-plus aucunes provifions du roi ; Sc pendant ce teins*
Jean de Morviliiers qui s’étoit démis des fceaux, retint
toujours comme plus ancien confeiller d’état, le
rang Sc la préféance fur le fieur de Biragues, &c pré-
fida au confeil en l’abfence du.roi, comme il avoit
fait auparavant, quoique le fieur de Biragues eût les
fceaux, Sc qu’il eût voulu tenir le rang de garde des
fceaux au-deiîûs du premier préfident du parlement,
à l’entrée du roi à Paris le 6 Mars fuivant. Ledit
ïieur de Morviliiers continua d’avoir la principale di-
re&ion des affaires, même après que le préfident de
Biragues fut garde des fceaux en titre, & même depuis
qu’il eut été nommé chancelier en 1 573.
Le chancelier de Biragues ayant obtenu fa déchargé
des fceaux en 1573 , Philippe Huraut, comte de
Chiverny, commandeur de l’ordre du S. Efprit, fut
fait garde des fceaux c!e France ; fes provifions furent
expédiées en forme d’édit, portant création & provifion
en fa faveur de l’office de garde des fceaux,
aux mêmes honneurs Sc préféances des autres gardes
des fceaux de France, fous la réferve du titre de
chancelier audit fieur de Biragues ; & à la charge que
vacation avenant dudit état & titre de chancelier,il
feroit joint & réuni avec celui de garde des fceaux.
Ces lettres qui font du mois de Septembre , furent
vérifiées au parlement le 9 Décembre de la même année.
Le comte de Chiverny fut fait chancelier après
la mort du cardinal de Biragues ; il quitta les fceaux
en 1588 : mais il fut rappellé à la cour par Henri IV.
qui lui rendit les fceaux en 1590, Sc il les tint jufqu’à
fa mort arrivée en 1599.
François de Montholon II. du nom, avocat au parlement
, fils de Français de Montholon, qui avoit été
: garde des fceaux de France fous le régné deFrançois I.
fut nommé pour remplir la même fonâion par des
lettres du 6 Septembres588,par lefquelles le roi le
commit à l’exercice de la charge Sc état de fon chancelier
, fous le nom Sc titre toutefois de garde des
fceaux, aux honneurs Sc prérogatives des précédens
gardes des fceaux , & aux gages de 4000 écus par an ;
& ce par commiffion feulement, & pour tant qu’il
plairoit audit feigneur roi : avant de procéder à la
vérification de ces lettres , ' la cour députa vers le
Chancelier de Chiverny, pour lui en donner commu-
nication ; çes lettres furent préfentées à l’audience
par de Fontenay, ayocat, le 29 Novembre fuivant,
& regiftrées oiii Sc confçntant le procureur-général
du roi. Le garde des fceaux de Montholon harangua
au lit de juftice que le-roi Henri III. tint à Tours le
23 Mars 1589, pour y établir fon parlement, Sc interdire
celui de Paris#
Henri IV. étant parvenu à la couronne par la mort
d’Henri III. arrivée le premier Août 1589,Montholon
fe démit volontairement des fceaux entre les
mains de .Charles de Bourbon, cardinal de Vendôme
, qui fe trouva alors chef du confeil du roi ; il revint
enfuite au palais, où il continua la profeffion
d’avocat, comme il faifoit avant d’être garde des
fceaux. ; . ; . . . ■
. Le cardinal de Vendôme garda les fceaux jufqu’au
mois de Décembre fuivant, tems auquel le roi les lui
fit redemander Sc retirer de fes mains par le fieur de
Beaulieu Ruzé;, confeiller d’état Sc fecrétaire de fes
.commandemens , qui porta les. fceaux au roi à
Mantes. .
Le roi tint pendant quelque tems le fceau en personne,
ou le fit tenir par fon confeil, auquel préfidoit
le maréchal de Biron. Quand le roi faifoit fceller en
fa préfence, il mettoit lui-même 1 eyifa fur les lettres,
Ou le faifoit mettre par le fieur de Lomenie , confeiller
d’état fecrétaire des commandemens de Navarre
Sc du cabinet, qui avoit la garde des clés du
fceau.
