
bouchure- d’une petite rivière de même nom > au
nord de San-AIexio. Long. 33 , 10 ; lat., 38..
SAVOIE (la) , ou Savoye , duché fonverain
d’Europe , entre la France & l’ Italie. Il eft borné
aii nord par le lac de Genève-, qui le fépare de
la Suiffe •, au midi par le Dauphiné au levant par
le Piémont 8c le Valais -, au couchant par le Bugey :
& la Brefle. Il a environ 33 lieues du midi au
nord, x7 de l’orient à l’occident -, mais toute
cette étendue n’ offre aux yeux qu’un pays flérile
& pauvre, dont fes fiouverains ne retirent guère
plus de trois millions.
La Savoie eft hériffée de tous côtés de montagnes,
de rochers efcarpés, & de précipices
fur Iefquels on ne trouve que des bois & quelques
brouffailles. Les petites vallées cependant pro-
duifent quelque peu de bled 8c du foin mais
l’ înduftrie des habitans femble forcer la nature
même *, & lorfque le terrain le permet, on voit
des montagnes cultivées jutqu’au lommet. On y
cultive quelques vignes dans le voilinâge du lac
de Genève , à Montmelian, à S. Jean de Maurienne
, & le vin n’en eft pas à dédaigner-, mais
on y élève beaucoup de beftiaux, tels que des
boeufs 8c des mulets. Le gibier y abonde. Les
plus hautes montagnes font les glaciers, toujours
couvertes de neiges 8c de glaces. Les montagnes
maudites x dans le Faucigny, dont la cime s’élève
a la hauteur perpendiculaire de zooo toiles de
France, & le mont Cenis, dans le comte de
Maurienne, liir lequel paffe la grande, route qui
conduit de Savoie en Piémont, 8c qui eft d’une
hauteur effrayante.
Les principales rivières qui arrofent la Savoie
font le Rhôsie , VArve? les Suffis , le Sier, le
Seran , \'Isère, ? A r c , &c. Le lac de Bourget ëft
rempli d’excellens poiffons. Il s’y trouve aulli
pluüeurs fources minérales. A z milles d’Allemagne
de Chamberi, près du lac de Bourget,
on remarque la fontaine merveille, dont l’eau
croît 8c diminue avec un bruit léger , 8c fou-
yent 6 fois dans une heure.
Les Savoyards font doux, bons , honnêtes
très-laborieux & très-pauvres. Quoique leur nourriture
foit fort groffière , .ils font cependant tres-
robuftes, 8c jouiffent d’âne excellente fanté. Les
femmes y font d’une grande fécondité les deux
fexes en beaucoup d’endroits ont des.goitres, d une
extrême groffeur , qui des rend très-difiorxnes ,
ce que l’on doit attribuer-fans doute a ly âpre te
du climat , & à la crudité de l’eau des neiges
fondues. Un tiers des hommes fè répand dans
la France pour y gagner fa vie ", 8c il faut convenir
, à l’îionheur de cette nation, que, malgré
fon indigence, elle le tient éloignée du crime,
qui en eft fôuvent la fuite : il n’eft pas rare
même que , par leiir extrême économie, leur
vigilance , leur a&ivité, plufieurs d’entr5eux s’-ën.
retournent dans leur pays avec, une fomme d’argent
allez conüdérable pour y forçaer un é?a~
bliffement, On parle françois dans toute la Sa- .
1 voie -, mais ce françois eft aufli mauvais que le
! langage vulgaire, qui n’ eft qu’un italien corrompu.
Le mot Savoie vient du latin S apaudi a , quoH
ne trouve point en ufage avant le quatrième
ftècle. Ammien Marcellin eft le premier qui ait
\ fait mention du pays de Sdpaudia ; on appelloit
ainfi la partie feptentriônale du territoire des
Allobroges. La Sapaudia s’étendoit au-delà du
lac de Genève, 8c comprenoitLe pays de Vaud9
dont la plus grande partie appartenoit à la Belgique
8c à la province nommée maxima Sequa
norum<. .
