
confédéré comme mixte, en ce que le confen-
tement du peuple eft requis avec celui du prince
pour former les loix & les édits. Cette louve
raine té eft dévolue par droit héréditaire aux
princes 8c princeffes de la maifon d’Autriche
depuis 1722.. Dans le • dénombrement fait en
irSj , il s’y eft trouvé 1,443,364 habitans, non
compris les régimens nationaux. La capitale en
eft Hermanftadt.
Quelques-uns divifent ce pays par fes comtés
«u comitats , & les autres par les trois fortes
de peuples qui l’habitent ; lavoir les Hongrois ,
tes Si cul es & les Saxons.
Ce pays eft la portion de l’ancienne Dace,
que le fleuve Chryflus féparoit de la Hongrie,
or que 1 on nommoit communément la Dace
tnediterranée. C ’étoit un royaume avant que les
Romains s’en fufient fendus les maîtres. Les
lettres 8c les loix des Grecs s’y étoient introduites^
depuis long-temps. Elles s’y confervèrent
julqu’ a l’arrivée de Trajan qui'pénétra dans ce
pays , malgré la lituation & les défilés des montagnes
qui l’entourent. Lorlque les Romains
l ’eurent conquife , ils y fondèrent plufieurs colonies,
& en firent une province conlulaire. On
a une ancienne infcription conçue en ces termes :
Colonia Ulpia Trajana Augujla Dacia Zarmis.
Quoique la Dace alpenfe & ripenfe euffent
leurs chefs, elles dépendoient néanmoins de la
conlulaire , & toutes les. trois enfemble étoient
fous le préfet de Macédoine , qui réfidoit à
Theffalonique. C’eft à lui qu’on envoyoit les
deniers publics, ainfi que l’or & l’argent qui
fe tiroit des mines. La Dace appartenoit à l’ÏI-
lyrie orientale. Elle commença fous Galien à
lecouer le joug. L’empereur Aurélien, défefpé-
rant de pouvoir la contenir dans l ’obéiiîance,
en retira les troupes romaines., & le pays re-^
devint libre. Plufieurs infcriptions, les chemins
publics , les rèftes du pont de Trajan , & d’autres
anciens monumens font des preuves des colonies
que les anciens Romains’ avoient établies
dans cette province.
Les empereurs de Conftantinople , après le
partage de l’empire, furent maîtres de la Dace ;
mais les affaires de l’empire allant en décadence,
les Hans y firent des irrüptionsde toutes
parts. S. Etienne, premier roi de Hongrie, con-
quit le pays vers l’ân 1001, 8c y répandit le
chriftiamüné. Alors la Tranfilvanie fut jointe
au royaume de Hongrie. Il exifte depuis de
fréquens intervalles où elle a eu fes fouverains
particuliers-, hors d e là elle fut, non cependant
fans beaucoup de foulevemens & de crifes, fous
le commandement d’un vaivode ou vice-roi; elle !
fut enfin définitivement annexée à la Hongrie
en 1713. La religion y a éprouvé 'des vicifli-
tcdes. Etienne 8c higifmond Battori ont fait de
grands efforts pour y établir la religion catholique
; cependant la Tranfilvanie eft partagée en
quatre églifes ; la catholique , la reformée, la
uthérienne, & celle des Sociniéns , ou Unitaires.
Celle des Luthériens eft la plus nombreufe, &
elles font toutes les quatre autorifées par les
loix.
Les meilleures cartes qu’ on ait de la Tranfil-
vanie, font celles de Cofonelli, de Jean Ma-
randi - V ifco n ti, de Schwanz, & de Homann ,
corrigées par Schmeizel. En 1784, la Tranfil-
vanie a été partagée en dix eom itats 4 ceux de
Gunigad , Hermanftadt , Fagaras , Haranôs ,
Ldoarhell, I.ifking , Spolnok , Klaufembourg ,
■ Kutulvar , 8c Zalath. (R.)1 .
