
Ce bourg eft confidérable , Sc fréquenté pour
les eaux minérales de fa fontaine , qu’on y va
boire au mois de Septembre.
Cette fource minérale eft au pied du Cant
a l , & à la tête d’une prairie. On la nomme
dans le pays la Font-Salade , c*eft-à-dire la
Fontaine faite. En effet fes eaux contiennent
beaucoup de .fel ; car une pinte d’eau minérale
de V ie produit deux dragmes d’un fel nitreux
alkali & fixe. Comme il s’amafle beaucoup de
rouille au fond des cuves de pierre où l’on
met de cette eau , il faut qu’elle contienne
en même-temps des parties ferrugineufes * qui.
demeurent mêlées avec ce fe l, de .même qu elle
demeure avec le fel de tartre calciné , & elles
n e, fe' féparent' qu’après que l’eau a long-temps
féjourné dans des cuves de pierre, (il.)
V i o s u r - l a - O ê r e , Voye[ V ie e n C a r l a d è s .
V ie - l e - C o m t e , petite , ville de France ,
dans la baffe-Auvergne, au nord & dans l’élection
-de Clermont ', $c près d’Iffèïre, à 6 lieues
f. e. de Clermont , & 92. f. de Paris.
Le nom de Vic-le-comte, Ficus comitis , a
été donné à cette petite ville , parce que les
derniers comtes d’Auvergne y eurent leur réfi-
dence, après avoir été réduits dans des bornes
fort étroites par -la- confifcation que Philippe-
Augufte fit des biens du comte Gui, dont le fils
Guillaume n’obtint qu’une fort petite portion.
On y voit encore .le château qu’ils y occu-
poient. Louis XIV céda Vic-le-comte avec la
baronie de-la-Tour, aux ducs de Bouillon, &
ils firent partie des terres qu’ils reçurent en
échange pour la principauté de Sedan. Long,
no , 55 lat. 45 9 3?.i
Vic-le-comte eft connu des médecins franc ois
par les fontaines minérales qui font à demi.f
lieue de cette ville , fur le bord de l’Ailier.
La plus fréquentée de ces fontaines, s’appelle
la fontaine du Cornet ; l’-eau en eft un peu
tiède, limpide, prefque fans odeur, d’un aigre
pâteux , 8c un peu vineux ,. elle fait avec la
noix de galle' une- teinture de rouge fort brun,
& un rouge un peu violet avec la teinture de
tournefol. La fontaine dite de la roche eft froide,
plus forte que celle du Cornet , 8ç. cafle les
bouteilles, dans le - tranfport -, elle a encore le
défavantage d’être fouvent inondée ; par les
eaux de la rivière. Les eaux dé la fontaine de
Sainte-Marguerite font .froides ,. plus agréables
à boire que celles du Cornet.- JLa quaçrièmp
fontaine eft une fource chaude qui, fort fous
un gravier par petits bouillons. Toutes ces
fources n’ont point encore été examinées ni
anàlyfées avec un peu de foin. (R.)
1 V i c - F é z e n s a c , en latin Fidentioe , petite
ville de France, dans le bas-Armagnac;, fur
la Douze -, ou diocèfe d’Auch , avec une col-
lé gale. G’ eft de cette ville qu’a tiré! fon nom
ie comté de Fezenfac. (RQ
V 1 c-D-E -So s , Voyei S os.
V i e , Foye{ V icq.
VICEGRAD , Visegrad ou Vizzegrad ,
autrement Blindenburg. Son nom latin eft.
félon quelques-uns , Vêtus Salina ; ville de
la baffe-Hongrie , fur la droite du Danube,,
à 3 lieues f. e. de Gran , & 8 n. de Bude ,
avec un château bâti fur le haut d’un rocher.>
Les Turcs la prirent, en 1605 , 8c le duc de
Lorraine la leur enleva en 1084. Long. 36 > 45 ,*.
latit. 4j , 3x. (R.)
V IC E N C E , en’ italien Ficen[a, en latin
Vicetia , F i centia , Viccnta ; Vicentia civitas 9
ancienne, grande, forte & belle ville d’ Italie
dans. l’Etat de Venife, .capitale du Vicentin..
