é e s , afin d’ e n t re ten
ir - l’ a b o n d a n c e , & d e n e fe p o in t r e ffe n t ir dans
la c a p i ta le d e s tem s d e fté r i li té ; o n en t a x o i t le p rix
d ’ap rès le q u e l o n le v e n d o i t a u x p a r t icu lie r s ; le s t r i b
u ts q u e q u e lq u e s p ro v in c e s d e l’em p ir e p a y o ie n t
e n b l é , f e r v o ie n t à r em p lir c e s greniers : l ’o n y p re -
n o i t c e lu i qu ’ o n d o n n o it to u s le s mo is a u x c i to y e n s
în fc r it s -fur le s r ô le s d e s d ift r ib u t io n s g ratuites*
{ D . J .)
GREN IER X SEL, (C om m e r ce .") t ’ e ft un m a g a lin
ô u d é p ô t o i i l ’o n c o n ie r v e le s le ls d e la fe rm e des
g a b e lle s . V o y e { G a b e l l e .
Grenier à f e l ( e d it e n c o r e d e la ju r i fd ié fio n o i i fe
ju g e n t e n p r em iè r e in fta n c e le s c o n t r a v e n t io n s fu r le
f a i t du fe l ; le s o ffic ie r s a u x greniers à f e l en c o n n o i f-
fe n t d é f in i t iv em e n t a u -d e ffo u s d’un q u a r t d e m in o t ;
a u -d e ffu s e lle s p e u v e n t ê t r e p o r té s p a r a p p e l à la
c o u r d e s a id e s .
Cette jurifdiâion eft compofée de préfidens, de
iieutenans, de grenetiers, de contrôleurs, d’avocats
& procureurs du ro i, de greffiers, d’huiffiers, & de
fergens. Toutes ces charges font doubles dans le grenier
à f e l de Paris, & les officiers fervent alternativement
d’année en année, à l’exception des avocats
du roi & du premier huiffier, qui font toujours de fer-
vice ;pou ï les greffiers, ils ne fervent que de trois
années l’une. Il y a encore à Paris, outre ces officiers,
un garde-contrôleur des mefures , un vérificateur
des rôles, un capitaine, un lieutenant, & treize gardes.
Les greniers à f e l départis dans les provinces
ont les mêmes officiers, mais feulement un de chaque
rang.
Les dire£Hons pour les greniers à f e l du royaume
font au nombre de dix-fept, favoir :
P a r i s .
Soldons, La va l,
Abbeville, Le Mans *
Saint-Quentin ÿ Berry,
Châlons, Moulins,
Troyes, Roiien ,
Orléans, Caen,
Tours, Alençort
Anjou, Dijon.
Ces dix-fept direôions contiennent deux cents
quarante-quatre greniers à f e l , & trente-lix dépôts &
contrôles.
La direôion de Paris a vingt-fept greniers à fe l.
Celle de Soiffons , d<
Abbeville , auffi dot
Saint-Quentin, fix,
Châlons, neuf.
Troyes, onze.
Orléans, vingt-un.
.Tours, feize, & fept dépôts
& contrôles.
Anjou, onze, & quatre
dépôts 8c contrôles.
L a va l, neuf.
Le Mans, treize.
Berri, onze, & fix dépôts
& contrôles.
Moulins , douze , & dix-
neuf dépôts 8c contrôl.
Rouen, vingt-deux.
Caen, feulement deux.
Alençon, quatorze.
D ijon , trente-fix.
Tous ces greniers font régis en chef par les fermiers
généraux , qui ont fous eux les directeurs, les receveurs,
8c les contrôleurs des dix-fept direélions
générales, & fous ceux-ci font d’autres directeurs ,
contrôleurs, 8c receveurs particuliers, qui font chargés
du détail de chaque dépôt & grenier à fe l.
Les autres commis 8c officiers fubalternes, font
les capitaines, leurs Iieutenans, 8c les archers des
gabelles, départis en grand nombre dans tous \esgre-
niers à f e l , 8c particulièrement fur les paffages des
provinces où l’on craint le reverfement 8c commerce
du faux fel; les jurés mefureurs de fel, & les porteurs
de f e l , les uns & les autres pourvus en titre
d’office ; les manouvriers, les magafiniers, comme
«emueurs,brûleurs, 8c enfin les voituriers par eau
ou par terre , qui font tous entretenus aux dépens
de la ferme. Diciionn, de Commerce. (G)
G r en ier, (Marine , ou Architecture navale.) ce
font des planches qu’on met au fond de cale 8c aux
côtés j ulqu’aux fleurs, quand on veut charger en grenier
; ces planches fervent à conferyer les marchan-
difes.