1 R AN M ARGK. Voyez T rasmaur.
TRANSMAUER , ou T ransmaur. Voyez
T ra smaùr . :
T R A N T A N AW , bourgade de Bohème, dans
le cercle de Konigsgratz ; elle eft connue par la
viâoire ^ que le roi de Pruffe y remporta fur les
Autrichiens en 17 4 5 , & plus anciennement pour
avoir donné naiflànce à Ziska, chef & vengètir
des Hullites. Il perdit fort jeune un oeil d’un
coup d’épée , & fon autre oeil fut percé d’ une
fléché au liège de Rubi -, mais tout aveugle qu’il
é to i t , il fit trembler l’empereur. Sigifmond ,
gagna batailles fur batailles; & fe Tentant près
de mourir, il prelcrivit, dit-on , à fes troupes
de faire de fa peau un tambour, & de. s’en
fervir dans tous les combats.' (R.)
, TR AO U , ou T raw , ville des états de la
republique de Venife , dans la Dalmatie , fur la
cote , & fi voifine de l’île Bua , qu’un dé tes
faubourgs eft dans cette île , à laquelle , elle,
communique par des ponts. Elle a un évêché
fuffragant de h'palatro ; cependant elle ne renferme
qu’environ quatre mille âmes, 8c pas une
feule hôtellerie; en forte que' les voyageurs y
font obligés de le pourvoir comme ilsT'entendent
pour leur logement, & pour leur nourriture.
Cette ville eft à 8 lieues oueft de Spalatro , &
1 1 fud-eft de Sébënico. Lorigû g4 , 2,0/ lac. 43 > 54'
Traou a été connu des anciens fous le nom
de Traguriumy mais quoique Ptolémée & Stra-
b'on en parlent comme d’ une î l e c e n’ëft qu’une
péninfule; & le canal qui la fépare du continent,
eft un ouvragé de l’ art.
.Cette ville eft connue dans la république des
lettres, par un manuferit contenant un fragment
de Pétrone , qui manquoit à les ouvrages imprimés,
& que M. Pejrit déterra en 1663 , dans la
bibliothèque de Nicolas Lippius.
C’eft un manuferit in-folio, épais de deux
doigts, lequel contient plufieurs : traités écrits
lu r du papier qui a beaucoup de corps. Les
oeuvres de Catulle , de Tibulle , 8c de Properce ,
font écrites au commencement. Enfuite on voit
une pièce intitulée : Fragmentum Petronii arbi -
t r i, ex libro decimo qui ntoéj fexto decimo, bit
éft contenu le fouper de Trimalcîoit, tel qu’il a
été ynprimé depuis fur cet original. Le manuferit
eft bien lifible , & les commencemens des chapitres
& des poèmes font en cara&ères bleus &
rouges. L’année dans laquelle il a été écrit, eft
marquée page 179, de cette manière: 142.3, 2.0
novembre.
La découverte de ce manuferit fit grand bruit;
& l’Europe favante fe diyifa en trois partis,
comme s’il eût été queftion de reconnoître un
prince. L’Italie adopta l’authenticité du fragment;
la Frahce & la Hollande le rejettèrent ; l’Allemagne
refta neutre ; car Reinefius même commenta
le manu-fcrit fans ofer fe déclarer.; l’Angleterre
occupée des projets de Charles II , &
de la réédification dé Londres incendiée , ne
parut point dans cette conteftation favante;
mais les préjugés fe diflipèrent bientôt par l’im-
preflion , 8c perfonne aujourd’hui ne doute que
le fragment ne foit de Pétrone. Il eft certain
que le fiècle de l’écriture de ce manuferit (qui
eft à préfent dans la bibliothèque du roi de
France ) n’ayoit pas des efprits alfez raffinés,
affez délicats,, & affez verfés dans la langue latine
, pour ofer emprunter le ftyle de Pétrone ,
fans qu’ une rufe fi groiïière n’eût fauté aux yeux
de tout le monde dans des fiècles éclairés,
François Nodot a donné à Paris en 1693 > une
édition prétendue complette de Pétrone, fous
ce titre : T iti Petronii arbi tri equitis romani
fatyricon, cuni fragmentis , Alboe Groecoe, ( a
Belgrade ) recuperatis anno z6,38. Cet ouvrage
contient le texte 8c la traduâion de différens
morceaux de Pétrone, avec des remarques latines
& françoifes, 8c la vie de Pétrone. La
dernière édition eft celle de 1713 , -en 2, vol.
z'/z-za, mais elle n’eft ni belle ni exade , 8c
cependant le livre méritoit plus de foin. (R.)
