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n’en faut pour faire monter toute la troupe à cheval :
c’eft pourquoi la maniéré de faire la guerre à l’ennemi
qu’on combat, doit faire prendre à cet égard des
mefures au, commandant pour n’être point furpris.
Ainfi fi l’on a affaire à un ennemi qui manoeuvre avec
une grande vîteffe comme les Turcs, lesTartares',
&c. il faut, pour n’en être point furpris, prendre plus
de précautions que contre les Allemands ou les Hol-
landois, quoique les troupes de. ces deux nations
l'oient fuperieures à celles des Turcs.
Il fuit des obfervations qu’on vient de vo ir , que
moins une troupe ou fes vedettes découvrent de ter-
rein, plus elle doit redoubler fon attention, pour,
être en état d’être formée le plus promptement qu’il
eftpqffible; 6c qu’au contraire, lorfqu’elle découvre
un efpace de terrein affez grand pour avoir le tems
de fe former avant que l’ennemi puiffe le parcourir,
le commandant peut profiter de cette pofition pour
donner plus de repos aux hommes 6c aux chevaux.
Si les fentinelles de l’infanterie jfont placées ordinairement
dans les lieux moins favorables que les vedettes
de la cavalerie, pour découvrir beaucoup de ter-
rein ; il faut auffi moins de tems à des gens à pie pour
prendre un fufil & fe mettre en défenfe, qu’il n’en
faut à des cavaliers qui font pié à terre, pour brider
leurs chevaux, monter defl'us, & fe former en ordre
de bataille. Ejfai fur lacajlramétation. (Q)
Garde de f a t ig u e , {Anmilité) c’eft celle qui
eft commandée pour conduire les travailleurs, les
fourrageurs ; mener les foldats au bois, à la paille, 6c
autres choies femblables. Pour ces fortes de gardes,
que les troupes fontfucceffivement, le tour n’en paffe
jamais : foit que l’officier commandé foit abfent ou
de fervice ailleurs, il doit toujours le reprendre après
fon retour au camp. Ordonnance du ty Février iy5^.<
Les gardes de fatigue font auffi appellées gardes de
corvées. (Q)
G arde de Piq uet , (Art milité) c’eft celle qui
eft faite par les officiers 6c les foldats de piquet. Voy.
Piq u e t . t
Celui dont le tour vient de marcher à un détachement
armé, pendant qu’il eft de piquet, le quittera
& fera cenfé l’avoir fa it , pourvû que le détachement
paffe les gardes ordinaires ; 6c à l’inftant qu’il fera
commandé, on le remplacera par celui de fes camarades
qui le fuivra dans le tour du piquet. Ordonn.
du iy. Février 1 y S3. (Q)
G arde d’honneur, {Art militaire.) c’eft à la
guerre la garde accordée aux officiers généraux & à
plufieurs autres officiers relativement à leur grade
militaire. Celui dont le tour viendra de marcher à
un détachement armé,pendant qu’il fera à une garde
d ’honneur, demeurera à cette garde. Ordonn. du 1y
Février 1-/63. (Q)
Ga rDES-DU-CorpS , {Hijl. mod. & Art. milit.)
c’ eft en France un corps de cavalerie deftiné à la
garde du Roi.
Les gardes-du-corps ont le premier rang dans la
gendarmerie de France, par une ordonnance de
Louis XIV. donnée en 1667. f°nt divifés en quatre
compagnies, dont une qui étoit autrefois écoffoife
, 6c qui en porte encore le nom , eft toujours la
première ; les trois autres prennent rang enfemble
fuivant l’ancienneté de leurs capitaines.
Chaque compagnie eft divifée en fix brigades ; ce
qui forme, à quelques différences près, comme des
compagnies dans un régiment. C ’eft le Roi qui choi-
fit lui-même fes gardes. Ils font habillés de bleu avec
des galons d’argent, 6cune bandoulière, qui eft la
marque de garde-du-corps ou de garde-du-Roi.
