
ture de gomme laque, &c. font fort recommandés.
Fabrice d’Aquapendente prefcrit de cautérifer le-
gerement, avec un fer mince, les gencives tuméfiées,
avides & pourries ; il les frottoit enfuite avec du
miel, & faifoit gargarifer avec du vin miellé.
Il furvient quelquefois autour des dents une excroiffance
charnue, dont il a été parlé au mot Epu-
LIDE. Pour compléter cet article, nous dirons que
de tous les moyens propofés, l’extirpation par l’in-
ftrument tranchant eft le plus convenable ; mais que
pour obtenir la guérifon parfaite de cette tumeur, il
faut prefque tofxjours la cautérifer. Les épulis font
fufceptibles de grofîir au point d’empêcher le malade
de parler & de manger. Ambroife Pare dit en
avoir emporté de fi confidérables, qu’elles fortoient
en partie de la bouche, & qu’il a été obligé de cautérifer.
à différentes fois la racine de la tumeur, parce
qu’elle répulluloit ; il n’a obtenu la confolidation
parfaite de l’ulcere, qu’après avoir détruit la portion
cariée de l’os maxillaire, fur laquelle cette ex-
croiffance avoit végété.
La carie de l’os eft prefque toujours la caufe ou
l’ effet des épulis. La plupart des obfervations qu’on
a fur cette maladie, montrent que la carie de la dent
en eft fréquemment la première caufe, comme nous le
remarquerons plusbas. Job à Meerkréen fameux chirurgien
d’Amfterdam, rapporte qu’un homme vigoureux
& de la meilleure conftitution, fe fraâura la
mâchoire inférieure par une chute. Il furvint une
excroiffance fongueufe, du volume du poing ; elle
empêchoit le malade de parler & de manger, & le
rendoit fort difforme. L’amputation de cette tumeur
parut indifpenfable ; mais l’opérateur voyant en
commençant fon incifion qu’il ne fortoit pas une
goutte de fang, il jugea qu’il falloit néceffairement
procéder à l’extirpation éradicative de la tumeur ;
ce qui fut exécuté fur le champ. L’ouverture de la
beuche n’étoit point affez grande pour permettre
Tiffue de cette excroiffance ; il fallut la couper en-
fuite pour la tirer en différentes parties. On fe fervit
de gargarifines vulnéraires & déterfifs, convenables
à la mondification de l’os carié. Le furlendemain de
l’opération, onfentit deux efquilles vacillantes, &
affez fortes ; on en fit l’extraâion, & le malade guérit
en très-peu de tems.
Il eft à-propos que les Chirurgiensfoient prévenus
que l’amputation des épulis peut être accompagnée
d’une hémorrhagie affez confidérable. L ’auteur
que je viens de citer, en donne un exemple remarquable.
Une jeune demoifelie étoit fujette à des fluxions
à la tête, aux oreilles, & aux dents. Il lui furvint
au palais une tumeur blanchâtre, groffe comme
un gland, qu’on crut pleine de pus. L’ouverture ne
donna iffue qu’à du fang vermeil, & en grande quantité.
L’hémorrhagie fut arrêtée par une compreflïon
avec lé doigt, continuée affez long-tems. Cinq ou
fix jours après, la tumeur avoit acquis un volume
plus confidétable qu’auparavant ; perfonne ne dou-
toit plus qu’elle ne contînt véritablement du pus : on
en fit l’ouverture ; le fang fortit avec beaucoup d’im-
pétuofité & d’abondance. On fe fervit de linge brûlé
pour arrêter cette fécondé hémorrhagie, & l’on ne
Jugea plus devoir revenir à l’opération, qu’après
qu on àuroit des fignes certains de purulence. Pour
la procurer, l’on fit ufer de gargarifmes avec la dé-
coâ ion d’oignons de lis & de racines d’althæa, de
feuilles de mauve & de guimauve, de graines de lin
& de figues; on ajoûtoit une once de urop d’althæa
à une livre de cette décoâion. La malade en tenoit
fréquemment dans fa bouche : la tumeur diminua de
volume, elle s’ouvrit d’elle-même ; mais la guérifon
ne fut parfaite qu’après l’exfoliation de l’os.