’ La Savoie fut anciennement habitée d’une
partie des Allobroges, des Centrons, des Nan-
tuatès, des Garocelles , des Véragres 8c des
Salaffes. Les Allobroges occupoient le pays qui
eft entré le Rhône, au fortir du lac Léman, le$
Nantuates , les Centrons 8c l’ Isère. C’eft cette
île dont parle T ite -L iv e , où Annibâî s’arrêta
avant de paffer les Alpes : elle renfermoit une
partie du Dauphiné , le duché de Savoie, le
Fauffigny & le Geneveis-, les Centrons demeu-
roient dans les vallées des Alpes grecques, quî
forment à préfent la Tarentaifè *, les GaroCelles-
habitoient aux environs du mont Cenis -, les
Véragres étoient entre les Nantuates 8c les
Salaffes , dans cette partie du Valais où eft Mar-
tigny , & les Salàffes occupoient les vallées des.
Alpes qu’on nomme aujourd’hui le val d’Aofle.
Tous, ces peuples, furent vaincus par Augufte,
à la réferve des Salaires., que Terentius Varro
fubjugua. Us furent compris dans, la Gaule nar-
bonnoife , 8c partagés de façon que les Allobroges
furent placés dans, la troifieme Narbon-
noifè , & les. Véragres 8c les Salàffes dans la;
cinquième,. qu’on nommoit aütrement la province
des Alpes grecques.
Leur pays étant devenu la proie des barbares
apres la diflipatkm de l’empire, fut occupé tantôt
par les uns 8c tantôt par les autres v les Bourguignons
en demeurèrent les maîtres & l’incorporèrent
au royaume qu’ ils formèrent d’une partie:
de la Gaule celtique 8c de la Gaule narbonnoifo..
Bofon, comte d’Àrdenne, qui avoit époufé Er-
mengarde , fille de Louis I I , empereur d’ Italie
fé fit élire roi de Provence par les états affemblés.
à Mentale , au mois d’ octobre de l’année 879.
. Louis fon fils fut aulli roi d’Italie, 8c on l’a,
furnommé l’aveugle, parce que Bérenger lui fit
crever les yeux, comme il alloit prendre poffef-
fion de ce royaume. Il laiffa d’Adéîaïs, Charles.
Conftantin, prince de Vienne, qui eut. de The-
berge , Ame, père de Humbert aux blanches,
ma lus , chef de. la maifon de Savoie, dont l’origine
a été recherchée par plufieurs écrivains avec
peu de luccès 8c avec, beaucoup de prévention,
pour leurs fentimens.
Sans entrer dans cette difcuffion généalogique y
( je dirai feulement que l’empereur Conrard. 1&
faîique donna la propriété d’une partie de la
Savoie, avec le titre de comte.^ a Humbert aux
blanches mains. Ses defeendans s’agrandirent
peu à peu par leur' mérite , par leur .habile té 8c
par leurs alliances. Le comte de Romont reçut
de l’empereur Richard , fon neveu, le titre de
Vicaire de Vempire , avec l’inveftiture des duchés
de Ciiablads & d’Aofte. En i z i 8 il acquit toute la
. feigneurie 1 de Vaud, & la ville de Berne fe mit
fous fa protection, l’an i z 66.
Amé de Savoie, qu’on furnomma le Grand
à ; càule de • fa< valeur ,■ fut créé en 1310 , lui 8c
! fes fjiicceffeurs , princes de l’empire par Henri VII.
I l fut arbitre des différends des rois de France
8c d’Angleterre, & mourut en 1 3X3*
Amé V I , fi connu fous le nom de comte
verd, acquit la baronnie de Vaud, & une partie
du Bugey & du Valromey. L’empereur Charles
IV lui céda tous les droits de l’empire fur le
marquiiat de Saluces. La ville de Coni fe donna
à lui, l’an 138a , & Clément V I I lui fit préfent
du château de Dian. Il inftitua l’ordre du Collier,
qui a depuis été nommé Vordre de VAnnonciade,
8c il,établit par fon teftament de l’an 1383
le droit de primogéniture dans fia maifon.
Amé V U , fon fils , fut un des plus fages &
des plus vaillans princes de fon fîecle. Les habitons
des comtés de Nice , de Vintimiglia, de
Barcelonnette, & des vallées voifines, fe fournirent
à lui. Il fe tua d’une cMte de cheval ,
en 1391., en pourfuivant un fanglier aux environs
de Ripaille. ^
Amé VIII obtint du comte de Genève, moyennant
quarante - cinq mille . francs d’or , tous les
droits que les comtes de Genève avoient dans
le Dauphiné , le Viennois 8c le Graifivaudan.
flè’empereur Sigifmond érigea pour lui, en 1416,
le comté, de Savoie en duché.. Dans la fuite,
..ayant renoncé à fes états, fans qu’on'en ait pu
découvrir la raifon, il fe retira a Ripaille, fut
élu pape par le concile de Baie, prit le nom de
Félix V , confentit enfuite " à fa dépofition, 8c ,
mourut à Genève en 1451. -
v Louis de Savoie , fon fils , déclaré le domaine
de Savoie inaliénable , & fut reconnu par les
Fribourgeois pour leur fouverain.
