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dût être convaincu.tpie c’efl y mettre le poignard
que de fe livrer aux noirs accès de la jaloufie.
Le comédien Bboth , qu’on ne peut Ibupçottner
de partialité dans le jugement qu’il portoit de
Betterton, difoit fouvent que la première fois
qu’ il lui avoir vu repréfentet le Speflre, à la répétition
de Hamlet, l’air , le ton & l’adion qu’il
y m it, l’àvoient faifi d’une- telle horreur, qu’il
setoit trouvé hors d’état pendant quelques
mômèns, de pouvoir jouer ion propre rôle-
Borique nos, connoiffeurs, dit le chevalier Steèle
ont vu. cet aéleur fur. le théâtre , ils ont eu pitié
de Marc-Antoine , de Hamlet, de Mithridate
de Théodore & de Henri V III. On fart comme
il revêtiffoit l’ état de chacun de ces illuftres per-
fonnages., & comme, dans. tous, les c.'ungemcns
de la lcenè , il. fe çonduiibit avec, une dignité qui
repondoit à l ’élévation de fôn-rang: 1
Il réuffiffoit également dans.le comique & dans,
î f ” ^ <Jue ’ & > <» qu’il, y a. de plus, fingulier
il failoit le libertin en.perféftion : caraâère fort
oppofe’ au fien. On. trouve affez de gens, qui-Lavent,
emprunter les manières, d’iin honnête homme ,
mais il y? a peu. dihonnêtes.gens qui. lâchent contrefaire
le. faquin. Le- dernier tôie qu’il fit , fut
le perfonnage d’un jeune homme dans la pièce
intitulée : The Maid’s tragedy ; & quoiqu’il eût
déjà près de 7a-.ans , il joua ion rôle avec: tout
le feu , l’àudace 8c la vivacité, d’ un homme de.
z 5 ans.
On repréfenta pour, fön compte, quelques-
années, après qu’ i l eut quitté le théâtre", la pièce
intitulée l’Amour payé d’amour. Cette repfé-
fentation lui valut Jno liv. fterl. L’àffluence du.
monde quiiy vint, juftifiala reconnoiffance qu’on lui
portoit ; & ce grand acteur eut lieu d’être content
des-comédiens 8c. de 1 aiïemblee— L’ epilogne corn—
pofé par M. Ro.w , finit d’une manière pathétique.
« G’ê ft,.. dit-il,. lefouvenir des, plaifirs.qu’il. vous
» a procurés., qui. vous, engage à. confacrer avec
» gloire le cothurne de ce grand maître-, Srvous
a ne voulez:pas.permettre qii’tin:homme qui-vous
» a tant’ de fois touché-par de feintes douleurs,
» vous-foit enlevé-par dés fouffrânces. réelles..»
. mouniC en 1710 d’une goutte remontée,
a 1 âge de 75. ans.,, & fiit.enterré-dans le cloître
de l’abbaye de Weftminfter. Il a c.qmpqfé, traduit
ou changé quelques pièces de théâtre , entr.’autfes
dont Sioàfliën, tragédie dé Dry den. Il fiipgrima
avec tant, d’art., dit. le poète ,,, uh millier-de vers
de ma pièce , qu’elle y a tout gagné, & q ue c’èft
à fës. foins. 8c à.la beauté de fort jeu que je liais
redevable du fuccès. qu’elle a eu.
Le cHe valierSteele honora, fà mémoire pair un
beau tatïer. Rien, d it - il,n e touche plus les gens
de goût que de voir les obsèques dè ceux qui
ont excelle, dans, quelque art ou quelque Icience.
M. Betterton. exprimoit avec' tant d’art & dé
force Rendrait d’Othello, où il parle de la manière
gagner le cceur de l ’a mai treffe, qu’en me prome-
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nant dans le cloître je penfois à lui avec la même
lenltbihte que j’aurois eue pour une-petfonne qui’
auroit fait pendant fà vie ce que je lui ai vu.
reprefênter. L’.bbfciirite du lieu,.& les flambeaux
qui marchotent devant le convoi , contribuèrent à:
mè rendre rêveur & mélancolique ; je me fentis.
; vivement affligé qu’ il y eût quelque, différence*
- entre Brunis & Caffius., & que fes t'alens-n’àienc
pii le garantir du cercueil. Confidérant enfui te le
néant dès. grandeurs, humaines., je n’ ai pu m’em-
pecher de voir avec douJeur que tant ,d’hommes)
Hlultres*., qui. font dans, le voiünage du petit coin?
de terre où l’on a mis mon ancien ami, font:
retournés.en poudre. , & qu’ il n’y a dans. la tombe-
aucune différence entre le monarque réel. 8c le*
, monarque imaginaire,.
