
rSS $ I À
milieu X3Ù Ja ville capitale.eft fituée à il;eft à 14
degrés. 18 minutes de latitude feptéhtrionàle 3 8c a 118 degrés 2.0 min. de longitude.
Il eft borné à Porient par les royaumes de
Tune juin, de Cochinchine 8c de Camboie y au midi
par la mer , 8c par le pays de Malacca , dont le roi
de Siam poffède Ligpr , Tanafferi, & quelques
autres petites provinces y à l’oueft par le royaume
de Pégu 8c au nord par celui de Laos.
Sa longueur, qui fe prend du feptentrion au
midi , eft à peu près de 100 lieues dans les
endroits où elle n’eft point coupée par les états
voifins. Sa largeur eft d’environ 100 lieues dans
fa plus grande é t e n d u e & d’environ 20 li. dans
fa _|>Iùs petite. A confidérer fa grandeur , il n’eft
guère peuplé, excepté le long de la rivière. La
quantité de peaux de daims 8c de buffles que les
marchands en tirent tous les ans, fait affez voir
qu’il contient de grandes forêts 8c de vaftes
deferts, il faut encore remarquer qu’on ne tue
ces animaux que dans le voifinage , parce que
les tigres 8c les marais ne permettent pas aux
chafleurs de pénétrer un peu avant dans les
Jbois.
Ce royaume renferme douze grandes provinces,
dont chacune eft gouvernée. par un oja , ou
prince, en qualité de lieutenant de roi , qui a
fous lui plufteurs opéra ou officiers inférieurs. Il
y a aufli à la cour un oja pour chaque province ,
■ qui en ménage les affaires 8c veillé fur la conduite
du lieutenant-général de la province.
Les Siamois parlent deux fortes dé langues , la
vulgaire qui eft toute Ample', en monofyllabes ,
& fans conjugaifbn ni déclinaîfbn 8c une autre
qu’on appelle langue bali3 enrichie d’inflexions
de mots comme les langues européennes. Les
•termes d e . religion' 8c de juftice , les noms de
charge , 8c’ tous les ornemens de la langue vulgaire
, font empruntés de la bail -, 8c il femble
de là , que quelque colonie étrangère fe lait habituée’
au pays de Siam. Mais c’eft un raifqiine-
ment que l’on pourroit faire dè la plupart des
contrées des Indes, qui ont ordinairement deux
langues.
On prétend que les loîx des Siamois leur
viennent du pays de Laos-, & c’ eft fans doute parce
qu’il y a de la conformité entre les loix de Laos
& celles de Siam , comme il y en a entre leurs,
religions. Cela ne prouve pas que l’un de ces
royaumes ait donné fa religion & fes loix à
l’ autre, puifque tous les deuk peuvent les avoir
puifées dans une fource commune. Quoiqu’ il en
fo i t , on veut à Siam que ce foit Laos, qui leur
ait donné fes loix , 8c même dè-j rois : on veut
a Laos , que leurs ro is , la plupart de leurs loix
viennent de Siam.
La figure des Siamois eft indienne y leur teint
eft mêlé de rouge 8c de brun , leur nez court 8c
Arrondi par le bout, l e ^ s .du haut de leur joue
gros 8c élevés % leurs y.éiix fendus un peu en haut.
S I A
»leurs*oreilles plus grandes que les nôtres*, en u»
mot , ils ont tous les traits de la phyfionomie
indienne & chinoife , leur contenance naturellement
accroupie, comme celle des finges, dont
ils ont-beaucoup de manières , entr’autres une-
. paflion extraordinaire pour les enfans. .
Leur religion eft la même que celles des brah-
mans, qui, pendant plufieurs fiècles., a été la-
religion des peuples qui habitent depuis-le fleuve
Indus juiqu’ aux extrémités de l’orient , fi on
excepte la cour du grand mogol, & les grandes,
villes de fon empire, aufli-bien que Sumatra, Java ,
Celèbes, & les autres îles voifmes , où le ma-
hométifme a fait de fi grands progrès , qu’il-femble
l’emporter fur là première. Ce paganifme univerfel.
