
d i t - i l , une heureufe n ou v e lle ; Votre M a je f lé a
gagné tous le s b ien s du duc de Bragance y i l s ’ e jl
a v i jé de f e fa i r e p ro clam er ro i , & la confifcation
de Je s terres vous e j l acquije p a r J'on crime. La
confifcation n’eut pas lieu : le P ortu g al devint
un royaume confidérable, fur - tout lorfque les
richefles du Brefil & les traités avec l’A n g le terre
rendirent fon commerce floriffant.
Le comte-duc d’ Olivarès, long-temps le maître
de la monarchie Espagnole, 8c l’émule du card
inal de R ich elieu , fu t d ifg ra c ié , pour avoir été
malheureux. Ces deux miniftres avoient été lon g temps
également r o is , l’ un en France , l’ autre
en Efpagne ■, tous deux ayant pour ennemis la
maifon r o y a le , les grands & le peuple, tous
deux très-différens dans leurs caraâères $ dans
leurs vertus & dans leurs vice s •> le çomte-duc
aufii réfervé , auffi tranquille & aufli doux que
le cardinal étoit v i f , hautain & fanguinaire. Ce
q u i conferva Richelieu dans le minïftère , & ce
qui lui donna prefque toujours l’afcendant fur
Oliv a rè s , ce fut fon activité. Le miniftre efpa-
gn o l perdit tout par fa négligence j il mourut
de la mort des miniftres déplacés -, on dit
que le chagrin les tue j ce n’ e ft pas feulement
le chagrin de la folitude après le tumulte
, mais celu i de fentir qu’ ils fon t h a ïs , 8c
qu’ ils ne peuvent fie venger. Le cardinal de
Richelieu avoit abrégé fes jours d’ une autre man
iè re , par les inquiétudes-qui le dévorèrënt dans
la plénitude de fa puilfance.
A u refte le roi d’Efpagne alloit rappeller le
duc d’O liv a rè s, fi ce miniftre n’eût pas précipité
1a dilgrace -, mais ayant voulu fe juftifier
par un éc rit pu blic, il offenfa plufieurs perlonnes
puiffantes, dont le relfentiment fu t tel que le
ro i ne fohgea plus qu’à le lailfer à T oro , où
il mourut en 1640, de lan gu eur, comme il arrive
ordinairement aux miniftres qui ne favent pas
jouir de ce repos heureux qu’ on ne conna ît point
à la cour.
Philippe I V , en difgraciant-le comte-duc d’ O livarès
, n’y gagna que le beau jardin de ce
favori dans le voifinage de M a d r id , encore ce
jardin coû ta -1 -il cher au roi ; car il y dépenfa
plufieurs millions. On l ’appelle aujourd’hui B u en -
R e t ir o . (R .) Toro , île de la mer Méditerranée , fur la
cô te méridionale de la Sardaigne, dont elle eft
à dix m ille s , à cinq\de f i l e V a c c a , & environ
à quatre de l’ île Boaria. (R .)
T O R O E L L A , ou Toroeila-de-Mongris ,
▼ ille ou plutôt bourg d’E fp a gn e , dans la C a talogne
, au pied des Py rén ées , fur la rive fep-
tentrionale du T e r , près de fon embouchure dans
la Méditerranée. Les François y remportèrent
une v id o ire fur les Efpagnols le 2.7 de mai 1694.
E lle e ft à 19 li. f. fi. e. de P erpignan, 6 e. de
C’ irone. L o n g . 2.9, 4 ? , la t. 4 2 , >». ( B . )
T O R O P F .T Z , v ille fort commerçante de l’ em*
pire de Ruftie , dans le gouvernement de N ow o -
g o ro d , 8c dans la province de "Welikoluk, ou
W e likilou ki. ( B . )
es T O R Q U E M A D A , ou T orreq uem ad a , c’eft-
a-dire T o u r brûlée y en latin T u r r is cremata -, petite
v i l l e , ou bourg d’E fp agn e , au royaume de
Léon , fu r le bord de la Pizuerga , à trois lieues
a l’orient de Palencia ; ce bourg eft entouré de
m u r s , & fes environs font très-fertiles. (R.)
T O R R E ( la ^ - p e t i t e rivière d’Ita lie , dans le
Friou l. Elle tire fa fource des montagnes, paffe
près d’Udine , & tombe dans le Lizonzo. (R.) 1 ORRE D E M O N C O R V O , petite v ille ou
bourg de Portu gal , dans la province de T r a -
lo s -M on te s , dans une vallée , fur la pente d’une
montagne , aux confins du royaume de L é o n , à
une lieue au levant de la rivière Sabor. Outre
f églife paroifliale qui e ft fort b e lle , on y trouve
une maifon de ch a r ité , un h ô p ita l, & un couvent.
