.choient par leTaoüt, comme les branches d’une lyre ;
-elles avoient quinze pouces de longueur & dix lignes
d e diamètre par le bas ; elles étoient rondes dans les
femelles, un peu applatiesdansdes mâles, & plus recourbées
en-arriere : le mxifeau reffembloitau mufeau
•des chèvres ; celui des mâles étoit pluscamus que ce-
iu i des femelles. Il y avoit fur le palais une peau
dure en forme d’écailles, & au-dedans des levres,
quantité de papilles.
Les gabelles ruminent ; celles dont il s’agit ici ft’a-
■ voient .point de dents incifives à la mâchoire fupe-
rieure ; les dents du bas étoient au nombre de huit,
plus larges à l’extrémité qu’à la racine : les deux du
milieu avoient autapt de largeur que les fix autres
prifes enfemble. La queue des femelles étoit garnie
d’un poil long Sc noirâtre, plate & large à fon origine
, plus étroite à l’extrémité, dont le poil defeen-
doit jufqu’au jarret 6c étoit dur comme du crin : dans
les mâles, il le trouvoit plus doux 6c feulement un
peu plus long que le poil du refie du corps. 11 y avoit
fur les jambes de devant, au-deffous du genou, un
poil plus dur & plus long que celui du refie de la jambe
; il étoit couché à droite 6c à gauche comme l’épi
d’un cheval ; & dans cet endroit la peau étoit plus
épaiffe qu’ailleurs. Le devant des piés étoit forme
par les ergots, & le derrière par la peau qui formoit
la plante du p ié, & n’étoit pas défendue par la corne
des ergots, comme dans le cerf, lè chevreuil, & les
autres animaux à pié fourchu. Les piés des gabelles
étoient fendus d’une maniéré particulière ; les deux
ergots pouvoient s’éloigner beaucoup l’un de l’autre,
& étoient joints par une peau quis’étendoit aifément;
il n’y avoit que deux mammelles & deux mamme-
lons. Il fe trouvoit à côté 6c au-defïous de chaque
mammelle dans les aines deux cavités ou poches peu
profondes dont la peau étoit fans poil 6c parfemée
de grains formés par de petites glandes , 6c percées
dans le milieu d’où il fortoit une matière onâueufe.
M èm . pour firvir à l ’iiif. naturelle des anim. première
partie. ( / )
G A ZETTE, f. f. (Hiß. mod.) relation des affaires
publiques. Ce fut au commencement du xvije fiecle
que cet ufage utile fut inventé à Venife, dans le
tems que l’Italie étoit encore le centre des négociations
de l’Europe, 6c que Venife étoit toujours l’a-
fyle de la liberté. On appella ces feuilles qu’on don-
noit une fois par femaine, galettes, du nom de ga-
ttta, petite monnoie revenante à un de nos demi-
fous, qui avoit cours alors à Venife. Cet exemple
fut enfuite imité dans toutes les grandes villes de
l ’Europe.
D e tels journaux étoient établis à la Chine de
tems immémorial ; on y imprime tous les jours la
galette de l’empire par ordre de la cour. Si cette galette
efl vraie, il eft à croire que toutes les vérités
n’y font pas. Auffi ne doivent-elles pas y être.
Le médecin Théophrafle Renaudot donna en
France les premières galettes en 1631 ; & il en eut le
privilège, qui a été long-tems un patrimoine de fa
famille. Ce privilège efl devenu un objet important
dans Amfterdam; & la plupart des galettes des Pro-
vinces-Unies font encore un revenu pour plufieurs
familles de magiflrats, qui payent les écrivains. La
feule ville de Londres a plus de douze galettes par
femaine. On ne peut les imprimer que fur du papier
timbré, ce qui n’efl pas une taxe indifférente pour
l’état.