( qu’ il faut diftinguer de la religion des anciens
perfans , qui adoroient le foleil,. laquelle eft aujourd’hui
prefque éteinte) : ce paganifme , dis-je,,
quoique divifé en plufieurs fëftes & opinions ,
félon les différentes coutumes , langues 8c interprétations
de ceux qui les profeffent, n’ a pour»-
tant qu’une feule 8c même origine-
Les Siamois repréfentent dans leurs temples le-.
| premier inftituteur de leur religion fous la figure-
d’un nègre d’une grandeur prodigieufe , qui eft:
' afîis,.&: quia les: cheveux fripés, 8c la peau noire,
mais dorée , comme par refpeâ. On voit à fes:
côtés deux de fes principaux difciples y 8c devant
8c autour de lui,le refte de fes apôtres, tous de=
là même couleur , 8c la plupart dans la même
pofture, Ils croypnt,. félon la doftrine des Brahr
mans , que la divinité liabitoit en lu i, 8c que celai
paraît par- fa dodrine , par fa manière de vivre
8c par fes. prophéties..
Ils dilènt auffi que Wiftnou ,. par où ils entendent
la divinité , après avoir pris -differentes
formes , pendant plufieurs. milliers d’années , 8t.
vifité. le monde huit fois , parut la neuvième fous
la perfonne d’ un nègre, qu’ils appellent Sammana-
Kutama ( c’eft. dans, nos écrivains François Sam-
mana Codôin);. Ce dieu, félon eux,,, a re’vêti^
dans le Gange: feui, cinq cent cinquante fois la
forme humaine. Cette idée leur eft commune
avec tout le peuple de l’Inde fur la métamorphofe.
de leurs dieux. Cette idée leur eft encore commune
avec les. anciens Egyptiens. les Grecs. & les;
Romains.. <t Une. erreur fi, ridicule. 8c fi étendue. ,
» comme le dit M. de. Voltaire,-vient pourtant:
» d’un, fentiment taiibnnable qui- eft au fond!
» de tous les coeurs.. On Cent naturellement fa.
». dépendance d’un: être fuprêmé, & l’erreur le-
» joignant à. la vérité , a. fait regarder les. dieux:
» dans prefque toute la terre, comme desfeigneurs,
, » qui venoiént quelquefois viliter 8c réformer-
. » leurs domaines 1 »•
Les. principes de la morale des Siamois font
tous négatifs , 8c à peu près. les. mêmes que dans:
la plupart des contrées des Indes- Ne .rien tueïry.
ne rien dérober *, ne point boire, de liqueur qui
enivre y ne point exténuer fes forces par ia fatigue*
91 A
ïls fuïvent exa&ement ce dernier précepte , ^péi4“
fuadés que la félicité fuprême confifte à n’être
point obligés d’animer une machine, & de faire
agir un corps. Dans ces pays où la chaleur exceffive !
énerve 8c accable , le repos eft fi délicieux , & le
mouvement fi pénible, q«e ce fyftème de méta-
phyfique parait naturel. A Siam , la poffeflion
d’un éléphant fait la gloire 8c l’honneur de fon
maître.
Leurs eccléfiaftiques mènent une vie retirée^ 8c
auftère, car ils afpirent dans ce monde à un état
de perfection agréable au ciel, 8c fiiivi de grandes
récompenfes , en domptant leurs pallions , 8c
mortifiant leurs défirs. IL ne fe marient point tant
qu’ ils font dans l’état eccléfiaftique mais vivent
elnfèmble dans des monaftères près des temples.
Ils vont prefque nuds, n’ ayant qu’un morceau
de drap d’un jaune-brun autpur de leur ceinture,
& un autre morceau qui pend de deffus l’épaule ■
gauche en plufieurs petits plis, 8c qu’ils déploient
lorfqu’il pleut pour s’en couvrir les épaulés 8c la
partie fupérieure du corps. Ils ne ie ^couvrent
jamais la tête , qui eft rafée, 8c portent à la main
un éventail de feuilles de palmier , ou de cou-
peaux debois.
Il y a plufieurs rangs & plufieurs degrés diffe-
-rèris d’eccléfiaftiques Siamois.» Les plus jeunes
prennent un nom qui revient à celui de frere •
8c à l’ âge de zo ans ils en prennent un autre
qui répond à celui de père. Les Péguans les appellent
talapoi ; 8c comme ce nom a été premièrement
connu des étrangers ils le donnent a
l’heure qu’il eft indifféremment à tous les prêtres
8c eccléfiaftiques de la religion qui règne à Pégu,
Siam , Camboie , Aracan , Patma , Laos , Ton-
quin , 8c la Cochinchine.
Les pères Siamois vivent en fociéte. dans une
ou plufieurs maifons faites comme des monafteres,
près de certains temples. Chacun de ces couvens
eft gouverné par un chef qu’ ils nomment fompan.
