provinces vbifines, à caufe de la fertilité de Ton ter-
xein, qui n’eft guere inférieur à celui de Breflaw :
c ’eft auffi la ville la plus peuplée & la mieux fituée
de toute la Siléfie. Elle eft fur rOder, 4 18 lieues N.
O. de Breflaw, z o N. E-. de Gorlitz, 46 N.E.-de Prague.
Long. g J . 48. lut. S i . 4 0 .
Le petit GLogaw eft à deux lieues du grand Glogaw,
•& ne mérite aucun détail. (D . A )
GLOIRE, GLORIEUX, GLORIEUSEMENT,
GLORIFIER, (Granim.) La gloire eft la réputation
pin te à l’eftime ; elle eft au comble, quand l’admiration
s’y joint. Elle fuppofe toujours des chofes
éclatantes, en aftions, en vertus, en talens, 6c toû-
jours de grandes difficultés furmontées. Céfar, Alexandre
ont eu de la gloire. On ne peut guere dire
que Socrate en ait eu ; il attire l’eftime, la vénération,
k pitié, l’indignation contre fes ennemis ; mais
le terme de gloire ï'eroit impropre à fon égard. Sa
mémoire eft refpeûable, plutôt que gloricufe. Attila
eut beaucoup d’éclat ; mais il n’a point de gloire,
parce que l’hiftoire, qui peut-être fe trompe, ne lui
donne point de vertus. Charles XII. a encore de la
gloire, parce que fa valeur, fon defintéreffement,
fa libéralité, ont été extrêmes, Les fuccès fuffifent
pour la réputation, mais non pas pour la gloire. Celle
■ de Henri IV. augmente tous les jours, parce que le
tems a fait connoître toutes fes vertus , qui étoient
incomparablement plus grandes que fes défauts.
La gloire eft auffi le partage des inventeurs dans
les beaux Arts ; les imitateurs n’ont que des applau-
diffemens. Elle eft encore accordée aux grands talens,
mais dans les arts fublimes. On dira bien la
■ gloire de Virgile, de Cicéron, mais non de Martial
& d’Aulugelle.
On a olé dire la gloire de Dieu ; il travaille .pour
la gloire de Dieu , Dieu;a créé le monde pour fa
gloire : ce n’ eft pas que l’Etre fuprème puiffe avoir
■ de la gloire ; mais les hommes n’ayant point d’ex-
preffions qui lui conviennent, employent pour lui
celles dont ils font les plus flatés.
La vaine gloire eft cette peite ambition qui fe
•contente des apparences, qui -s’étale dans le grand
fafte, & qui ne s’élève jamais aux grandes chofes.
On a vû des fouverains qui ayant une gloire
réelle, ont encore aimé la vaine gloire, en recherchant
trop les loiianges, en aimant trop l’appareil de
■ la repréfentation.
La fauffe gloire tient fouvent à la vaine , mais
fouvent elle fe porte à des excès ; 6c la vaine fe renferme
plus dans les petiteffes. Un prince qui mettra
fon honneur à fe venger, cherchera une gloire fauffe
plûtôt qu’une gloire vaine.
Faire gloire, faire vanité, f e faire honneur, fe prennent
quelquefois dans le même fens , 6c ont auffi
■ des fens différens. On dit également, i l fa it gloire >
i l fa it vanité, i l fe fa it honneur de fon luxe , de fes excès
: alors gloire fignifie fauffe gloire. Il fait gloire de
fouffrir pour la bonne caufe, 6c non pas il fait vani-
-té. Il fe fait honneur de fon bien , 6c non pas il fait
gloire ou vanité de Ion bien.
• Rendre gloire fignifie reconnoître, attefter. Rendes
gloire à la vérité, reconnoiffez la vérité. A u Dieu
que vous ferve[, princeffe, rendes^ gloire ( Athal. ) , at-
•teftez 1 e Dieu que vous fervez.
La gloire eft prife pour le ciel ; il eft au féjour de
-la gloire.
Où le conduifeç-vous ? . . . a la mort. . . à la gloire,
Polieu&e.
On ne fe fert de ce mot pour défigner le ciel que
dans notre religion. Il n’eft pas permis de dire que
• Bacchus, Hercule, furent reçus dans la gloire, en
"parlant de leur apothéofe.
