
On ne connolt guère de volcan plus terrible
que celui de Ternate. La montagne, qui eft
roide 8c difficile à monter, eft couverte au pied
de bois épais •, mais Ion fommet qui s’élève juf-
qu’ aux nues, eft efcarpé 8c pelé par le feu. Le
foupirail eft un grand trou qui defcend en ligne
lpirale , & devient par degrés de plus petit en
plus petit, comme l’intérieur d’un amphithéâtre.
Dans le printemps 8c en automme , vers les équinoxes,
quand il règne un certain vent , 8c lur-
tout le vent du nord , cette montagne vomit
avec grand bruit des flammes mêlées d’une fumée
noire 8c de cendres brûlantes -, & toutes les .campagnes
dès environs s’en trouvent fouvent couvertes.
Les habitans y vont dans certain temps
de l’année pour recueillir du foufre , quoique la
montagne foit fi efcarpée. en plufieurs endroits ,
qu on ne peut y monter qu’avec des cordes attachées
à des crochets de fer. Malayo eft la capitale
de l’île , & la réfidence du roi.
TERNEUSE, petite ville & fortérefle de la
Flandre hollandoife, à 2 li. n. du Sas-de-Gand,
6c pareille diftance d’Axel. Elle eft très-forte par
1a pofition , étant dans une plaine que la mer
couvre de lès eaux de 12 en 12 heures. Elle eft
limée fur l’Efcaut occidental , 8c ne contient
guère que 200 habitans. (R .)
T E R N I , en latin Interamna, Interamnia
Interamnium, ville d’ Italie, dans l’état de
l’Eglile , au duché de Spolète , dans une île
formée.par la rivière de N e ra , à 20 lieues de
Rome. Elle a été' autrefois confidérable, mais
a peine de nos jours y compte-t-on 11 mille habitans
divifts en fix quartiers, qui contiennent
plufieurs monaftères 8c confrairies de pénitens.
La cathédrale eft belle-, fon évêché ne relève que
du faint-fiége. Les environs de Terni font admirables
par leur fertilité en pâturages, en fruits,
en légume»;, en volaille, en gibier, en huile &
en vins exquis. Au-defius de la ville , à 2 milles
ou environ, eft la belle & grande cafcade nommée
dans le pays, cafiata delle marmom. C’eft la chûte
de la rivière Velino , qui fe précipite d’environ
200 pieds dans la plaine de Terni, pour aller
fe joindre à la Nera. Long. 30 > 20 ; lat.42. , 34.
La.forme de fon gouvernement eft prefque républicaine
7° nobles de race forment le confeil
général choifiiTent 12 députés: ceux-ci élifent
tous les ans 6 nobles , parmi lefquels on prend
tous les deux mois 3 priori qui gouvernent la
ville.
Pighius a découvert, par une infcription qui
eft dans la cathédrale de, T e rn i, que cette ville
fut bâtiq 544 ans avant le coiffulat de C. Domi-
tius Ænobarbus , 3c de M. Camillus Scribonius,
qui furent conful's de Rome , l’an 624. Elle fe
vante d’être la patrie de Corneille Tacite , 8c
ce n’eft pas une petite gloire, car c’eft un des
plus célébrés hiftoriens, 8c l’un des plus grands
hommes ^de fon temps. Il s’éleya par fon mérite
aux premières charges de l’empire : de procurateur
dans la Gaule belgique , fous T itu s , il
devint préteur fous Domitien , 8c conful fous
l’empire de Nerva -, mais toutes ces dignités
ne lui donnent qu’une très-petite gloire , fi on
la compare à celle qu’il s’eft procurée par les
travaux de fa plume.
Ses annales 8c fon hiftoire font des morceaux
admirables , & l’un des plus grands efforts de
l’efprit humain, foit que l’on y confidère la fin-
gularité du ftyle , foit que l’on s’ attache à la
beauté des penfées, 8c à cet heureux pinceau
avec lequel il a fu peindre les .déguifemens des
politiques , 8c le foible des pallions. Ce n’eft pas
qu’on ne puilfe reprendre en lui trop de fine fie
dans la recherché des motifs fecrets des allions
des hommes, 8c trop d’art à les tourner fans
ceffe vers le criminel.
