dans l’écorce, & qui lui peut être d’un grand fe-
cours pour vivre.
Cependant ces reffources lui manquent quelquefois
; par exemple, lorfque la branche fur laquelle
eft un pié de gui le trouve groffe 8c vigoureufe, 8c
qu’il ne peut plus tirer de l’ubfiftance des écorces,
alors il languit 8c meurt à la fin. Il n’en eft pas de
même quand la branche eft menue, & les pies de gui
vigoureux ; car alors ce font ces branches mêmes de
l’arbre qui celfent de profiter. Pour que le gui coupe
les vivres à l’extrémité de la branche fur laquelle il
eft enté, i l faut que la force avec laquelle il tire la
fève foit fupérieure à celle que la branche avoir
pour fe la procurer. Le gui dans ce cas, peut être
comparé à ces branches gourmandes, qui s’approprient
toute la fève qui auroit dû pafler aux branches
circonvoifines.
Du progris des tiges du gui. Le progrès des racines
du gui eft d’abord très-confidérable en compa-
raifon de celui des tiges ; en effet, ce n’eft que la
première année, 8c quelquefois la fécondé, que les
jeunes tiges commencent à fe redreflèr, & fouvent
elles ont bien de la peine à y parvenir. Quand cela
arrive, on voit cette jeune tige terminée par un bouton
, ou par une efpece de petite houppe, qui femble
être la naiffance de quelques feuilles, & elle en
refte-là pour la première année, & même quelquefois
pour la fécondé.
Le printems de l’année fuivante, ou de la troifie-
me, il fort de ce bouton deux feuilles, & il fe forme
deux boutons dans les aiflelles de ces deux feuilles :
de chacun de ces boutons, il fort enfuite une ou
plufieurs branches, qui font terminées par deux, 8c
quelquefois par trois feuilles. C ’eft-là la produXion
de la troifieme ou de la quatrième année. La cinquième
, la fixieme, & les années fuivantes, il continue
à fortir plufieurs branches , & quelquefois juf-
qu’àfix des aiflelles des feuilles. Le gui devient ainfi
un petit ar briffe au très-branchu, formant une boule
affez régulière, qui peut avoir un pié &c demi, ou
deux piés de diamètre.
Les vieilles feuilles jauniffent& tombent, fans qu’il
en vienne de nouvelles à la place ; ce qui fait que
les tiges font prefque nues, 8c que l’arbriffeau n’eft
garni de feuilles qu’à l’extrémité de fes branches.
Il y a ici une chofe bien digne d’être remarquée,
& que M. Duhamel dit avoir obfervée avec M. Bernard
de Julïieu, c’eft que chaque bouton de gui contient
prefque toujours le germe de trois branches,
qu’on peut appercevoir par la diffeXion : ainfi chaque
noeud devroit fouvent être garni de lix branches,
& il le feroit en effet s’il n’en périffoit pas plufieurs,
ou avant que d’être forties du bouton , ou peu de
tems après en être forties ; ce qui arrive fréquemment.
Une autre chofe finguliere, c’eft que les branches
du gui n’ont point cette affeXation à monter vers le
c ie l, qui eft propre à prefque toutes lés plantes, fur-
tout aux arbres & aux arbuftes. Si le gui eft implanté
fur une branche d’arbre, fes rameaux s’élèveront
à l’ordinaire ; s’il part de deffous la branche, il pouffe
fes rameaux vers la terre ; ainfi il végété en l'ens contraire,
fans qu’il paroiffe en fouffrir.
Le gui garde fes feuilles pendant l’hyver, 8c même
pendant les hyvers les plus rudes. Théophrafte
fe trompe donc, lorfqu’il dit que le gui ne conferve
fes feuilles que quand il tient à un arbre qui ne les
quitte point l’hyver, 8c qu’il fe dépouille quand il
eft fur un arbre qui perd fes feuilles. Mais qui eft-ce
qui n’a pas vû l’hyver, fur des arbres dépouillés de
leurs feuilles, des piés de gui qui en étoient tous garnis?
Et ce fait eft-il plus fingulier que de voir le chêne
verd conferver fes feuilles lorfqu’il eft greffé fur
1« chêne ordinaire ?