Amé IX eut une longue maladie qui le rendit I
incapable du gouvernement. Le règne de fon
fucceffeur , Philibert I , fut déchiré.■. par des .
guerres civiles qui faillirent à ruiner la Savoie.
I l mourut en 148a , âgé feulement de 17 ans. .
Ch arles I , fon frère , qui lui luccéda, finit là
carrière en 1489, dans la z i e année de fon âge,
après avoir remporté dg grands.avantages fur les
ennemis. Charles I I , fon fils , mourut en 14-96.
Charles III eut un règne long.,- pénible &
malheureux, outre que fon duché devint le théâtre
de là guerre entre François I 8c .Charles-Quint.
Les Bernois s’emparèrent, en 1536 , du pays de
y a u d , du pays de Gex > du Geneyois 8c du
Cliabïaïa *, mais Emmanuel Philibert, fils de
Charles I I I , ayant remporté fur le connétable
de Montmorency la célébré victoire de Saint-
Quentin, fut rétabli dans fes états par le traite
de Cateau-Cambrefis , & il époufa Marguerite de
France, feeur du roi Henri IL
Charles - Emmanuel, né de ce mariage , lui
fuccéda l’an 1580. Ce fut un des plus grands
* princes de fon temps , habile dans le cabinet ,
favant dans le métrer de 1a guerre, 8c profond
en politique. Il mourut à Savillan en 1630.^
Victor-Amédée hérita des vertus de fon pere ,
& fuivit les mêmes vues pour fes intérêts. II
entra dans la ligue du cardinal de Richelieu,
8c mourut à Nerceil en 1637 > dans la 7-. année
de fon règne.
Charles - Emmanuel, II du nom, fe maintint
dans une grande harmonie avec la France, 8c.
mourut l’an 1675 , laiffant pour fucceffeur Victor-
Amédée I I , né en 1666. Ce prince époufa, en.
1684, Anne, fille de Philippe de France, duc.
d’Orléans , dont il a eu un fils Charles-Emmanuel
III , aujourd’hui roi de Sardaigne, ne ei^
1701 : il tient le feeptre avec gloire.
Ce fouverain, outre la Sardaigne 8c la Savoie *
. pofsède encore le Piémont, le Mont-Ferrat, 1*
partie occidentale du Milanois, 8c d’ autres états.
La Sardaigne ne lui vaut pas grand’ chofè ■, mais
le Piémont lui rapporte foui près de zo millions.
Charles-Emmanuel difoit à ce fujet , qu’il tiroit
de la Savoie ce qu’ il pouvoit, 8c du Piémont
ce qu’il vouloit.
OLe roi de Sardaigne, c’ éft aujourd’hui fon
nom, entretient en temps de paix zo à z z mille
-hommes fur pied, outre 10 mille hommes de
milice , dont cinq mille font habillés , & ont un
fou par jour, & cinq mille autres qui font dé-
lignés 8c à qui il ne donne rien.
La juftice eft adminiftrée dans trois fénats’,
auxquels on appelle des tribunaux inférieurs. Le
premier, pour la Savoie , eft établi à Chamberi ,
capitale ; le fécond pour le Piémont j 8c le troi-
fième pour le comté de Nice 8c fes dépendances.
Turin a. encore un confeil qui connoît
en dernier reffort des affaires des pays de-là
les monts.
La religion catholique étoit autrefois la feule
dont l’exercice fût ; permis dans les états de
; Savoie -, mais le roi de Sardaigne qui règne
j aujourd’hui , connoît mieux fes avantages & fes
intérêts. Par le traité de 1760, le milieu du cours
du, Rhône fait la ligne de réparation de la Savoie
8c de la France.
Om divife tout ce pays en fix petites provinces
, qui font la Savoie, le Genevois, le
Chablais , le Faufiigny-, la Tarentaile , 8c la
Maurienne.
La Savoie, proprement dite , eft entre le
Genevois , la Tarentaife , la Maurienne, le Dauphiné
8c le Bugey ; elle eft partagée en neuf
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