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d>en modérer les accès, & à qui l’afage de ce reiiie-
de avoit réufli parfaitement.
Elle a été vantée aufli contre les écrouelles, le
fcorbut & les fièvres rebelles.
On ordonne les fommités de cette plante en infii-
fion dans de l’eau, par pincées, à la façon de thé ;
on les fait macérer aufli dans du vin blanc ; c’eft
de ce dernier diffolvant dont on fe fert quand on
veut employer la germandrèe contre la fupprefîion
des réglés. On peut employer dans ce cas jufqu’a
deux poignées de feuilles & de fommités par pinte
de vin. Cette teinture que l’on donne par cuilleree,
eft peu inférieure au vin d’abfynthe. Voye^ Ab syn -
THE.
On fait un extrait de feuilles de gtrmandrèe, qu’on
ordonne depuis un gros jufqu’à deux dans les cas ex-
pofés ci-deffus.
Cette plante entre dans les préparations fuivan-
tes de la pharmacopée de Paris ; favoir le firop d ar-
moife compofé, l’orviétan, l’eau generale, la thériaque
, l’hiere de coloquinte, l’huile de fcorpion
compofée, & la poudre arthritique amere. {b)
GERMANDREE d’e a u , ( Pharm. & Mat. med.)
cette plante poffede à-peu-près les mêmes vertus
que le petit chêne; elle en différé feulement en ce qu’elle
eft un peu moins amere & un peu plus aromatique.
Les ufages magiftraux des feuilles & des fleurs
de celles-ci, font les mêmes que celles des fommités
& des feuilles du petit chêne.
C ’eft du nom grec de cette plante que tire le fien
le fameux antidote de Fracaftor, appellé diafcordium.
Voyti D ia sco rd ium .
La gtrmandrèe détail entre dans un très-grand
nombre de compofitiens officinales : on en prépare
une eau diftillée, une teinture avec l’efprit-de-vin,
un extrait & un firop fimple : tous ces remedes font
prefque abfolument inufités parmi nous. Au refie
cette plante eft plus connue fous le nom defiordium
ejue fous celui-ci. (b)
GERMANICOPOLIS, ( Gèog. anc. ) il y avoit
trois villes en Afie ainfi nommées, qu’il ne faut pas
confondre enfemble. Celle dont Pline parle, /. III.
chap. xxxij. étoit au couchant de la Bithynie & aux
confins de l’Hellefpont. La fécondé , dont Ammien
Marcellin fait mention Uv. X X V I I . chap. j x . étoit
dans l’Ifaurie , bien loin de la première, vers le
midi. La troifieme, que Juftinien nomme dans fes
novelles (novelle %g . chap. j . ) , étoit dans la Paphlagonie
propre, au levant de la Bithynie ; & cette
troifieme étoit épifcopale. {D. J .)
GERMANIE, f. f. {Gèog. hiß.) ce nom a été commun
à la Germanie proprement dite, & à une partie
de la Gaule belgique. La Germanie proprement dite
a été aufli nommee la Grande-Germanie, la Germanie
tranfrhénane. La Germanie belgique fe nomflioit
autrement Germanie ci/.rhénane.
La Grande - Germanie dont il s’agit ic i, étoit un
vafte pays de l’Europe au centre de cette partie du
monde, autrefois habitée par divers peuples , auxquels
le nom de Germains étoit commun. Ce pays
n’a pas toujours eu les mêmes bornes, & les anciens
géographes lui ont donné fucceffivement plus ou
moins d’étendue. Mais l’on peut dire en général que
la Germanie comprenoit tout le pays renfermé entre la
Viflule, le Danube, le Rhin & l’Océan feptentrio-
nal ; qu’elle faifoit la portion la plus grande de l’ancienne
Celtique, & avoit au-moins deux fois plus
d’étendue que l’Allemagne d’aujourd’hui.
