être enfuite procédé à l’enregiftrement de tous les
recueils ; & cependant que les commis prépofés
pour la diftribution defdites formules , pourroient
vendre & diftribuer à tous officiers minières de juf-
tice & autres qu’il appartiendrez, le papier êc parchemin
qu’il conviendroit, marqué en tête d’une
fleur-de-lis, & timbré de la qualité ÔC fubftance des
attes , avec mention du droit porté par le tarif ; le
corps de l’afte entièrement en blanc, pour être écrit à la main, &c. le tout feulement jufqu’à ce que les
recueils de formules fulfent achevés ; après quoi les
officiers publics feroient tenus de fe feryir des formules
en la maniéré portée par les recueils..
C ’eft de-là que le papier & le parchemin timbrés
tirent leur origine ; on a cependant confervé le nom
de formule au timbre, 8c quelquefois on donne aufli
ce nom au papier même ou au parchemin timbrés,
à caufe que dans les commencemens ils étoient def-
tinés à contenir les formules des a êtes, au lieu def-
quelles on s’eft contenté de mettre en tête un timbre
ou marque, avec le nom des attes ; le projet
des formules imprimées ayant été totalement abandonné,
à caufe des difficultés que l’on a trouvé dans
l’exécution.
La formule ou timbre que la ferme générale fait
appofer au papier 8c parchemin deftinés aux attes
publics, change ordinairement à chaque bail. Il y à
une formule particulière pour chaque généralité.
Outre la formule commune qui eft appofée fur tous
les papiers 8c parchemins de^chaque généralité, il
y en a encore de particulières pour les attes reçûs
par certains officiers, comme pour les expéditions
des greffiers, pour les attes des notaires, pour les
lettres de chancellerie, les quittances de finance, les
quittances de ville, &c.
Le bail des formules fait partie de la ferme des
aides. Aufli ce qui concerne la perception des droits
du Roi pour les formules , eft - il traité dans l’ordonnance
des aides de 1680 , fous le titre dernier, des
droits fur le papier & le parchemin timbré.
. J' y a un recueil des réglemens faits pour I’ufage I
du papier & parchemin timbrés, que l’on appelle
communément le recueil des formules, par le fieur
Denifet, où l’on trouve tout ce qui concerne cette
matière.
Il y a aufli un mémoire inftruttif fur les droits de
la formule, qui eft à la fin du dittionnaire des aides,
par le fieur Brunet de Grand-maifon. Foye^ Pa p ie r
t im b r é & Pa r c h e m in . ( A )
FORMULE, ( P h arm. ) prefeription , ordonnance,
recette, & quelquefois même recipe , eft une expofi-
tion par écrit de la matière 8c de la forme d’un médicament
quelconque, de la maniéré de le préparer
, de la quantité ou dofe à laquelle on doit le
faire prendre au malade, & de toutes les différentes
circonftances qui peuvent varier fon adminif-
iration.
L’art de dreffer des formules ou de formuler, eft
plus effentiel au médecin qu’on ne le penfe communément
, 8c il fuppofe plufieurs connoiffances
très-utiles, ou dont il eft au-moins honteux de manquer
: rien n’eft fi ordinaire cependant que de voir
des médecins de la plus haute réputation, commettre
les fautes les plus grofîieres en ce genre ; fautes
qui à la vérité font ignorées du public, mais qui ex-
pofent l’art à la dérifion dés garçons apothicaires , I
& très-fou vent les malades à ne point éprouver le
bien que le médecin avoit en vue, 8c même à effuyer
de nouveaux maux.
Pour l’honneur de l’art donc, & même pour le
falut des malades, le médecin praticien doit être en
état de formuler félon toutes les réglés, auxquelles
il n’eft difpenfé de fe conformer fcrupuleufement,
que quand il eft en état de bien difeerner ce qui eft
d’appareil & d’élégance, d’avec ce qui eft de nécef-
fité abfolue.
