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Rhin , du Ne cke r, du lac de Confiance , 8c de
la Valteline, pour y être embarqués fur le Danube.
Jufqu’ à l’an 1300 elle n’ a point eu de murailles
-, elle n’étoit défendue que par une palif-
fade & un foffé : aujourd’ hui elle a d’ aflez,bonnes,
fortifications. Long. ,2 .7 ,4$ ; lat. 4 8 ,2.4.
Ulm a été ainfi nommée à caufe de la grande1
quantité d’ormes qui. l’environnoient -, ce n’étoit
qu’ un petit bourg du temps de Charlemagne.
L’empereur Lothaire II ruina ce bourg, pendant
la guerre qu’ il foutint contre Conrard, & Frédéric
duc de Suabe, qui lui difputoient la couronne*
ceux du pays le rebâtirent, l’agrandirent, &
l’entourèrent de murailles vers l’an 1300 5 enfuite
Frédéric II le gratifia de plufieurs- privilèges , &
Frédéric III mit Ulm au rang des villes impériales
Son territoire eft prefque environné du
duché- de 'Wirtemberg , & le Danube l’arrofe au
midi oriental. La religion luthérienne y règne
depuis l’ an 1531 , & elle y eft exercée dans, la
principale églife appellée Munfier , qui offre
un vafte édifice fitué au centre de la ville, &
accompagné d’ une groffe tour, au haut de lar
quelle il y a toujours une fentinelle. Les catholiques
exercent leur culte au couvent de Saint-
Michel , occupé par des chanoines réguliers de
Saint- Auguftin.
La magiftrature, qui eft toute luthériénnè ,
eft compofee de 41 membres r dont la moitié &
plus eft tirée des familles patriciennes* Entre les
édifices, profanes on remarque l’hôtel-de-ville &
l ’arfenal. Cette ville entretient fix compagnies,
de foldats , dont trois forment fon contingent à
l ’armée du cercle. Les empereurs, 8c rois Carlo-
vingiens y donnèrent à l’abbaye de Reichenau
plufieurs. fcenfes & rentes , que la ville racheta
enluite, partie fous- l’empereur Louis de Bavière,,
partie en 1446 ', mais la prétendue charte de
Charlemagne, de 813 , portant donation d’Ulm
en faveur de l’abbaye de Reichenau., eft décidément
apocryphe. | >
Ulm tient à la diète de l’empire le. troifieme
rang entre les villes impériales de Suabe : quant
aux aflemblées du cercle,, elle y occupe lafeconde-
place, & elle eft chargée du direftoire perpétuel
du collège de ces mêmes v ille s , dont, elle con-
ferve les archives, ainfi que de celles de Fran-
conie -, 8c les diètes du cercle s’y tiennent ordir
nairement. Sa taxe matriculaire pour l’empire &
le cercle , a été réduite , en 1.683 , de 900 florins
à 600 -, & fon contingent pour l’entretien de la
chambre impériale , eft de 595 rixdalers 14 kr.
Ses biens patrimoniaux font confidérables , mais
elle eft chargée d’une dette de plufieurs millions.
Cette ville fut furprife, en 170Z , par les
François Sc les Bavarois, mais elle recouvra fa.
liberté en 1704. Son territoire, qui a. i z lieues,
de long fur 8 de large, eft compole de terres
acquifes de plufieurs l'eigneurs yoifins t quoique
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montueux, 51 ne laifie pas de fournir a de bonne»
récoltes en grains, en foins, & il s’y trouve de
grandes forêts. A peu de diftance de la ville eft
le monaftère de Soefflingen, qui a des lettres de
protbélion impériale, & qui jouit d’ ailleurs de-
quelqües beaux privilèges.
Freinshemius (Jean) naquit dans cette ville1
en 1608 -, il fé difting.ua par fa connoifiance des.
langues mortes, 8c de prefque toutes les langues-
vivantes de l’Europe. La reine Chriftine l’appella
près d’elle , le fit fon bibliothécaire & fon hifto-
riographe mais la froideur du climat, qui nuifoic
à la lânté, l’obligea de renoncer à tous ces honneurs
: il fe retira à Heidelberg, ou il mourut:
cinq ans- après en- 1660. On a de lui des firpplé—
mens de Tacite , de Quinte - Curce & de Tite»
Live ,. avec des notes fur plufieurs. auteurs latins ,
auxquelles il a joint d’excellentes tablés-
Si Freinshemius s’eft diftingué dans la con-J-
noiflânce de la langue latine & des langues v i vantes,
Widmanftadius ( Jean-Albert ) , & Hut-
terus ( Elie ) , tous deux natifs de Ulm , avoient
déjà dans le feitieme fiècle confacré leurs jours-
à. l’ étude des langues orientales. Le premier acquit?
une gloire, encore rare dans le monde chrétien
par Ion édition du nouveau Teftament l’yriaque y.
elle parut à Vienne en Autriche en 1555 , in-4?-
z vol. Impenfis regiis. On en tira mille exemplaires
, dont l’empereur en garda 500,. 8c les autres
pafsèrent en Orient.