Les capitaines des gardes-du-corps, ainfi que ceux
des gendarmes, chevau-legers de la garde , & mouf-
quetaires, font premiers meftres-de-camp de cavalerie,
ç’eft-à-dire qu’ils ont rang avant les autres mef-
G A R
tres-de-camp , 6c qu’ils les commandent indépendamment
de leur ancienneté dans ce grade. Les lieu-*
tenans 6c les enfeignes ont rang de meftres-de-camp,
& les exempts ont rang de capitaines de cavalerie.
On appelle exempts dans les gardes-du-corps des officiers
qui font au-deffous des enfeignes. Ce mot
vient de ce qu’originairement ils étoient gardes-du-
corps exempts de faire faétion. Les fimples gardes-du-
corps , gendarmes, chevâu-legers de la garde, 6c mouf-
quetaires, ont d’abord rang de lieutenant de cavalerie
: lorfqu’ils ont quinze ans de fervice, ils obtiennent
la commiffion de capitaine de cavalerie *.
Les lieutenans des gardes-du-corps n’ont pas coûtu-
me de monter au grade de capitaine de leurs compagnies
; mais ils parviennent à celui de maréchal-de-
camp 6c de lieutenant général à leur rang, fans être
obligés de quitter leurs emplois.
Les enfeignes montent par ancienneté à la lieutenance.
Pour remplir les places d’enfeigne, Louis XIV
prenoit alternativement un exempt de la compagnie
6c un colonel de cavalerie.
Les places d’exempt font données alternativement
à un brigadier de la compagnie & à un capitaine de
cavalerie : pour celles de brigadier & fous-brigadier,
elles font toujours données à de fimples gardes-du-
corps.
Les étendarts ne font point portés par les enfeignes
, mais par d’anciens gardes, à qui on donne le
nom de porte-étendarts, 6c qui ont une paye un peii
plus forte que les autres. Il en eft de même pour les
étendarts de toutes les autres compagnies de la gendarmerie.
•
Comme il y a dans toutes les compagnies des gardes
du-corps fix brigadiers & fix étendarts, & que
chaque compagnie ne forme que deux efcadrons, il
y a trois étendarts par efcadron, & trois brigades.
Dans la compagnie écoffoife, il y a vingt-quatre
gardes qu’on nomme gardes de la manche ; lorfque Sa
Majefté eft à l’églife, il y en a toujours deux à. fes
côtés qui ont des halebardes , 6c qui font revêtus
d’une cote-d’armes à l’antique. (Q )
G a r d e s À PIE de la maifon du roi. Sous ce titre
font compris les cent-fuiffes, les gWa-françoifes, &
les gardes-fuiffes.
Les cent-fuiffes font une compagnie de cent-hommes
divifée en fix efcoüades, fous dix-huit officiers ;
ils portoient autrefois la livrée ; mais ils ont depuis
quelques annéès un habit bleu avec des galons d’o r,
& u n ceinturon qu’ils portent par-deffus leur habit;
ils font armés, outre leur épée, d’une pertuifane ou
hallebarde : dans les folennités, ils ont confervé l’habit
antique, favoir le pourpoint à manches tailladées
, la fraife, le chapeau de velours noir orné d’une
plume blanche, les hauts-de-chauffes très-amples, &
les fouliers garnis de noeuds de ruban ; ils font de
la création de Louis X I . en 1481 , approchent de
très-près de la perfonne du roi, marchent à la portière
de fon caroffe : ils doivent être fuiffes naturels,
& joiiiffent en France de plufieurs privilèges.
Gardes-françoises ; c’eft un régiment d’infanterie
créé par Charles I X . en 1 5 6 3 , compofé de trente
trois compagnies divifées en fix bataillons. Tout
le corps eft commandé par un colonel ; chaque compagnie
par un capitaine,qui a fous lui un lieutenant,
un fous-lieutenant, un enfeigne, 6c quatre fergens ,
à l’exception de la colonelle, oh l’on compte trois,
lieutenans , autant de fous-lieutenans , deux enfeignes
, fix fergens : chaque bataillon a outre cela fon
commandant, fon major , 6c fes aides-majors. Les
gardes-françoifts tiennent toujours la droite fur les
gardes-fuiffes ; & leurs officiers portent le hauffe-col
* C e t t e derniere d iffin ft io n n e le u r e ft a c c o rd é e q u e de-;
puis qu e lq u e s années.
