la fatisfeÆoa de refprit, a autorifé le changement
de la voyelle a du lupin générateur termine en atum,
afin d’éviter le concours defagréable de deux a conie-
cutifs : au lieu donc de dire clamatare, rogatare,^ félon
l ’analogie des fupins clamatum, rogatum, on dit cla-
-mitare °rogitare ; mais il n’en eft pas moins évident
que le lupin eft la racine génératrice de cette formation.
_ _ ,
Dans la fécondé conjugaifon, on trouve hoererc,
dont le Alpin heefurn femble devoir donner pour^re-
quentatifhoefare ; Sc cependant c’eft hcefitare : c elt que
le fupin hoefum n’eft effectivement rien autre choie que
lu t ia n , infèrifiblement altéré par la fyricépé; & ce.
fupin hæjîmm.e& analogue aux lupins terntum , lan-
tum. des verbes terme » latere de la meme conjugal-
fon, d’oît viennent territare, latitare, félon la réglé
générale. Au refte, il n’eft pas rare de trouver des
verbes avec deux Alpins ufités, l’un conforme aux
lois de l’analogie , Sc l’antre défiguré par la fyn-
•cope. , - i
C ’eft par la fyncope qu’il faut encore expliquer la
vénération des fréquentatifs des verbes qui ont la fécondé
perfonne du préfent abfolu de 1 indicatif en
gis y comme ago , agis ; lego, legis ifugio, fugis. Prif-
cien prétend que cette fécondé perfonne eft la racine
génératrice des fréquentatifs agitare, leguare, fu-
gitare : mais c’eft abandonner gratuitement l’analogie
de cette efpece de formation, puifque rien n’empêche
de recourir encore ici au fupin. Pourquoi ago
Sc lego n’auroient-ils pas eu autrefois les Alpins agit uni
& legitum y comme fugio a encore aujourd’hui fugi-
tum, d’oii fugitare eft dérivé? Ces fupins ont dû affez
naturellement fe fyncoper. Les Latins ne donnoient
à la lettre g que le fon foible de k , comme nous
le prononçons dans guerre : ainfi ils prononçoient agi-
tum y legitum , comme notre mot guitarre te prononce
parmi nous : ajoutez que la voyelle i étant breve
dans la fyllabe gi de ces lupins, les Latins la prononçoient
avec tant de rapidité qu’elle échappoit dans
la prononciation, & étoit en quelque forte muette ;
de maniéré qu’il ne reftoit qu 'agtum, Legtum , ou la
foible g fe changé néceffairement dans la forte c, à
caufe du t qui fuit, & qui eft une confonne forte ;
l’organe ne peut fe prêter à produire de fuite deux
articulations, l’une foible Sc l’autre forte , quoique
l’orthographe femble quelquefois préfenter le contraire.
. .
C’eft par ce méchanifme que forbeo a aujourd hui
pour fupin forptum, qui n’ eft qu’une fyncope de l’ancien
fupin forbitum, qui a effectivement exifté, puif-
qu’il a produit forbitio; Sc c’eft par une raifon toute
contraire que les verbes de la quatrième conjugaifon
n’ont point de fupin fyncope, Sc forment régulièrement
leurs fréquentatifs ; parce que l’i du fupin étant
long, rien n’a pû en autorifer la fuppreffion.
Il faut prendre garde cependant de donner deux
fréquentatifs à plufieurs verbes de la troifieme conjugaifon,
qui, d’après ce que nous venons d’expofer,
paroîtroient en avoir deux; tels que canere , facere,
jacere, qui ont cantare Sc cantitare, facture Sc faclita-
re, jactare Sc jaclitare. Les premiers, qui peut-être
n’étoient effectivement que fréquentatifs dans leur
origine, font devenus depuis des verbes augmentatifs,
pour exprimer l’idée acceffoire d’étendue ou
de plénitude que l’on veut quelquefois donner à l’action
; Sc les autres en ont été tirés conformément à
l’analogie que nous indiquons ic i, pour les remplacer
dans le fervice de fréquentatif.