De T écorce, du bois , des tiges & des feuilles du gui,
L’ecorce extérieure des feuilles 8c des tiges du gui eft
d’un verd terne & foncé , fur-tout lorfqu’elles font
vieilles, car les jeunes feuilles 8c les nouveaux bourgeons
font d’un verd jaunâtre. Cette écorce extérieure
eft un peu inégale 8c comme grenue. Sous
cette écorce il y en a une autre plus epaiffe , d’un
verd moins foncé, grenue & pâteufe comme l’écorce
des racines, 8c elle eft traverfée par des fibres li-
gneufes qui s’étendent fuivant la longueur des branches.
Sous cette derniere écorce eft le bois , qui eft
à-peu-près de fa couleur ; il eft affez dur quand il
eft fec, mais il n’a prefque point de fils, & fe coupe
prefque aufii facilement de travers qu’en long.
Les tiges font droites d’un noeud à l’autre, où elles
font de grandes inflexions. Les noeuds du gui font de
vraies articulations par engrenement, 8c les pouffes
de chaque année fe joignent les unes aux autres,
comme les épiphyfes fe joignent au corps des os.
Les feuilles du gui font épaiffes & charnues, fans
être fucculentes. En les examinant avec un peu d’attention
, on découvre cinq à fix nervures faillantes
qui partent du pédicule, 8c qui s’étendent jufqu’à
l’extrémité fans fournir beaucoup de ramifications.
Leur figure eft un ovale fort alongé ; les feuilles 8e
l’ecorce des branches ont un goût legerement amer
& aftringent : leur odeur eft foible à la vérité, mais
defagréable.
Le gui étant vivace & ligneux, il faut le mettre
au nombre des arbriffeaux, entre Iefquels il y en a
de mâles 8c de femelles.
Il y a un gui mâle, & un gui femelle. Pline n’en
doutoit point, car il a diftingué un gui mâle qui ne
porte point de fruit, 8c un gui femelle qui en porte.
Cependant MM. de Tournefort, Boerhaave 8c Lin-
næus dont le fentiment eft d’un plus grand poids que
celui de Pline, penfent que les deux fexes fe trouvent
fur les mêmes individus dans des endroits fépa-
rés. Des autorités fi refpeXables ont engagé d’autres
botaniftes à éplucher ce fait avec une grande attention
; 8c c’eft d’après cet examen qu’ils fe font cm
en droit de décider comme Pline.
Edmond Barel, dans le mémoire que nous avons
déjà cité, dit qu’il a élevé quatre piés de gui, dont
deux produifirent du fruit, & les deux autres fleurirent
fans fruXifier.
M. Duhamel affûre aufll avoir conftamment remarque
des pies de gui mâle qui ne produifoient jamais
de fruit, & d’autres femelles qui prefque tous
les ans en étoient chargés. Il va bien plus loin ; il
prétend que les piés de gui de différens fexes ont
chacun un port affez différent pour qu’on les puiffe
diftinguer les uns des autres, indépendamment de
leurs fruits & de leurs fleurs.
Voici en quoi confifte cette différence , fuivant
notre académicien.
Les boutons qui contiennent les fleurs mâles font
plus arrondis, & trois fois plus gros que les boutons
qui contiennent les fleurs femelles, ou les embryons
des fruits. On diftingué affez bien en Décembre ces
boutons les uns des autres, quoiqu’ils ne foient point
encore ouverts, 8c que les piés femelles foient encore
chargés du fruit de l’année précédente.
Les boutons mâles viennent ordinairement trois-
à-trôis fur un pédicule commun, & ils commencent
à s’ouvrir dans le mois de Mars. Leur fleur eft d’une
feule piece irrégulière, formant une cloche ouverte
, échancrée par les bords en quatre jufque vers
le milieu de la fleur. Ces fleurs font ramaffées par
bouquets : chaque bouton mâle contient depuis deux
jufqu’à fept fleurs, & ces bouquets font placés dans
les aiflelles des branches, ou à leur extrémité : dans le
mois de Mai toutes ces fleurs tombent, 8c il ne refte
phis que Fes calices ; enfin ces calices jauniflent, fe
deffechent 8c tombent à leur tour.
