cèdent, afin que la fraclureloit plus exactement contenue.
Le bandage trop lâche ne contient point, laide
aux mufcles la dangereufe facilité de fe contracter ;
le calus eft difforme ; 8c le membre peut fe confoli-
der dans une direction qui ne feroit pas naturelle :
d’un autre cô té ,le bandage trop ferré, lorfqu’il Feft
a vec excès, attire la gangrené ; 8c fans l’être au point
de caufer cet accident formidable, il peut l’être encore
t rop, & mettre obftacle à la libre circulation des
liqueurs ; d’où réfultera le manque de nourriture 8c
l’atrophie.
L’inégalité des membres dans l’étendue de leur
longueur, oblige en appliquant les bandes, de faire
avec art des renverfés ; fans quoi, il y auroit des
godets, dont l’inconvénient eft de ne pas faire une
comprefïion égale, 8c de laitier des inégalités capables
de bleffer la partie par la compreffion qui réfulte
de l’application des autres pièces de l’appareil.
Les deux premières bandes appliquées, on met les
compreffes longuettes, Pt. I I . fig• //. buvant les re-
gles>que nous avons expolées au /»ocÉcl is se. Dans
le'panfement de la jambe fraCturée, quelques praticiens
remplirent le bas, depuis le défaut du mollet
jufqu’aux malléoles, par l’application d’une com-
prefle graduée inégale , PL X X X I . fig. //. d’autres
préfèrent de donner plus d’épaifleur à l’extrémité inférieure
des longuettes ; ce qui fe fait en repliant de
la longueur qu’on le juge convenable, le linge Ample,
avant de faire les plis fuivant la largeur, qui déterminent
celle qu’on veut donner à chacune des
compreffes longuettes. On les maintient par une
troifieme bande, dont les circonvolutions peuvent
être faites en doloires plus larges, pour ménager la
longueur de la bande. On peut contenir tout cet appareil
entre deux gouttières de fer-blanc ou de carton
, liées avec des rubans de fil. On applique enfui-
te l’ écharpe pour l’ extrémité fupérieure , voyei
ÉCH ARPE ; 8c des fanons dans les fractures de l’extrémité
inférieure, voy. F a n o n s . Une legere tuméfaction
, fans douleur ni rougeur, qu’on apperçoit au-
deflus 8c au-deffous du bandage, marque qu’il n’eft
ni trop ni trop peu ferré.
Lorfque l’appareil convenable eft appliqué, il y. a
des précautions à prendre pour la commodité du
bleffé : il eft à-propos d’infifter un peu fur ces commodités
, que tout le monde doit être bien-aife de
connoître , 8c que peu de gens font à-portée de rechercher
dans les livres de l’art.
Nous avons dit au mot E c h a r p e , ce qui concerne
l’extrémité fupérieure. Lorfque dans les premiers
jours les malades font obligés de garderie lit, il faut
que le membre foit placé lans gêne dans une direction
qui tienne tous les mufcles relâchés, & fur un
oreiller mollet. La jambe fera un peu élévée du côté
du pié, pour favorifer le retour du fang ; elle fera
appuyée fûrement 8c mollement : on la pofera
fur un oreiller ég a l, appuyé fur un matelas qui lui-
même doit être fort égal. Pour cet effet, le lit doit
être garni de matelas feulement, fans lit de plume ;
& même il eft bon de mettre entre le premier 8c le
fécond matelas , une planche qui occupe depuis le
pié jufque par-delà la hanche. Mais comme la nécef-
fité d’êrre couché deviendroit à la longue infuppor-
table, fi l’on ne prenoit des précautions pour en diminuer
la gêne autant qu’il eft poffible ; on fait attacher
au plancher une corde qui paffe à-travers le ciel
du lit , & qui defeende à la portée de la main du malade
: cette corde lui eft très-utile pour fe remuer facilement,
& fatisfaire àfes différens befoins. On attache
âu pié du lit une planche qui doit être fiable, 8c
fur laquelle on a fait clouer un billot garni d’un matelas
ou couffin : ce billot eft un des plus grands
foulagemens qn’on puiffe procurer au malade ; il lui
fort à appuyer le pié fain pour fe foûlever, avec
l’aidé de la corde, dans fies befoins,& pourfe relever
de-tems-en-tems, lorfqu’il gliffe vers le bas du lit. Le
chirurgien peut prévenir cet inconvénient, en dont
nant fes foins à la conftruCtion du lit ; il doit même
aider à le faire convenablement pour le bien de fon
malade.