11 eft donc confiant, nonobftant toutes les irrégularités
apparentes, que tous les verbes fréquentatifs
font formés du fupin du verbe primitif; & cette con-
féquence doit fervir à réfuter encore Prifcien, &
après lui la méthode de P. R. qui prétendent que les
yerbes vellico Sc fodico font fréquentatifs outre que
cette terminaifon n’a aucun rapport au fupin des primitifs
vdlo Scfodio y la fignification de ces dérivés
comporte une idée de diminution qui ne peut convenir
aux fréquentatifs ; Sc d’ailleurs les mêmes grammairiens
regardent comme de vrais diminutifs, les
verbes albico, eandico , nigrico, frondico, qui ont
une terminaifon fi analogue avec ces deux-là : par
quelle fingularité ne feroient - iis pas placés dans la
même elaffe, ayant tous la même terminaifon Sc le
même fens acceffoire ?
Il eft vrai cependant que l’idée primitive qu’un verbe
dérivé renferme dans fa fignification, y eft quelquefois
modifiée par plus d’uneidée acceffoire ; ainfi
forbillare, avaler peu-à-peu Sc à différentes reprifes,
a tout-à-la-fois un fens diminutif Sc un fe ns fréquentatif
Donnera-t-on pour cela plufieurs dénomina-
: tions différentes à ces verbes ? non fans doute ; il
n’en faut qu’une, mais il faut la choifir ; & le fondement
de ce choix ne peut être que la terminaifon ,
parce qu’elle fert comme de lignai pour raffembler
dans une même elaffe des mots affujettis à une même
marche, Sc qu’elle indique d’ailleurs le principal
point de vue qui a donné naiffance au verbe dont il
eft queftion; car voilà la maniéré de procéder dans
j toutes les langues ; quand on y crée un mot, on lui
donne fcrupuleufement la livrée de l’efpece à laquelle
il appartient par fa fignification ; il n’y fer.oit pas
fortune s’il avoit à-la'-fois contre lui la nouveauté &
l’anomalie : fi l’on trouve donc enfuite des mots qui
dérogent à l’analogie , c’eft l’effet d’une altération'
infenfible & poftérieure.
Jugeons après cela fi Turnebe, & Voflius après
lu i, ont eu raifon de placer dormitare dans la elaffe
des defidératifs, parce qu’il préfente quelquefois ce
fens, Sc fpécialement dans l’exemple de Plaute, cité
par Turnebe, dormitare te aiebas. Il faudroit donc aufli
l’appeller diminutif, parce qu’il fignifie quelquefois
dormire leviter f comme dans le mot d’Horace -, qîian-
doqut bonus dormitat Homerus ; Sc augmentatif, puifque
Cicéron l’a employé dans le fens de dormire altè,
La vérité eft que dormitare eft originairement & en
vertu de l’analogie, un verbe fréquentatif : & que les
autres fens qu’on y a attachés depuis, découlent de ce
fens primordial, ou viennent du pur caprice de l’ufa-
ge. Une derniere preuve que les Latins n’avoient pas
prétendu regarder dormitare comme defidératif, c’eft
qu’ils avoient leur, dormiturire deftiné à exprimer ce
fens acceffoire.
Nous remarquerons i°. que tous les fréquentatifs
latins font terminés en are, Sc font-de la premier©
conjugaifon.
z°. Qu’ils fuivent invariablement la nature de
leurs primitifs, étant comme eux abfolus ou relatifs
; l’abfolu dormitare vient de l’abfolu dormire ; le
relatif agitare vient du relatif agere.
Voyons maintenant fi nous avons des fréquentatifs
dans notre langue. Robert Etienne dans fa petite
grammaire françoife imprimée en 1 569, prétend que
nous n’en avons point quant à la fignification; & loit
que l’autorité de ce célébré Sc favant typographe en
ait impofé aux autres grammairiens françois, ou
qu’ils n’ayent pas affez examiné la chofe, ou qu’ils
Payent jugée peu digne de leur attention, ils ont
tous gardé le filence Air cet objet.
Quoi qu’il en foit, il y a effectivement en françois
jufqu’à trois fortes de fréquentatifs y diftinguésles uns
des autres , Sc par l a différence de leurs terminai-
fons, & par celle de leur origine : les uns font naturels
à cette langue, d’autres y ont été faits à l’imitation
de l’analogie latine, Sc les autres enfin y font
étrangers, & feulement affujettis à la terminaifon
françoife. Il faut cependant avoiier que la plupart
de ceux des deux premières efpeces ne s’employent
guere que dans le ftyle familier.
