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F o u r n e a u de Vtrrerie,• v o y e z l’article VERRE-
RI E.
I l y a dans Us Arts un beaucoup plus grand nombre
■ de fourneaux ; mais nous croyons devoir en renvoyer
la confiruBion & les ufages aux articles principaux de
■ ces Arts.
Fo u rn e au , (Chimie philofophique.') furnus de
furvus, c’eft-à-dire noir ; infurnum calidum condito ,
Plaut. caj. acl. I I . fcene v. vers /. Il fe rend encore
en latin par fornax ÔC fornacula, qui ont de même
été employés forcément pour lignifier les fourneaux
dont ncnis avons à parler, pendant qu’il eft évident
qu’ils ont toujours défigné de grands fours ou fourneaux
: quantis jluerent fornacibus ara effigies ductura
tuas. Claud. &c. Les fourneaux font des uftenfiles
deftinés à contenir la pâture du feu , ôc à appliquer
cet élément comme infiniment aux fubftances qu’on
veut changer par fon a&ion : on peut les ranger parmi
les vaiffeaux. Nous allons propofer des exemples
des différentes efpeces de ceux que des travaux afli-
dus ôc une longue fuite d’expériences ont perfectionn
és , notre but n’étant point d’en donner un traité
complet, c’eft-à-dire une vafte compilation de tout
ce qui a été fait de bon & de mauvais dans ce genre.
La plupart de ceux qui fe trouvent dans nos Planches
font repréfentés avec les vaiffeaux qu’on a coutume
de leur adapter, afin de donner une idée des
différens appareils. Ici il ne fera queftion quant au
fond que des fourneaux : fi on y parle des vaiffeaux,
ce ne fera qu’en paffant ; réfervant pour leur article
le détail qu’ils exigent chacun féparément, la maniéré
de les ajufter enfemble ôc avec leurs fourneaux ;
enforte que par cette réunion qui porte le nom A’appareil
, il y fera queftion des fourneaux , comme ici
des vaiffeaux.
Pour obferver quelqu-’ordre, nous tirerons notre
divifion des opérations.
Des fourneaux à diftiller par afcenfion. Ce font ceux
qui fe trouvent repréfentés dans nos Planches de Chimie
yfig. 2 .14. y S. 8 4.9 G. & 123. Du-moins ce dernier
ci l’eft-il en partie ; celui de la fig. 2. eft fait en
terre. Il a unpié 10 pouces de haut, fur quatorze
pouces de diamètre à fa partie inférieure, ôc dix-
fept à la fupérieure , hors d’oeuvre. Voye^fon expli-
cation. On commencé par faire une plaque circulaire
de terre épaiffe de deux pouces, ôc on éleve les
parois de la même épaiffeur. Il eft divifé en trois
corps ; l’inférieur a fept pouces de haut : on l’ap-
pelle le cendrier, cinerarium, conijlerium ; on y ouvre
une porte ou foupirail large de cinq pouces, ôc
»haute de trois. Cette porte eft embrafée ; on peut
toutefois fe dilpenfer de féparer ce corps dufuivant :
celui-ci s’appelle le fo y e r , focus, pyriaterium : il a
huit pouces ôc demi de haut ; à fa partie inférieure
il a trois ou quatre pitons en terre pour foûtenir une
grille de fer ; ces pitons paroiffent imités de ceux
que le Fêvre met dans fon fourneau à lampe. Immédiatement
au-deffus de. cette grille eft la porte ou
bouche du foyer ; elle eft large ôc haute de trois pouces
ôc demi, ôc fémi-circulaire par fa partie fupérieure
; au milieu de ce corps extérieurement font deux
poignées ou anfes de terre pour le manier aifément.
Refte enfin le troifieme corps ou fupérieur qu’on appelle
l’ouvroir, le laboratoire, ergajlerium: celui-ci
n’a rien de particulier que trois ou quatre trous faits
à fa partie fupérieure pour fervir de regîtres, Ces
trous vont de bas en haut., ôc font très-larges intérieurement.
Au-deffus, dans le bord intérieur ôc fupérieur
de ce corps eft un rebord de terre appliqué
dans le tems qu’on a fait le fourneau, qui fert à éloigner
le vaiffeau diftillatoire de fes parois : ce fourneau
eft donc conique. Il eft mieux de le faire d’une
-feule piece que de trois ; on le relie avec de gros fil
d’archal pour le foûtenir ôc empêcher qu’il ne fe I
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fende ; on s’en fert pour diftiller avec l’alembic de
cuivre polychrefte ; on le monte ordinairement fur
un pié-d’eftal qui le met plus à portée des mains de
l’artifte.