Pour éviter que le croupion ne-s’écorche, M. Petit
confeille de percer le premier matelas, afin de pouvoir
paflèr commodément un baffin entre le premier
& le fécond matelas, lorfque le bleffé veut aller à la
felle. Dans ce cas le drap de deffous doit être feqdu ou
compofé de deux pièces qu’on puiffe écarter au be-
foin, à l’endroit des feffes : faute de cette précaution
, le croupion s’écorche ;8c alors il faut l’examiner
fouvent, 8c bafîiner cette partie avec de l’eau
vulnéraire, ou de l’eau-de-vie camphrée, pour prévenir
la mortification : on remédiera à cet accident
par l’application de l’onguent de ftirax.
Dans les fractures compliquées, la nécefiité de pan-
fer fouvent les bleffés exigeroit de trop grands mou-
vemens dans l’ufagé des bandes roulées ; & ces mou-
vemens feroient un grand obftacle à la réunion, qui
demande un repos parfait, autant qu’il eft poffible de
le procurer. On fe fert alors du bandage à dix-huit
chefs. Poye[ fa defeription au mot Bandage ; & fa
figure, PI. X X X I . fig. / o; C en ’eft pas feulement
dans la fracture de la jambe, mais dans toutes celles
des extrémités avec complication, qu’on doit s’en
fervir : on l’applique même dans les cas où il n’y a
point de plaie. Dans les grandes contufions, par ex.
quand il n’y auroit point de nécefiité d’incifer, pour
donner iffue au fang extravafé, on employé le bandage
à dix-huit chers dans les premiers tems, 8c on
revient enfuite au bandage roulé. On eft alors dans
le cas de lever fouvent l’appareil contre la réglé générale
, pour obferver ce qui fe paffe ; 8c aufti afin
de ferrer le bandage à proportion que le fang fe ré-
fout, & que la partie fe dégonfle.
Les fractures avec plaie font plus ou moins fâcheu-
fes fuivant la nature de la plaie 8c de fes accidens.
C ’eft quelquefois la même caufe qui fraCture l’os ,
qui fait la plaie ; comme une roue de carroffe, une
balle de moufquet, un éclat de bombe, &c. Les os
même qui font cafles peuvent déchirer les mufcles
8c percer la peau ; ces plaies font avec plus ou
moins de contufion, 8c peuvent être compliquées
d’hémorrhagie,de corps étrangers, &c.
Les anciens fe fervoient dans ces fortes de cas, d’un-
bandage fenêtré , qui leur permettoit de panfer la
plaie fans toucher au refte de l’appareil. Suivant Paul
d’Ægine 8c Gui de Chauliac , on peut fe fervir des
bandes roulées, dans le traitement des fractures compliquées
avec plaie, avec le foin de ne couvrir des
circonvolutions de la bande que les parties circon-
voifines de la plaie ; ce lle-ci demeurant à nud 8c à
découvert, afin de la pouvoir panfer tous les jours,
& d’y appliquer les médicamens convenables, fans
lever les bandes ni toucher à la fracture. Ambroife*
Paré defapprouve fort ce bandage : fi la plaie n’eft
pas comprimée convenablement, les humeurs y feront
envoyées , dit - i l , des parties circonvoifines
preffées ; & il y furviendra bien-tôt inflammation 8?
gangrené. Jacques de Marque, célébré chirurgien de
Paris, mort en 1622, 8c qui nous a laifle un excellent
traité des bandages, qu’aucun écrivain fur la même
matière n’a pû rendre inutile, a differté très-doctement
fur les inconvéniens reconus dans l’ufage de
ce bandage fenêtré ; il rappelle le précepte de Paré,
qui veut que l’on fe ferve d’une bande en deux ou
trois doubles, en façon de compreffe qui ne faffe
qu’une feule ré volution ; c’eft cette compreffe en trois
doubles, fendue pour en faire trois chefs de chaque
côté, qui forme notre bandage à dix-huit chefs fi recommandée
dans la pratique, Il comprime également
foute la partie ; 8c Fon peut, fans la remuer, réitérer
le$ panfemens autant qu’il eft néceffaire;Guillemeau
en eft l’inventeur : mais Jacques de Marque , qui a
écrit depuis ce favant chirurgien , digne éleve du
grand P aré, a encore perfectionné ce bandage, tant
dans fon ufage que dans fa conftruCtion.