Sa population e ft de 1300 habitans, & il
e ft défendu p a r'u n château. La campagne e ft
fertile en bled , en vin , & en fruits. L o n g . 1 o ,
35 ; lat. 42. (R .)
TO R R E D ’O L IV E TO , petite v ille du royaume
de Sicile , dans le V a l D emona , au pied du mont
Æ tn a , vers le midi occidental. (R .)
T O R R E - L A G U N A , b o u r g d’E fp a g n e , dans la
v i e i l l e - C a f t i l l e , c é lèb re p o u r a v o ir d o n n é n a i f -
fa n c e en 1 4 3 7 au c a rd in a l F r a n ç o is X im e n è s ,
a r c h e v êq u e de T o l è d e , p rem ier m in ift r e d’E f -
p a g n e , & l’ un des plus gran d s p o litiq u e s q u i
a ie n t pa ru dan s le m on de .
La fortune le tira d’un état médiocre pour
l’élever au faîte des grandeurs •, fa famille n’avoit
aucune illu f tra t io n , & fon père n’ étoit qu’un
colleâeur des décimes accordées par le pape aux
rois d’Efpagne. Lorfque fon fils eut achevé les
étud es , il réfolut d’aller à Rome pou r\)btenir
quelque em p lo i, & n’être pas à charge à fes
parens. Ayan t été volé deux fois en chemin ,
il fut obligé de s’arrêter à Aix en Pro v en ce ,
n’ayant pas de quoi continuer fon voyage -, heu-
reufiement un de fes compagnons d’étude lui
donna des fecours , & . fit la route avec lui ;
cependant il ne rapporta de Rome qu’ un b ref
du pape pour la première prébende qui vaqueroit
dans fon pays.
En vertu de ce b r e f , il fe mit en polfelfion
du premier bénéfice qui vint à vaquer à fon
arrivée , & qui étoit tout- à -fait à fa bienféance j
mais l’archevêque de Tolède qui en avoit pourvu
un de fes aumôniers, le reful’a à Ximenès^ &
le fit mettre en prifon. Sa fe rm e té , & l’ inter-
celfion de la nièce de l’archevêque , engagèrent
ce prélat à l’élargir -, Ximenès promit en même-
temps de permuter ce bénéfice avec la chapellenie
de l’églife de Siguença.
Ce tte permutation fut le premier échelon de
fa fo r tu n e , car l’ éyêque de Siguença ayant eu
©ceafion de connoître X im en è s , le choifit pour
fon grand-vicaire dans toute l’étendue de fon
diocèfe. En 149a , la reine Ifabelle le nomma
pour fon confefleur *, 8c quelque temps après
l’archevêque de Tolède étant m o r t , elle le rev
ê tit de cette éminente d ig n ité , qu’ il n’accepta
q u’après une a fiez longue réfiftance, vraie ou
feinte. Il ftipula même pour con d ition s, qu’ il
ne quitteroit jamais l’églife de Tolede , qu’ on
ne chargeroit d’aucune penfion fon archevêché
( le plus riche du monde ) , .& qu’on iie donnerait
aucune atteinte aux privilèges & aux immunités
de fon églife. Il en prit poflefiion en
1498 , 8c fut reçu à T o lède avec une magnificence
extraordinaire.
Il débuta par des aéles de fermete pour le
rétabliffement de la d ifc iplin e, & pour réprimer
les vexations des fermiers des deniers royaux;
Il cafta les juges qui vendoient la juftice , ou
différaient de la rendre y 8c donna de nouvelles
loix pour terminer les procès dans le terme de
vin g t jours au plus tard -, il tint deux fynodes,
dans lefquels il .ftatua diverfes ordonnances ,
qu’on a depuis obfervées en ' Efpagne , & que^
le concile de Trente a généralement adoptées.
On doit mettre au nombre de fes ordonnances
utiles & néceffa ires, celle du regiftre des baptêmes
dans toutes les paroilfes , ce qu’on n’avoit
point encore f a i t , & que tous les royaumes
chrétiens ont pratiqué depuis.
I l travailla en même-temps à la réforme des
Cordeliers dans le s royaumes d’Aragon & de
C a ft ille , & en vint à* b o u t , malgré toutes les
oppofitions qu’ il y rencontra , tant de la part
des moine s, que de la cour de Rome. I l établit
une univerfité à A l c a la , & y fonda tou t de
fuite , en 1 4 9 9 , le collège de S. Ild ep h on fe,
qui fut bâti par Pierre G um ie l, l’ un des h a biles
archite&es de fon fiècle •, il entreprit en-
fuite le projet de donner une bible p o ly g lo t te ,
& ce projet auquel on travailla lo n g - temps,
fu t exécuté. V o ÿ e [ Polyglotte de Ximenès.
