La gibbofitè reconnoît aufli plufieurs caufes internes
, comme , i° . torique les ligamens qui foûtien-
nent les vertebres du dos, font devenus tropflafques
&c trop lâches ; 2°. dans toutes les maladies qui attaqueront
les vertebres , particulièrement la carie
de ces o s , & le rachitilme ; 30. s’il fe trouve une
contraâion contre nature dans les mul'cles du bas-
ventre. Nous avons dans la chirurgie de Goucy une
preuve finguliere de la poflibilité de la diftorfion &
de l’incurvation de l’épine du dos par ce dernier phénomène.
J’ai dit ci-devant que la méthode curative de la
gibbofitè demandoit à être variée fuivant les diverfes
caufes du déjettement de l ’épine. J’ajoute à-préfent
que pour fe flater d’y réuflir, on ne fauroit s’y prendre
de trop bonne heure. Comme les os & les vertebres
du dos acquièrent tous les jours de la folidité,
& fe confirment dans la figure & l’attitude qu’ils
prennent ; fi l’on n’apporte un prompt fecours aux
perfonnes menacées de la courbure de l’épine, il ne
faut pas fe promettre de fuccès.
Ceux qui entendent la phyfiologie de l’économie
du corps humain, conçoivent fans peine que les
boffes un peu invétérées font ablolument incurables
; ce n’eft qu’en employant des moyens prompts
& éclairés, qu’on parvient quelquefois à la guérilon
de cette difformité, ou du-moins à rendre ce défaut
plus leger. Les vaines promelfes que font les charlatans
de redrelferle déjettement enraciné de l’épine
du dos, prouvent peut être moins leur ignorance &
leur témérité, que la crédulité des hommes, toujours
dupes des fauffes efpérances qu’on leur donne, toû-
jours plus enclins à fe lailfer féduire par des affronteurs
, qu’à fe rendre aux lumières des maîtres de
l ’art.
Dès qu’on voit des enfans menacés de cette difformité
par quelque caul'e externe , on ne négligera
rien pour tenir leur épine droite, & la garantir de
l’inflexion. On obfervera que le lit de l’enfant foit
dur, fans oreiller, & qu’il couche dans ce lit fur le
dos, de maniéré que la tête & l’épine foient le plus
qu’il fera poflîble en ligne droite ; on réitérera lou-
vent une douce compreffion du dos ou du devant de
la poitrine, pour dil'pofer les vertebres, les épaules,
les côtes &c le flernum à la flexion qu’on defire. On
fera toujours affeoir l’enfant dans des lièges faits exprès
pour tenir l’épine droite ; on lui donnera des
corfets ou des corps mollets de baleine ou de carton
faits artiftement, & qui puilfent fe retourner.
La dame dont nous avons parlé d’après M. "Wmf-
low, auroit peut-être prévenu l’augmentation de
fon infirmité, fi de bonne-heure elle eût fait ufage
d’un corfet particulier, & d’un doflier proportionné
à fon liège ordinaire.
On préférera dans d’autres occafions des bandages
qui portent dans des endroits où la bolfe pro-
mine. On pourra fe fervir d’un infiniment en forme
de croix, qui s’attache autour du ventre, s’applique
fur le dos, maintient l’épine droite, ou la garantit
d’une plus grande inflexion ; on en imaginera de
femblables, fuivant la taille, le caraâere & le lieu
de la courbure.
Il faut avoir foin en même tems de frotter fréquemment
la partie qui fe déjette, avec quelque liqueur
fpiritueufe, eau de la reine d’Hongrie, de mé-
liffe, de lavande, fpiritus matricalis, ou tout autre
efprit corroboratif: on peut employer quelqu’em-
plâtrede la même nature; celui de Vigo pour les
nerfs, l’oxicroceum, & autres pareils. On n’omettra
pas, dans certains cas, les exercices propres à fortifier
les membres foibles ; & les remedes internes ,
s’il s’agit de corriger, d’évacuer des humeurs peccantes
& fuperflues.