Scultet parle d’une excroiffance fongueufe à la
partie antérieure du palais, derrière les dents incifiv
e s , qui rendoit du fang abondamment, pour peut
que la malade la pouffât avec la langue. Il fit diminuer
cette tumeur en la touchant avec un mélange
d’efprit de vitriol reâifié, de fuc de pourpier, & de
teinture de rofes : il extirpa le refte en l’arrachant
avec des pinces à polype ; la cure fiit terminée radicalement
en dix jours. Dans ce dernier cas, l’os
n’étoit point altéré ; mais s’il y avoit carie, il faudrait
après l’extirpation avoir recours au cautère
aâuel. Ruifch rapporte, dans la quarante-huitieme
de fes obfervations anatomiques & chirurgicales,
une très-belle cure d’une excroiffance fongueufe au
palais, avec carie de l’os maxillaire, & opérée par
les moyens que je viens de citer.
La carie des dents produit fouvent des maladies
du finus maxillaire, qui s’annoncent quelquefois par
une tumeur fongueule aux gencives. Une femme, au
rapport de Ruifch, obfervat. yy. étoit très-mal d’une
tumeur à la jo u e , avec excroiffance maligne aux
gencives. Après l’extirpation de cette excroiffance &
l’arrachement de quelques dents molaires, d’habiles
chirurgiens portèrent le cautere aâuel jufque dans
le finus maxillaire, dont on tira quelques jours après
avec le petit doigt, quantité de tubercules polypeux
de la groffeur d’un pois ou environ.
La carie des dents étant la caufe la plus fréquente
des maladies du finus maxillaire, leur extraâion, fi
bien indiquée par le mal même dont elles font attaquées
, devient aufii néceffaire par le traitement des
maladies du finus : on peut même arracher une dent
faine pour procurer l’iffue du pus & déterger le finus.
Drake chirurgien anglois, traitant un homme qui
avoit un ozene dont le fiége étoit dans le finus maxillaire
, voyant que la matière acre & purulente ne
fortoit par le nez qu’en très-petite quantité, lorfque
le malade étoit couché fur le côté fain, il prit le parti
de tirer la fécondé des dents molaires ; il perça en-
fuite avec un inftrument convenable, le fond de
l’alvéole, & parvint ainfi dans le finus même. La
matière prit fon cours de ce côté ; on fit des injeâions
fpiritueufes, & le malade guérit radicale;-,
ment.
Il peut refter à la fuite de l’extraâion d’une dent
par l’alvéole, de laquelle on a pénétré dans le finus,
un écoulement de férofité muqueufe, fournie par les
tuyaux excréteurs de la membrane qui tapiffe le finus.
Higmar, qui a décrit avec tant d’exaâitude le
finus maxillaire, qu’on a donné fon nom à ce finus ,
dit qu’une dame avoit un écoulement continuel d’une
humeur féreufeà la fuite de l’extraâion d’une dent
canine, avec laquelle une portion de la mâchoire
fupérieure fut emportée, de forte qu’il y avoit un
paffage libre dans le finus. Cette dame fut un jour
fort effrayée en cherchant l’origine de cet écoulement.
Elle introduifit un ftilet d’argent dans l’alvéole,
& il entra jufque vers l’orbite ; elle prit en-
fuite une petite plume dont elle avoit ôté les barbes,
& la paffa prefque toute entière dans le finus, quoiqu’elle
eût plus de fix travers de doigts de longueur:
elle croyoit l’avoir portée jufqu’au cerveau. Higmar
qu’elle confulta, reconnut que la plume avoit tourné
en fpirale dans le finus, & il la tranquillifa en lui
faifant voir l’étendue de cette cavité fur un os maxillaire
préparé ; mais il ne donna aucun confeil fur l’incommodité
dont cette perfonne fe plaignoit.