On dit charger en grenier, quand ce font des rtiar-
chandifes qu’on met au fond de cale fans les emballer,
comme du fe l, du b lé , des légumes , &c. ( Z )
GRENOBLE, Gratianopolis, (Géogr.) ancienne
ville de France, capitale du Dauphiné , avec un
évêché fuffragant de Vienne > 8c un parlement érigé
en 1493 par Louis XI. qui n’étoit encore que dauphin
; mais fon pere ratifia cette érection deux ans
après.
Grenoble eft fur l’Ifere, à onze lieues S- O. de
Chambéri, quarante-deux N. O. de Turin, feize S.
E. de V ienne, cent vingt-quatre S. O. de Paris. Long*
fuivant Harris, 2 3d. 3 r i à " . fuivant Caffini, 2 3 d.
14'. là 11, latit 4 i d. //'.
Cette ville reçut le nom de Gratianopolis de l’empereur
Gratien fils de Valentinien I. car elle s’appel-
loit auparavant Cularo ; 8c c’eft fous ce nom qu’il en
eft parlé dans une lettre de Plancus à Cicéron, epiji.
x x iij. Long-tems après, les Romains l’érigerent en
cité : dans le cinquième fiecle,elle fut affujettie par
les Bourguignons, 8c dans le fixieme par les François
Mérovingiens ; enfuite elle a obéi à Lothaire,
à Bofon, à Charles le Gros , à Louis l’Aveugle, à
Rodolphe II. à Conrad 8c à Rodolphe le lâche, les
fils, qui lui donnèrent de grands privilèges.
On met au nombre des jurifconfultes dont Grtno
ble eft la patrie, Pape (Guy) , qui mourut en 1487;
fon recueil de décijions des plus belles quejlions de droit,
n’eft pas encore tombé dans l’oubli.
M. de Bouchenu de Valbonnais, (Jean Pierre Mo-‘
ret) premier préfident du parlement de Grenoble, né
dans cette ville le 23 Juin 16 51, mérite le titre du
plus favant hiforiographe de fo n pays, par la belle hif-
toire du Dauphiné, qu’il a publiée entrois vol. in f o l .
il eft mort en 1730, âgé de 79 ans. J1 voyagea dans
fa jeuneffe, & fe trouva fur la flotte d’Angleterre à
la bataille de Soibaye , la plus furieufe qu’eût encore
vu Ruyter, 8c où l’on s’attribua l’avantage de
part 8c d’autre. (D . J .)
GRENOIR , f. m. (Ar tm ilit.) inftrument dont ou
fe fert pour mettre la poudre à canon en grain. Voy
l'article POUDRE À CANON, 8c l'article SALPETRE.
GRENOUILLE, rana, f. f. animal qui a quatre
piés, qui refpire par des poumons, qui n’a qu’un ventricule
dans le coeur, & qui eft ovipare. On diftin-
gue deux fortes de grenouilles ; les unes reftent ordinairement
dans l’eau 8c font appellées grenouilles
aquatiques ; les autres fe trouvent furies feuilles des
arbriffeaux 8c même des arbres : on leur donne le
nom de rainettes. A'oyeçRAINETTE.
La grenouille a quatre doigts aux piés de devant,’
8c cinq à ceux de derrière, avec des nageoires. Les
jambes de derrière font plus longues 8c plus fortes
que celles de devant. Cet animal a la tête grofle, le
cou large 8c court, le bout du mufeau mince, les
yeux gros, & la bouche grande. La peau eft inégale
8c tubcrculeufe dans quelques endroits. Les unes font
vertes, les autres brunes ou jaunâtres ; le ventre eft
blanc 8c tacheté de noir. La grenouille eft amphibie:
elle n’a pas befoin de prendre l’air fouvent ; car on
en a retenu fous l’eau qui y font reftées vivantes
pendant quelques jours, cependant elles s’élèvent à
la fuperficie de l’eau pour refpirer, & elles en for-
tent pour s’expofer au foleil. Cet animal a la vie
très-dure, fi c’eft vivre que de s’agiter & de fauter
pendant quelque rems après qu’on lui a ouvert la
poitrine 8c le ventre, & qu’on en a arraché le coeur
ôç
& tous les autres vifeeres. La chair de ces animaux
eft allez bonne à manger; pour cela on les écorche,
& on ne prend que la partie poftérieure du cor[>s
avec les cuiffes. Les grenouilles ont deux cris diffé- ,
rens r l’un eft le croaffemënt que l’on entend dans le
îems de pluie 8c dans les jours chauds aux heures
où l’ardeur du foleil ne fe fait pas fentir ; l’autre cri
eft nommé par les Grecs & les Latins, ololo, parce
que la prononciation de ce mot imite le cri dont il
s ’agit : comme il eft propre aux mâles, les anciens
les ont appellés ololyçontes. C ’eft au printems qu’ils
crient ainfi en cherchant les femelles pour s’accoupler
; ce qui fe fait d’une maniéré très-finguliere, de
même que la naiffance, l’accroiffement, & les tranl-
forinations des grenouilles. Rondelet, hiß. anim. pa-
lußr. ca p .j. Rai ,fynop. method. anim. quad. p . 24S
& fequent.