Pline, un de ceux qui a tâché de s’inftruire le plus
cxaftement de la Germanie, renferme tous les peuples
qui l’habitoient fous cinq grandes nation?, qu’il
iiomme les Iftævons, les Hermions, les Vindiles, les
Ingævons, & les Peucins. Les Iftævons, félon lu i,
étoient au midi occidental, s’étendant entre le Rhin
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& PËlbe, depuis la mer de Germanie jufqu’ aux folir*
ces du Danube. Les Hermions étoient au midi oriental
, depuis le Danube jufqu’à la Vindilie. Les Vindiles
occupoient toute la côte de la mer Baltique ,
& la Cherfonefe cimbrique. Les Ingævons habi-
toient la Scandie & la Finningie. Les Peucins occupoient
là Sarmatie européenne jufqu’au Tanaïs, au
Palus-Méotide, & au Pont-Euxin. Nous ne favons
rien de plus de toutes ces grandes nations ; la fuite
de ce difcours le prouvera.
Les Romains ayant trouvé leur compte à conquérir
la Grece & l’Italie , oh il y avoit d’immen-
fes richeffes, détournèrent leur attention du pays
des Germains , peuples qui ne poffédoient aucun
héritage en particulier, n’avoient aucune demeure
fixe pendant deux ans de fuite, s’occupoient à la
chafl'e, vivoient de lait & de la chair de leurs troupeaux
, plutôt que de pain. L ’avidité romaine ne fut
point tentée de s’avancer dans un pays fi miférable ,
d’un accès très - difficile, arrofé de fleuves & de rivières
, & tout couvert de bois ou de marais. Ils n’y
pénétrèrent point comme ils avoient fait en Afie ; &c
craignant ces peuples redoutables , ils fe contentèrent
de s’emparer d’une lifiere de la Germanie, feulement
par rapport à la G aule, & autant que le voi-
finage les engageoit néceffairement à cette guerre.
Une ou deux viûoires fur les bords du pays, ac-
quéroient le nom de germanique au général qui les
avoit remportées.
Nous devons à Céfar la première defcription des
Germains. Il en parle beaucoup dans fes commentaires
, lib. IV. de bello gallico , cap.j. ij. iij. 8>C quoiqu’il
ne nomme que les Sueves, qui étoient les plus
puiffans & les plus belliqueux, il y a fujet de croire
que la defcription qu’il fait de leurs moeurs, conve-
noit à tous les Germains, & même à tous les Celtes
, c’eft- à - dire aux plus anciens habitans de l’Europe
; car ces moeurs fimples, guerrières & féroces
qu’il dépeint, ont été générales ; il eft feulement arrivé
que les Germains les conferverent plus Jong-
tems que les Gaulois & les Italiens. Le même auteur
obferve que les Sueyes aimoient à être entoiîrés de,
vaftes folitudes. On remarque encore la même chofe
chez les Polonois & les Ruffes, dont les pays font
bornés par des régions incultes du côté de la Tar-
tarie.
Après la defcription que nous a donné Céfar de,
la Germanie, nous avons eu celle de Strabon, qui a.
vécu fous Augufte & fous Tibere : mais il fuffit de
le lire pour fe convaincre qu’alors les Romains ne
connoifloient de la Germanie , même imparfaitement
, que ce qui eft en-deçà de l ’Elbe : les Romains ,
dit-il, nous ont ouvert la partie occidentale de l’Europe
jufqu’à l’Elbe, qui coupe la Germanie par le milieu
; & ce qui eft au-delà de l’Elbe, pourfuit-il, nous
eft entièrement inconjiu.
Le tableau que Pomponius Mêla a tracé de la Germanie
, prouve que l’on n’en connoiffoit guere davantage
fous l’empereur Claude. Les Romains n’é-
toient pas plus éclairés fous Néron: on peut juger
de leur ignorance à cet égard par le faux portrait
que fait Séneque des Germains ; ils ont, d i t - il, un
ciel trifte, une terre ftérile, un hyver perpétuel,
&c.C
ependant on eût pu acquérir tous les jours à Rome
de nouvelles connoiffances des Germains, fi les
Romains les euffent fubjugués. On fait que c ’étoit
l’ufage d’expofer aux yeux du public dans les protiques
de Rome, des repréfentations des pays vaincus.