Lesjréquentatifs naturels à la langue françoife lui
viennent de fon propre fonds, Sc font en général
terminés en ailler: tels font les verbes criailler, tirailler
, qui ont pour primitifs crier, tirer, & qui répondent
aux fréquentatifs latins clamitare, traclare.
On y apperçoit fenfiblement l’idée acceffoire de répétition,
de même que dans brailler, qui fe dit plus
particulièrement des hommes, & dans piailler, qui
s’applique plus ordinairement aux femmes ; mais elle
eft encore plus marquée dans ferrailler, qui ne veut
dire autre chofe que mettre fouvent le fer à la main.
Les fréquentatifs françois faits à l’imitation de l’analogie
latine, font des primitifs françois auxquels
on a donné une inflexion reffemblante à celle des
fréquentatifslatins ; cette inflexion eft oter, &défigne
comme le tare latin, l’idée acceffoire de répétition :
comme dans crachoter, clignoter, chuchoter, qui ont
pour correfpondans en latin fputare, niclare, mujfi-
tart.
Les fréquentatifs étrangers dans la langue françoife
lui viennent de la langue latine, Sc ont feulement
pris un air françois par la terminaifon ep er : tels font
habiter, dicter, agiter, qui ne font que les fréquentatifs
latins habitare , dictare , agitare.
C’eft le verbe vifiter que R. Etienne employé
pour prouver que nous n’avons point de fréquentatifs.
Car, dit-il, combien que vifiter foit tiré de vifito
latin & fréquentatif, i l n'en garde pas toutefois la fignification
en notre langue: tellement qu'il a befoin de
Üadverbe fouvent : comme je vifite fouvent le palais
Sc les prifonniers.
Mais on peut remarquer en premier lieu, que
quand ce raifonnemënt feroit concluant, il ne le fe-
roit que pour le verbe vifiter ; Sc ce feroit feulement
une preuve que fa fignification originelle auroit été
dégradée par une fantaifie de l’ufage.
En fécond lieu, que quand la conféquence pour-
roits’étendre à tous les verbes de la même efpece,
il ne feroit pas poflible d’y comprendre les fréquentatifs
naturels Sc ceux d’imitation, oii l ’idée acceffoire
de répétition eft trop fenfible pour y être méconnue.
En troifieme lieu, que la raifon alléguée par R.
.Etienne ne prouve abfolument rien : un adverbe
fréquentatif ajouté à vifiter, n’y détruit pas l’idée
acceffoire de répétition, quoiqu’elle femble d’abord
fuppofer qu’elle n’y eft point renfermée; c’eft un
pur pléonafme qui éleve à un nouveau degré d’énergie
le fens fréquentatif, & qui lui donne une valeur
femblable à celle des phrales latines, itat ad eam fre-
quens( Plaute) fréquenter in officinam ventitanti (Plin.);
fatpius fumpfitaverunt (Id.). On ne diroit pas fans doute
que itare n’eft pas fréquentatif à caufe de frequens,
ni ventitare à caufe de fréquenter, ni fumpfitare à
caufe de foepius.
La décifion de R. Etienne n’a donc pas toute
Pexaôitude qu’on a droit d’attendre d’un fi grand
homme ; c’eft que les efprits les plus éclairés peuvent
encore tomber dans l’erreur, mais ils ne doivent
rien perdre pour cela de la confidération qui eft
due aux talens. (E . R. M.')
FREQUIN, f. m. ( Commerce. ) forte de futaille.
L’article vj. du nouveau réglement de 1713, concernant
les déclarations des Marchands aux bureaux
d’entrée Sc de fortie, met 1 e faquin au nombre des
futailles qui fervent à entonner les fucres, bouts, les
fyrops, les fuifs, les beurres, Sc autres telles mar-
chandifesqui font fujettes à déchet Sc à coulage.