Si la taille fait un creux, enforte que l’épine du
dos voûte en-dedans, ce qui eft le contraire de la
gibbofitè du dos, on engagera l’enfant à fe courber,
par quelque jeu qu’on imaginera ; en lui jettant, par
exemple, fur le plancher, des cartes, de l’argent,
des épingles , ou autres bagatelles qu’il fe faffe un
plaifir de ramaffer ; la fituation qu’il fera forcé'de
prendre pour en venir à bout, portera infenfible-
ment l’endroit de l ’epine qui fe courbe, à reprendre
fa pofition droite.
Si 1 epine tendoit à fe déjetter en maniéré dVî, on
doit alors, en quelque fens que la tortuofité vienne
à fe manifefter, recourir à des corfets rembourrés,
de façon que les endroits rembourrés répondent aux
petites excédences qui doivent être repouffées. A
mefure que ces petites excédences diminueront, il
faudra néceffairement groflir les rembourrures, y
veiller avec attention, & renouveller ces corfets
tous les deux ou trois mois.
Dans la gibbofitè qui tire fon origine de caufes internes
, il s’agit de diriger les remedes aux diverfes
caufes dont elle émane ; humeurs fcrophuleufes ,
carie , rachitifme, &c.
Si la courbure de l’épine provenoit par hafard du
racourciffement, de la contraftion des mufcles du
bas-ventre, on pourroit tenter fur tout le devant du
corps les oignemens nervins émolliens, pour affou-
plir ces mufcles. On connoîtra que la courbure de
l’épine procédé du trop grand racourciffement des
mufcles obliques & droits de l’abdomen, fi le ventre
fe trouve toûjours roide & tendu ; mais fi cette con-
traâion contre nature eft un vice de naiffance le
mal eft incurable.
On voit ordinairement par les fquelettes dés bof-
fus , la tournure finguliere que prennent alors les os
de l’épine du dos, des vertebres lombaires & de la
poitrine. L’auteur de la defeription du cabinet du R o i,
tom. I I I . in-40. préfente aux yeux deux figures de
fquelettes de boflùs ; l’un d’une femme, & l’autre
d’un homme, qui en font des démonstrations.
Dans le fquelette de la femme boflùe, n°. 126'. la
plus grande tortuofité eft dans la colonne vertébrale
; la portion qui compofe les vertebres des lombes
& les dernieres vertebres du dos, eft inclinée à
droite : la dixième, la neuvième & la huitième vertèbre
dorfale , forment une courbure qui retourne à
gauche ; la feptieme, la fixieme, la cinquième & la
quatriemé, fuiventla même direftion fur une ligne
horifontale. Les trois premières vertebres forment
un contour oppofé. Le point de la gibbofitè étoit à
l’endroit de la huitième, neuvième & dixième vertèbre
du dos. On conçoit combien la poitrine éroit
déformée par les finuofités qu’avoit l’épine. Le côté
gauche du fquelette eft plus faillant que le droit, &
l’épaule droite beaucoup plus élevée que la gauche.
Enfin les vertebres des lombes, en s’inclinant du
côté droit, font baiffer le baflin du même côté.
Dans le fquelette de l’homme, n°. ixy. les vertebres
des lombes font renverfées en - arriéré, & un
peu à gauche ; deforte que la colonne qu’elles forment,
au lieu d’être verticale, eft prefqu’horifon-
tale au-deflùs de l’os facrum. Les trois dernieres
vertebres du dos forment une autre finuofité qui retourne
à droite. Les quatre premières vertebres du
dos, avec celles du cou , reprennent la ligne verticale.
L’endroit le plus faillant de la gibbofitè étoit fur
les dixième & onzième vertebres du dos. L’extrémité
poftérieure des quatre dernieres fauffes-côtes con-
tribuoit auflî à former la boffe ; car les vertebres font
tournéés à droite dans cet endroit.
Palfyn a remarqué dans les fquelettesd’enfans dont
les vertebres étoient courbées pendant leur v ie , que
les corps de ces vertebres, à l’endroit de leur courbure,
étoient fort applatis, & que les cartilages qui
font entre-deux, étoient fort minces. C ’eft ce qui
s’ eft auflî trouvé dans le fquelette qu’on vient de décrire
, & c’eft vraiffemblablement ce qui* fe rencontre
dans la plupart des fquelettes de boflùs.
