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auteurs. On fait aufïi que fous Dioclétien elle
devint la métropole de cette partie des Gaules ,
qui de fon nom fut appellée Gaule Viennoife.
Enfin les Romains l’avoient extrêmement embellie.
Mais, foit par les guerres, loit par le zèle
deftructeur des premiers chrétiens , il n’y a
point de ville dont les hommes aient moins
refpcété les monumens , & dans laquelle le bou-
leverfement paroiffe plus complet. On ne fouille
guère s la terre fans découvrir des richeffes
affligeantes par le peu d’ inftruâions qu’on en
retire, & Chorier lui-même en convient.
Le monument que l’ on voit dans la plaine en
fortant de la ville de Vienne , pour aller en
Provence, eft le feul qui fe foit confervé ; il
mérite l’attention des curieux par fa forme 8c
par fa bâtiffe. C’eft une pyramide élevée fur un
corps d’architecture de forme quarrée , conftruit
de grandes pierres affemblées fans chaux ni
ciment, le tout repofé fur un maflif conftruit
encore en pierres de tailles très-dures, & de la
qualité de celles qu’on tire aujourd’hui des
carrières du Bugey , fur les bords du Rhône. Ce
focle fupporte le corps d’architeâure dont nous
avons parlé , 8c qui eft couronné d’un entablement
-, chacun des angles en eft orné d’une
colonne engagée , & chaque face eft percée
d’une arcade. Ce monument eft fitué dans les
champs entre le Rhône & le grand chemin.
L’architeéture n’en eft point correfie , mais cette
conftruétion eft fingulière. La hauteur totale en
eft d’environ 41 pieds , dont moitié à peu près
pour celle de la pyramide. Le manque d’infcription
jète de l’incertitude fur fa deftination, mais on
préfume que ce fut le tombeau de quelque
Romain.
Rufinus ( Trebonius ) , qui floriffoit fous
l’empire de Trajan , naquit à Vienne, où il
exerça le duumvirat. Pline le jeune en parle
comme d’ un homme très-diftingué. I l abolit
dans fa patrie les jeux où les athlètes s’exerçoient
tous nuds à la lutte. On lui en fit un crime , &
l’affaire fut portée à Rome devant l’empereur -,
mais Rufin plaida fa caufe avec autant de fuccès
que d’ éloquence.
Je connois entre lès modernes nés a Vienne ,
Nicolas- Chorier, avocat , mort l’an i6 y x , à
83 ans. On eftime l’hiftoire générale du Dauphiné
qu’il a publiée en deux volumes in-fol.
Mais il n’a refpeclé ni le public ni lui-même ,
en compofant & en publiant le livre infâme de
arcanis amorïs & Veheris , dont le prétendu
original Efpagnol pafîe fous le nom d’Aloifia
Sigæa. La vie de Chorier n’a que trop répondu
aux maximes qu’ il a débitées dans cet ouvrage
également obfcène & odieux.
Gentillet (In n ocen t) , né dans la même ville
au feizième fiècle , fit du bruit par l’ ouvrage
qu’ il intitula le Bureau du concile de Trente,
auquel ejl montré quen plu fleurs points icélui
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concile ejl contraire aux anciens conciles & canons ,
& a Vautorité du roi. Cet ouvrage parut l’an 1586
in - 5°. , & a été réimprimé plufieurs fois
depuis.
La Faye ( Jean-Elie Leriget de ) , naquit à
Vienne l’an 16 7 1 , entra au fervicé, 8c mourut
capitaine aux gardes l’an 1718 , âgé de 47 ans.
Il s’étoit attaché à l’ étude de la méchanique, &
fut reçu à l’académie royale des fciences en
1716. L’année fuivante il lui-, donna deux mémoires
imprimés dans le volume de 1 7 1 7 , &
qui roulent fur la formation des pierres de F lo rence
, tableaux naturels de plantes, de buif-
fons , quelquefois de clochers & de châteaux.
On peut regarder Hugues de Saint-Cher ,
dominicain du treizième fiècle, comme né à
Vienne ; car l’églife collégiale qui lui eft dédiée ,
eft aux portes de cette v ille , au lieu de fa naiffance.
Il devint provincial de ion ordre, fut nommé
cardinal par Innocent IV, &mourut'en 1263. Son
principal ouvrage eft une concordance de la bible ,
qui eft la première que l’on ait -, 8c quoiqu’elle
foit fort médiocre , on a cependant l’obligation
à l’auteur d’avoir le premier imaginé le plan
d’ un ouvrage qu’on a perfeélionné, 8c dont les
théologiens ne peuyent fe paffer. long, 2 2 , 30 ,*
la t - « , 33- (Æ.)