Tacite, dit très-bien l’auteur des Mélanges de
poéfies , d’éloquence d’érudition , étoit un habile
politique , 8c encore un plus judicieux écrivain :
il a tiré des confequences fort juftes fur les évé-
nemens des règnes dont il a fait l’hiftoire , &
il en fait des maximes pour bien gouverner un
état ; mais , s’il a donné quelquefois aux aétions
8c aux mouvemens dé la république leurs vrais
principes, s’ il en a bien démêlé les caufes , il
faut avouer qu’il a fouvent fuppléé par trop de
délicatefle & de pénétration , à celles qui n’en
avoient pas. Il a choifi les aétions les plus fuf-
ceptibles des fmeffes de l’art : les règnes auxquels,
il s’eft principalement attaché dans fon hiftoire «,
fèmblent le prouver.
Dans celui de Tibère , qui eft fans conteftatiofi
fon chef-d’oeuvre, & oh il a le mieux réufti, il
y trouvoit une.efpèce de gouvernement accommodé
au caractère de fon génie. Il aimoit à démêler
les intrigues du dabinet, à en afïigner les
caufes , à donner des deffeins au prétexte , 8c de
la vérité à de trompeufes apparences. Génie trop
fubtil, il voit du myftère dans toutes les aétions
de ce prince. Une fincère déférence de fés deffeins
au jugement du fénât, étoit tantôt un piège
tendu à fon intégrité-, tantôt line'manière adroite
d’en être le maître -, mais toujours l’art de le
rendre complice de fes deffeins , 8c d’en avpir
l’exécution fans reproches : lorfqu’il puniffoit des
féditieux , c’étoit un effet de l’a défiance naturelle
pour les c i to y e n s o u de légères marques
de colère, répandues parmi le peuple pour dif-
pofer les efprits à de plus grandes cruautés.
Ici , la contrariété d’humeurs de deux chefs eft
un ordre fecret de traverfer la fortune d’un compétiteur
, 8c le moyen de lui enlever l’affe&ion;
du peuple. Les dignités déférées au mérite étoient
d’honnêtes voies d’éloigner un concurrent ou de
perdre un ennemi, 8c toujours de fatales récom-
penfès. En un mot , tout eft politique -, le vice
8c la vertu y font également dangereux, 8c les
faveurs auffi funeftes quç les diigraces. Tibère
r.’y eft jamais naturel -, il ne fait point fans deffeiïi
les a&ions les plus ordinaires*aux autres hommes-,
fon repos n’eft jamais fans conféquence , & fes
mouvemens embraffent toujours plufieurs menées.
Cependant l’ art de Tacite à renfermer de
grands fens en peu de mots, fa vivacité à dépeindre
les événdmens, la lumière avec laquelle
il pénètre les ténèbres corrompues des coeurs des
hommes, une force & une éminence d’efprit qui
paroît par - tou t, le font regarder aujourd’hui
généralement comme le premier des hiftoriens
latins.
Il fit fon hiftoire avant fes annales,- car il
nous renvoie à l’hiftoire dans le onzième livre des
annales, touchant des chofes qui concernoient
Domitien : or, il eft sûr que fon hiftoire s’étendoit
depuis l’empiré de Galba inclufivement , jtifqu’à
celui de Nerva exclufivement. Il deftinoit pour fa
vieilleffe un ouvrage particulier aux règnes de
Nerva & de Trajan, comme il nous l’apprend lui-
lui-même, Hiß. liv. I , ch. ? , en ces mots dignes
d’être aujourd’hui répétés : Quod f i wita Juvpe-
ditet, principatum divi Nerv ce & imperium Tra-
ja n i , uberlorem fecurioremque materiam fenedud
fepofui : rqrâ temporum fèlicitate , ubi fendre quce
velis y & quce fehtias dicere licet.
Il ne nous refte que .cinq livres de fbii hiftoire,
qui ne comprennent pas un an 8c demi, tandis
que tout l’ouvrage devoit comprendre environ
29 ans. Ses annales comtnençoient à la mort d’Au-
gufte, & s’ étendoient jufqu’à celle de Néron -, il
ne nous én refte qu’une partie , favoir lés quatre
premiers livres , quelques . pages du cinquième,
tout le fixième , le onzième , douzième , treizième
, quatorzième., 8c une partie du feizième :
les deux dernières années de Néron , qui for-
moiënt les derniers livres de l’ouvrage , nous
manquent.