- Glorieux, quand il eft l’épithete d’une chofe inafumée
i eft tofijours une louange ; bataille, paix, affaire
gloricufe. Rang glorieux fignifie rang élevé , 6c
non pas rang qui donne de la gloire, mais dans lequel
on peut en acquérir. Homme glorieux, efprit glorieux
, eft toujours une injure ; il fignifie celui qui
fe donne à lui-même ce qu’il devroit mériter des
autres : ainfi on dit un régné glorieux, 6c non pas un
roi glorieux. Cependant ce ne feroit pas une faute de
dire au pluriel, les plus glorieux conquérans ne valent
pas un prince bienfaifant ; mais on ne dira pas,
les princes glorieux, pour dire les princes illuflres. .
Le glorieux n’eft pas tout-à-fait le fier, ni l’avantageux,
ni l’orgueilleux. Le fier tient de l’arrogant
6c du dédaigneux, 6c fe communique peu. L’avantageux
abufe de la moindre déférence qu’on a pour lui.
L’orgueilleux étale l’excès de la bonne opinion qu’il
a de lui-même. Le glorieux eft plus rempli de vanité ;
il cherche plus à s’établir dans l’opinion des hommes ;
jl veut réparer par les dehors ce qui lui manque en
effet. L’orgueilleux fe croit quelque chofe ; le glorieux
veut paroître quelque chofe. Les nouveaux
parvenus font d’ordinaire plus glorieux que les autres.
On a appellé quelquefois les Saints 6c les Anges,
les glorieux, comme habitans du féjour de la
gloire.
Glorieufement eft toujours pris en bonne part ; il régné
glorieufement ; il fe tira glorieufement d’un grand
.danger, d’une mauyaife affaire.
Se glorifier eft tantôt pris en bonne part, tantôt
en mauvaife, félon l’objet dont il s’agit. Il fe glorifie
d’avoir exercé fon emploi avec dureté. Il fe glorifie
d’une difgrace qui eft le fruit de fes talens & l’effet
de l’envie. On dit des martyrs qu’ils glorifioient
D ieu , c’eft-à-dire que leur confiance rendoit rcf-
peûable aux hommes le Dieu qu’ils annonçoient.
Article de M. DE VOLTAIRE.
Gloire, f. f, (Philofop. Morale.) c’eft l’éclat de
jla bonne renommée.
L ’eftime eft un fentiment tranquille & perfonnel ;
l’admiration, un mouvement rapide 6c quelquefois
momentané ; la célébrité, une renommée étendue ;
la gloire, une renommée éclatante, le concert una,-
nime & foûtenu d’une admiration univerfelle, >
L ’eftime a pour bafe l’honnête ; l’admiration, le
rare & le grand dans le bien moralou phyfique ; la
célébrité, l’extraordinaire, l’étonnant pour la mulr
titude ; la gloire, le merveilleux.
Nous appelions merveilleux ce qui s’élève ou fem-
ble s’élever au-deffus des forces de la nature : ainfi la
gloire humaine, la feule dont nous parlons ic i, tient
beaucoup de l’opinion ; elle eft vraie ou fauffe comme
elle.
Il y a deux fortes de fauffe gloire ; l’une eft fondée
fur un faux merveilleux ; l’autre fur un merveilleux
ré e l, mais funefte. Il femble qu’il y ait auffi deux
efpeces de vraie gloire j l’une fondée fur un merveilleux
agréable ; l’autre fur un merveilleux utile au
monde : mais ces deux objets n’en font qu’un.
La gloire fondée fur un faux merveilleux, n’a que
le régné de l’illufion, & s’évanoiiit avec elle : telle
eft la gloire de la profpérité. La profpérité n’a point
de gloire qui lui appartienne ; elle ufurpe celle des
talens & des venus, dont on fuppofe qu’elle eft la
compagne : elle en eft bien - tôt dépouillée, fi l’oçt
s’apperçoit que ce n’eft qu’un larcin ; 6c pour l’en
convaincre, il fuffit d’un revers, eripitur perfona9
manet res. On adoroit la fortune dans fon favori ; il
eft difgracié, on le méprife : mais ce retour n’eft que
pour le peuple ; aux yeux de celui qui voit les hommes
en eux-mêmes, la profpérité ne prouve rien,
l’adverfité n’a rien à détruire.