Les galettes de la Chine ne regardent que cet empire
; celles de l’Europe embraffent l’univers. Quoiqu’elles
foient fouvent remplies de fauffes nouvelles,
elles peuvent cependant fournir de bons matériaux
pour l'Hiftoire ; parce que d’ordinaire les erreurs
d’une galette font rectifiées par les buvantes ,
6c qu’on y trouye prefque toutes les pièces autentiques
que les fouverains mêmes y font inférer. Les
galettes de France ont toûjours été revues par le înfc
niflere. C ’efl pourquoi les. auteurs ont toujours employé
certaines formules qui ne paroiffent pas être
dans les bienféances de la l'ociété, en ne donnant le
titre de monjieur qu’à certaines perfonnes, 6c celui
de fieur aux autres ; les auteurs ont oublié qu’ils ne
parloient pas au nom du Roi. Ces journaux publics
n’ont d’ailleurs été jamais fouillés par la médifance,
& ont été toujours allez correctement écrits. Il n’en
efl pas de même des galettes étrangères. Celles de
Londres, excepté celles de la cour, font fouvent
remplies de cette indécence que la liberté de la nation
autorife. Les galettes françoiies faites en pays étranger
ont été rarement écrites avec pureté, & n’ont
pas peu fervi quelquefois à corrompre la langue. Un
des grands défauts qui s’y font glilfés, c’efl que les
auteurs, en voyant la teneur des arrêts du confeil
de France qui s’expriment fuivant les anciennes formules
, ont cru que ces formules étoient conformes
à notre fyntaxe, 6c ils les ont imitées dans leurs
narrations ; c’efl comme fi un hiftorien romain eût
employé le flyle de la loi des douze tables. Ce n’efl
que dans le flyle des lois qu’il efl permis de dire, le
Roi auroit reconnu, le Roi auroit établi une lottent.
Mais il faut que le gantier d ife, nous apprenons que
le Roi a établi, & non pas auroit établi une lotterie »
& c . . . nous apprenons que les François ont pris Minor-
que , & non pas auroient pris Minorque. Le flyle de
ces écrits doit être de la plus grande fimplicité ; les
épithetes y font ridicules. Si le parlement a une au-,
dience du Roi, il ne faut pas dire, cet augufle corps
a eu une audience , ces peres de la patrie font revenus &
cinq heures précifes. On ne doit jamais prodiguer ces
titres ; il ne faut les donner que dans les occafions
où ils font néceffaires. Son altèjfe dîna avec Sa Ma-
jefié y & Sa Majeflé mena enfu ite fon altejje à la corné- :
die , apres quoi fon altejfe joua avec Sa Majefiè ; & les
autres altejjes & leurs excellences mejjieurs les ambajja-
dturs afferent au repas que Sa Majeflé donna à leurs
altejjes. C ’efl une affeûation fervile qu’il faut éviter.!
Il n’efl pas néceffaire de dire que les termes injurieux
ne doivent jamais être employés, fous quelque
prétexte que ce puiffe être.
A l’imitation des galettes politiques, on commença
en France à imprimer des galettes littéraires en
1665 ; car les premiers journaux ne furent en effet
que de fimples annonces des livres nouveaux imprimés
en Europe ; bien-tôt après on y joignit une cri»
tique raifonnée. Elle déplut à plufieurs auteurs ,
toute modérée qu’elle étoit. Noiis ne voulons point
anticiper ici l'art. Jo urn al ; nous ne parlerons que
de ces galettes littéraires, dont on furchargea le public
, qui avoit déjà de nombreux journaux de tous
les pays de l’Europe, où les fciences font cultivées.
Ces galettes parurent vers l’an 17x3 à Paris fous plufieurs
noms différens, nouveHlife du Parnajfe , obfer-
vations fur Les écrits modernes y &c. La plupart ont été
faites uniquement pour gagner de l’argent ; & comme
on n’en gagne point à louer des auteurs, la fa-
tyre fit d’ordinaire le fonds de ces écrits. On y mêla
fouvent des perfonnalités odieufes ; la malignité en
procura le débit : mais la raifon 6c le bon goût qui
prévalent toûjours à la longue, les firent tomber
dans le mépris 6c dans l’oubli. Article de M. DE
V o l t a i r e .
Une efpece de galette très-utile dans une grande
ville, & dont Londres a donné l’exemple, eft celle
dans laquelle on annonce aux citoyens tout ce qui
doit fe faire dans la femaine pour leur intérêt ou
pour leur amufement ; les fpeélacles, les ouvrages
nouveaux en tout genre ; tout ce que les particuliers
veulent vendre ou acheter; le prix des effets com-
merçables, celui des denrées ; en un mot tout ce qui
peut
peut contribuer aux commodités de la v ie. Paris a
imité en partie cet exemple depuis quelques anhées.