M. Jerome D avid Gaubius profeffeut de Leyde,
a donné fur l’art de drefler des formules, un ouvrage
qui peut être regardé comme achevé. Les gens de
l’art doivent l’étudier tout entier. Le letteur non-
medecin fera très-fuffifamment inftruit fur cette matière
, par la connoiffance abrégée que nous allons
lui en donner ici.
On doit avoir deux vues générales dans la prefeription
des remedes ; de foulager le malade, 8c de
hjj épargner le defagrément du remede autant qu’il
eft poflible. Le premier objet eft en partie entre les
mains de la nature ; le fécond eft entièrement en
nos mains.
On doit pour remplir la première vue, pourvoir à la
guérifon du malade par le remede le plus fimple qu’il
eft poflible. Les formules très-çhargées de divers matériaux
, font le plus fouvent des produftions de la
charlatanerie ou de la routine : le deffein d’ajouter
à la drogue qui fait la bafe du remede, un adjuvant
8c un dirigent, félon l’idée des anciens , ce
deffein, dis-je, eft abfolument chimérique. Nous
avons dit ailleurs ce qu’il falloit penfer de l’emploi
des correttifs, qui étoit encore un des ingrédiens
effentiels des compofitions pharmaceutiques anciennes.
Celui des matériaux que Gaubius appelle conf-
tituansj eft le même que notre excipient. Foye^ E x c
i p i e n t . Mais fi par les confidérations que nous
avons expofées au mot C o m p o s it io n , on fe détermine
à preferire des remedes magiftraux compo-
fés, il faut què les divers ingrédiens de ces remedes
n’agiffent pas les uns fur les autres, qu’ils ne fe dé-
compofent pas, ou qu’ils ne fe combinent pas di-
verfement contre l’intention du médecin, 8c même
qu’ils ne fe déparent point réciproquement, ou n’ac-
quierent point un goût defagréable par leur mélange.
C’eft ainfi qu’il ne faut point mêler les fels ammoniacaux
avec les alkalis fixes, ou les terres abfor-
bantes ; les acides avec les alkalis, en comptant fur
la vertu médicinale de chacune de ces fubftances :
car ces corps font abfolument dénaturés par la com-
binaifen, ou par la précipitation. Voye^ Me n s t r u e
& P r é c i p i t a t io n . Les altérations de ce genre pro-
duifent aufli des changemens confidérables dans les
odeurs 8c dans les faveurs. Le vinaigre mêlé au foie
de foufre, produit une odeur déteftable, dont chacun
des réattifs étoit exempt ; les huiles par expref-
fion, mêlées ou plutôt confondues avec des corps
doux, comme le miel ou la manne, ont une faveur
très-defagréable, &c.
Une attention moins effentielle, ma* qu’il ne faut
pas négliger dans les formules compofées, c’eft de
preferire enfemble les drogues de la même efpece,
les racines avec les racines, les feuilles avec les feuilles
, &c. 8c de les arranger dans le même ordre que
l ’apothicaire doit les employer.
Il faut connoître néceffairement les rapports des
différentes fubftances qu’on veut employer, entre
elles 8c avec l’excipient qu’on veut leur donner,
aufli-bien que la confiftance de chacun de’ ces ingrédiens,
afin qu’on ne s’avife pas de vouloir dif-
foudre un fel avec de l’huile, ou un baume avec de
l’eau, & de vouloir faire une poudre avec fix grains
d’un fel lixiviel 8c huit gouttes d’une huile eflfen-
tielle, comme je me fouviens de l’avoir vû ordonner
une fois.
II faut encore favoir les différens noms que porte
quelquefois dans les boutiques une même drogue
fimple, ou une même préparation, afin de ne pas
rifquer d’.ordonner plufieurs fois dans la même forr
mule , la même drogue fous des noms différens ; ne
pas pfeferire, par exemple , dans un julep fyriipo-
rum de diacodio, de meconio & de papavere albo ana
dragmam unam, &c. On commettroit une faute du
même genre, fi l’on ordonnoit en même tems di-
verfes préparations parfaitement femblables en vertu,
de-la même fubftance ; par exemple ladécottion,
l’extrait ou le firop fimple de chicorée, &c. Ou fi
ayant preferit une compofition officinale , on demande
d’ailleurs la plupart des ingrédiens de cette
compofition.