Madame Betterton furvécut à fon mari, &:
peut-être n’a- t-il jamais repréfenté des., fcènes*
f . ! touchantes..que celle qu’bffiroii:l’état où. il
laifla les’ affairés & Ion époufe n elle languit:
long-temps., léchant du chagrin de voir le délabrement
de la lanté & de. fa> petite fortune.'-
La mort de fon mari , jointe à fon âge 8c a fes»
infirmités.,, rendoit fon- état, pitoyable y. mais.;
1 excès- de fon malheur devint en quelque façon-
. là- reflpürce ,. parce qu’il la priva.de fon bon.fens-
8c de fà. raifonl-
Lee ( Nathanaël)’ , célèbre' poète’, : naquit à)
Weftminfter vers le milieu du dernier fiècle &r.
! onze pièces de théâtre ,. qui ont été- jouées»
avec.beaucoup d’applaudilfement. Sa dernière tra--
gedie ,. intitulée iemajjdcrede Paris-, fût repré--
fèntée fur le théâtre royal en 1690; Les.penfées;
de cet. auteur, font, admirables pour le tragique* -H
mais fi noyées dans une multitude de'paroles
qu’elles, perdent la plus grande; partie de: leur,
beauté. Il réuffit merveilleufement dans.de pathé-
tique j lorlqu’il ne s.’kbandonne point à la" vio-
r lence dè fon imagination. Le comte, de Rochefier
dit. plâifamment que ce poëte ne ohantoit pas.
mal , mais, qp il forçoit fâ voix , de manière qu’il.
. s’ènrouoit. Il perdit l’efprit à l’âge dé: ans
î & fftï confiné quelques années, à* l’hôpital' de*
: Bethléem -, il en fôrtit fans-s’être parfaitement«:
rétabli, Se mourut.pendant.la nuit-dans-une des;
■ rues. dè. Londres..
Beveridge ( Guillaume ) , en Latin Ifeverivius , .
• a ^W’qlîininfier en 1638, fut nommé évêque.-
. de Saint-Afaph.en 170.5.,. 8c s’ attira la vénérations
\ de ^ “ 5® l’Angleterre par fés vertus 8c par; fonl
11 favoir. Il mourut en 1.708, à 71. ansv
-: _ Ses. ouyrages: de piété font^en grand nombre;.
■- On a.publié fes.fermons en 1-709 ce recueil.
; form€ dix., volumes in-8p. Ses Bêtifies ficrettes;
.fur la-religion ont fouffèrt plufieurs éditions. La
: traduéfion françoife de cet ouvrage parut.à-Amfo
, terdam en 1731-, en % vol. in^ix.é
; dm,1662,, il publia à-Londres fe&'lnJiiturionuTTv
f n°logicaruai libri duo, qui on*t été réimprimés,
f pour la traifième fois en 172,1 y c’ eft un. traité
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fini pie 8c méthodique, d’un grand ufage clàffique,
parce qu’il fournit un fyfième abrégé d® toute la
chronologie. Dans le premier livre , l’ auteur
traite de la- nature & dés parties de la chronologie
du temps , des heures , des minutes 8c des
fécondés -, des-jours, des femaines, des mois,
de l’année célefie , de l’année julienne, grégorienne
, égyptienne , éthiopienne , perfane , fy -
rienne & grecque *, de l’année aftronomique ,
civile & folaire des juifs j de l’année des Arabes.
Dans le fécond livre, il traite des lyzygies ou
mois lunaires, & des éplipfes, des équinoxes &
des folftices *, du cycle du foleil & de la lettre
dominicale \ du cycle de la lune 8c du nombre
■ d’or t .de l’ indi&ion, de l’épaéle , du cycle de
Méton & de Callippe *, de la période dionyfienne
& julienne -, de l’ ère chrétienne & dè Dioclétien *,
des années du monde ou du comput des Grecs *,
de l’ ère judaïque *, de l’ époque de la prife de
Troie ; de la fondation de Rome & de celle
d’Antioche -, des olympiades 8c des jeux capitolins
-, des années juliennes,’ de l’ère d’Efpagne
8c de la victoire d’Aétium *, des eres de Nabo-
naffàr, de Philippe , & de Yezdegird, le dernier .
roi de Perfe •, de l’hégire ou ère mahométane.
Dans l’appendix, i l donne les noms des mois
hébreux , lyriens, perfans , éthiopiens & arabes,
dans les caractères mêmes de ces langues , &
autres chofes pareilles.
En 1678, il fit imprimer fon Codex canonum
ecclejioe primitives vindicatus, recueil des canons
de la primitive églife juftifiée. M. Daillé étoit
dans une opinion differente, car, dans fon traité
de PJeudepigrapkis , imprimé en 1652,, il tâche
de. prouver que le recueil des canons n’a point
été fait par des perfonnes qui aient vécu près
du temps .des apôtres , & qu’il n’ a été publié que
vers la fin du cinquième fiècle.