GAZETIER, f. m. (Hiß. mod.) celui qui écrit une
galette j un bon gantier doit être promptement inf-
truit, véridique; impartial, fimple & correû dans
fon flyle ; cela fignifie que les bons gantiers font
très-rares.
GAZIE, f. f. (Hiß. mod.) nom que les princes ma-
hométans donnent à l’affemblée des troupes qu’ils lèvent
pour la propagation de leur religion; comme les
Chrétiens ont appellé croifades leurs guerres faintes.
Ils arborent l’étendard de la religion ; 6c c’en efl
affez pour lever en peu de tems des armées formidables.
Vers l’an izoo Almanfor IL paffa d’Afrique
en Efpagne avec une armée de quatre cents mille
hommes qu’il avoit affemblés de cette maniéré.
GAZIER, le fabriquant ou le marchand de gaze.
Ceux qui fabriquent la gaze à Paris font du nombre
des Ferrandiniers, qui, quoique formant un même
corps, font divifés en deux fociétés : favoir, ceux
qui ne font que des ferrandines, 6c qui ont retenu
le nom de Ferrandiniers, & ceux qui ne travaillent
qu’en gazes, 6c qui fe font appeller Gabiers ou Gantiers.
Voye{ Ferrandines.
G A Z N À H , (Gèogr.) ville d’Afie en Perfe, &
dans la province de Zableftan.Naffir Edden 6c Vlug
Beig lui donnent io4d. zo*. de long. & 33 d. $6'. de
latit. (D . J.)
GAZON , f. m. (Agricult.) motte plus ou moins
grande de terre fraîche, molle, garnie d’une herbe
courte & touffue. Le ga^on efl l’objet de la campagne
le plus agréable aux yeux ; c’efl le plus grand
ornement des parterres & des jardins de propreté.
Il naît de lui-même dans un terrein favorable,
ou bien il vient par culture ; la culture fe fait de
graine ou de placage. Parlons de ces deux maniérés
de culture, & tirons nos inflruftions du pays qui
ioiiit des plus beaux galons du monde.
Pour faire un gaçon de graine, on préparé en
Angleterre le terrein qu’on defline à ce ga^on. On
le nivelle, on l’épierre, on le beche, on le laboure,
en forte que la terre en foit bien ameublie ; on la
paffe au rateau, on en caffe les mottes, on en unit
la furface, & on répand deffus un ou deux pouces
d’épaiffeur de bon terreau, pour faciliter encore
mieux la levée du ga^on.
La femence ordinaire du ga^on efl de graine de
bas-pré, choifie dans les plus belles communes, &
dans celles où l’herbe eft la plus fine & la moins
mélangée. On ferne dans la terre préparée cette graine
fort épaiffe, afin que le ga^on qui en naîtra le foit
auffi. On couvre d’un peu de terre humide cette
graine, pour empêcher qu’elle ne foit point diffipée
par les vents.
On choifit même un tems calme pour ferner le ga-
70n y parce que lorfqu’il vente, la graine qui eft fort
legere, s’envole, 6c tombe fur terre par tas, au lieu
d’etre également diftribuée.
On ferne le ga^on au milieu du jour, & quand le
tems eft à la p luie, parce qu’il épargne la peine des
arrofemens ; outre que la pluie venant à tomber,
plombe la terre, 6c fait lever la graine beaucoup
plutôt.
On préféré, pour ferner du ga^on, le commencement
du printems ou de l’autonne, c’eft-à-dire les
mois de Mars ou de Septembre, avant & après les
grandes chaleurs de l’été.
'-On s’eftime très-heureux, fi le ga^on qu*On a femé
dans un tems favorable, 6c qui vient de monter, fe
trouve pur, épais, 6c d’un beau verd ; mais néanmoins
, comme on fait qu’il périroit bien-tôt, fi on
l’abandonnoit à lui-même, on prend grand foin de
l’entretenir. Ce foin confifte à le tondre très-fouvent,
tous les huit ou tous les quinze jours. Plus l’herbe
Tome VU.
eft coupée fréquemment * plus elle s’épaiffit & de*«
vient belle. Enfuite on feme chaque année eje là.
nouvelle graine dans tous les endroits où }e gaqoà
eft trop Clair, afin de l’épaiffir, le rafraîchir, & lô
renouveller.