La grille, craticulay doit être faite premièrement
d’un cercle de fer auquel on cloue de petites barres
de cinq ou fix lignes d’équarriffage, pofées en lofan-
g e , & éloignée^ de cinq ou fix lignes aufli les unes
des autres. Cette difpofition a pour but de favori-
fer la chute des cendres & des petits charbons qui
pourroient nuire au paflage de l’air. C’eft par la
même raifon qu’il faut que la grille foitde telle grandeur,
qu’il y ait un bon doigt entre fa circonférence
ôc les parois du fourneau. Nous parlerons plus particulièrement
dans la fuite de la maniéré dont on con-
ftruit un fourneau en terre, ôc nous dirons/les raifons
de la plupart des faits que nous avons avancés.
Ce fourneau doit être garni de fes portes pour le
foupirail ôc la bouche du feu. On léS trouve marquées
lettres o p ; ces deux portes font les mêmes
pour le fourneau que nous venons de décrire , ôe
pour celui de la fig. 1. La porte o eft creufée par
deux petites foffettes faites de façon qu’on peut le
prendre avec des pinces ou les doigts, ôc la porte q
a une petite poignée pour le même fujet. Il eft bon
de remarquer que cette poignée ne peut la faire
tomber, par la raifon qu’elle porte fur une mentonnière
ou faillie extérieure qui eft- de niveau avec la
bouche du feu. Nous n’avons point donné ici de
grille en particulier ; nous aurons allez occafion d’en
voir dans la fuite. Ce fourneau n’eft que celui de la
PI. y . de Lémery, dont on a ôté le dôme. On le
trouve communément chez les fournaliftes de Paris.
Le fourneau marqué fig. 14. ne différé guere du
précédent que par fes dimenfions ; il eft deftiné aux
cucurbites de verre baffes. Il eft de terre ôc a treize
pouces de haut fur dix ôc demi de diamètre par le
bas, & un pié par le haut hors d’oeuvre. Le fol du
cendrier, ainfi que les autres parois, font épais d’un
pouce ôc demi ; il eft d’une feule piece ; fon foupirail
eft large de trois pouces & haut de deux ; la bouche
du feu eft arquée & a les mêmes dimenfions ; la
grille eft éloignée de trois pouces du fol du cendrier;
il a deux anfes de terre extérieurement, quatre regî-
tres au haut comme la fig. 2. ôc une grille de la même
façon : mais à trois ou quatre pouc. au-deffus la grille,
font deux trous qui percent fes parois de part en
part, deftinés à recevoir une barre de fer capable de
foûtenir le vaiffeau qu’on y met ; il lui faut aufli deux
portes comme à la fig. 2.
Le fourneau de la fig- y G. deftiné à renfermer entièrement
une cucurbite, peut être confidéré comme
celui de lfffig. 2. à laquelle on a ajufté un dôme
fornix ; il eft de terre ôc conique également ; il eft
haut de deux pies deux pouces ; il a neuf pouces de
diamètre par le bas, ôc quatorze à la partie la plus
large de fon dôme hors d’oeuvre ; il eft Communément
divifé en quatre corps; le premier ou cendrier
& les deux fuivans font hauts de fept pouces, ôc le
dôme l’eft de cinq ; le fol du cendrier & les parois
des autres corps ont deux pouces d’épais, excepté
que le dôme eft un peu aminci vers, fa grande ouverture.
La porte du cendrier eft large de trois pouces
ôc haute de deux ; la grille ni ce qui la porte
n’ont rien de particulier. La bouche du feu qui fe
trouve au fécond corps eft large Ôc haute de trois
pouces, ôc demi-circulaire par le haut ; il eft comme
les précédens muni de deux.anfes ; le troifieme corps
ou l’ouvroir n’a rien de particulier : ce n’eft qu’ un
cercle de terre fait en cône renverfé. Dans l’endroit
oh il fe joint avec le fécond, on a fait au bord fupérieur
ôc intérieur de celui-ci quatre échancrures pour
loger deux barres de fer. Ces deux barres deftinées à
foutenir la cucurbite, font également éloignées en-.