Euménide le rhéteur qui vivoit fous Dioclétien,
nous le confirme en ces mots: « La jeunefle
» peut, dit-il, voir tous les jours, & confidérer at-
» tentivement toutes les terres & toutes les mers fub-
» juguées par la valeur ou par la terreur. Vous lavez
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» vous-même, pourfuit-il en s’adreffant au préfident
» des Gaules, qu’afin d’inftruire les jeunes gens, &
» pour que leurs yeux voyent plus clairement ce que
» leurs oreilles ne leur apprendroient qu’avec diffi-
» culte, on leur montre la fituation des lieux, avec
» leurs noms, leurs diftances, les fources des fleu-
» v e s , leurs cours, leurs embouchures, les finuofi-
» tés des rivages, la maniéré dont la mer côtoyé la
» terre, ou y forme des golfes : on y trace les belles
» allions des grands capitaines en divers pays, & on
» a recours à ces tableaux lorfqu’il arrive la nou-
» velle de quelques nouveaux avantages : on y voit
» les fleuves de la Perfe, les fables brûlans de la Ly-
» bie, les bouches du N il, & les cornes du Rheyn ».
Remarquez qu’il ne dit pas qu’on y voyoit le V e -
fe r , l’Oder, le Danube, la Viftule, &c.
Pline dont les recherches intéreffantes ne connurent
de bornes en aucun genre, acquit fans doute
des lumières plus sûres & plus étendues de la Germanie
, que tous ceux qui l’avoient précédé. Il fervit
fur la lifiere de ce p ays, & écrivit en vingt livres les
guerres des Romains contre les Germains : mais cet
ouvrage précieux s’eft perdu, & nous n’avons fait
que profiter de quelques généralités géographiques à
ce fujet, qu’il a inférées dans fon hiftoire naturelle,
& qu’il expofe même fuivant fa coûtume avec beaucoup
de referve.
Tacite, ami & contemporain de Pline, fit à fon
tour un livre des moeurs des Germains qui eft entre
les mains de tout le monde, & qui renferme mille
chofes curieufes delaGermanie. Comme procurateur
de la Belgique fousVefpafien, il fut plus à-portée que <
perfonne de s’informer du pays qu’il fe propofoit de
décrire , & des peuples qui l’habitoient : mais ainfi
que Pline, il ne parla que d’après le rapport d’autrui
, & ne mit jamais le pié dans la Germanie tranfrhénane.
Enfin Ptolomée donna une defcription de la Germanie
beaucoup plus complété & plus détaillée,
que celle de tous fes prédéceffeurs ; & c’eft aufli la
defcription qui a été reçue par prefque tous les Géographes
qui l’ont fuivi. Il rencontre jufte en tant de
chofes, qu’il doit l’avoir faite cette defcription fur
d ’excellens mémoires dreffés avant lu i, & .vraisemblablement
après avoir confulté toutes les cartes
qu’on avoit de ce pays-là dès le tems d’Augufte, &
les tables dont j’ai parlé ci-defîus, qui étoient expo-
fées dans les portiques de Rome. Cependant Ptolomée
fe trompe fouvent ; il ne parle que d’après des
mémoires anciens, & pour tout dire, il n’a pas été
plus heureux que les autres ; il n’a pas vû les lieux
dont il parle ; aufli pourroit-il décrire la Germanie ,
non telle qu’elle étoit de fon tems, mais telle qu’elle
avoit été autrefois. En effet, il met les Lombards
fur la rive gauche de l’Elbe, & l’on fait que fous T ibere
, ils avoient été reculés au-delà de ce fleuve ; il
met les Licambres dans la Germanie propre, & Tacite
dit formellement, qu’ils avoient déjà été tranf-
portés dans les Gaules. Enfin, & c’eft une autre ob-
fervation importante, il place plufieurs villes dans
fa grande Germanie, quoiqu’il foit démontré que de
fon tems, il n’y en avoit pas une, non plus que du
tems de Tacite. Ce dernier dit exprefl'ément que les
peuples de Germanie n’avoient aucune v ille , étoient
fans ufage de la mâçonnerie & des tuiles, ne fouf-
froient pas que les maifons fuffent jointes l’une à l’autre
, & le creufoient pour habitations des cavernes
foûterreines , afin de s’y mettre à l’abri durant l’hy-
ver. Concluons qu’aucun géographe ne nous a donné
d’exalles deferiptions de la véritable Germanie, par
cette grande raifon, que les Romains n’y pénétrèrent
jamais.