On dit que Léon X , épris d’amour pour Tacite
, ayant publié un bref par lequel il promettoit
de l’argent, de la gloire 8c des indulgences à
ceux qui découvriroient quelques manuferits de
cet hillorien, il y eut un Allemand qui fureta
toutes les bibliothèques, & qui trouva finalement
quelques livres, des annales dans le monaftère de
Corwey. Il vint les préfenter à fa Sainteté, qui
les reçut avec un plaifir extrême, & rembourfa
magnifiquement l’Allemand de toute la dépenfe
qu’il avoit faite : il fit plus, car afin de lui procurer
de la gloire & du profit, il voulut lui
laiffer l’honneur de publier lui - même Tacite -,
mais l’Allemand s’en exeufa, fur ce qu’il manquoit
de l’érudition néceffaire à l’édition d’ un tel ouvrage.
On a fait tant de verfions de ce grand hifto-
rien romain , & on l’a tant commenté , qu’une
femblable colleâion pourroit compofer une bibliothèque
alfez confidérable. Nous avons dans
notre langue les tradu&ions de M. Amelot de
la Houlfaye, de M. de la Bletterie 8c de M. d’A-
lembert, qui font les trois meilleures. Entre les
commentaires de critique lur Tacite , on fait
grand cas de celui de Jufte-Lipfe ; 8c entre les
commentaires politiques, les Anglois eftiment
beaucoup celui de Gordon, qui eft plein de fortes
réflexions fur la liberté du gouvernement. (R.)
TERNOVA ou TERNOVO , petite ville de
la Turquie européenne, dans la Bulgarie , fur la
rivière de Jantra, au nord occidental du mont
Ballcan. On croit que c’eft le Ternobum , ville des
Bulgares dont parle Ortelius. C’ eft le fiége d’un
archevêque. Autrefois elle étoit très-forte , aujourd’hui
un Sangiack y fait fa réfidènee. Long.
43 j ; Lzf. 43$ 4.
TEROÜANNE ou TEROUENNE, en latin
Taruenna Moriniim., ville de France, dans les
Pays-Bas , fur la Lys , à 7 milles de Saint-Omer.
Elle étoit autrefois épifcopale -, Charles-Quint
s’en rendit le maître en 1553 , & la renverfa de
fond en comble. Elle n’a point été rebâtie. Son
territoire fut cédé à la France par le traité des
Pyrénées , & fon diocèfe, en 15 5 9 , fut partagé
en trois , qui font ceux de Boulogne , de Saint-
Orne.-, 8c d’Yprès. Long. 19 , 34 ; lat. 5 0 , 33.:
T E R R A D O S F U M O S contrée d’Afrique,
au pays des Hottentots , fur la côte orientale des
Cafres efrans.
TERRA-NUOVA, petite ville ou bourg d’Italie,
dans le Florentin , près d’Arezzo , illuftré par
la naiffance du Pogge , Poggio Bracciolini , l’un
des plus beaux efprits & des plus favans hommes
du quinzième fiècle.
Il fit fes études à Florence, & fe rendit enfuite
a Rome , où fon mérite le fit bientôt connoître ;
on lui donna l’emploi de fecrétaire apoftolique
qu’ il exerça fous fept papes , fans être pour cela
plus riche. On l’envoya en 1414 au concile de
Confiance, dont il s’occupa bien moins que de
la recherche des anciens manuferits. Ses foins
ne furent pas infrudueux-, il découvrit en furetant
les bibliothèques, les oeuvres de Quintilien dans
une vieille tour d’un monaftère dé S. GalL
Il déterra une partie d’Afconius Pedianus fur
huit oraifons de Cicéron, un Valérius Flaccus ,
un Ammien Marcellin , un Frontinus de aquoe-
dudibus, & quelques autres ouvrages.
De retour en Italie , il fut nommé fecrétaire
de la république de Florence en 1453 -, l’amour
qu’il avoit pour la retraite , lui fit vendre un
Tite-Live pour acquérir une maifon de campagne
au val d’Arno , près de Florence -, & c’eft-là qu’ il
s’appliqua plus que jamais a l’étude , quoiqu’il
fût déjà feptuagénaire -, il mourut dans cette
maifon de plaifance en 1459 , âgé de 79 ans.
On a de lui une belle hiftoire de Florence •
une traduction latine de Diodore de Sicile , un
traité élégant de varietate fortunoe , des épi très ,
des harangues /, enfin un livre de contes plaifans ,
mais trop obfcènes & trop licencieux. Si vou*