Quand le roi avoit d’autres affaires , il laiffoit à
fort confeiHe foin de tenir le fceau, ou bien il faifoit
commencer à fceller en fa préfence , Sc laiffoit con*
tinuer le fceau par fon conleil. Quoique le maréchal
de Biron y préfidât, il ne mettoit pourtant pas le
vifa fur les lettres ; c’étoit le fieur de Lomenie qui y
demeuroit pour cet effet ; Sc après que le fceau étoit
le v é , il retiroit les fceaux, les remettoi't dans le
coffre & en gardoit les clés. L ’adreffe des lettres
qui a coûtume de fe faire au chancelier, fe faifoit
alors aux confeillers d’état de S# M. ayant la garde
des fceaux près de fa perlbnne, Sc les fermens fe
failoient entre les mains du plus ancien confeiller*
Cet ordre fut gardé jufqu’au mois d’Août 1590, que
le roi rendit les fceaux au chancelier de Chiverny,
qui les garda jufqu’à fon décès*
Du tems du chancelier de Bellievre, le Roi créa
à fa priere, par des lettres en forme d’édit du moi»
de Décembre 1604, vérifiées au parlement le 14
Mars 1605 , un office de garde des fceaux de France ,
en faveur de Nicolas Brulart, feigneur de Sillery ,
aux mêmes honneurs, prérogatives, autorités, Sc
pouvoirs des autres gardes des fceaux de France, pour
le tenir & exercer en cas d’abfence, maladie, ou au*
tre empêchement dudit chancelier, à condition que
vacation advenant de l’office de chancelier, il de-
meureroit joint & uni avec celui de garde des fceaux9
fans qu’il fût befoin de prendre de nouvelles lettres
de provifions ni de confirmation.
Le fieur Brulart de Sillery prêta ferment le 3 Janvier
1605 : on vit alors une chofequi n’a voit point
encore eu d ’exemple ; c’eft que le garde des fceaux,
fut quatre ou cinq mois fans avoir les fceaux, parce
que le chancelier les retint jufqu’au voyage que le
roi fit en fa province de Limofin. Cependant le garde
des fceaux fiégeoit dans le confeil au-deffous du
chancelier, quoiqu’il n’eût point les fceaux. Mais le
roi étant arrivé à Tours, fit retirer les fceaux des
mains du chancelier, pour les mettre en celles du
garde des fceaux , lequel les garda toûjours depuis ,
& en fit la fon&ion tant que le chancelier v é cu t,
fans fouffrir même qu’il reçût les fermens des officiers
, ni qu’il difposât des offices Sc autres droits
dépendans de la charge de chancelier ; & le chancelier
de Bellievre étant mort en, 1607 > place, fut
donnée au garde des fceaux.
- Pendant que la cour étoit à Blois au mois de Mai
1616 , le-chancelier de Sillery ayant preffenti que
le fieur du V air avoit été mandé pour le faire garde
des fceaux, il remit les fceaux au roi en préfence
de la reine fa mere, fe contentant.de fupplier S. MJ
de lui laiffer feulement ceux de Navarre, ce qui lui
fut accorde. On voit par-là que l’on ufoit encore
alors de fceaux particuliers pour le royaume de Navarre,
ce qui ne fe pratique plus. Les fceaux de
France furent donnes à Guillaume du V a ir , évêque
de Lizieux, qui avoit été premier préfident au parlement
de Provence. Il avoit reçu divers commandemens
du roi pour venir recevoir les fceaux , St
s’en étoit long-tems exeufé. Enfin étant venu, I©
roi lui en fit expédier des lettres en forme d’édit
lignées & vifées de la propre.main de S. M. Sc fcel-
lées en fa préfence, données à Paris au mois de Mai
16 16, portant referve au chancelier de Sillery, fa
vie durant, de fes droits,.gages, états, penfioiis,
avec création & don audit fieur du Vair d’un état de-
garde des fceaux de France, pour le tenir Sc exercer
aux honneurs, pouvoirs, prééminences, gages, pen->
fions, droits, dont les gardes des fceaux a voient joiii l
& qui lui feroient ordonnés & attribués , & de faire
toutes fondions avec pareille autorité que les chanceliers
, même de préfider en toutes coyrs de parle-
mens Sc autres compagnies fouveraines, Sc fur icelles
, & fur toutes autre$/juftices, avoir l’oeil Sc fur-
intendance. comme un chancelier, à condition que
vacation advenant de l’office de chancelier, il de-
meureroit uni à celui de garde des fceaux, fans aucunes
lettres de confirmation ni de provifion ; il en
fit le.ferment entre les mains du roi le 16 d u ..........