doré ; au lieu que ceux des gardes-{\iiiffes le portent
d’argent. Ils ont auffi leur juge particulier, qu’on
nomme leprevôt des bandes. Leur uniforme eft bleu,
paremens rouges, avec des agrémens blancs,leurs
drapeaux bleus traverfés d’une croix blanche & par-
femés deileurs-de-lis d’or. Plufieurs compagnies montent
la garde chez le r o i, & font relevées par. autant
d’autres au bout de quatre jours. Ils gardent les bâ-
timens extérieurs dulouvre, les cours 6c avant-cours,
o iü ls fe rangent en haie, lorfque le roi ou la reine
doivent fortir; ils reftent dehors jufqu’à la rentrée
du roi ou de la reine ; les tambours battent au champ
pendant leur paffage^ Ils , appellent pour les enfans
de France, & ils rendent le même honneur à leur
colonel. On les employé auffi à différentes gardes
dans Paris, où ils font logés dans les fauxbourgs, &
ont divers corps-de-garde ; 6c. lorfque le roi n’eft pas
à Verfailles, ils fourniffent toujours un certain nombre
d’hommes pour la garde de la reine & dés enfans
de France.
Gardes-Suisses , régiment d’infanterie compofé
de douze compagnies en quatre bataillons. Leur uniforme
eft rouge avec des paremens bleus 6c des agrémens
blancs. Ce corps a fes officiers de juftice ; mais
la compagnie colonelle a fon juge particulier, qui ne
dépend que du colonel-général.Les gardes-fuiffes mom
tent la garde chez le ro i, conjointement avec les gardes
f.rançoifes. Il faut remarquer ici que pourdéfigner
les officiers de ces différens corps , on dit capitaine
desgardes-du-eorps, pour les commandans des quatre
compagnies des gardes-du-corps $ capitaine aux gardes,
pour les commandans de celles des gaides-françoifes j
6c pour les fuiflés , capitaine aux gardes fuiffes.
Capitaine des gardes , exempt des gardes , brigadier
des gardes > colonel des gardes , capitaine aux gardes ;
Voye^ C a p it a in e , Ex em p t , Brigadier j C o lonel
, &c.
Garde du dedans , & G arde du dehors ; ce
font deux parties de la garde du ro i, ainfi nommées
l’une 6c l’autre du pofte qu’elles occupent, 6c des
lieux où elles fervent. La garde du dedans eft compo-
fée des gardes-du-corps, dont quelques-uns font gardes
de la manche, des cent-fuiffes, des gardes de la
porte, 6c des gardes du grand - prévôt, de l’hôtel. La
garde du dehors eft de gendarmes , chevau -lége rs,
moufquetaires, deux régimens des gardes, l’un fran-
çois & l’autre fuiffe.
G ardes de l a Manche ; ce font vingt-quatre
gentilshommes, gardes du corps, de la compagnie
écoffoife, qui fervent toujours au côté du Roi. On y
a joint le premier homme d’armes qui fait le vingt-
cinquieme. Ils ne fervent que deux-à-'deux, finon
dans les jours de cérémonie où ils font fix. Leur fervice
eft d’un mois. Ils ont fur le juft-au-corps un
corcelet ou hoqueton à fond blanc brodé d’o r , avec
la devife du Roi. Ils font armés de l’épée qu’ils ont
au côté, 6c d’une pertuifanne dont le bois eft femé
de clous d’o r , 6c le haut frangé : ils l’ont à la main
droite. Ils fe tiennent toujours debout, excepté à
l’élévation. Aux funérailles des rois, ils font debout
aux côtés du lit. Ils dépofent le corps dans le cercueil
, 6c le cercueil au lieu qui lui eft deftiné.
Gardes de l a Porte ou des Portes, hommes
d ’armes qui veillent jour 6c nuit aux portes intérieures
du palais où eft le Roi. Il y en a cinquante. Ils font
armés de l’épée, de la carabine, avec la bandoulière
chargée de deux clés en broderie, & juft-au-
corps bleu comme les gardes du corps, mais les galons
& les ornemens différens. Ils ont un chef 6c quatre
lieutenans qui les commandent ; on appelle le
chef capitaine des portes. Ils fervent par quartier. Ils
fe placent aux portes du dedans du logis où eft le
Roi : le matin à fix heures, ils relevent les gardes
du corps, 6c n’en font relevés que le foir.