Qu’avec un efprit fouple 6c une ame rampante,,
un homme né pour l’oubli s’élève au fommet de lp
fortune ; qu’il parvienne au comble de la faveur,
«'eft un phénomène que le Vulgaire n’ofe contempler
d’un oeil fixe ; vl admire ,- if lé protterne ; mais
le fage n’eft point'ébloui ; il découvre les taches de
ce prétendu corps-lumineux, & voit que ce qu’on ,
appelle fe (lumière-^n’eft rien 1 qu’un éclat réfléchi,
fuperfictel •&/ paffager. r ..
La gloire fondée fur un merveilleux funelte, tait
Une imprqffiott' plusdurable ; & à la honte des hommes
, il feùt ù n fiecle pour l’effàcer : telle eft la glo i* I
te des talens lûpèriêurs, appliqués au malheur du
monde»; n ■• , - •- | 8 | 9 ; 1 .
Le genre de merveilleux le pjus funelte, mais te
plus frappant,- fut toûjours l’éclat des conquêtes) Il ;
va nous fervir d’exémple, pour faire voir aux hom--
mes combien il eft abfurde d’attacher la gloire aux !
caufes de leurs malheurs. ■ ;.....
Vingt mille hommes; dans i’efpoir- du butin, en
ont fuivi un feul au carnage. D ’abord un feul homme
à la tête de vingt mille hommes déterminés 6c
dociles, int-répidés'ôc loûmis, a étonné la multitude.
Cës milliers d’hommes en ont égorgé, mis en fuite,
ou fubjügué un plus grand nombre. Leur chef a eu
lefront de d ire, j'a i combattu, j e fu is vainqueur; 6c
BUmvers â répété,-*/•'.<* combattu, i l efl vainqueur :
de-là le merveilleux 6c la gloire des conquêtes.
Savez-vous ce que vous faites, peut-on demander
à ceux qui1 célèbrent les conquérans ? Vous ap-,
jîlaudiffez à:dôk gladiateurs qiii S’exerçant au milieu'
de vous, fè' difputent le prix que vous refervez à qui
vous portera les coups les plus surs-& les plus terribles.
Redoublez d’acclamations 6c d’éloges. Aujourd’hui
ce font les corps farigkns de vos voifins qui
tombent épars dans l’arene ; demain ce fera votre
totïr» - ' • ' ;î! • " • • ‘ -....... ’ ; ‘ I
Telle eft la-force du merveilleux fur les efpritsde
la multitude. Les opérations produârices font la I
plupart lentes 6c tranquilles ; elles ne nous étonnent
point. Les opérations deftruélives font rapides 6c
bruyantes; nous les plaçons au rang-des prodiges. Il
rie faut qu’un mois pour ravager une province ; il
faut dix ans pour la rendre fertile. On admire celui
qui l ’a ravagée ; à peine daigne-t-on penfer à celui
qui la rend fertile. Faut-il s’étonner qu’il fe faffe tant
de grands maux 6c fi peu de grands biens ?
: Les peuples n’auront-ils jamais le courage ou le
bon fens de fe réunir contre celui qui les immole à
fon ambition-effrénée, 6c de lui dire d un côte comme
les foldats de Célar :
Liceat difcedere , Ccefar , ,
A rabie fcelertim. Quarts terrâque manque
His ferrant ju gulis. Animas effundtre viles ,
Quolibet k o jlep a ra s . (Lucan.)
£)el’autre cô té, comme le Scythe à Alexandre:
d Qu’avons-nous à démêler avec toi ? Jamais nous
>>• n’avons mis le pié dans ton pays. N’eft-il pas per-
» mis à ceux qui vivent dans les bois d’ignorer qui
H tu es 6c d’oii tu viens »?
N’y aura -1 - il pas du - moins une claffe d’hommes
affez au-deffus du vulgaire, affez fages, affez courageux,
affez élocpiens, pourïoûlever le monde contre
les oppreffeuts , 6c lui rendre odieufe une gloire
barbare ? . . ,,
Les gens de Lettres déterminent l’opmion d un
fiecle à l’autre ; c’eft par eux qu’elle eft fixée & tranff
mife ; en quoi ils peuvent être les arbitres de la gloire
y 6c par conféquent les plus utiles des hommes ou
fes plus pernicieux.
Vixere fortes ante Agamemnona
Mu ltiÿfed orrines illacrymabiles
Urgentur, ignoiique longâ
Nocle; tarent quia vatefacro. (Horat.)