V ienne, petite rivière d’Allemagne, au cercle
d’Autriche •, elle prend fa fource aux confins du.
haut 8c du bas-Viener-Vald , 8c fe rend dans le
Danube, au-deffous de la ville de Vienne. (R.)
V ienne ( l a ) , en latin Vingenna, rivière de
France , qui prend fa fource aux confins du bas-
Limofin & de la Marche , traverfè une partie du
Poitou, devient navigable au-deffus de Châtel-
leraud, reçoit enfuite la Crëufè dans fon fein ,
& le jète dans la Loire , à Candé en Touraine.
( * o
V ienne , en Allemand JVienthal ; ville des
Pays-Bas, dans le duché de Luxembourg , capitale
du comté de même nom, fur la rivière
d’Our ou d’Uren qui la partage en vieille &
nouvelle ville. Elle eft environnée de montagnes,
& fituée à 10 lieues au nord de Luxembourg,
5? nord-oueft de Trêves. L’ancienne ville a un
château conftruit fur une montagne inaccefTible ,
8c où l’on entretient bonne garnifon. Ses ha-
bitans font commerce de draps 8c de tannerie.
Long. 2 3 ,4 7 ; lat. 43/,5 6.
Le comté de Vienne'*, compris dans le mar-
quifat de Portt-d’O y e , eft très-ancien, il eft
divifé en fept mairies , qui renferment près de
cinquante tant villages qu,e hameaux. Le premier
comte de Vienne, dont nous ayons une con-
noiffance certaine , s’appelloit Frédéric , &
vivoit au douzième fiècle. Sa defeendance mâle
s’éteignit en 13 3 5-, Adélaïde, fécondé fille du
dernier comte , Godefroi I I I , fit pafïer ce comté
aux princes d’Orange , iffus de fon époux , O thon
de Naffau. 11 appartient encore au ftathouder ,
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& le prince d’Ifenghien en a la jouiffance.
Philippe I I , roi d’Efpagne , confifqua ce comté
qui appartenoit à Guillaume de Naffau , 8c le
donna à Pierre Erneft de Mansfelt ^gouverneur
de la province de Luxembourg. Après fa mort,
arrivée en 1604 , le comté de Vienne retourna
au prince d’Orange, & en 1701 7 Par l a mort
de Guillaume I I I , roi d’Angleterre , la fucceflion
en fut dil’putée par plufieurs prétendans. (R.)
VIENNOIS ( l e ) , pays de France , dans le
Dauphiné , fitué entre le Rhône , l’Isere & la
Savoie , 8c qui a pris fon nom de Vienne , fia
capitale. On le divife en haut 8c bas-Viennois.
On y recueille quantité de vins tres-eftimes, de
fruits , de grains , de chanvre , &c. Les mûriers
blancs y fourniffent à l’entretien de quantité de
vers à foie , 8c les noyers ainfi que les châtaigniers
, outre leurs fruits qui font d’une grande
reflource pour le peuple , y diftillent une efpece
de manne qui a quelque reffemblance avec celle
de Briançon.
Ce diftricl avoit autrefois fies comtes particuliers
q u i, au onzième fiècle , prirent le titre
de dauphins de Viennois. (R.)
VIERGES ( îles des ) , c’ eft un amas de petites
îles & de rochers fitués en Amérique, dans la
partie du nord-oueft & du nord-oueft-quart*de-
nord des îles Antilles , à l’orient de celle de
Portoricojles principales fontfaint-Thomas, faint-
Jean , Panefton ou la grande Vierge , Anegade,
Sombrero, Tortola. Voye^S. T homas, Som- :
brero , &c. Les paffages qui fe trouvent entre
ce s îles fervent de débouquement aux vaiffeaux
qui retournent des Antilles en Europe , lorf-
qu’étant contrariés par les vents 8c les courans ,
ils ne peuvent débouquer entre Nièves 8c Mont-
Serrat.