Au mois de Mars les mâles font leur cri & courent
après les femelles ; dès que l’un des mâles en peut
joindre une, il fe jette fur fon dos en l’affaillant par
derrière, 8c la faifit à l’endroit de la poitrine, de forte
que les jambes de devant des mâles, paffent de chaque
côté derrière celles de la femelle, 8c fe rejoignent
fur le devant de fa poitrine. Le mâle fe fixe
dans cette fituation , en entre-mêlant les doigts de
l’un des pieds de devant avec ceux de l’autre, pour
avoir un point d’appui qui l’empêche de gliffer ; il
ferre fi étroitement la femelle, qu’il n’eft prefque
pas poffible de l’en féparer fans lui caffer les bras :
auffi quelque mouvement que la femelle puiffe faire,
quelque part qu’elle aille, le mâle refte inébranlable
dans la même fituation, avec une confiance furpre-
nante ; car cet embraffement dure jufqu’à quarante
jours confécutifs, félon que la faifon eft plus ou moins
chaude.
Les oeufs de la femelle fe détachent de l’ovaire
qui eft placé fur la matrice, fe répandent dans l’abdomen
, 8c entrent enfuite dans les trompes de la matrice.
Chaque trompe eft pelotonnée ; mais lorfqu’-
elle eft étendue, elle a jufqu’à deux piés de longueur;
les oeufs parcourent cet efpace 8c arrivent dans la
matrice : lorfqu’ils y font tous raffemblés, la femelle
les pouffe au-dehors par l’anus, car la matrice y
aboutit; alors le mâle l’aide en la ferrant plus fortement
entre fes bras, & il répand fur les oeufs tandis
qu’ils fortent, une liqueur prolifique qui coule de l’anus.
Le mâle a des tefticules placés près des reins,
des véficules féminales, 8c des canaux déférens qui
aboutiffent au re£tum. Les oeufs que rend une grenouille
font au nombre d’environ onze mille, ils
tombent tous à-la-fois au fond de l’eau, s’ils ne font
retenus par des herbes Ou d’autres corps qu’ils rencontrent.
Dès que la ponte eft faite, le male quitte
la femelle.
Comme les grenouilles n’ont aucune des parties
de la génération placées à l’extérieur, il eft affez
difficile de diftinguer leur fexe ; cependant on peut
reconnoître le mâle par deux caraéteres, l ’un con-
fifte en deux véficules qui font fituées derrière les
yeux, une de chaque cô té, 8c qui fe dilatent ou fe
contrarient lorfque l’air y entre ou’en fort ; l’autre
caraûere fe trouve fur le pouce des piés de devant,
qui eft fort épais, quelquefois très-noir -8c hérifle
de plufieurs papilles affez femblables à celles qui font
fur la langue des boeufs : ces papilles fe trouvent dirigées
contre la poitrine de la femelle, dans le tems
que le mâle la tient étroitement embraffée.
Chaque oeuf de grenouille eft compofé d’un petit
globule noir qui eft pofé au centre 8c entouré d’un
mucilage blanchâtre 8c vifqueux ; le globule noir eft
le foetus dans fes enveloppes, 8c la liqueur épaiffe
qui l’environne fait fa nourriture. Lorfque le paquet
d’oeufs eft tombé au fond de l’eau, chaque oeuf fe
renfle, 8c quelques jours après il$ §’élÇYent Î9U$ &
Terne V U .