TRAPANI , ou T r a e a n o , en latin Drepa-
nium ‘ ville de -Sicile, fur la côte occidentale de
cette î l e , dans la vallée de Mazara, fur une
langue de terre qui avance dans la mer, à 10 li.
n. e. de Mazara, & 18 à l’oueft de Palerme ;
fon port eft grand, & défendu par un château.
Cette v ille , qui eft fort marchande , eft connue
par fes falines, & par les, pêches de thon & de
corail ; il y refide beaucoup de nobleffe. Long.
30) 22, lat. 38, z8, ; . ;
FardAla ( M ichel-Ange.) , religieux de l’ordre
de S. François, né à Trapani en 1650, fe distingua
dans la géométrie, & publia en ce genre
d’aifez bons ouvrages pour le temps. Il mourut
à Naples en 1718 , dans la 68e année de fori
âge. Le P. Nicéron a fait fon article dans les
Mémoires des Hommes illujlres, tome X I I . (R.)
TRAP.QR , T r a p o u r , ou T a r a p o r , ville des
Indes , fur la côte dé Malabar , ■ au royaume de
Concan., e n t r e Daman & Baçaïm , fur une rivière
qui ne porte que dés bateaux.. M. Dellon
fait une plallante defeription d’uné elpèçç d?
bbmédîé faîntô qu’il y vit jouer dan» l’églife
des Dominicains le dimanche de la paftion. (R.)
TRAPPE ( abbaye de la ) , abbaye de l’ordre
de Cîteaitx , fituée dans un grand vallon de la
province du Perche, diocèlé de Seez, entre les
villes de Sëez, de Mortagne , de Verneuil, &
de l’Aigle. Les collines 8c les forêts qui environnent
cette abbaye , font difpofees de telle
forte , qu’elles femblent vouloir la cacher au
relie de la terre. Elles enferment des terres
labourables , des plants d’arbres fruitiers , des
pâturages, & neuf étangs qui font autour du
monaftère, & qui en rendent les approches fi
difficiles, que l’on a befoin d’ un guide pour y
arriver.
Cette abbaye fut fondée en 1140 par Rotron ,
comte de Perche , 8c conl’acrée fous le nom
d e 'la fainte Vierge en 1x 14 , par Robert, archevêque
de Rouen. Rien n’eft plus folitaïre que
ce défert; car quoiqu’il y ait plufieurs bourgades
à trois lieuès à l’entour -, il femble pourtant
qu’on foit dans une terre étrangère , &
dans un autre pays. Le filence règne par-tout;
fi l’on entend du bruit, ce n’eft que le bruit
des arbres-,lorfqu’ils font agités des vents, &
celui de quelques ruilfeaux qui coulent parmi
des cailloux.
Les religieux de la Trappe fe couchent en été
à huit heures, & en hiver à fept. Ils fe lèvent
la nuit à deux heures pour aller à matines, ce
qui dure iufqu’à quatre heures & demie. Une
heure apres ils difent prime, 8c fe rendent en-
fuite àu chapitre. Sur les fept heures , ils vont
•à leurs divers travaux jufqifà huit heures 8c
demie, qu’on dit tierce., la méfié & Texte ;
après cela ils reviennent dans leur chambre,
vont enfuite chanter none, & fe rendent au
réfectoire à midi.
Les tables font propres, nues & fans nappe.
Ils ont devant eux du pain, un pot d’eau, &
chopine de Paris de cidre. Leur potage eft fans
beurre 8c fans huile ; leurs fauffes font d’eaa
épaiflie avec un peu de gruau & de fel. Une
heure après le repas , ils retournent au travail.
À fix heures on dit complies, à fept on fonne
la retraite ; chacun fe couche fur des ais où il
y a une paillafie piquée, un oreiller rempli de
paille, 8c une couverture. Tout cela le fait en
filence, & fans aucun entretien des uns avec les
autres. Le filence perpétuel eft une loi de cette
lugubre retraite.
L’abbaye de la Trappe étoit tombée dans un
grand relâchement, loriqire M. l’abbé de Rance
y introduilit l’ancienne & étroite pratique de
la règle de S. Bernard en 1662. L’année fui-
v an te , il eut la permifiion du r o i , de tenir
l’abbaye en règle ; & dès-lors tous les abbés
ont été réguliers. Les revenus de la maifon font
au plus de 10,000 liv. La vie de l ’abbé de Rance
a éçé donnée, ou plutôt deguiiëe au public fous
I i i i j