Elle eft fituée dans un terroir des plus fertiles ,,
à 2,0 milles au nord-oueft de Padou e , à 30
au nprd-eft de Vérone :, à 40 à l ’eft'de Brefcè ,
.' & à égale diftançe de F e ltr i, 40 oueft de V e-,
nife 8c 148 au nord de Romç. Elle eft arrofée
des rivières Bacciglione 8c Rerone qui s’y réunifient
& qu’on y. pafie fur trois ponts : ces
rivières, groflîes,encore de quelques mifieaux,
apportent de grandes commodités aux habitans ,
pour faire tourner des moulins à papier, apprêr
■ ter la foie, exprimer'; l’huile d’oliv e, & conduire
les bateaux en différens endroits de la
ville qui a doubles murailles. L’un des ponts,
celui de S. Michel, formé d’une feule arche ,
eft un ouvrage de Palladio. -
Vicence eft placée dans:ii.ne belle plaine entre
deux montagnes. Comme elle étoit .la patrie
du-célèbre Palladio , l’un des archite&es les plu»
vantés qui aient exifté, 8c qu’ il y.faifoit. fa réT
fidence-, cette ville offre de toutes parts des
monumens de fon habileté dans les nombreux
palais dont elle eft. décorée , fans parler du
théâtre, olympique 8c. autres édifices qu’il y a
éle /és , ^entre lefquels il faut citer ceux qui
bprdent la place qui eft devant le palais du
magiftrat. On voit fur cette place deux colonnes
très-hautes , fer l’une defquelles. eft le lion
ailé de S’.'M a r c ,, fymbolç de la fouverainèté
de Venife , 8c fur l’ autre l’image de Notre Sauveur
: fur cette même place ;. eft le Mont de
piété, dont le bâtiment eft très-beau , 8c renferme
une bibliothèque confidérable.
Cette ville a quatre milles de . circuit -, on y
compte treize pareilles, dix couvens de religieux
, quatorze de religieul’es 8c onze hôpitaux.
Sa population eft de 25000 habitans :. l’églife
cathédrale n’ a rien de bien remarquable -, l’évêque
eft feffragant du .fiége d’Ufiine. Le théâtre.
- olympique eft orné de beaucoup de ftatues des
empereurs romains & de celles dej quelques
philosophes. L’académie, dite des Olympiques ,
qui a pour principal objet la perfection de la
langue italienne. , tient:fes. aflemblées dans, une
falle voifine, du théâtre. :
L’arc de triomphe qui fe voit hors de la vftfe>
au champ '3e Mars, a été élevé fer les delTins
de Palladio. L’églife de Notre-Dame du Mont
où il y a un grand apport, eft décorée d’une
belle façade, & quoique petite , elle pafie
pour extrêmement riche.
Vicence a une manufacture d’étoffes de fo ie ,
établie nouvellement, & qui occupe plus de
1500 ouvriers, & il s’y tient tous les ans
une foire aflez fameufe dont l’ ouverture fe fait
le 15 d’oâobre. La ville eft gouvernée par
la noblefle du pays-, ils çhoififlent les magifi-
trats chargés d’adminiftrer la juftice civile : ils
font préfidés , ainfi que le confeil, par un podefta
qui eft à la nomination de la république : les
arrêts de mort font fournis à la révifion du
confeil des dix à Venife.
Les lieux de plaifance des environs de cette
ville font agréables par leur fituation entre de
-petits vallons, ■ où tout croît en abondance ,
& fer-tout la vigne qui porte le vin le plus
eftimé de tout l’état. Long. à.e Vicence 25? , 20 j
lat. , 3 ° «
Cette ville eft une des plus anciennes de
: l’Europe , car il y avoit plus de 200 ans qu’elle
avoit été bâtie quand les Gaulois Sénonois l’ag:
grandirent. Les Romains lui donnèrent le droit
:d e bourgeoifie romaine, de cité & de république,
& elle s’eft vue fous la protection de Bru-
'tus 8c de Cicéron. Elle perdit beaucoup de fon
luftre dans la décadence de l’empire, & .elle
•a fouffert depuis un grand nombre de révolutions.
Les Lombards s’en rendirent les maîtres ,
elle eut enfeite fes ducs & fes comtes ; elle appartint
quelque temps aux Scaliger. L’empereur
Barberoufle la réduifit à l’elclavage -, mais elle
eut le bonheur de fecouer le joug, fte fe joindre
à Milan, & de conclure la ligue fameufe
des villes de Lombardie. Frédéric II défola
cette ville , qui fe vit obligée de fe jeter
entre les bras des,, Vénitiens auxquels elle fe
fournit en 1404. Maximilien la leur enleva en
1509, & elle fut rendue en 1716 à la république
qui l’a toujours pofiedée depuis.