Les Vierges font un groupe d’ iine foixantaine
de petites îles , la plupart montueufes , sèches &
arides , où les Efpagnols de Portorico pêchèrent
long-temps feuls , des tortues qui y étoient très-
abondantes. Les Hollandois venoient d’y commencer
un petit établiffement à Tei'tola , une
des meilleures 8c celle de ces îles qui a le port le
plus fiûr -, lorfqu?en 1666 ils en furent chaffés par les
Anglois , qui ne tardèrent pas à fe répandre fur
les îles voilines, 8c durant plus d’un fiècle ils ne
s’y occupèrent que de la culture du coton. Ce
ne fut qu’après la paix de 1748, que leur a&ivité
fe tourna vers le lucre , dont ils ont depuis
envoyé affez régulièrement tous les ans , quatre
ou cinq millions pefant à la métropole. (R-)
VIERRADEN , ville d’Allemagne , au cercle
de haute-Saxe, vers les confins de la Poméranie,
dans la Marche de Brandebourg, fur la Welfe.
Elle a été prife & reprife plufieurs fois dans les
guerres du dernier fiècle. (R.)
VIERZON , en latin Brivodurum , Vir{o ,
Virflo , Viriflo , Vit[onum} petite ville de
France, dans le Berri, fwr les riyières d’Eure
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8c de C h e r , à 8 lieues au n. o. de Bourges , 8c
à 43 au f. o. de Paris. Cette ville qui a titre de
comté, eft dans le pays le plus agréable 8c le
plus fertile de la province. C’eft le fiége d’ un
baillage & d’un gouvernement particulier. I l y a
d’ailleurs un grenier à fel. Il s’y trouve une
abbaye de bénédi&ins de S. Maur, des capucins,
des religieufes hofpitalieres, 8c des chanoinefies
du S. Sépulcre. Vierzon étoit un fimple château
dans le dixième fiècle, qui eut des feigneurs
particuliers, 8c dont il exifte encore quelques débris.
François Ier la réunit au domaine. Long.
z 9 1 4 3 ; lât. 47, ? a. Il y a une mine d’ocre
dans fon voifinage. Les langues de cochon qu’on
y préparé font renommées. (R.)
V IE S T I , ville d’Italie, au royaume de Naples,'
dans la Capitanate, fur le golfe de Venife , au
pied du mont Gargan, à n lieues au n. e. de
Manfredonia , dont fon évêché relève , & a
47 n. e. de Naples. Plufieurs géographes prétendent
que c’ eft VApaneflce de Ptolémée ,
l. I I I , c. j . D’autres penfent que cette pauvre
ville a été bâtie des ruines de l’ancienne Me*
rinum. Long. 13 , $2 ; lat. 4 1 , 36. (R*)
VIEUVILLE ( la ) , abbaye de France en
Bretagne, au diocèfe de-Dol. Elle eft de l’ordre
de Cîteaux, & vaut 13,000 liv. (R.)
VIEUX , Arigenus , Viducajfes , Vodiocce ,
village de France , en Normandie, à 2 li. f. o.
de Caen , remarquable par plufieurs débris de
monumens Romains qui font des veftiges de
l’ancienne capitale des peuples Viducafles. (R.)
V ieux-Buntzel. Foyc{ A lt-Buntzel.
V ieux-F raunhofen , ou A lt-F raünhofen,
8c Neufraunhofen , font deux feigneuries en
baffe-Bavière , qui relèvent immédiatement da
l’Empire , 8c qui appartiennent aux barons de
Fraunhofen. (R.)
V ieux-Jones , Ballivia Joncetana , en A llemand
Alten-Biefen , riche commanderie de
l’ordre teutonique, dans l’évê<^ié de L iège, &
près de Maftricht. (R.)
V ieux-(Ettingen. Voye\ A lt-(Ettingen.
V ieux-Preysing. Voyei A lt-Preysing.
V ieux-T itschein. Voyei A lt-T itschein.
V ieux-Wrrder , & nouveau W erder , font
deux châtellenies dans la principauté de Zell ,
qui dépendent du bailliage de Harbourg. (R.)
VIGAN ( l e ) , gros bourg de France, dans
le Languedoç , au dioçèfe d’Alais , avec une
juftfçe royale. (R.)
VIGEÜIS , bourg de France dans le Limofin,
élection de Brives , près de la rivière de Vezère^
avec une abbaye de Bénédiélins qui vaut 4000 liv*
(R.)
VIGEVANO , V igerano , V igero , en latin
Vigevanum ou figlebanum j ville d’Italie au
duché de Milan , capitale du Vigévanafc ou
Vigévanois , fur le Télin , à 6 lieues au f. e, do
Noyare, & à 7 lieues au f. o. de Milan. Eli©