Du Vair ayant fait préfenter fes lettres au parlement
de Paris , elles y furent vérifiées & regiftrées le
17 Juin 1616,fans approbation de la claufe d'y préfider,
quoique pareille claufe y eût été paffée autrefois fans
difficulté aux offices des garde des fceaux Bertrandi
& de Biragues. Il ne laiffa pourtant pas nonobftant
cette modification d’y prendre la place des chanceliers
aux piés du r o i, au lit de juftice tenu le' 7 Septembre
fuivant, lors de l’arrêt de M. le Prince ; d’y
recueillir les voix Sc opinions, Sc d’y prononcer
comme préfident : mais en entrant dans la grand-
chambre avant le roi, il ne fe plaça point dans le
banc des préfidens ; il alla tout droit s’affeoir dans la
chaire des chanceliers.
Le xç Novembre fuivant, il remit les fceaux au
roi ; il ne laiffa pas de faire préfenter fes lettres de
provifions à la chambre des comptes de Paris, pour
valider les payemens qu’il avoit reçus de fes gages.
Elles y furent regiftrées fans approbation de la claufe
de préfider en toutes cours. Les fceaux lui furent
rendus le 25 Avril 1617 ; il les garda jufqu’au jour
de fon décès, arrivé le 3 Août 1621.
Le même jour qu’il remit les fceaux, c’eft-à-dire
le 25 Novembre 16 16 , Claude Mangot, confeiller
Sc fecrétaire d’état, fut pourvû de l’office de garde
des fceaux de France, comme vacant par la démiffion
volontaire du fieur du Vair, pour le tenir Sc exercer
aux mêmes honneurs, autorités ,& droits, dont
lui & les autres gardes des fceaux de France avoient
joiii. Ses provifions contenoient les mêmes claufes
que celles de fon prédéceffeur, à l’exception toutefois
du droit de préfider au parlement ; Sc il fut dit
que c-’étoit fans diminution des droits, gages, états,
& penfions , tant du garde des fceaux du V air, que du
chancelièr de Sillery queS. M. vouloit leur être continués
leur vie durant* Il prêta ferment le 26 Novemb
re, & quelque tems après fit préfenter fes lettres
au parlement, où elles furent vérifiées le 17 Décembre
de la même année, après néanmoins qu’on eut
député le doyen du parlement, rapporteur de ces
lettres, & quelques autres confeillers, vers le fieur
du V a ir , pour apprendre de fa bouche la vérité de
fa démiffion.
Le fieur Mangot garda les fceaux jufqu’au 24 Avril
1617 ; le maréchal d’Ancre ayant été tué ce jour-là,
le fieur Mangot quitenoit le reeau chez lui, fut mandé
au louvre, où il remit les fceaux au roi ; le lendemain
le roi les renvoya au fieur du Vair par le
fieur de Lomenie fecrétaire d’état, avec de nouvelles
lettres de déclaration & de juffion datées du 25
du même mois, par iefquelles S. M. déclarait que
« fon intention étoit que le fieur du Vair exerçât la
» charge de garde des fceaux, & en jouît pleinement
Sc entièrement avec tous les honneurs , autori-
» tés, à icelle appartenans, en vertu de fes pre-
» mieres lettres de provifion, nonobftant toutes au-
» très lettres contraires ; mandant S. M. aux gens de
» fôn parlement, chambre des comptes * &c. de faire
»> lire, publier, & regiftrer, fi fait n’avoit été, lef-
» dites lettres de déclaration & provifion, & d’obéir
» audit fieur du Vair ès chofes touchant ladite char*
wgéd zgarde des fceaux ». Et alors lefdites provifions
furent purement & Amplement regiftrées fans modification
, pour en joiiir fuivant lefdites lettres de déclaration,
qui furent lûes Sc publiées le dernier Juillet
fuivant..