J’ai vûau mois de Mai 17 j 1, avec M. Morand,une
dame de 45 à 50 ans, à qui 1 on avoit arraché dix ans
auparavant la première dent molaire de la mâchoire
fupérieure du côté droit. La racine étoit reftée, ou
du-moins la pointe de la racine. Il y avoit dix mois ,
que fatiguée de douleurs & de fluxions, accompagnées
d’une iffue de pus fétide par le nez dont quelques
gouttes coulèrent enfin par l’alvéole de la dent
arrachée, cette dame confulta à Compiegne M. de la
Martiniere & différeus médecins & chirurgiens de la
cour. M. le premier chirurgien confeilla l’extraâion
de la fécondé molaire, quoiqu’elle fût faine. M. Cap-
peron dentifte du r o i, extirpa la dent; il fortit beaucoup
de pus par l’alvéole : il eft refté une ouverture
dont il diftilloit une eau falée. Cette dame fe plaignoit
qu’en fe mouchant, l’air entrôit par l’alvéole dans
le finus maxillaire, & l’incommodoit. Nous avons
fondé ce trou, & avons jugé que les parties molles
qui en tapifî'ent la circonférence & l’intérieur , étant
bien confolidées , ce trou ne fe fermerait jamais naturellement,
& qu’on pouvoit obtenir le bon effet
d’une réunion parfaite par l’ufage d’un bouchon de
cire.
J’ai lû depuis dans le quatrième volume du recueil
de differtations anatomiques, publié par M. de Haller
, une thefe de M. Reininger fur les cavités des os
de la tête ; il y donne une obfervation de M. T rew ,
laquelle a beaucoup de rapport avec le cas dont je
viens de parler. Un homme de quarante ans étoit
tourmenté depuis plufieurs années d’une douleur de
dents, avec un gonflement de la joue. La troifieme
dent molaire étoit entièrement cariée, & il y avoit
à fa bafe un trou dans lequel le ftilet entrait de la longueur
d’un travers de doigt. L ’application d’un cata-
plafme émollient fur la tumeur, détermina une fup-
puration par ce trou ; on arracha la dent, & il fortit
beaucoup de matières purulentes, dont le foyer étoit
dans le finus. Les injeâions qu’on y fit pour le mon-
difier, fortoient en partie par le n ez, lorfque le malade
panchoit la tête en - devant. L’ouverture de l’os
ne fe confolida point ; & pour empêcher les alimens
& l’air de pénétrer dans le finus & d’incommoder, on
confeilla un obturateur fait avec de la cire, à laquelle
on ajoûtoit de la poudre de corail, afin de lui donner
plus de confiftance. Par ce moyen la perfonne n’a
plus éprouvé la moindre incommodité. Scultet a tenté
avec fuccès l’application du cautere aâuel pour
obtenir une cure absolument radicale dans un cas de
cette nature. Il avoit fait des injeâions dans le finus
maxillaire, après l’extraâion d’une dent cariée : ennuyé
de ce que l’ouverture ne fe fermoit point, il
porta un fer rouge dans l’alvéole , & en cautérifa
affez fortement la circonférence. A la chûte de l’ef-
carre, l’os lui parut carié ; il le toucha trois ou quatre
fois avec les fers chauds, & fe fervit de remedes
deflicatifs : après l’exfoliation, l’ulcere fe confolida
fort exaâement. Si l’auteur ne s’eft pas mépris fur la
ca r ie , en prenant pour une altération primitive ce
qui n’étoit que l’effet du cautere aâuel & de la chûte
de l’efcarre, il auroit épargné de la douleur à fon
malade, en lui failànt porter un obturateur, comme
dans les cas précédens.
Quand la maladie du finus manifeftée par les fignes
propres, n’eft point accompagnée de dent cariée
, c’eft la troifieme molaire qu’il faut arracher, fi
aucune circonftance ne détermine qu’on en tire une
autre, parce qu’elle répond plus précifértient au centre
du finus : mais fi les dents étant tombées depuis
du tems, & l’arcade alvéolaire diminuée dans toutes
fes dimenfions & en partie effacée, la fubftance
offeufe étoit devenue plus compaâe & plus ferrée
dans cet endroit, on pourrait ouvrir le finus dans fa
paroi extérieure, au-deffus de l ’arcade alvéolaire,
à l’endroit où répondoit la racine de la troifieme
dent molaire. Il n’eft pas difficile de concevoir les
inftrumens convenables pour pratiquer cette opération.