Les boutons à fruit qui ne fe rencontrent que fur les
individus femelles, font placés dans les mêmes endroits
, 8c ne contiennent ordinairement que trois
fleurs difpofées en trefle, ou quatre ^ dont il y en a
une plus relevée que les autres, & qui forment un
triangle autour du pédicule. Toutes ces fleurs ne
viennent pas à bien ; il y en a qui périffent avant
que de former leur fruit ; c’eft ce qui fait qu’on voit
quelquefois des fruits qui font feuls, ou deux-à-
deux.
Ces boutons commencent à s’ouvrir dans le mois
de Mars: quand ils font tout-à-fait ouverts, on ap-
perçoit les jeunes fruits ou les embryons furmontés
de quatre pétales, dont ils paroiffent enfuite être
comme couronnés. C es pétales tombent dans le mois
de Juin , 8c l’on voit alors les fruits gfos comme
des grains de chenevi, renfermant l’amande dans le
centre. Çes fruits continuent à groflir dans le mois
de Juillet & d’Août; ils mûriffent en Septembre &
OXobre, & on les peut femer en Février & Mars.
Toutefois comme le plus grand nombre des plantes
eft hermaphrodite, on ne fauroit aflurer qu’il ne
fe trouve jamais de fruit fur des guis mâles, ou quelques
fleurs fur des guis femelles. Tout ce qu’un ©b-
fervateur peut dire, c’eft qu’il n’en a pas vû.
Erreurs des anciens fur le gui. Telle eft l’origine,
l’accroiffement du gui, fa fruXification, 8c la différence
du fexe de cette plante : c’eft aux recherches
des modernes qu’on en doit les connoiffances, les
anciens n’en avoient que de fauffes.
Ils ont regardé le gui comme une produXion fpon-
tanée, provenant ou de l’extravafation du fuc nourricier
des arbres qui le portent, ou de leur tranfpi-
ration ; enconféquence ils lui ont refufé des racines.
Ceux qui l’ont fait venir de femences, ont imaginé
qu’elles étoient infruXueufes, à-moins qu’elles n’euf-
fent été mûries dans le corps des oifeaux. Ils ont créé
des plantes différentes, des côtés ou des parties d’arbres
fur Iefquels croît le gui : de-là vient qu’ils ont
nommé fldis ou ixia le gui attaché fur le bois du
côté du nord, & hyphear celui qui eft attaché du côté
qui regarde le midi. C ’eft ce qu’on lit dans Pline,
liv. X V I . ch. xxx.
La diftinXion qu’ils ont encore tiré de la variété
des arbres fur Iefquels il vient pour en former différentes
efpeces, n’a pas un fondement plus folide ;
comme fi une plante cefl'oit d’être la même, parce
qu’elle croît dans des terreins différens. Mathiole a
beau répéter * d’après Théophrafte, que le gui de
chêne, du roure, du châtaignier, perd fés feuilles à
l’approche de l’hyver ; il n’a répété qu’une fauffe
obiervation, ainfi que nous l’avons dit ci-deffus.
Malpighi s’eft bien gardé de tomber dans aucune
de ces diverfes erreurs.Cet admirable obfervateur en
tout genre, qui ne s’en tenoit point aux apparences
ni aux idées des autres, mais qui cherchent à voir,
8c qui rapportoit après avoir bien v û , a décrit très-
exaXement, quoiqu’en peu de m ots, la femence du
g a i, fa germination 8c les racines. M. de Tourne-
fort nè nous a rien appris de plus, que ce qu’avoit
enfeigné l’ami 8c le médecin d’innocent XH. & il
paroît même s’être trompé fur la deferiprion des
embryons qui forment le fruit du gui femelle.(Z?, J.)
G u i , (Med. & Mat. med.) Si le gui touche la cu-
riofité des Botaniftes, je ne lui connois aucun point
de vue- qui puiffe intéreffer le médecin. Il eft vrai
que cette plante parafite paffoit autrefois pour une
panacée; mais ces préjugés émanés de la fuperfti-
tion gauloife, doivent ceffer aujourd’hui. Cependant
on n’ignore pas les grandes vertus que quelques
auteurs continuent de lui afligner ; les uns le
louent pour chaffer la fievre quarte, pour provoqûer
les tegïes , pour tuer les vers des enfans ; &
d’autres le recommandent dans plufieurs remedes externes,
emplâtres 8c onguens, pour mûrir ou pour
réfoudre les tumeurs.