On ne peut rien voir de plus beau,. ( dit
M. Simon , Hiß. crit, des verfions du nouveau
Tefiament, ch. 1 4 ) , ni de mieux proportionné-
que les caractères, de cette édition , qui imitent,
les manufcrits, en ce qu’on n’y a mis aucune
partie des. points voyelles qu’on ajoute ordinairement
aux mots ,. pour les lire plus, facilement.
Les Orientaux négligent pour ^ordinaire dans
leurs manufcrits , ces fortes de points -, & ceux-
d’entre eux qui les y ajoutent, n’y mettent
que les plus néceffaires. G’eft ce queWidmanfi-
tadius a a-ufli obfervé dans. fon. édition, 8c il a:
fuivi. les. manufcrits en plufieurs. autres, chofes ,
principalement dans une table des leçons que les.
églifes fyriennes. récitent pendant toute l’année.
On trouve de plus dans cette édition le titre de
chaque leçon ,. marqué dans le corps du livre en»
des caraétères- appelles efiranguelo ; & le nombre
des. fections eft indiqué à la marge. Comme ce
nouveau Teftament fyriaque avoit été imprimé
à la follicitation de quelques chrétiens duLevant,
8c qu’ il devoir même fervir à leurs ufages , i l
eilt - été inutile d’y joindre une interprétation»
latine.
Hutterus (E lie ) doit être né vers. Fan 1:554.i
8c mérite , par fes ouvrages & par fon favoir dans,
les langues, orientales , d’être plus- connu qu’il ne
l’éft. Son édition de la Bible., en héhreu, parut
pour la première fois à Hambourg en 1587 ,
lui donna des peines, infinies* Elle eft intitulée %
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'Via fancta , five Biblia facra hehroea veterîs Tef-
tamcnti, eleganti 8 majufculâ caraclerum forma ,
quâ pritno jîatim intuitu, litteroe radicales & fer-
■viles , déficiences 8 quiefcentes, e Jîtu 6* colore
difcerni poffunt. La même Bible fe trouve fans
aucune différence avec la note des années 1588 »
1595' 8c 1603, qui ne font fans doute que de
nouveaux titres mis à l’édition de 1587* Â la fin
de cette Bible on trouve le pfeaume 117 > en
trente langues différentes , pour fervir d’effai de
la polyglotte, que l’auteur fe propofoit de publier.-
Ce qu’il y a de fingulier dans cette Bible ,
8c ce qui la diftingué de toutes les autres, c’ eft
qu’en faveur de ceux qui apprennent l’hébreu ,
les lettres radicales font imprimées en caraétères ;
noirs 8c pleins, au lieu que les lettres ferviles
font d’un caractère creux 8c blanc } 8c les déficientes
, ainfi que celles qu’on ne prononce pas
( quiefcentes ) , font au-deffus de la ligne en plus
petit caractère.
Quelques favans ont cru que cette méthode
étoit fort utile pour les jeunes gens qui apprennent
l’hébreu -, mais d’autres perfonnes éclairées la
trouvent plus nuifible qu’avantageufe, en ce
qu’elle n’ell d’aucun ufage , attendu qu’on peut
.apprendre à lire l’hébreu en quelques jours de
temps, fans un pareil fecours. A l’égard de l’ac-
centuarion , en louant l’exaélitude de Hutterus,
on lui reproche d’avoir , fur-tout dans les endroits
difficiles , conlulté fon génie plus que les exemplaires
, 8c mis des choies qui ne font appuyées
d’aucune autorité.
Lorfque Hutterus eut achevé fa bible , il entreprit
de donner diverfes éditions polyglottes
des livres de l’ancien & du nouveau Teftament,
en réunifiant avec le texte original toutes les
verfions orientales 8c occidentales ■, car il enten-
doit prefque toutes ces langues | 8c il exécuta en
partie c^fte prodigieufe entreprife.