Chaque compreffe donne fix chefs ; ce qui ne convient,
dit-il, qu’aux fractures qui font au milieu d’un
membre; 8c dans ce cas, on peut arrêter les chefs
fupérieurs 8c inférieurs, fe contentant de lever à chaque
panfement les chefs du milieu , pour découvrir
la plaie. Si la fracture étoit proche de l’articulation,
il fuffiroit que chaque piece de linge fût fendue de
chaque côté pour faire quatre chefs ; à-moins qu’en
fe fervant du bandage avec des compreffes à fix chefs,
on n’attachât les chefs fupérieurs ou inférieurs, au-
deffus ou au-deffous de l’articulation : c’eft-à-dire,
qu’en fe fervant du bandage à dix - huit, chefs pour
une fracture avec plaie à la partie inférieure de la
cuiffe, les fix chefs inférieurs feroient employés au-
deffous du genou ; ou les fix chefs fupérieurs au-def-
fus du genou , dans l’application qu’on feroit de ce
bandage pour une fracture compliquée à la partie fupérieure
de la jambe ; ce qui me paroîtroit fort utile.
M. Petit décrit le panfement 8c l’appareil des ƒ•<*#«-
r« compliquées, de la maniéré fuivante. On mettra
fur la plaiecouverte des plumaceaux, une compreffe
en quatre doubles, pour empêcher que Igs matières
purulentes ne gâtent le refte de l’appareil-; puis deux
compreffes longuettes affez épaiffes, une de chaque
côté : 8c au lieu du bandage à dix-huit chefs coufus
enfemble, on peut appliquer plufieurs bouts de bande
féparés, lefquels feront le même effet que le bandage
ordinaire, 8c auront l’avantage de pouvoir être
changés féparément, fuivant le befoin. Pour maintenir
ce bandage, on peut fe fervir dés gouttières de fer
blanc, liées avec trois laqs ou rubans de fil : on mettra
enfuite le membre dans la fituation convenable.
M. Petit a corrigé les fanons pour les fractures compliquées
de plaie à la partie poftérieure du membre ;
il faifoit envelopper les torches de paille dans deux
morceaux de toile féparés, de façon qu’elle manquât
dans l’endroit de la plaie. Cet intervalle peut contribuer
à la facilité des panfemens, puifqu’on'peut, à
l’aide de ces fanons, foûlever le membre & panfer la
plaie, après qu’on l’a mife à découvert des compreffes.
Dans les fractures compliquées de la cuiffe, M.
Petit recommande que le premier matelas foit partagé
en plufieurs pièces qui puiffent s’ajufter enfemble,
& fe féparer au befoin. Une grande piece s’étend
depuis le milieu des feffes jufqu’au chevet : le
refte eft partagé en quatre, deux de chaque côté.
L’une, du côté malade, doit commencer où finit la
première, 8c s’étendre quatre travers de doigt au-
deffous de la fracture : l’autre piece du même cô té,
commence où finit celle-ci, 8c s’étend jufqu’au pié
du lit. Les deux autres pièces du matelas fur lequel^
appuie le côté fain, feront partagées de même, à la
différence qu’elles foient plus larges ; le lit étant partagé
de maniéré qu’un tiers de fa largeur feulement
fournit les portions qui foûtiennent le côté malade.
Chacune de ces quatre portions de matelas eft enveloppée
de toile ; ce qui fert de drap, fans en avoir
l ’inconvénient, 8c fans pouvoir former de plis capables
d’incommoder : on peut aufli changer facilement
ces toiles, pour raifon de propreté. La partie
fupérieure du matelas,recouverte d’une alaife ou
petit drap, n’a aucune communication avec les pièces
inférieures.