Le Thefaurus théologiens , ou Syjleme de théologie
du doéteur Be^eridge , n’ a paru qu’en 1710, in-8°.
«’eft-à-dire trois ans après la mort de l’auteür.
Un illuftre favant a mis au jour , en 1711 ,
une courte revue des écrits du doéteur Beveridgé >
& l’on doit convenir qu’ il y a trouvé un grand
nombre d’erreurs en fait de fyftèmes & de rai-
fonnemens : mais il faut oublier les erreuts fpé-
culatives du vertueux évêque de Saint-Afaph , 8c
confidérer feulement les preuves éclatantes qu’ il
a données de fa piété pendant fa vie & à fa mort,
ayant légué la plus grande partie de fon bien
pour l’avancement de la religion chrétienne,
tant au dedans qu’ au dehors du royaume britannique.
Folkes (M a rtin) naquit à Wefiminfier en
1690, & fut nommé de la fociété royale en 1714,
a Bâgè de Z4 ans. Au retour de fos voyages , il
lut à la fociété dés antiquaires de Lofidres une
favante diCTertation fur le poids 8c la valeur des
anciennes monnoies romaines, à laquelle étoit
jointe une table des monnoies d’or d’Angleterre
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depuis le rçgne d’Edouard I I I , fous lequel on a
commencé a en fabriquer de cette efpèce, avec
leurs poids & leurs valeurs intrinsèques. On
trouvera dans les Tranfadions philofophiques les
obïfervations de M. Folkes fur les polypes d’ eau
douce, découverts par M. Trefnbley , fur les bouteilles.
de Florence , qui réfiftent au choc d’ une
balle de plomb , 8c ne peuvent foutenir celui d’un
petit gravier fans fe rompre -, comme auffi fur
des os humains revêtus d’ une couche pierreufe, &
qu’ il avoit vu près de Rome à la Villa Ludovifi.
Il fucçéda à M. Sloane à la place de préfident de
la fociété royale ; 8c en 1742, il fut nommé affbcié
etranger a l’académie, des S.ciences de Par is.
En 1745 > B publia fon traité des monnoies
d’argent d’Angleterre , depuis la conquête de
cette ile par les Normands , jufqu’ au temps où
il écrivoit. Cet ouvrage, avec la fécondé édition
de celui qu’il avoit déjà donné fur les monnoies
d’or, étoit certainement le morceau de ce genre le
plus parfait 8c le plus intéreifant qu’on eût encore
vu il eft même plus intéreifant qu’ il ne le pa-
rôît au premier coup-d’oeil. Les monnoies font
les fignes des valeurs de tout ce qui peut faire
l’objet' du commerce 8c des befoins de la fociété.
Ces fignes doivent donc eux - mêmes changer
de valeur, luivant que la quantité du métal qui
1ère de ligne, ou celle des chofes repréfentées ,
vient à changer, 8c encore fuivant la facilité
qu’une nation trouve à fe les procurer par fon
commerce : d’où il fuit qu’ un tableau fidèle de
la variation des monnoies d’une nation préfente
à ceux qui font en état de connoître cette efpèce
d’hiéroglyphe , non les événemens qui appartiennent
aux hiftoires ordinaires, mais l’effet de
ces mêmes événemens fur le corps politique, &
les avantage^ ou les maux intérieurs qu’ils y ont
pu caufer.
En 1750, M. Folkes fut nommé préfident de
la fociété des antiquaires de Londres, & ce fut
le dernier honneur qui lui fut déféré, étant mort
en 1754. (R.)
WESTPHALIE , cercle d’Allemagne , qu’on
divife en province 8c en duché. Les états du
cercle de Weftphalie font les évêchés de Pader-
born , de Liège , de Munfter, d’Ôfnabrug -, les
abbayes de Stablo , de Corvey , d’Herforden 8c
d*Elfen *, les duchés de Juliers, de Clèves & de
Berg -, lesf principautés de Ferden, de Minden ,
d’Omrife , de Naffau-Dillenbourg , & plufieurs
comtés. Les villes de Cologne, d’A ix - la -C h a pelle,
de Dormund & de Hësford , entrent dans
ce cercle. L’évêque de Munfter & les ducs de
Juliers & de Clèves font dire&ëurs du cercle de
'Weftphalie , dont le contingent ëft de 304 cavaliers
& i z 8 i fantaffins , ou de 8164 florins par
mois.
Le cercle de Weftphalie eft environné par les
Pays-Bas, la mec du Nord , & les cercles de la
K k k k ij