Le chancelier de Sillery ayant été rappellé par le
roi dans le même mois d’Avril 16 17 , pour préfider
dans fes confeils, le gardé des-fceaux du Vair lui laiffa
parhonneur la réception des fermens des confeillers
du grand-confeil, Sc retint la fignature des arrêts»
conjointement avec lui ; & comme les guerres civiles
qui affligeoient alors la France, obligèrent le roi
de faire plufieurs voyages dans les provinces les plus
éloignées, le garde des fceaux fuivdit Sc préfidoit au
conleil qui étoit à la fuite de S. M. Sc le chancelier
qui etoit demeuré à Paris, préfidoit aù confeil des
parties Sc des finanoes, fans toutefois avoir eu aucun
pouvoir ni commiffion expreffe pour cela comme
il s’étoit pratiqué autrefois. Les arrêts qui fer envoient
dans les confeils tenus à Paris, étoient fcel-
lés du fceau de la chancellerie du palais, en l’abfence
du grand fceau qui étoit près de S. M. L’union
de la couronne de Navarre ayant été faite à celle de
France, la charge de chancelier de Navarre fut fup-
primée^; il eft probable que ce fut auffi alors que l’on
ceffa d’ufer d’un fceau particulier pour la N avarre.
Au lit de juftice tenu par le roi au parlement de
Paris le 18 Février 1620, pour la publication de
quelques édits, le garde des fceaux du Vair recueillit
les opinions, comme il avoit fait en 1616. Il fit auffi
la même fonftion au lit de juftice tenu à Rouen le 11
Juillet 1620, Sc à celui tenu à Bordeaux le 8 Septembre
de la même année.
Le garde des fceaux du Vair mourut le 3 Août 1621,
étant à la fuite du roi au fiége de Cleirac. Le fieur
Ribier, confeiller d’é tat, fon neveu, s’étant trouvé
près de lu i, porta les fceaux à Sa Majefté, qui les
donna à Charles d’Albert, duc de Luynes , pair St
connétable de France, lequel étoit alors chef du confeil
du roi. Il les garda jufqü’à fon décès, arrivé le
15 Décembre fuivant. Il fcelloit ordinairement en
préfence des confeillers d’état qui étoient près de Sa
Majefté. L’adreffe des lettres qu’on avoit coûtume
de faire au chancelier ou au garde des fceaux, fe faifoit
au connétable, quelquefois avec la qualité de
tenant le fceau du roi, ou bien ayant la garde des fceaux
du roi; Sc d’autres fois fans l ’y mettre. Il recevoit
les fermens avec telle plénitude de fon&ion pour ce
regard, qu’un officier qui fe trouva à Paris, Voulant
y prêter ferment entre les mains du chancelier de
Sillery, fut obligé d’obtenir des lettres, non-feulement
de fimple relief d’adrëffe, mais de commiffion
particulière pour receVoir.ce ferment ; Sc le danger
des chemins pendant là guerre , fervit de prétexte,
pour obtenir ces lettres, Sc-. po.itr difpenfer l’impétrant
d’aller prêter le ferment entre les mains du con*
nétable.
Après la mort du connétable, arrivée le 15 D é cembre
1621, le roi tint le fceau en perfonne, & fit
fceller diverfes fois en préfence de ton confeil, jufqu’au
24 du même mois, qii’étànt àlprs à Bordeaux,
il donna les fceaux à Meric de*Vic , Sèigneur d’Ermenonville
, confeiller d’é ta t , ^ intendant de juftice
en Guienne. Les lettres de don oji provifion de l’office
de garde des fceaux, vacant par la mort de Guillaume
du Vair, font datées du $4 Décembre 1621,
Elles contenoient prefque lés ipêmes claufes que
celles dudit du V air, à l’exception feulement de la
claufe contenant droit de fuccéder en la charge de
chancelier, vacation avenant, & de celle depréfi-
der-& avoir la furintendance de la juftice du royair-
me ; où on ajouta que ce fefoit feulement en l’abfence
du chancelier de Sillery, auquel S., M. réfer-
voit tous les honneurs & prééminences qui lui ap-
partenoient, tout ainfi qu’il èri avoit joui depuis fa
promotion dudit du Vair. '
Le fieur de V ie conferva les fceaux jufqu’à foü
décès , qui arriva le 2 Septembre 1622. Lès fceaux
furent portés au roi par l’abbé du B e c , fils du fteur
de Vie. Le roi, en attendant qu’il eût choifi un autre
garde des fceaux, commit verbalement les fieur»
de Cà.u'martin , de Préaux , de Léon, Sc d’Aligre,
confeillers au confeil d’état ; Sc les fi ours Godard Sc