D i cl. de Comm. & de Trév. (G-)
FRERAGE, f. m.,('Jurifprud.) c’eft le nom que
l’on donne en certaines coutumes aux partages de
fiefs dans lefquels les freres Sc foeurs puînés ou autres
co-parta^eans tiennent leur part en foi Sc hommage
de l’ainé, ou fi ce n’eft pas entre freres, de l’un
Tome VII,
F R E 299
des co-partageans. Voyez«Wcvæ/2/Frarescïjeurs.
( ^ ) . .
FRERE, f. m. (Jurifpr.) ce terme fignifie ceux qui
font nés d’un même pere Sc d’une même mere, oit
bien d’un même pere Sc de deux meres différentes ,
ou enfin d’une même mere Sc de deux peres diffé-
rens.
On diftingue les uns Sc les autres par des noms
différens ; ceux qui font procréés de mêmes pere Sc
mere, font appellés freres germains ; ceux qui font.de
même pere feulement, font freres confanguins; Sc
ceux qui font de même mere, freres utérins.
La qualité de frere naturel procédé de la naiffance
feule; la qualité de frere légitime procédé de la loi,
c’eft-à-dire qu’il faut être né d’un même mariage v a lable.
On ne peut pas adopter quelqu’un pour fon frere,
mais on peut avoir un frere adoptif dans les pays oii
l’adoption a encore lieu. Lor/qu’un homme adopte
un enfant, cet enfant devient frere adoptif des en-
fans naturels & légitimes du pere adoptif.
L’étroite parenté qui eft entre deux frétés, fait que
l’un ne peut époufer la veuve de l’autre.
Les freres étant unis par les liens du fang, font
obligés entr’eux à tous les devoirs de la fociété encore
plus étroitement que les étrangers ou que les
parens plus éloignés ; cependant il n’arrive que trop
fouvent que l’intérêt les fépare, rara concordia fra-
trum.
La condition des freres n’eft pas toujours égale ;
l’un peut être libre, & l’autre efclave ou ferf de
main-morte.
Dans le partage des biens nobles, le frere aîné a
félon les coutumes divers avantages contre fes puînés
mâles ; les freres excluent leurs foeurs de certaines
fucceflions.
En pays de droit écrit, les freres germains fucce-
dent à leur frere ou foeur décédé, concurremment
avec les pere & mere ; ils excluent les freres Sc foeurs
confanguins Sc utérins ; ceux-ci, c’eft-à-dire les freres
confanguins & utérins, concourent entr’eux fans
diftinguer les biens paternels Sc maternels.
En pays coûtumier les freres Sc foeurs, même germains
, ne concourent point avec les afcendans.pour
la fucceflion des meubles Sc acquêts ; mais dans les
coutumes de double lien, les freres & foeurs germains
font préférés aux autres. Du refte pour les propres,
les freres, foit germains, confanguins, ou utérins, ne
fuccedent chacun qu’à ceux qui font de leur ligne.
Quelque union qu’il y ait naturellement entre les
freres Sc foeurs, un frere ne peut point engager fon
frere ou fa foeur fans leur confentement ; un frere ne
peut pas non plus agir pour l’autre pour venger l’injure
qui lui a été faite, mais il peut agir léul pour une
affaire qui leur eft commune.
Le frere majeur eft tuteur légitime de fes freres Sc
foeurs qui font mineurs, ou en démence. On peut
aufli le nommer tuteur ou curateur.
Suivant les lois romaines, un frere peut agir contre
fon frere pour les droits qu’il a contre lui ; mais
il ne peut pas l’accufer d’un crime capital, fi ce n’eft
pour caufe de plagiat ou d’adultere.
Le fratricide ou le meurtre d’un frere eft un crime
grave. Voye^ Fratricide.
Frere adoptif, eft celui qui a été adopté par
| le pere naturel Sc légitime d’un autre enfant.
Frere, ( beau-) c’eft celui qui a époufé la foeur
de quelqu’un. Voyt{ le mot Beau-Frere.
Frere conjoint des deux côtés, c’eft un
frere germain. Voye{ ci-après Frere Germain.
Frere c o n s a n g u in , eft c elui qui eft procréé
d’un même p e re, mais d’une mere différente.
Frere, (demi-) on appelle ainfi dans quelques
coutumes Sc provinces les freres confanguins Sc uté*
P P U