On a de lui deux Bibles polyglottes , & diverfes
parties féparées de l’Ecriture-i'ainte, en diverfes
langues. La première de fes Bibles eft en quatre
langues, & a paru à Hambourg, in-fol. 5 vol.
en 1596. La fécondé eft en fix langues. M. Bayle
ne diftingué pas âfiez nettement cette fécondé
Bible de la première \ comme aufli d’un autre
côté dom Calmet ne paroît pas avoir connu celle
qui eft en quatre, langues.
La Bible en fix langues , Biblia hexaglotta
muidruplica, parut à Nuremberg en 1599. Hutterus
fut aidé par quelques collègues dans fon entreprife -,
cependant les polyglottes , ainfi que les autres ouvrages
de ce genre , qu’il a mis au jour avec le
fecours de Da vid ’Woderus, ne lui ont pas fait
autant d’honneur qu’il en efpérojt. Les favans n’y
ont pas trouvé afiez de choix pour les verfions ,
8c même ils acpufent Hutterus d’avoir corrigé trop
hardiment le travail des autres. D’ailleurs , les
polyglottes de Paris 8c de Londres ont tellement
effacé pelles d’Allemagne, qu’elles ont trouvé peu
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d’acheteurs, 8c moins encore d’admirateurs 8c de
panégyriftes ; aufli font-elles extrêmement rares.
Hutterus mourut à Nuremberg, peu de temps
après l’an idoz. Les inquifiteurs ont trouvé ces
ouvrages dignes d’avoir place dans leur catalogue
des livres défendus *, mais il y a long-temps que
leurs indices expurgatoires fervent à illuftrer la
plupart des livres qu’ils condamnent. (R.)
U LM EN , bourg 8c baillage d’Allemagne , au
cercle du bas-Rhin, dans l’électorat de Trêv es ,
au bord de l’étang de fon nom. (R.)
U LO TH AW , petite ville d’A llemagne, dans
la 'W’eftphalie, au comté de Ravenfberg , fur la
rive gauche duWefer, entre Rintelen 8c Minden,
avec un château fur une montagne. (R.)
ULRICHS - KIRCHEN , petite ville d’Allemagne.,
dans la baffe-Au triche , au quartier du
bas-Manhartzberg , avec un beau château. (R.)
ULRICHSTEIN, petite ville 8c baillage d’A llemagne
, dans le landgraviat de Hefle-Darmftadt,
avec un château fur une éminence. (R.)
ULSEN. Voye\ U lzen.
ULSTER, en latin Ultonia 8c Ulidia ■ par les
Irlandois Cui-Guilly , c’ eft*à-dire province de
Guilly •, les Gallois difent Vltw , 8c les Anglois
Ulfler ; province d’Irlande, bornée au nord par
l ’Océan feptentrional, au midi par la province
de Leinfter , au levant par le canal de Saint-
George , 8c au couchant par l’Océan occidental :
de forte qu’elle eft environnée de trois côtés par
la merV Sa longueur eft d’environ 116' milles ,
fa largeur d’environ 100 milles, 8c fon pircuit,
en comptant tous les tours & retours , d’environ
460 milles.
Cette province a de grands lacs, d’épaifics
forêts , un terroir fertile en grains 8c en pâturages
, 8c des rivières profondes 8c poifionneufes,
fur-tout en faumons.
La contrée d’Ulfter étoit .anciennement partagée
entre les Erdini qui occupoient Fermanagh
8c les environs -, les Venicnii qui avoient une
partie du comté de Dunnagal *, les Robognii qui
poffédoient Londonderry , Antrim , 8c partie de
Tyronne -, les Volentii qui demeuroient autour
d’Armagh-, les Darni qui habitoient aux environ«
de Down & les parties occidentales.
Tir-Owen fournit tout ce pays aux Anglpis,
qui le divifent actuellement en neuf comtés :
quatre de ces comtés, favoir Down, Antrim, Londonderry
8c Dunnegal, confinent à la mer -, les
quatre autres, favoir Tyronne , Armagh , Ferma'-
nagh , Monaghan & Cavan, font dans les'terres,
Londonderry eft regardée pour être la capitale.
L’Ulfter donne le titre de comte au frère ou à
un des fils des rois d’Angleterre , qui eft d’ ailleurs
créé duc d’Yorck. Il y a dans cette province un archevêché
, 6 évêchés, 10 villes qui ont des marchés
publics, 14 autres de commerce, 34 villes
ou bourgs qui députent au parlement d’ Irlande,