Il faut être inftruit encore des tems de l’année où
l’on peut avoir commodément certaines fubftances,
comme les plantes fraîches, les fruits rqcens, &c.
Les différens ingrédiens des formules fe déterminent
par poids 8c par mefure. Foye^ P o id s & M e s
u r e .
Le modus pharmaceutique, ou la maniéré de pré-
parér la formule ou de la réduire fous la forme pref-
critè, termine ordinairement la formule 8c en conf-
titue proprement la foufeription, qui comprend aufli
le tems & la maniéré de faire prendre le remede
au malade.
Cette derniere partie de la foufeription qui eft ap-
pellée fignature, doit dans la grande exattitude être
ïéparée du corps de la formule, & être écrite en
langue vulgaire ( le corps de la formule s’écrit ordinairement
en latin ) , avec ordre de l’appliquer ou
de la tranferire fur le vaiffeau, la boîte, ou le paquet,
.dans lequel l ’apothicaire livrera le médicament.
Il n’eft perfonne qui n’apperçoive l’utilité de
cette pratique, qui peut feule empêcher les gardes
malades, les domeftiques, & en général les afliftans
de confondre les différens remedes qu’on fait prendre
quelquefois aux malades dans le même jour, ou
de les donner hors de propos.
Les réglés que nous venons d’expofer font abfolument
générales, 8c conviennent aux médicamens
préparés fous les diverfes formes qui font en ufa-
ge. Voye{ Carticle M é d ic a m e n t .
On ufe dans les formules ordinaires de divers ca-
ratteres & de diverfes abréviations, pour défigner
les poids, les mefures, certains ingrédiens très-ordinaires,
les noms génériques des drogues, 8c certains
mots d’ufage 8c de ftyle qui reviennent dans prefque
toutes les formules. On trouvera les caratteres des
poids & mefures, aux articles généraux P o i d s &
M E S U R E , & aux articles particuliers O n c e ,
G r a i n , Fa i s c e a u , G o u t t e , & c. Voici la lifte
des abréviations les plus ufitées.
Aq. C . aqua commuais. Q . S. quantum fujficit.
S. A. fecundum artem. â â. ana , de chacun. M. mif-
ce. Y. fiat. M. F. pulvis. Mifcefiat pulvis. S.fignatur.
D . detur. Rad. radices. Fol. folia. Y\. flores. &C. Les
abréviations* du genre de ces trois dernieres s’entendent
affez fans explication.
Au refte on trouvera des exemples de formules
régulières, 8c revêtues de tout leur appareil, l’in-
feription, le commencement, l’ordre , la foufeription
, la fignature, aux articles O p i a t e , P o t i o n ,
P o u d r e , T i s a n e , & c . ( f i )
On ne peut s’empêcher d’ajouter ici d’autres confidérations
importantes fur les qualités qui réfultent
du mélange des drogues dans les formules compofées,
foit magiftrales, foit officinales, & l’on empruntera
ces confidérations du même ouvrage de M. Gaubius.
Les qualités qui réfultent du mélange des drogues,
& qui font fouvent très-différentes de celles
de ch acune prife féparément, méritent une attention
particulière ; parce que le changement qui arrive
après le mélange eft fi notable, qu’il attaque
même la vertu médicinale des remedes 8c leur nature:
ce qui prouve affez combien on a tort de préférer
les compofés aux fimples, quand il n’y a pas
de neceflite abfolue qui l’exige.
Tome'FIL
Les qualités auxquelles ôn doit avoir égard dans
I es formules compofées, font fur-tout la confiftance y
la couleur, l’odeur, la faveur, & la vertu médici*
nale.