Voici les commodités qu’on tire de ces différentes
pièces de matelas détachées. Quand on veut donner
le baffin au malade, on ôte la piece du milieu, qui
eft du côté fain. Une partie de la cuiffe 8c de la feffe
portent alors à'faux ; 8c l’cfpace qu’occcupoit la portion
de matelas ôtée, fait place au baffin qu’on préfente
au malade, & qu’on retire aifément lorfqu’il a
été à la felle. Pour pouvoir remettre aifément cette
portion du matelas,il faut y avoir fait coudre deux
fangles étroites, ou deux rubans tire-bottes, qui paf-
fent fousla pareille portion de matelas du côté malade.
Ces fangles font tirees par quelqu’un, de maniéré
à ne point changer de place, ni remuer la portion du
matelas fur laquelle appuie la cuiffe fracturée* Le
malade pourra anffi recevoir facilement un lavement
, fi l’on ôte les deux portions inférieures quï
foûtiennent le côté fain.
Pour panfer le bleffé, on tire la piece du matelas
qui eft deffous la fracture; 8c l’on a la liberté de paffer
les mains de tous côtés pour lever l’appareil, 8c le
rappliquer, fans rifque d’ébranler la fracture.
A l’egard de la fracture compliquée de la jambe,'
M. Petit a imaginé un moyen particulier dont nous
avons donné la defeription au mot Bo î t e . Cette boîte
a une planchette qui foûtient la plante du pié, 8c
qui empêche le poids dés couvertures fur la jambe
fraCturée. Dans les fractures Amples, on eft obligé
de mettre une femelle de bois garnie de linge
pour fervir de point d’appui à la plante du pié. Un
ruban de fil embraffe cette femelle, 8c y eft fixé par
fon milieu. Les deux chefs fe croifent fur le coup-
de-pié, 8c font attachés aux fanons par des épingles.
On jette enfuite ces rubans alternativement de côté
8c d’autre, en les croifant également pour former
des lofanges jufqu’au haut de la partie. On les fixe
aux fanons par des épingles, avant que de faire les
renverfés, pour paffer les chefs d’un côté à l’autre.
On met la partie fur un oreiller mollet, de façon que
le talon n’appuie point ; fans quoi, il y furviendroit
inflammation 8c gangrené.
Au moyen de l’archet ou arceau, qui eft une ef-
pece de demi-cercle, ou demi-caiffe de tambour, on
fait un logement à la jambe 8c au pié, qui les met à
l’abri du poids du drap 8c des couvertures du litr,
Pi. IV. fig. 2. En hyver, pour entretenir la chaleur
du p ié , on eft obligé de le garnir de ferviettes 8c autres
linges chauds, pour fuppléer au défaut de l’application
des couvertures.
Après avoir mis la partie en fituation, il faut s’attacher
à remplir la troifieme indication de la cure des
fractures ; laquelle confifte à prévenir les accidens, 8c
à lés combattre, s’ils furvîennent. Dans les fractures
fimples, il fuffit de faire quelques faignées pour procurer
la réfolution du fang épanché dans l’intérieur
aux environs des bouts de l’oscaffé. On fait des-fomentations
réfolutives 8c fpirirueufes, & l ’on fait
obferver un régime convenable pendant quelques
jours. Les fractures compliquées exigent des attentions
plus fui vies 8c diverfifiées, fuivant les circonf-
tances. Voye{ Varticle C h ir u r g ie .
Au mot Fl a b e l l a t io n , nous avons démontré la
nécefiité d’empêcher le prurit, en donnant de l’air
à la partie bleffée.
On doit continuer l’appareil fur les parties fradurées,
jufqu’à la parfaite confolidation des pièces of-
feufes : elle fe fait plûtôt ou plûtard, fuivant la nature
différentielle de chaque os. Il y a des précautions
à prendre pour mouvoir la partie dans fes articulations
; de crainte que reftant long-tems dans l’i-
naCtion, la fynovie ne vînt à s’épaiffir ; ce qui don-
neroit lieu à l’anchylofe. Voyeç A n c h y l o s e . ( I r)-
FRACTURE, ( Manege & Marèchallerie.') folution
de continuité des os 8c même des cartilages, faite
par un corps extérieur contondant, très-différente
de la plaie faite à l ’os par un infiniment tranchant ou
piquant, ainfi que de la luxation , qui n’eft véritablement
qu’une folution de contiguïté.
Les os peuvent être fraCturés dans tous les fens
poflibles.