
trouve quelquefois un mari : Crithéide l’éprouva*,
c a r , félon l’auteiu* de la vie d’Homère , attribuée
a Hérodote , Phémius qui enfeigra la grammaire
&: la mufique à Smyrné , n’époufa Chrithéide
qu’après le malheur de cette fille & la naiffance
d’Homère. Il conçut d’elle une fi bonne opinion ,
la voyant dans fon voifinage uniquement occupée
du loin de gagner la vie à filer des laines., qu’il
la prit chez lui pour l’employer à filer celles dont
Tes écoliers avoient coutume de payer fes leçons.
Charmé des bonnes moeurs, de l’ intelligence,
& peut-être de la figure de cette fille , il en fit
la femme, adopta l'on enfant, & donna tous fes
loi ns à fon éducation : autfiT&hémius eft fore
célèbre dans l’Odyffée *, ' il y eft parlé de lui en
trois endroits, liv. I , v . 234 ; liv. X V I I , v. a. 63;
liv. X X I I , -v*.3 3 1 ) & il y pafie pour un chantre
inipiré des dieux. C’eft: lui qui, par le chant de
lès poéfies mifes en mufique , & accompagnées
des fons de fa ly re , égaie ces feftins où les pour-
fuivan-s de Pénélope emploient les journées entières.
- Non-feulement les S’myrnéens , glorieux de la
naiffance d’Homère, mentroierrt à tout le monde
ja* grotte où leur compatriote compôfoit Tes
poèmes , mais après fa mort ils lui firent dreffer
une ftatue 8c un temple •, 8c pour comble d’honneur
ils frappèrent des médailles en fon nom.
Amaftris1 & Nicée- , alliés de Smyrne , en firent
de même1 \ Tune à la tôte; de Marc-Aurèle, 8c
Pautre à celle de Commode.
, Paufanias appelle îè Mêlés un beau fleuve : il
eft bien chétif depuis le temps - de -cet illuftré
écrivain •, c’eft aujdurd’hui. un niiffeau qui peut
à peine faire moudre deux moulins.
A un mille ou environ, au-delà du Mêlés,
fin* le chemin de Magnéfîe à gauche, au milieu
d’un champ , on montre encore les ruines d’un
bâtiment que l’on appelle le temple -de Janus ,
8c que M. Spon foupçonnoit être celui d’Homère*,
mais depuis le départ de ce voyageur , on l’a
détruit, & tout ce quartier eft rempli de beaiix
marbres antiques. On y voit les débris d’un grand
édifice de marbre, nommé les bains de Diane.
Ces débris font encore magnifiques , mais il n’y
x point* d’infeription.
Autrefois les poètes de la Grèce avoiçnt
l’honneur de vivre familièrement avec les rois.
Homère ne-rechercha les bonnes grâces d’aucun
prince v il fou tint fa pauvreté avec courage ,
voyagea beaucoup pour s’ infhnire, préférant une
grande réputation & une gloire folide, qui s’eft
accrue de fiècle- en fiècle, à tous les frivoles
avantages que l’on peut tirer de l’amitié des
grands.
Jamais poéfies n’ont paffé par tant de mains’
que celles d’Homère. Josèphe , liv. / , ( contre
Appian), affure que la tradition les a confervées-
dés les premiers temps qu’elles parurent, 8t qu’on
les apprenoit par- coeur- Tans ies. écrire. Lycurgue
les ayant trouvées en Ionie , chez les ctalcerrdâns
de Cléophyle , les apporta dans le Péloponnèse.
On en récitoit dans toute la Grèce des morceaux,
comme l’on chante aujourd’hui des hymnes, ou
des pièces détachées des plus beaux opéra.
Platon , Paufanias , Plutarque, Diogène Laërce ,
Cicéron 8c Strabon , nous apprennent que .Solon,
Pififtrate, 8c Hipparque fon fils, formèrent les
premiers l’arrangement de toutes ces pièces , &
en firent deux corps- bien fuivis -, l’un fous le
nom d’Iliade , & l’autre fous celui d’OdyJfée
cependant la multiplicité des copies corrompit
avec le temps la beauté, de ces deux poèmes,
foit par des leçons vicieufes , foit par un grand
nombre devers, les uns omis, les autres ajoutés;.