( L ittéra t. )
L a reine Ifabelle voulut qu’ il l’accompagnât
dans fon voyage d’Aragon , pour y faire régler
aux états la fucceftion du ro y aume, & Ximenès
ne contribua pas peu à difpofer l’aflemblée à
prêter le ferment que la reine fouha itoit- Elle
le nomma à fa m o r t , arrivée en 1 5 0 4 , un des
exécuteurs de fon teftament. Alors Ximenès ne
manqua pas de jouer le premier r ô le , & rendit
de grands feryices à Ferdinand, qui lui remit
l ’adminiftration des affaires d’é t a t , & obtint pour
lui du pape Jules I I le chapeau de cardinal : çn
l ’appella le ca rdinal d ’E fp a g n e , & avec raiion ,
car i l devint dès ce moment l’ ame & le mobile
de tout ce qui fe géroit dans le royaume. Pour
comble de confiance il fu t déclaré grand inqui-
f ite u r , en la place de l’archevêque de S é v ille ,
qql donna fa démiftion de cette importante
charge.
Il fignala le commencement de fon nouveau
miniftère , en déchargeant le peuple du fublide
o n é re u x , nommé a lca v a la , qu’ on avoit continué
à caufe de la. guerre de Grenade. I l étendit
en 1 5 0 9 , la domination de Ferdinand chez les
Maures , par la conquête de la v ille d’Oran ,
dans le royaume d’A lg e r . Il entreprit cette conquête
à fies dépens , & marcha lui-même à la
tête de l ’ armée , revêtu de fes ornemens pontificaux
, 8c accompagné d’ un nombreux cortège
d’eccléfiaftiques & de religieux. A fon retour
Ferdinand v in t à fa rencontre jufqu’ à quatre lieues
• de S é v ille , 8c mit pied à terre pour l’embrafler.
On juge aifément qu'il obtint la jurifdiélion fpî-
rituelle de cette nouvelle conquête ; mais il
gagna bien davantage l’ affe&ion g én é ra le , par
les greniers, publics qu’ il fit conftruire à T o lè
d e , à A l c a la , 8c à Torre-laguna fa patrie. I l
les remplit" de bled à fes. dépens, pour être dif-
tribué dans les temps de ftérilité.
Le viroi Ferd inand, en mourant en i $i 6 , déclara
le cardinal Ximenès régent du royaume ,
8c l’archiduc Charles ( qui fu t depuis l’empereur
Cha rles-Quint ) , confirma cette nomina-,
tion. Ximenès par reconnoiffance lui procura le
titre de roi , 8c ce tte proclamation eut lieu ,
fans que perfonne ofàt la contredire.
Il fit dans fia régence une réforme des officiers
du confeil fuprême, ainfi que de ceux de
la cour , 8c congédia les deux favoris du prince
Ferdinand. En vain les principaux feigneurs for-»
mèrent une ligue contre l u i , il trouva le moyen
de la diftiper par fa prudence 8c fa fermeté j
il. appaifa les troubles qui s’élevèrent dans le
royaume de Navarre , i l réduifit la v ille de
Malaga fous l’o b éiffan ce, & calma diverfes
autres rebellions. E n fu ite , quand tout fu t tranquille
dans le royaume , il rétablit l’ ordre dans
les finances , & déchargea le roi d’ une partie
de la dépenfe des troupes i il créa de nouveaux
adminiftrateurs des revenus, retrancha les pen-
fions des courtifans fans fervice , régla les gages
des offic iers, & fit rentrer dans le domaine
tout ce qui avoit été aliéné pendant les guerres
de Grenad e, de N a p le s , & de Navarre.
I l ne fu t pas heureux dans fon expédition,
contre Barberouffe , devenu maître d’A lg e r ;
l’armée qu’i l y envoya ayant été entièrement
défaite par ce fameux pirate. I l fe brouilla par
fa fierté & par fa rigueur ,„ avec les trois premiers
feigneurs du royaume , le duc de l’ In -
fan tado , le duc d’A lb e , & le comte d’Urena.
Enfin , les miniftres du roi Charles in triguèrent
fl bien auprès de ce prince , qu’ ils le
déterminèrent à congédier le ca rd in a l, dès qu’ il
ferait arrivé en Efpagne. Ximenès s’ étoit avancé
au-devant de l u i , à grande hâte , mais il tomba
malade fur la route , & cette maladie le mit