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truelles ÔC des parois du fourneau} elles font baralleîes i
ainfi on fait la fituation des échancrures ; on a foin de
les créufér ou de chp.ifir les barres, de façon que le
fécond ÔC troifieme corps An,fourneau joignent bien
enfemble. AuTefte une fçule barre peut fuffife , quoique
deux ne riuifent pas Ôcfaffent même mieux. Le
quatrième corps ourdôrpe eft une éfpeçe de voûte
demi-circulaire, qui à au milieu de fon élé vation un
trou affez grand pour paft’er'le col d’ijne cucurbite
de terre ou de verre. On voit dans fa partie inférieure
quatre trous fervant de regîtres. Il feroit
mieux pour donner plûs^de chaleur, de les faire le
plus près du grand qu’il feroit poflîble ; mais alors le
chapiteau en feroit échauffé. Les portes dont nous
avôhs parlé, font comme, celles- àesfourneaifx pré-
cëderis V faites en embrafure ôc garnies chacune
de leur fermeture. Qn met aufli ce fourneau fur un
pié-d’eftal convenable ; ce ; pié-d’eftal au f.efte ne
îe/t pas plus pour l’élever que pour le garantir de
l’humidité que les corps chauds ne manquent pas
d’attirer,■ & dès inégalités du pavé qui l’endommage-
roit. Ileft le même que le fourneau de reverbere qu’on
voit PI. V. dans Lémery. ,
On obfervera que les corps des trois fourneaux
que noüsJ venons de décrire s’agencent enfemble au
moyen d’une languette qu’on pratique à la partie
fupérieure du corps inférieur, & d’une rainure faite
à l’inférieure du îupërieur. Ainfi placée elle ne fe
remplit pas d’ordures qui empêchent les deux corps
de s’ajiifier exaftement enfemble, ôc font toûjours
perdre du tems. La languette ôc la rainure ont à-peu-
près le tiers de largeur de l’épaiffeur des corps.
La fig. yG. n’eft guere remarquable que par fon
vaiffeau ; le fourneau qui en fait partie ne différé de
la fig. 14. qu’en ce qu’il eft cylindrique. On peut- le
faire en tôle comme en terre ; mais on garnit la tôle
comme nous le dirons des fourneaux de fufion. Le
cendrier fait environ un tiers de fa hauteur totale,
& eft ouvert aux deux côtés par deux trous qui fervent
à tranfimettre fe col de deux cornues qui reçoivent
leur chaleur du foyer fupérieur. Ainfi ce corps
doit être féparé du foy er; les portes n’ont rien de
particulier ; elles font toûjours en proportion avec
les regîtres, le diamètre du fourneau, fie ce qu’on
dôit y introduire. Les regîtres font pratiqués un peu
au-deffous du bord inférieur de la partie qu’on peut
■ fcppeller l ’ouvroir, quoiqu’elle ne foit pas féparée
du refte ; la grille eft comme à l’ordinaire. Il faut
pourtant remarquer que, comme la cucurbite ou
veflie ne remplit pas exaftement le fourneau par le
haut, il eft fouvent néceffaire d’avoir un cercle de
tôle ou de têrre qui foit pofé furies bords fupérieurs
du fourneau pour boucher l’intervalle que laiffe
la cucurbite. Nous ne parlons point des foûtiens
qu’on y voit attachés ; peu importe qu’ils tiennent
au fourneau, ou qu’ils en foient ifolés. Les fermetures
des portes font de tôle , ôc roulent fur des gonds.
Nous détaillerons dans la fuite des fourneaux qui répandront
beaucoup de clarté fur la conftruétion de
celui-ci qui fe trouve page 3/6*. de Libavius.
La fig. g G. eft un fourneau en briques ; il eft quarré
extérieurement ; il doit être rond intérieurement ; il
a un cendrier, une grille, un foyer, un ouvroir, ôc
quatre regîtres comme les précédens. La porte du
foyer eft quarrée, parce qu’il eft plus aifé de lui
donner cette figure avec des briques. Au refte, peu
importe celle qu’elle aura, foit dans ce fourneau y
foit dans ceux qui précèdent ; il faut des fermetures
à l’ordinaire. Il eft dans Manget, PI. X. ôc en remontant
dans Lémèry, PI. II. qui l’a pris dans la
PI. i y . de Charas, qui l’a pris dans la PL 1. de le
Fêvre, tome I . Ce dernier le tient de Béguin,/». 1G2.