On n’a rien vu chez les Grecs de fi accompli
que les ouvrages de ce poète •, c’eft le feul, dît
Paterculus, qui mérite ce nom : il ne s’eft trouvé
perfonne avant lui qu’il ait pu imiter, & après
fa mort il n’a point trouvé d’égaux. Les favans
conviennent encore aujourd’ hui qu’ il eft fupérieur
a tout ce qu’il y a de poètes, en ce qui regarde
la richeffe de l’ invention, le choix des penfées ,
8c le fublime des images. Aucun poète n’a jamais
été plus fouvent ni plus univerfellement parodié
que lui.
C’eft par cette raifon que fept villes de la
Grèce fe font dilpnté l’avantage d’avoir donné
naifîànce- à ce génie du premier ordre , qui a
jugé à propos de ne laiffer dans fes écrits aucune
trace de fon origine, & de cacher foigneufement
le nom de fa patrie.
Les habitans de Chio prétendent encore montrer
la maifon où il eft né , 8c où il a fait la plupart
de lès ouvrages : il eft repréfenté fur une des médailles
de cette île , afïis fur une chaife, tenant
un rouleau où il y a quelques lignes d’écriture.
Le revers repréfente le fphynx, qui eft le fymbolê
de Chio. Les Smyrnéens ont en leur faveur des
médailles du même type, & dont la feule légende
eft différente.
Les habitans d’Ios montroient, du t,emps dé
Paufanias , la fépulture d’Homère dans leur île;
Ceux de Cypre le réclamoient, en conféquence
d’un oracle de l’ancien poète Euelus , qui étoit
conçu en ces termes,: « Alors dans Cypre, dans
» l’île fortunée de Salamine., on verra naître le
» plus grand des poètes } la divine Thémifto fera
» celle qui lui don ne rade jour. Favori des mufes,
» & cherchant à s’inftruire, il quittera fon pays
»- natal, & s’expofera aux dangers de la mer 9
» pour aller vifiter la Grèce : enfuite il aura
» l’honneur de chanter le premier les combats
» & les diverfes aventurés des plus fameux héros»
» Son nom fera immortel, & jamais le temps
j> n’ effacera fa* gloire. » -C’eft , continue Paufanias
, tout ce que je peux dire d’Homère , fans
ofer prendre aucun parti, ni fur le temps où il
a vécu, ni fur fa patrie.
I Cependant l’époque de fa naiffance nous eft
connue ; -elle feft fixée par les marbrés d’Arôndel,
à l’an 676 de l’ ère.attique, fous Diogenète , roi
d’Athènes, 961 ans avant J. C. Quant à fa patrie ,
Smyrne 8c Cliio font les deux lieux qui ont prétendu
à cet honneur avec plus de raifon que tous
les autres -, 8 c puifqu’il fe faut décider par les
feules conjectures', j’embraffe confia minent celle
qui donne la préférence à Smyrne. J’ai pour moi
l’ancienne vie d’Homère , par le prétendu Hérodote
, le plus grand nombré de médailles, Mofchus,
Strabon 8c autres anciens.
; Mais le leéteur pourra fe décider en confultant
.Voffms , Kufter , Tanegui le F e v re , madame
D acier, Cuper , Schott, Fabricius, & même
Léon A lllz z i, quoiqu’il ait décidé cette grande,
queftion en faveur de C hio, fa patrie;
Je félicite les curieux qui pofsèdent la première
édition d’Homère , faite à Florence en 1478 *,
mais les éditions d’Angleterre font fi belles ,
qu’ elles peuvent tenir lieu de l’original. (-R.)
SNEECK., Sn e k , ou Snitz , ancienne 8c
forte ville des Pays - Bas , dans la F r ife , au
Weftergoo, à 3 li. du Zuyderzée , à une demi-lieue
de ,l5în , à 3 de Leuwarde & de Franeker, dans
un terrain marécageux. Elle eft bien bâtie , défendue
par de bons remparts , peuplée & marchande.
Il y a des écoles latines pour l’inftruétion
de la jeuneffe. Long. 2.3 , zo ; lai. 5 3 , 9.
Hopper ( Joachim ) , favant jurifconfulfe -,
connu par plufieurs ouvrages de dro it, écrits
en latin , naquit à Sneeck en 152-3 »
à Madrid en 1573 , auprès de Philippe I I , roi
d’Efpagne \ qui l’avoit nommé fon confeiller
d’état au conleil de Malines. '
' Baart ( Pierre ) , illuftré poète flamand , 8c
compatriote de Hopper , s’eft extrêmement dif-
tingué par fes ouvrages en vers. On fait cas de
Ton poème héroïque, intitulé le Triton de Frife,
dans .lequel il décrit la prife d’Olinde, ville du
Bréfil, dans la capitainerie de Fernanbouc -, mais
les gens de goût eftiment encore plus le poème
de cet auteur , intitulé les Géorgiques de Frife.