n a g e n t d an s F e a i i .L e q u a t rièm e jo u r ap rè s la p o n te*
l ’oe u f a d é jà p r is a ffe z d’a c c r o if fem e n t p o u r q u e l’o n
p u iffe v o i r t r è s d ift in& em en t l e foe tu s a v e c fe s e n v e lo
p p e s a u m ilie u 8c la m a tiè re m u c ila g in e u fe q u i leS
e n v ir o n n e ; au f ix iem e j o u r , le foe tu s fo r t d e fe s e n v
e lo p p e s 8c d u m u c ila g e q u i e ft a u t o u r , a lo r s i l
n a g e & i l p a r o ît à d é c o u v e r t fo u s la fo rm e d e t ê ta
rd . L e m u c ila g e s’ e ft e n p a r t ie d iffo u s ch aq u e jo u r
ju fq u ’à c e t em s , d e fo r te qu ’ i l f e t r o u v e , p o u r a in fi
d i r e , r a r é fié d an s u n p lu s g ran d v o lum e , 8c qu’ il
r e ffem b le dans c e t é ta t à u n n u a g e ; le tê ta rd y rent
r e de-tems -en -tems p o u r y p ren d r e de la n o u r r itu r e
& p o u r s’y r e p o f e r , lo r lq u ’i l s’e ft fa t ig u é en n a g
e a n t , c a r c e n u a g e le fo u t ie n t fan s q u ’i l fa ffe a u c u n
e ffo r t .
Le têtard au fortir de ces enveloppes , fembta
n’être compofé que d’une tête & d’une queue, mais
la partie ronde que l’on prend pour la tête, contient
auffi la poitrine & le ventre : dans la fuite, les jambes
de derrière commencent à paroître au - dehors ^
mais celles de devant font cachées fous la peau qui
recouvre tout le corps, même les jambes de derrière
: enfin il fe dépouille de cette peau ; alors fes quatre
jambes font à découvert, il prend la forme d&
grenouille, & il ne lui refte de celle de têtard que
la queue qui fe deffeche peu-à-peu & s’oblitère en
entier: lorfqu’elle a difparu & que la transformation
du têtard en grenouille eft parachevée, la grenouille
n’eft pas encore en état de fe reproduire
ce n’eft qu’après deux ou trois ans qu’elle eft propre
à la génération , au contraire des infeûes, qui
s’accouplent dès qu’ils ont fubi leur derniere méta-
morphofe.• Swammerdam, biblia naturce, p .y S g &
fequent. ( I )
Grenouille , (Dicte & Mat. mid.) les grenouilles
font très-raremept employées en Medecine, dit Jun-
ck er, confpeclus Therapeice gener. quoique plufieurs
ayent recommandé de les appliquer vivantes fur
la tête contre le délire qui accompagne les fievres
malignes, ou fur la langue pour prévenir les angines..
Le foie de grenouille eft recommandé depuis long-
tems, dit le même auteur , pour calmer les mouve-
mens épileptiques; & il avance que l’expérience eft
favorable à ce remede , pourvû, dit-il, qu’on l’em-
ploye affez récent, après avoir fait précéder les
remedes généraux. La grenouille féchée, tenue dans
la main, arrête quelquefois l’hémorrhagie des narines
dans les fujets très-fenfibles : c’eft encore Junc-
ker qui rapporte cette vertu.
Cet auteur n’a pas feulement foupçonné qu’il y
eût un pays au monde où l’on donnât des bouillons
de grenouille à titre de remede dans la pltipart des
maladies chroniques, & fur-tout dans les maladies
de poitrine. Voyeç l ’article ÉCREVISSE , & l'article.
Nourrissant.
On retire par la diftillation du frai de grenouille ~
une eau qui a été très-vantée comme, cofmétique,
comme excellente contre la brûlure, leséréfypcles,'
la goutte, la douleur de tête, &c. employée extérieurement
; Sydenham la fait entrer dans les garga-
rifmes contre les angines.
Les grenouilles entrent dans un emplâtre très-com-
pofé & fort ufité, auquel elles donnent leur nom,
mais qui eft plus connu encore fous le nom 8 emplâtre
de Vigo. Voyeç VlGO (emplâtre de).
On fait avec les cuiffes de grenouille différens ragoûts
que les perfonnes les plus délicates peuvent
manger fans inconvénient, malgré l’épithete de chair
glaireufe qu’on leur a donnée, mais auffi dont les fujets
qui font accufés d’avoir les humeurs acres ne
doivent pas fe promettre plus de bien que des bouillons
de grenouille auxquels nous ne croyons guere,
comme nous l’avons déjà infinué. (b)
G R EN O U IL L E , ( Imprimerie. ) c ’e ft en g é n é r a l u n e
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