G ardes de la Prévôté de l’Hô tel, hommes
d armes qui font exécuter la police où demeure le
Roi. Ils font commandés par le prévôt de l’hôtel,
qui eft auffi grand-prevôt de France, 6 c par quatre
lieutenans. qui fervent par quartier* Quand le Roi
marche en carroffe à deux chevaux, ils précèdent
les cent-fuiffes. qui font devant le carroffe. Ils arrêtent
les malfaiteurs qui s’iqtroduifent dans les lieux
qu habite le Roi. Ils portent le hoqueton incarnat-
bleu-blanc , avec broderie, & la devife d’Henri IV.
ou la maffue , & ces mots, erit hac quoque cognita
monflris.
Garde ou. Q u art , {Marine f j Voye^ Q uart.
Gardes-corps , (Marine.) ce font des nattes ou
des tiffus que l’on fait avec des cordages treffés, &
qu’on met fur le haut des vaiffeaux de guerre.de chaque
côté pour couvrir les foldats 6 c les garantir des
coups de moufquet de l’ennemi. Çes. gardes-corps
font hauts de deux piés 6 c demi, & ont quatre à
cinq pouces d’épaiffeur ; ils font fqûtenus par des
épontilles 6 c recouverts de pavois parvdeffus. On las
fait ordinairement de gros cables nattés ; ils. ne descendent
pas jufque fur le pont, afin.de laiffer l’ef-
pace pour tirer le moufquet. (Z )
G ardes - côtes. Ces.gardes font compofés des
communes des villages les plus proches de la mer ;
les habitans des villages déftinés à la garde-côte ne
tirent point à la milice.
Les gardes-côtes font diftribués par capitaineries.’
Le commandant de. la province leur fait donner des
armes & des munitions en tems de guerre ; le. major
de la capitainerie répond des armes, 6 c l e s fait reporter
dans les arfenaux à la paix.
Les capitaineries & la nomination des officiers dé-»
pendettt du miniftjre de la Marine; les.capitaines 6c
les principaux officiers font toûjours choifis parmi
les gens de condition de la province qui fervent ou
qui ont fervi.
Par des arrangemens particuliers faits fous les
ordres de l’intendant de la province, ces troupes
ont des gratifications en tems de guerre, & ont prefr
que toutes des uniformes de ferge ou de groffe toile
avec des paremens de différentes couleurs ; elles ont
auffi des drapeaux. . .
Les gardes - côtes font très-utiles pour épargner le
fervice aux troupes du Roi ; 6c lorfqu’une capitainerie
eft bien tenue, comme celles du C alaifis, de
Verton, duCro toy , 6 c de Ca y eu x, qui ont fort
bien fervi pendant la derniere guerre, elles font fuf*
fifantes pour la défenfe de la côte, dont elles con*
noiffent les plages & les points où l’ennemi pourroic
aborder pour faire un coup-de-main.
Cependant nous croyons que l’ordre établi dans
le Boulonnois, eft meilleur que celui des capitaine-;
ries gardes-côtes. Le Boulonnois en tout tems a cinq
régimens d’infanterie 6c trois de cavalerie, dont les
colonels 6c les officiers font brevetés parle Roi. Ces
troupes font fous les ordres du miniftre de la guerre*
Chaque village ou hameau fournit un nombre de cavaliers
6 c de foldats, proportionné aux fermes 8c
aux habitans qui le compofent.
En tems de guerre on choifit dans ce nombre trois
ou quatre bataillons, qui font armés, équipés & entretenus
par le R o i, comme les autres régimens
d’infanterie. Ces régimens ont leur infpeûeur particulier
; ils fervent en garnifon à Boulogne 6c dans
les places maritimes voifines, 6c prennent rang dans
l ’infanterie du jour de leur création.
On affemble à Boulogne deux compagnies de cat
valerie, armées , montées, équipées & payées
comme le refte de la cavalerie. Ces compagnies fervent
à envoyer des détachemens à la découverte lé
long de l’Eftran ; 6c en cas d’alerte elles fourniffent
des ordonnances pour envoyer en différens bourgs