J’ai v u , comme bien d’autres, dans le cabinet de
Ruyfch, huit vertebres du dos attachées enfemble,
qui étoient tellement courbées en-dedans , que la
fupérieure touchoit à l’inférieure: la gibbofitè de voit
être prodigieufe.
Quelques perfonnes ont obfervé dans des fujets
qui avoient long-tems vécu avec cette forte d’incommodité
, que plufieurs vertebres étoient réunies
en une feule maffe offeufe, les cartilages fe trouvant
oflîfiés dans les intervalles ;.mais cette obfervation
n’eft point particulière aux fquelettes des boflùs morts
âgés, elle eft toûjours l’effet de la vieilleffe. Dans
cette derniere faifon , ligamens, cartilages, vaif-
feaux, tout s’oflifie, tout annonce le paffage de la
vie à la mort ; l’intervalle qui les fépare n’eft qu’un
point : accoutumons-nous a le penfer. (D. /.)
G IB E C IE R E , (Art méchant) efpece de grande
bourfe ou de petit biffac ordinairement de cuir, &
quelquefois de cuir couvert d’étoffe ; mais cette dernière
forte de gibecière ne fert guere qu’aux bateleurs
& joiieurs de gobelets, pour les tours d’adreffe dont
ils amufent le public. M. Eccard dérive ce mot, avec
affez de vraiffemblance, de l’allemand fehiben, cacher
, ferrer ; & de becher, gobelet.
A l’égard des gibecières de cuir, terme qui peut v enir
du mot gibier, les unes font rondes, & font propres
aux chaffeurs , qui les tiennent attachées avec
des ceintures de cuir ; ils y mettent leur poudre ,
leur plomb, leurs pierres-à-fufil, leur bourre, leur
tire-bourre, & généralement tout ce dont ils ont be-
foin pour la chaffe. Les autres gibecières font quar-
rée s, & fervent aux grenadiers, foit à cheval, foit à pié, pour y mettre leurs grenades, & ces gibecières
leur pendent en bandoulière. Le refte de l’infanterie
fe fert aufli de gibecières attachées au ceinturon ,
ce qui leur tient lieu de l’ancienne bandoulière où
pendoit leur fourniment.
Les gibecières dont on fe fert dans le L evant, font
composées de tuyaux de canne affemblés ordinairement
à double rang, aflez femblables aux anciennes
flûtes de Pan, ou , pour me fervir d’une comparaifon
plus intelligible , aux fifflets de ces chauderonniers
ambulans qui vont chercher de l’ouvrage de province
en province.
Cette gibeciere des Orientaux eft legere, courbe,
& s’accommode aifément fur le côté. Ses tuyaux
font hauts de 4 à 5 pouces, & couverts d’une peau
affez propre. Chaque tuyau contient fa charge, &
cette charge eft un tuyau de papier rempli delà quantité
de poudre & de plomb néceffaire pour tirer un
coup. Quand on veut charger un fufil, on tire un de
ces tuyaux de la gibeciere ; avec un coup de dent on
ouvre le papier du côté où eft la poudre ; on la vuide
en même tems dans le canon du fufil, & on laiffe
couler le plomb enfermé dans le refte du tuyau de
papier : la charge eft faite avec un coup de baguette
que l’on donne par-deffus ; & le même papier qui
renfermoit la poudre & le plomb, fert de bourre. Je
laiffe aux experts à juger fi cette invention vaut
mieux que la nôtre. (D . /.)
Gib e c ie r e , (tours de} Art d’efeamotage ; terme
général qui comprend tous les tours de gobelets, les
tours de main, les tours de cartes , & autres de ce
genre. On les nomme tours de gibeciere, parce que les
faifeurs de ces fortes de tours ont à leur ceinture
une efpece de gibeciere, fcliibbeker, comme difent
les Allemands, ou une efpece de fac deftiné à ferrer
leurs gobelets , leurs balles, & le refte de l’attirail
néceffaire à leur efeamotage. Voye[ T ours de main,
T ours de cartes, T ours de gobelets. (D . y.)
GIBEL, ( le) Æthna , Géog, la plus haute mon-
Tome V I I%
tagiie de la Sicile , & une des plus célébrés dé l ’Ëù-
rope. On fait affez que tous les anciens géographes
&C hiftoriens en ont parlé fous le nom de mo'ntEthna.