( Y )
GENDARME, f. m. ( Hiß. mod. èc Art milit. )
c’étoit autrefois un cavalier armé de toutes pièces,
c’eft-à-dire qui avoit pour armes défènfives le cafi-
que, la cuiraffe, & toutes les autres armures nécef-
faires pour couvrir toutes les parties du corps. Le
cheval du gendarme avoit la tête ik. les flancs aufli
couverts d’armes défenfives. Les cavaliers armés de
cette maniéré, furent d’abord'appellés hommes d'ar-
mes, & enfuite gendarmes, Foye^ Homme d’armes»
« De tout tems les hommes d’armes ou gendar-
» mes, dit le P. Daniel, ont été regardés comme la
» plus noble partie de la milice françoife. Depuis
» l’inftitution des compagnies d’ordonnance par
» Charles VII. les grands leigneurs, les maréchaux
» de France, les connétables, les princes du,fang,
» fe font fait honneur de commander ces fortes de
» compagnies ; & dans la fuite les rois mêmes ont
» voulu en avoir une dont ils fe faifoient les capital-
» nés ». Hiß. de La milice franç, tom. II. pag. 182.
Le poids confidérable des armes du gendarme qui
le rendoit propre à foûtenir un choc & à combattre
de pié ferme, ne lui permettoit pas de pourfuivre
l’ennemi lorfqu’il étoit rompu ; il y avoit pour y fup-
pléer une autre efpece de cavalerie plus legerement
armée, qu’on appelloit par cette raifon cavalerie legere.
Quoique cette différente maniéré d’armer la cavalerie
ait été totalement abolie fous le regne de
Louis XIV. on a coniervé néanmoins le nom de
gendarmerie à plufieurs corps qui avoient autrefois
l’armure du gendarme; & l’on a appelle cavalerie legere
, tous les autres corps de la cavalerie.
Le corps de la gendarmerie de France eft divifé
en troupes particulières , appellées compagnies.
Les compagnies font de deux fortes : les unes font
deftinées à la garde du roi, & elles forment le corps
qu’on appelle la maifondu roi; les autres , qui n’ont
pas le même objet, retiennent l’ancien nom de gendarmerie
, ou de compagnies d'ordonnance.
Les compagnies du corps de la gendarmerie qui
compofent la maifon du r o i, font les quatre compagnies
des gardes-du-corps, celle te s gendarmes de la
garde, celle des chevau - legers, & les deux compagnies
de moufquetaires. La compagnie des grenadiers
à-cheval eft toûjours à la fuite de ce corps,
mais elle n’en fait pas partie.
Dans l’ufage ordinaire, lorfqu’on veut exprimer
un maître ou un cavalier des gendarmes de la maifon
du roi-, on lui donne le titre de gendarme de la
garde : on fe fert fimplement de celui de gendarme
pour tous les maîtres des compagnies d’ordonnance.
La compagnie des gendarmes de la garde avoit autrefois
le premier rang dans la maifon du roi. Les
gardes-du-corps obtinrent enfuite ce privilège vers
l’an 1665. « Sa majefté étant à Vinçennes, dit le P.
» Daniel, fit une revûe des troupes de fa maifon, où
» les gendarmes qui avoient toûjours eû la droite fur
» les gardes-du-corps , eurent ordre de paffer à la
» gauche. La volonté du ro i, & la grande ancien-
» neté des quatre compagnies des gardes du r o i , en
» comparaifon des autres compagnies de la maifon
» du roi, furent alors & ont été depuis, leur titre de
» préféance ». H ß . de la milice franç. t. I I . p. igo.
Le même auteur prétend que c’eft le roi Louis
XIII. qui à fon avenement à la couronne, voulant
donner à la compagnie des gendarmes une marque
particuliere de confiance , la mit dans le corps de
troupes deftinées à fa garde.
Cette compagnie eft de deux cents maîtres ; on
l’augmente quelquefois jufqu’à deux cents quarante
en tems de guerre. C ’eft le roi qui en eft capitaine.
Le commandant a le titre de capitaine-lieutenant,
comme l’ont tous les autres commandans des compagnies
qui compofent le corps de la. gendarmerie de
France.
Les gendarmes de la garde ont, après le commanda
nt , deux officiers fupérieurs qui ont le titre de capitaines
fous-lieutenans. Ils ont de plus trois officiers,
qui ont chacun le titre d’enfeigne , ÔC trois autres qui
ont celui 4e guidon^