On lui donne totis les arrofemens néceflaires ; Ôn
n’oublie pas de le battre, quand il s’élève trop * 6c
de rouler continuellement par-deffus un rouleau
de bois, de pierre, ou de fer, afin d’affaiffer, d’ar*
rafier l’herbe de bien près, & d’empêcher qu’un brin
ne paffe l'autre.
Malgré toutes ces précautions * les Angiois 6hÉ
remarqué que leur gaçon femé de graine n’avoit point
une certaine beauté uniforme, qu’il ne venoit point
pur, qu’il étoit toûjours mêlé d’herbes qui le dépa-
roient, & que ces herbes dégénéroient encore chaque
année. Ils ont long-tems tâché d’y remédier
en arrachant ces mauvaifes herbes, & en feiriant à
leur place de la nouvelle graine. Mais tous ces re-
medes ne répondant point à leurs defirs, ils ont
enfin imaginé l’art de gazonner, & l’ont mis en pra-,
tique avec un fuccès furprenant»
Cet art de gazonner confifte à enlever des plus
belles peloufes des carreaux de gazon, 6c à les appliquer
ailleurs. Voici comme on fe conduit pour
réuffir. Après avoir préparé la terre de là même
maniéré, que s’il s’agiffoit de la femer de graine, on
prend une beche pour enlever legaçon qu’on a choifî
d’avance dans un p ré , ou dans quelque riche pe-
loufe toute pleine d’herbes fines. On taille ce ga^oft
par pièces quarrées de l’épaiffeur d’environ trois
pouces 6c de la largeur d’ehviron dix-huit pouces 5
enfuite on couche la beche prefque fur la furface
de la terre, on la pouffe contre les pièces de ga-
n>n taillées, on les coupe entre deux terres * oit
les enleve, on les porte au lieu qui leur eft deftiné ,
on les place proprement à l’endroit qu’il s’agit de
gazonner, & on les arrange preffées les unes contre
les autres, comme font nos carreleurs quand ils car-
relent un appartement.
S’il s’agit de gazonner un efpace de terrein confia
dérable, op commence à bien nivéller le terrein pré-4
paré ; enfuite on place le long d’un cordeaü lés pièces
équarries de ga^on qu’on a levées, on les joint
enfemble très - exactement ; 6c pour cimenter les
joints, des plaqueurs applatiffent uniment le placages
avec leurs battes. Quand le gagon eft n ivelé, joint,
plaqué, on l’arrofe amplement pour le réunir encore
à la terre, à laquelle il eft appliqué ; & enfin on y
paffe divers rouleaux pour l’affermir. Tous ces
moyens font que le ga^on s’attache inébranlablement
à la nouvelle terre, s’incorpore avec elle, y
jette fes racines de toutes parts, & s’en nourrit. Il
ne s’agit plus pour la conferyation du gaçon > que d©
le tondre, le rouler, & l’entretenir.
Telle eft la maniéré dont les Anglais gazonrient $
non-feulement des bordures, des rampes, des talus,
des glacis, mais des boulingrins, des parterres, des
! allées, des promenades entières ; c’eft un fpe&acle
admirable que ces beaux tapis ras & unis de velours
verd qu’on voit dans toutes leurs campagnes, 6c que
les autres nations n’ont encore pu fe procurer. On
a tenté vainement de les imiter en France ; on y feme,
il eft v ra i, d’affez grandes pièces de ga{on; on
en plaque çà & là quelques maffifs ; on fait venir à
ce deffein de la graine & des carreaux de ga^on d’Angleterre
: mais le ga^on qui leve en France n’eft ni
fin, ni garni, ni d’un beau verd ; il fait de larges jets,.
pouffe des touffes féparées,de mauvaifes herbes,,
dégénéré en chien-dent ; & d’ailleurs il n’eft ni rou-.
lé , ni tondu avec le foin & l’intelligence néceflaires,.
En un mot, à l’exception peut-être du ga^on du palais
royal, tous les autres galons du royaume, comparés
à çeux d’Angleterre, ne paroiffent que de$