C ’eft fous cette montagne que les Poètes ont feint
que Jupiter ecrafa le géant Typhon, & que Vuleain
• tenoit fes forges. Les Siciliens ont changé le nom latin
en celui de Gibel, qu’ils ont vraiffemblablement
pris des Arabes, dans la langue defquels ce mot fi-
gnifie une montagne; il défigne en Sicile la montàgnt
par excellence. Elle eft proche de la côte orientale du
val de Démona, entre le cap de Faro & le cap de
Paffaro, à quatre lieues des ruines de Catania vers
le couchant. On lui donne deux grandes lieues de
hauteur, & environ vingt de circonférence. Son pié
eft très - cultivé, tapiffé de vignobles du côté du
midi, & de forêts du côté du feptentriom
Son fommet, quoique tôûjoùrs couvert de iieige,
ne laiffe pas de jetter fouvent du feu, de la fumée,
des flammes , & quelquefois des cailloux calcinés';
des pierres-ponces, des cendres brûlantes, & des
laves de matière bitumineufe, par Une ouverture
qui, du tems de Bembo , & félon fon calcul, étoit
large de 14 ftades ; la ftade contient nypasgéomé-*
triques, & par conféquent les 24 font trois milles
d’Italie.
Si l’idée d’un fi prodigieux gouffre fait frémir, les
incendies que le Gibel vomit font encore plus redoti*
tables. Les faftes de la Sicile moderne ont fur-tout
confacré les ravages caufes par ce redoutable volcan
dans les années 1537, 1554, 1 y 76, 1579, 1669,
& 1692. Lors de l’embrafement de cette montagne,
arrivé en 1537, & décrit par Fazelli, les cendres furent
portées par le vent à plus de cent lieues de dif-
tance. Quatre torrens de flammés fulphureufes. découlèrent
du mont Gibel en 1669, & ruinèrent quinze
bourgs du territoire de Catania. Enfin le volcan de
1692 fut fuivi d’un tremblement de terre qui fe fît
fentir en Sicile avec la plus grande violence, les 9 ,
10 & 11 Janvier 1693 ; renverfa les villes deCatania
& d’Agoufto ; endommagea celle de Syracufe, plufieurs
bourgs & villages, & écrafa fous les ruines
plus de 40 mille âmes. Il y eut alors fur le Gibel une
nouvelle ouverture de deux milles de circuit.
Je n’entrerai pas dans d’autres détails ; j’en fuis
difpenfé par la Pyrologiê de Bottône Leontini, à laquelle
je renvoyé le letteut. Cet intrépide naturà-
lifte , curieux de connoître par fés propres yeux la
conftitution du mont Gibel, a eu la hardieffè de
grimper fur fon fortimêt jufqu’à trois différentes re-
prifes ; fàvoir en î 533 , i 540, & 1^45 : ainfî nous
devons à fon courage la plus exafte topographie de
cette montagne, & de fes volcans. Son livre, devenu
très-rare, eft imprimé en Sicile fous le titre
de Æthna topographia , incendiôrumqui oethnatorum
hifioria. (D . / .)
GIBELIN, f. m. ( Hifi. mod.) nom de la faûion
oppofée à celle des Guelphes. Quelques-uns fixent le
commencement de ces deux faâions à l’an 1140.
On fe rappellera fans doute que les Gibelins
étoient attachés aux prétentions des empereurs,
dont l’empiré en Italie n’étoit qu’un vain titre,
que les Guelphes. étoient foûmis aux volontés des
pontifes régnans.
Nous ne remonterons point à l ’ôrigine de ces deux
partis ; nous ne crayonnerons point le tableau de
leurs ravages, encore moins rapporteronsuious les
conje&ures odieufes des favans fur l’étymologie des
noms Guelphe & Gibelin ; c’eft affez de dire, avec
l’auteur de l’f^/ûi fur VHifioire générale, que ces deux
fa&ions defoîerent également les villes & lés familles
; & que pendant les xij. xiij. & xjv. fiedes, l’Italie
devint par leür ànimofité le théâtre, non d’une
guerre > mais de cent guerres c iviles, qui-, en aigui?
0 O O 9 ij