Je fai qu’un doXeur aiiglois nommé Colbatch, a
fait un difcours fur cette plante, dans lequel il a
tranferit les merveilles que Pline, Galien 8c Diofco-
ride lui ont attribuées ; il la vante comme eux dans
toutes les efpeces de convulfions, dans le vertige,
l’apoplexie, la paralyfie ; & pour comble de ridiculè»
il donne la préférence au gui du noifetier fur celui
du chêne. On retrouve toutes ces fotifes dans d’autres
ouvrages ; mais l’entiere inutilité du gui-en Médecine,
8c du plus beau gui de chêne qui foit au
monde, n’en eft pas moins conftatée par l’expérience
; & dans le fond d’où tireroit-il fon mérite, que
des arbres dont il fe nourrit ?
Il y a même en particulier du danger à craindre
dans l’ufage des baies du gui ; leur acreté, leur amertume
& leur glutinofite, les font regarder comme
une efpece de poifon. L’on prétend qu’employés intérieurement
, elles purgent par le bas avec violence
, 8c caufent une grande inflammation dans l’efto-
mac 8c les inteftins. On comprend fans peine que
l’acreté, la figure 8c la glu de ces baies, font très-
propres à produire les mauvais effets dont on les ac-
eufe, en s’attachant fortement aux vifeeres & en les
irritant : c’eft néanmoins à l’expérience à décider.
Mais au cas qu’on eût fait ufage de ces baies en quelque
quantité , foit par malheur ou par des confeils
imprudens, un bon 8c fimple remede feroit d’avaler
peu-à-peu une grande abondance d’eau tiede, pour
laver infenfiblement cette glu, 8c faciliter par ce
moyen l ’expulfion des baies hors du corps.
On compofoit jadis avec les baies de gui le vifiurn
aucupum, ou la glu des oifeleurs ; mais préfentement
on a abandonné cet ufage. On fait la bonne glu a vec
l’écorce de houx. Voye^ G l u . (D . J .)
G ui ou G u y , (Marine.') c’eft une piece de bois
ronde & de moyenne grofleur ; on y amarre le bas
de la voile d’une chaloupe 8c de quelques autres petits
bâtimens. Il tient la voile étendue par le bas &
vient appuyer contre le mât. C ’eft proprement une
vergue qui eft au-bas de cette forte de voile ; au lieu
que les vergues font par le haut dans les voiles à trait
quarré. (Z )
GUJACANA, ( Botaniq. exotiq.) arbre étranger
dont voici les caraXeres. Ses feuilles font alternes
& de peu de durée ; le calice eft divifé en quatre
parties ; fes fleurs font monopétales en forme de cloche
, faites en tuyau dans leur partie inférieure, 8c
divifées dans la partie fupérieure en cinq fegmens ,
quelquefois même davantage ; l’ovaire eft pofé au
centre du calice, & fe change en un fruit plat, charnu
, arrondi, partagé en plufieurs loges qui contiennent
un grand nombre de femences dures, rangées
circulairement. Miller compte trois efpeces de guja-
cana, dont il enfeigne la culture : on l’appelle en Angleterre
the datc-plumb-trec. Celui de Virginie qu’ils
cultivent beaucoup, y croît à une hauteur confidé-,
rable. ( D . J .)
GUIAGE, GUIDAGE ou GUIONAGE, guida-
gium, guidaticum, ( Jurifpr.) eft un droit dû en Languedoc
par les habitans des lieux qui font le long
de la côte de la mer, en vertu duquel ils font obligés
de tenir toutes les nuits des flambeaux allumés
fur les tours les plus élevées, pour fervir de guide
aux vaiffeaux qui font en mer. Ce droit a été Tong-
tems fans être exigé ; mais par arrêt du confeil d’état
de 16731 ^ a été ordonné que ceux qui le dévoient
le payeroient à l’avenir. Les comtes de T ou-
loufe levoient auffi autrefois un impôt pour la sûreté
des chemins, appelle guiage. Vyyc%_ le gloffaire de,
Lauriere, au mot guiage. (A )