Mais comme ils ne purent la fubjuguer, ils prirent
jle parti de fe faire une nouvelle Germanie en-deçà
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du Rhin > aux dépens de la Belgique» Suétone dans
la v ie de Tibere, remarque que ce prince n’étant encore
que gendre d’Augufte, pendant la guerre contre
les Germains, en tranfporta dans la Gaule quarante
mille de ceux qui fe rendirent à lu i, & leur
aflïgna des demeures le long du Rhin. Le même auteur
dit qu’Augufte voyant que les Sueves & les Si-
cambres fe foûmettoient à fes armes, les fit palier
dans la Gaule, & les établit pareillement dans des
terres voifines du Rhin» C ’en fut allez pour donner
lieu aux Romains de nommer Germanie, un canton
de la Gaule ; c’étoit en effet le feul canton voifin de
la grande Germanie, qu’ils euffent véritablement
conquis ; car Varus qui s’avança un peu trop dans
le pays que nous appelions aujourd’hui la Weflpha-
He, y périt avec fon armée. Les Eubiens qui étoient
d’abord au-delà du Rhin, furent fi odieux aux autres
peuples de la Germanie, pour avoir reçu le joug de
Rome, qu’ils pafferent de l’autre côté du fleuve.
Les armées romaines fubjuguerent néanmoins
quelques peuples, dont le pays étoit en partie au-
delà du Rhin, comme les Németes qui étoient aux
environs de Spire, les Vangions aux environs de
Worms, & les Tribocci aux environs de Mayence.
Comme ces peuples étoient principalement & par
rapport à leurs capitales , dans la Gaule & au couchant
du Rhin ; on les rangea fous le gouvernement
de la Gaule, & on les joignit à la Belgique , cela
veut dire qu’on vit une partie de la Belgique jointe
à une lifiere de la grande Germanie, porter le nom
de Germanie ; & cette partie fut divilée en Germanie
fupérieure, & en Germanie inférieure. Voilà qui
peut fuflire, pour prouver que la Germanie n’a pas
toûjours eû les mêmes bornes, ni les mêmes peuples
dans fon fein ; & c’eft un fait qu’il ne faut jamais perdre
de vue.
Il feroit à-préfent d’autant plus inutile de rechercher
curieufement avec Spenerus , Melanchton ,
Rudbeck, ou Leibnitz, l’origine inconnue des noms
Germains & Germanie , que ces noms mêmes ne furent
pour ainfi dire plus en ufage, après la chûte de
l’empire romain. Les nations feptentrionales fe portant
en flots vers le midi, produifirent des change-
mens étonnans dans ce vafte pays. Les Lombards
refferrés d’abord aux environs de l’Elbe, pafferent en
Italie, où avec le tems ils fe formèrent un royaume.
Les Sueves fe jetterent fur les G aules, & de-là dans
l’Efpagne, où ils érigerent une domination rivale de
celle des Goths : ces derniers après avoir traverfé
la Germanie, occupèrent une partie de la Gaule ; les
Burgundions y fondèrent le royaume de Bourgogne ;
les Francs y avoient déjà le leur ; les Saxons qui
étoient de l’autre côté de l’Elbe, s’avancèrent juf»
que dans la Weftphalie. Les Vandales après s’être
étendus dans Ce qu’on appelle aujourd’hui la haute
& baße Saxe , firent des conquêtes en Efpagne, &
allèrent périr en Afrique ; leur pays entre l’Elbe &
la W iftule, fut la proie des Vendes ou Venetes, qui
s’en emparerent, & fe firent appeller Slaves , &c.
Cependant il ne faiït pas imaginer que tous ces
peuples abandonnaffent à-la-fois leur patrie ; il n’en
fortoit que les hommes, qui étant en état de porter
les armes, vouloient avoir leur part du butin. Ceux-
ci emmenoient avec eux une partie de leurs familles :
[ ce qui reftoit au pays, fe trouvant réduit à un petit
nombre , comparé à ce qu’il avoit été auparavant,
devenoit aifément la proie d’un voifin qui ne s’étoit
pas affoibli. Ainfi nous voyons les vaftes pays que
les Sueves avoient occupés, paffer en d’autres mains,
& le nom de Suivie , confervé à peine à un petit
canton qui eft aujourd’hui la Suabe, entièrement
obfcurci par celui d’Allemagne, qui n’étoit d’abord
que le nom d’une contrée fort petite.
Les Saxons entre l’Elbe & le Wel'er, où ils étoient