Abandonnée au peuple, là vérité s’altere 6c s’ob-
fcurcit par la tradition ; elle s’y perd dans un déluge
de fables. L’héroïque devient abfurde en paffant
de bouche en bouche : d’abord on l’admire comme
un prodige ; bien-tôt on le méprife comme un con» •
te luranhé, 6c l’on finit par l’oublier. La faine pof-
térité ne croit des fiecles reculés, que ce qu’il a plft
aux écrivains célébrés.
Louis XII. difoit : « Les GreCs ont fait peu de cho*
» fes, mais ils ont ennobli le peu qu’ils ont fait par
» la fublimité de leur éloquence. Les François ont
» fait de grandes chofes & en grahd nombre ; mais
» ils n’ont oâs fû les écrire. Les feuls Romains ont
» eu le double avantage de faire de grandes chofes,
» & de lés célébrer dignement ». C ’eft un roi qui
reconnoît que la gloire des nations eft dans les mains
des geiis de Lettres.
Mais ;'-iL faut il’avoiier,: ceux-c i ont trop fouvent
oublié.la dignité de leur état ; 6c leurs éloges prof-
titués aux crimes heureux, ont fait de grands maux
à la terre.
Demandez à Virgile quel étoit le droit des Romains
furUe refte des hommes, il vous répond hardiment,
Parcere fitbjéclis , & debellare fuperbos.
Demandez à Soüs ce qu’on doit penfer de Cortès
& de Montezuma, des Mexiquains 6c des Elpagnols;
J il vous répond que Cortès étoit un héros, 6c Mon-
’ tezuma un tyran; que les Mexiquains étoient des
i barbares, & .les Efpagnols des gens de bien.
En écrivant on adopte un perfonnage , une patrie;
& il fembde qu’il n’y ait plus rien au monde,
: ou que tout foit fait pour eux lèuls. La patrie d’uxî
fage eft la terre, fon héros eft le genre humain.
Qu’un courtifan foit un-flateur, fon état l’excufe
Il en quelque forte 6c le rend moins dangereux. On
; doit fe- défier de fon témoignage ; il n’eft pas libre :
mais qui oblige l’homme de Lettres à fe trahir lui-
même ôe fes lèmblables, la nature 6c la vérité?
■ Ce n’eft pas tant fa crainte, l ’intérêt, la baffeffe
que l’ébloiiiffement, l ’illufion, l’enthoufiafme, qui j ont porté les gens de Lettres à décerner la gloire
aux forfaits éciatans. On eft frappé d’une force d’ef-
prit ou d’arne furprenante dans les grands crimes ,
comme dans les grandes vertus; mais là , par les
maux qu’elle caufe ; ic i, par les biens qu’elle fait :
car cette force eft dans le moral, ce que. le teu eft
dans.le phyfique, utile ou funefte comme lui, fui-
vant fes effets pernicieux ou falutaires. Les imaginations
vives n’en ont vû l’explofion que comme
un développement prodigieux des refforts de la na-
' ture , comme un tableau magnifique à peindre. En
; admirant la caufe on a loué les effets : ainfi les fléaux
dé la terre en font devenus les héros. ^
Les hommes nés pour la gloire, 1 ont cherchée oît
l’opinion l’avoit mife. Alexandre avoit fans ceffe de-
! vant les yeux la fable d’Achille ; Charles X 11*
l ’hiftoiré d’Alexandre : de-là cette émulation furiefte
qui de. deux rois pleins de valeur 6c de talens , fit
deux guerriers impitoyables. Le roman de Quinte-
: Curce a peut-être fait le malheur de la Suede ; le
poeme d’Homere, les malheurs de l’Inde ; puiffe
i l’hiftoire de Charles XII. ne perpétuer que fes ver-
I tus ! H W Ê k
Le fage feitl eft bon poète, difoient les Stoïciens.
Ils avôient raifon : fens un efprit droit & une ame
pure, l’imagination n’eft qu’une Circé, 6c l’harmo-
' nie qu’une firene.
Il en eft dé l’hiftorien & de l’orateur- comme du
poète : éclairés & vertueux , ce font lçs organes
' de la juftice, les flambeaux de la vérité : paffion-
nés 6c corrompus, ce ne fjont plus que les courti-
fans de la profpérité, les vils adulateurs du crime.
Les Philofophes ont ufé de leurs droits, 6c parlé •
de la gloire en maîtres*