Cette, ville a produit trois hommes célèbres,
chacun dans leur genre Pacius , Palladio &
Triflino.
• Pacius ( Jules ) , chevalier de S. Marc, phi-
lofophe >'8c jurifconfelte , naquit à Vicence en
1550, goûta de bonne heure les opinions
des proteftans ^ en lifant leurs ouvrages. On
lui fit un crime de cette lecture , & on le
menaça de la prifon -, il en prit l’épouvante,
fe rendit en Allemagne, 8c de-là en Hongrie,
où il enfeigna le droit pour fubfifter. Pacius
vint enfeite en France, 8c il y. profefia à Sedan,
à Nifmes, à Montpellier (o ù il eut pour
difciple M. de Peirelc ) , à Aix & à Valence.
On lui offrit des chaires de droit à Leyde, à
Pife & à Padoue. Il préféra cette dernière
v ille , mais ]>ar l’inconftance de fon humeur il
revînt à Valence, où il mourut en 1635 , à
85 ans. Le P. Niceron a fait fon article dans
les Mém. des honim. ilfeft. tom. ' X X X IX y
pag, 272. Pacius a publié divers ouvrages de
droit qui font eftimés : fes traductions de
qtièlques oeuvres d’Ariftofte ne le font pas moins.
On met au nombre de fes principaux ouvrages :
1°. Methodicorum ad Jujlinianeum codicem li-
h ri très, & de cïritractibus libri fe:r. Lyon 1606.■
in-fol. 20. Synopjis , feu cèconomia juris utriuf-
que. Lyon 1616 in-fol. 8c Strasbourg 162a
in-fol.- 30. Corpus juris civilis. Genève 1580»
in-fol. 4°. De domiuio maris Adriatïci. Lyo®
1619. zrz-83.
Palladio (A n d ré ) , natif de Vicence, célébré
& favant architecte du quinzième fiècle, étudiar
les monumens antiques de Rome, & déterra par
fon génie les véritables règles de l’art qui avoieno
été corrompues par la barbarie des Goths. Il
nous a laifie un excellent traité d’architecture /
divifé en quatre livres, qu’il mit au jour en
1570 : Rolland Friart l’a traduit èn François.
Palladio embellit Venife 8c Vicence de plufieurÿ
beaux édifices, & mourut l’an 1580. 11 avoit?
eu pour maître le Triflino dont nous allohï
parler, & qui réunifioit plus d’un talent.
Triflino (Jean-Georges), naquit à Vicence
d’ une famille noble & ancienne, l’an 1478. Il
cultiva les belles-lettres , la poéfie , les mathématiques
& l’architeClure , dont il apprit les
élémens à Palladio , qui devint dans la fuite
un fi grand maître, en ce genre.
Triflino, dans fon féjour à Rome, compofe
fa tiagédie de Sophonisbe , que Léon X fit
repréfenter avec beaucoup de pompe, d’autant
que c’étoit la première tragédie en langue ita- -
lienne. Elle fut imprimée en 1524 z/z-40. Son
poëme épique, fous le titre de Yltalia liberata
da gotti, parut en 1547 : il eft parlé de cet
ouvrage au mot Poeme épique.
.Le Triflin avoit d’autres talens que celui de
pôëte ; il étoit propre à traiter de grandes
affaires, & il fe conduifit avec beaucoup d’ a-
drefl’e 8c de bonheur dans les négociations que
lui confièrent Léon X , Clément VII , Maximilien
8c Charles Quint-, maïs lorfqu’ il revint
à Vicence , il trouva fa famille remplie de troubles
& de divifions. Un fils qu’il avoit eu de
fon premier mariage, s’étoit emparé du bien
de fa mère, Se de la maifoiï de fon père, par
une fentenee <üs procurateurs dè S. Marc.
Triflino, vivement affligé de l’ ingratitude de
ce fils , ife de l’ injuftice de la république, fe
bannit de fon pays.
..Il ne furvéclit pas long-temps à fes chagrins
, -étant mort à Rome l’année fuivante
1550, âge dé 72 ans* L’édition de toutes les
oeuvres du Triflin a. été donnée-par le marquis
Maftèi, à Vérone en 1729, en 2 vol. in-folk.
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