On vante la douceur 8c l’harmonie des vers ,
la beauté &: la variété des images. (2£.)
SNECK. Voye{ Sneeck.
SNEIRNE, ville de Perfe, entre Ninive 8c
Hifpahan, & à trois journées d’Amadam , avec
un gouverneur qui y réfîde. (E .)
. SNITZ. Vàyei Sneeck. -
SNORING , bourg du comté de Norfolck ;
mais bôurg illuftré par la nàiliance de Pearfon
( Jean), un des plus favans prélats d’Angleterre,
dans le dix-fèptième fiècle. Il s’ avança de grade
en grade par fbn mérite , 8c devint enfin fuc-
cefftvement, de fimple chapelain , évêque de
Bangor , de Chèfter 8c de Londres. Il mourut
en 1686, âge de 74 ans.
C’é to î t , dit M. Burnet, le plus grand théologien
de fon fiècle, à tous égards *, homme
d’un fayorr éminent, d’un raifonnement profond,
d’un efprit droit. A l’étude de l’hiftotre ccclé-
fiaftique , qu’il poffédoit parfaitement, il joigni-c
une grande connoiffance des langues & des antiquités
païennes. Judicieux & grave prédicateur, ^
il fe propofa plus d’inftruire que de toucher. Sa
vie fut exemplaire, 8c la douceur étoit charmante
: avec tant de mérite 8c de fi belles qualités
, il nous a laiffé un exemple de la foibleffé
de l’efprit humain *, car , plufieurs années avant fit
mort, il perdit tellement la mémoire , qu’ il étoit
^véritablement en enfance.
Son Explication du Jÿmbole des apôtres , eft
un des meilleurs ouvrages que i’églife anglicane
ait produit *, il le publia à Londres en 16551 *, il
fut traduit en latin fur la cinquième édition , 8c
imprimé à Francfort en 1691 , in-40. Ce même
ouvrage a été traduit en flamand J 8c ne l’ a point
été en françois.
Dans l’explication du premier* article du fym-
bole , le favant évêque fe déclare contre l’ idée
innée dé Dieu. « Quoiqu’ il y ait eu des per-
» fonnes , d it- il, qui fe font imaginé que l’ idée
» de Dieu étoit innée & naturelle à l’ame hu-
» maine, en forte qu’elle naît avec l’homme ,
» je fuis perfuadé néanmoins qu’ il n’y a point de
» connoiffance innée de quelque chofe que ce
» foit i mais je crois que l’ame reçoit les pre-
» mières idées de conléquences r-aifonnées; Si
» donc , dans fbn origine, l’ame eft comme une
» table rafe | fur laquelle il n’y a aucun caractère
»- gravé *, 8c fi toutes nos connoiffances viennent
x> par la voie des fens , par l’ inftruétion & par
» le raifonnement, nous ne devons pas attribuer
l’idée de Dieu à aucun principe né avec nous. » '
Les oeuvres pofthùmes de l’ évêque de Chefter
font écrites en latin , & ont paru à Londres
en 1688 , m-4?. par les foins de Dodwel. Ces
-oeuvres pofthùmes font très-curieufes *, elles renferment
une differtation fur la vie de S. Paul-,
cinq leçons fur les aftes des apôtres , 8c deux
differtations fur la fuccéffion desévêques de Rome.
Dans les leçons fur les aâes des apôtres , le
doéteur Péarfon remarque qu’il eft fort difficile
de fixer le temps précisée la naiffance, de la
mort 8c de l’afeenfion du Sauveur. Nous favon*
en général qu’ il naquit fous le règne d’Hérode*,
mais il n’y a aucune' circonftance qui nous marque
au jufte en quelle année. Les Juifs ont par malice
confondu l’ ordre des temps, 8c les pères ne fe
font pas donné beaucoup de peine pour l’éclaircir.
Ils étoient feulement prévenus de la fauffe opinion
que Jéfus - Chrift n’avoit prêché qu’une année.
L’auteur reeohnoît néanmoins que c’eft la un point
de pure curiofité, qui ne donne pas la moindre
atteinte à la vérité de l’Hiftoire eccléfiaftique ;
8c il pofe pour fondement de fa chronologie ,
que Jéfus-Chrift fut crucifié la dix - neuvième
année de l’empire de Tibère.
Dans la première differtation fur la fuite des
évêques de Rome, le l’avant Péarfon obforye que
F î ij