Les vices de la confiftance font l ’inégalité du mé*
lange, quand elle eft trop feche ou trop épaiffe,
trop fluide ou trop molle. Pour éviter cet inconvénient
, il faut connoître la confiftance propre à chaque
formule 3 8c la confiftance de chaque ingrédient
prife féparément.
Rien n’eft fi changeant que la couleur, fur-tout fi
on mêle des matières différentes. On voit bien des
gens fur qui cet objet fait grande impreflion, & qui
aiment mieux les compofitions d’une couleur diaphane
, blanche, dorée, rouge, bleue, que celles
qui en ont une jaune, verte, noire, opaque. On ne
peut pas néanmoins déterminer phyfiquement en
général, quelle fera la couleur résultante des différentes
couleurs mélangées. La Chimie par le mélange
des matières fans couleur, en produit une blanche,
jaune, rouge, bleue, brune, noire, &c. elle
tire même toutes fortes de couleurs de toutes fortes
de matières ; elle eft prefque ici la feule fcience qui
donne les exemples & les réglés dont le médecin a
un befoin effentiel.
Les odeurs ne changent pas moins que les couleurs
dans le mélange des remedes différens; mais
leur efficacité eft bien plus grande & plus réelle.
Ainfi remarquez i° . qu’il y a peu de réglés pour
rendre les odeurs agréables ; que ces réglés font
très-bornées & très-incertaines ; que les odeurs qui
plaifent à quelques perfonnes , déplaifent à beaucoup
d’autres. 20. Que l’agréable & l’utile ne vont
point ici de pair ; les hypocondriaques & hyftéri-
ques fe trouvent quelquefois ne pouvoir pas fup-
porter ce qui fent très-bon ; fouvent les odeurs fortes
, foetides ou fuaves, font de grandes impreflions
en bien & en mal. 30. Qu’en général on aime davantage
ce qui n’a point d’odeur, ou ce qui ne fent ni
bon ni mauvais. 40. Que fouvent toute la vertu des
remedes dépend de leurs odeurs, ou du principe qui
les produit.
De plus, on ne peut pas prévoir toujours l’odeur
du mixte par celle des ingrédiens. Voici cependant
ce que. nous apprend la Chimie, & qui prouve combien
il eft utile de la favoir quand on commencera
à formuler.
i° . Il y a des matières fans odeur, que le mélange
rend très - odoriférantes. Quand on mêle, par
exemple, le fel alkali fixe ou la chaux v ive qui font
l ’un & l’autre fans odeur, avec le fel ammoniac;
quelle odeur forte ne fent-on pas tout-à-coup? La
même chofe arrivera, fi on verfe l’acide vitriolique
fur le nitre, le fel marin, le fel ammoniac, le tartre
régénéré, & autres femblables. x°. Il y a des ingrédiens
très-odoriférans, qui après le mélange n’ont
plus d’odeur : l’efprit de fel ammoniac, joint à l’acide
du nitre ou du fel marin, en eft un exemple. 30*
II réfulte quelquefois une odeur extrêmement fé*
tide, du mélange d’odeurs, ou fuaves, ou médiocrement
fétides: pareillement des matières très-fétides
mêlées enfemble, donnent des odeurs très-agréables.
Quand on verfe du vinaigre fur une diflolu-
tion de foufre par les alkalis fixes, on fent l’odeur
d’oeuf pourri. Des fucs très-puans que M. Lemery
avoit mis dans un petit fac, rendirent une odeur de
mufe. Hifi. de Vacad. roy. ann. ijoG . pag. y. *
Les faveurs demandent les mêmes précautions &
les mêmes connoiffances chimiques, que les odeurs.
Les faveurs naturelles, douces, acides, araeres, un
peu falées, &c. font les meilleures. Les plus defa-
gréables font celles qui font putrides, rances, uri-
neufes. La Chimie apprend qu’il y en a d’autres bien
différentes, ÔC fouyent très 7 extraordinaires, qri