La fig. 123. repréfente un fourneau , au moyen
duquel on peut diftiller par en-haut ôc par le côté j
Tome y II,
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tôut-a-Iâ-fois. Comme cette efpece de fourneau eft:
au côté de l’opération , ôc que les vaiffeaux
qu’il contient le font aufli, nous n’en donnerons la
ejefeription qu’à' l’article VAISSEAUX, Voye^ Liba-
yius,, :page 3 z z .
. 'O n a v iiq u e les fourneaux que nous venons de
decrire.ne different pas effentiellement entre eux ;
nous, ajputer.ons ici que quand ils font extrêmement
grands ,,Ôc qu’ils doivent recevoir un alembic de
cuivre dé deux piés de.diametre , par exemple ; on
lçs fait en briques , comme celui de la fig. gG.
l’qn ae .fait pas le foyer de toute la largeur de la cucurbite
, parce.qu’il- fe confumeroit trop de bois inu-
.tilemerit, .
Nous mettrons encore les fourneaux à lampe au
.rang de ceux qui fervent à la diftillation; afeenfoire.
Ori en trouve deux dans nos Planches, marqués fig.
. G4. & Gâ. Le premier eft un cylindre creux de tôle,
de cuivre , ou de laiton, qui a environ neuf pouces
de haut fur fept ou huit de large ; il a une ouverture
au-bas pour recevoir le canal d’une lampe à pompe
qui brûle à trois ou quatre meches ; on y brûle de
l’huile d’olives à vil p rix, ou.de l’huile de navette ;
mais il vaut mieux, fi l’on peu,t, n’employer que
.celle d’olives, parce que celle de navette, donne une
forte.ôdêiir qui incommode. D ’ailleurs elle produit
plus de champignons que l’autre, toutes choies égales
d’ailleurs. On aura foin de faire les lumignons
courts , terminés en un petit pinceau, & allez gros
pour remplir exaûement les petits tuyaux par lef-
quels ils paffent ; on allume le nombre de meches
néceffaire au degré de feu qu’on veut donner. Ce
fourneau fe trouve dans Libavius, d’où il apaffé fuç-
cefîivement dans les ouvrages de Béguin, de Sgobbis,
connu fous le nom.de Montagnana la patrie ,,de Lémery,
ôçdeM. l’abbéNollet, t. IV.de fies Leçons dePhy-
Jîq-. expérim. mais avec quelques açceffoires différens.
Le fécond, dont nous croyons le Fêvre l’inventeur,
ou tout au-nioins celui qui le premier en a
donné la defeription, fe trouve .flufti tome II. de la
bibliothèque pharmaceutique de Manget, PI. X I . fig. z .
On le voit dans la II. Planche de le Fcvre, & il eft:
marqué fig.GJ. dans lesnôtres. Ce fourneau, dit l’auteur
qû .nous l’avons pris. peut fervir à plufieurs
opérations de chimie capables de fatisfaire & de piquer
les plus curieux. Il.doit être fait d’une bonne
terre bolaire, compare, :bien pétrie, bien liée, ôc
bien cuite , afin que la chaleur de la lampe s’y con-
ferve bien. Si l’on craignoit qu’elle ne tranlpirât,
on pourroit enduire le dehors ôc le dedans du fourneau,
après fa cuiffon, avec des blancs-d’oeufs qu’otl
auroit réduits en eau par une continuelle agitation.
Ce fourneau doit être de trois pièces, qui auront
en tout 21 pouces de haut. Il fera épais d’un pouce,
ôc en aura 8 de diamètre dans oeuvre. La première
piece ou bafe en aura huit de hauteur; fon fol fera
percé d’un trou de 4 pouces & demi de diamètre.
Cette ouverture eft faite pour le paffage de la lampe
qui en aura 3 de diamètre, ôc 2 de profondeur. Cette
lampe fera ronde & couverte d’une platine ayant
dans fon milieu un trou environné de fix autres également
éloignés entr’eux, ôc de celui du milieu. Chacun
de ces trous fera affez grand pour admettre une
meche de 12 fils au plus. Le fécond corps aura 7 pouces
de haut; il faut qu’il s’emboîte jufte dans le premier
, ôc qu’il ait quatre pattes de terre qui ayent un
pouce de faillie dans le fourneau, pour foûtenir un.
vaiffeau de terre ou de cuivre qui aura, fix pouces de
diamètre ôc quatre de haut. Ce vaiffeau de terre eft:
une capfule dans laquelle on mettra à volonté de.
l’eau, des cendres, ou du fable, pour fervir .d’intermède
ôc faire un bain qui en tirera fon nom. Ce que
nous difons ic i, eft une modification qui ne fe trou