Tous les couvens de chaque province font fournis
a-un fompan en chef*, 8c ceux-ci de même que
tout le clergé du ^pyaunie, font fous la jurii-
di&ion du, prah - fankara , qui eft comme grand
pontife. Ce primat fouverain demeure a Ju-
thia (Siam) , 8c fon autorité eft li grande., que
le roi lui-même eft obligé de s’incliner devant
lui. v
Chacun peut le faire moine , s’ il a affez de
crédit pour cela. Il y a même des hommes mariés
qui quittent leur femme, & fe mettent dans un
monaftère. Les voilà moines. , 8c jouiffant du
privilège de ne pouvoir pas être punis p u* le bras
fieculier. Le roi lui-même , lorfqu’ils font coupables
de quelque crime capital, ie contente de
les bannir dans une île déierte, où il exile auffi
fes mandarins 8c les miniftres d’é ta t, quand il les
difgracie. ’ ■
Ces mêmes eccléfiaftiques ont ' établi plufieurs
fêtes annuelles qu’au célèbre toujours y une , par
s I A 18*
exemple , au commencement de Pannée*, une $
lorfque le roi va faire des offrandes^ dans un
temple de Nanathat , en cartoffe tiré par de*
hommes ‘. une autre quand ce prince va par eau
faire fes dévotions dans un temple fitué au deffous
de Siam , & iuivant l’opinion du petit peuple ,
pour couper les eaux , qui dans ce temps-la,
font dans, leur plus grande ^hauteur- , & leur
commander de fe retirer. On compte parmi les.
fêtes annuelles des Siamois , celles du lavement
des éléphans qui fe fait deux fois Pannée, 8c ces
deux jours-là, on lave la te te de ces. animaux avec,
beaucoup de cérémonie. Les^ Siamois célèbrent,
aufli le premier 8c le-quinzième jour de chaque,
mois, qui font Les jours de la nouvelle 8c de la
pleine lune. - . j 3 '
Ils commencent leur année le premier jour de,
la lune de novembre ou de décembre , fuivant,
de certaines règles. Leur époque commence à la
mort de leur grand dieu Sammona-Khodum *, en
forte qu’en 1670 , ils comptoient 2.304 ans. Ils
on t, comme les Chinois, un cycle de 60^ ans ,
quoiqu’ il n’y ait que 12 de ces années-là qui aient
des noms particuliers , 8c qui étant répétés cinq
fois font le cycle entier.
Donnons pour les curieux le nom des 12 années
Siatnqilès en françois y l’ année de la fouris y
2 , l’année de la vache y 3 , l’année du tigre y
4 , l’année du lièvre*, 5 , Pannée du grand ferpenty
6 , l’année du petit ferpent : 7 , l’année du cheval y.
8 , l’année du belier *, 5) , l’année du finge y
10 , l’ année du poulet *, -11 , l’année du chien y
12 , Pannée du pourceau.
L’année eft divilée*diez ce peuple en 12 mois ,
qui font lunaires , de 29 8c de 30 jours alterna-,
tivement. Chaque troifième année ils ont treizd
mois , 1 des douze étant, répété deux fois. Le
premier mois a 2<? jours y le fécond 3.0 y le troifième
o»?core 20 y 8c ils fie faivent ainfi alternativement
: de forte que l’année entière eft corn-
pofée de 354 jours, 8c chaque,,troifième année
de 384. A l’egard des jours du mois , -ils en
comptent 15 depuis la nouvelle lune jufqu’ a la
pleine lune , après quoi ils commencent a compter
par u n , 8c continuent jtifqu’ à la lune fuivante.
De là vient que quelques-uns de leurs mois ont
30 jours , & d’autres 29. Leurs Peinâmes font
compcfees de 7 jours. Le dimanche eft comme
nous dirions en . français le jour du foleil y le
lundi., le jour de là lune .y le mardi, le jour du
travail y le mercredi, le jour de l’altemblée y le
jeudi, le jour de la main y le vendredi, le joue
du repos-y le fiairaediy le jour attraêUf y. parce qu’l!
attire une nouvelle femaine.
. Les deux premiers de leurs■ mois,. qui répondent
à peu près à 110s mois.de décembre oc de janvier ,
font tout leur hiver*, les troifième , quatrième 8c
cinquième, leur petit é té , &c .les ,ppt ou huit
autres, leur gi*and été- e ftico 5 8c leur
I été pluvieux ; fans cette merveille, la zone torrido