
continent entre cette derniere î le , 8c l’ifthme de
Panama. ( R. )
T err e - f e r m e , ( l’ état de ) , Les Vénitiens
nomment ainfi les provinces de leur république
qui font fur le continent. Il comprend le Ber-
gamafque , le Crémafque , le Breflan , le Véro-
nèfe, le Trévifan, le Frioul, le Pplefin de
Rovigo, le Padouan & l’Iftrie. Voye^ l’article
précédent. ( R . ) ;v-
T erre-ferm e, contrée de l’Amérique fepten-
trionale , fous la zone torride, entre le 13e & 1®
ze degré de latitude méridionale. Elle comprend fix
gouvernemens fur la mer du Nord ■, lavoir, Paria,
qu la nouvelle Àndalqiifie, Venezuela, Rio de
la Hacha, Sainte-Marthe , Carthagène & la Terre-
Ferme proprement dite. Elle renferme fur la mer
du Sud deux autres gouvernemens -, favoir , le
royaume de Grenade & le Popayan.
Le nom de Cajiîlle d’or étoit autrefois commun
à une grande partie de ce pays , qui eft
1 des fauvages qu’on connoît encore moins que les
I habitans de la Terré Magellanique. Dom Garcias
de Model ayant obtenu du roi d’Elpagne deux fré^
gates pour obferver ce nouveau détroit, y mouilla
dans une baie , où il trouva plufieurs de ces in-
fulaires-, qui lui parurent d’ un bon naturel. Ils
font blancs comme les Européens •, mais ils fe
aujourd’ hui partagé entre trois audiences \ celle
de Saint-Dom.ing.ue, celle de Santâ-Fé 8c celle (
de Panama.
La Terre-Ferme proprement d ite , eft une
province particulière du grand pays qui eft le
long de la côte nord. dè l ’Amérique méridionale
c’en eft proprement la partie , qui eft entre
le Mexique, la mer du Nord, la mer du Sud 8c
le golfe de Darien. Panama & Porto - Belo en
fpnt les principales villes. (R.)
. T erre de F eu ( îles de la ) , les Efpagnols
dilènt improprement Tierra del Fuego, comme
fi c’étoit un continent •, les îles de la Terre de
Feu font fituées entre le détroit de Magellan
& celui de le Maire. • Ce font plufieurs îles qui
s’étendent - environ 60 lieues eft 8c oueft, le
long du détroit de Magellan, 8c qui en forment
la côte méridionale.
. Le nom de Terre de Feu fut donne a cette
c ô te , à caule de la grande quantité de feux
& de la grofiè fumée que les navigateurs, qui
la découvrirent les premiers, y apperçurent On
croyoit alors qu’elle joignoit à quelque partie
des Terres Auftrales, mais quand on eut decou*
vert le détroit de S. Vincent ou de le Maire',
on s’apperçut qu’elle- étoit ifoléè. Les nouvelles
découvertes ont fait connaître que cette terre
eft divifée en plufieurs îles', que pour palier dans
la mer du Sud., il ri’eft. pas meme necefl’aiie
de doubler le cap de Hornj qu’on le peut lai fier
au lud en entrant par-l’eft dans la baie de Nafiau,
8c gagner la haute mer par l’oueft de ce cap
enfin, que comme on voit par-tout des anfes, des
baies & des golfes., dont la plupart s’enfoncent
dans les terres autant que la vue peut s’étendre,
il eft à préfumer qu’il y a des pafiages dans la
grande baie ou golfe de Nafiau, par où les vaif-
ieaux pourroient traverfer dans le détroit de Ma»-
gellan. .
Les îles de la Terre de Feu font habitées par
défigurent entièrement , en changeant la couleur
naturelle de leur vifage par des peintures
bizarres. Les" habitans de ces îles portent au
cou un collier d’écailles de- moules blanches &
luilantes , & autour du corps une ceinture de'
. cuir. Leur nourriture ordinaire eft une certaine
herbe qui croit dans le pays,, 8c dont la fleur eft
à peu près femblable a celle de nos tulipes. Le
capitaine Cook, fi fupérieur, fur-tout.aux marins
efpagnols nous les peint petits, laids 8c très-
maigres. Leurs yeux font fort petits & l-uis expref*
fion-, leurs cheveux noirs, lifies 8c inondés dhuile »
flottent en défordre. Ils n’ont fous le menton que
quelques poils clair fentes-, tout enfin, peint chez
eux la mifère, 8c la faleté la plus horrible. Leurs
épaules 8c leur eftomac font larges- & offeux, le
refte du corps eft très-grèle 8c tres-mince, 8c leurs
jambes font arquées. Ils font.prefque nuds, une
peau de veau marin leur lert de vetemenc. .Les
femmes vont à peu près comme les hommes , a
l’exception cependant qu’elles portent a leur col
un grand nombre de coquillages, & un bonnet
de plumes d’oies blanches placées toutes droites*
Leur teint eft un brun olivâtre, luifarit comme le»
cuivre, mais la plupart fe le peignent de diverfes
couleurs. M. de Bougainville, & quelques marins
après lu i, nomment ces peuples, Pejferays.
Leur nourriture ordinaire eft la chair de veau
marin pourrie dont ils préfèrent la partie huileufe ,
ce qui donne à ces fauvages une puanteur infup—
portable,. .. ,
Ces peuples font armés d’ arcs 8c de fléchés 9
ou ils enchâflent des pierres , 8c portent avec
eux une efpèce de couteau de pierre. Leuis cag
banes font faites de branches d’arbres entrelacees
les unes dans les autres, 8c ils ménagent dans
le toit, qui fe termine en pointe, une ouverture
pour donner un libre paflage a la fumée*
Leurs canots faits d’écorces de gros arbres, font
affez artiftem,ent travaillés. Ils ne peuvent contenir
que l’ept à huit hommes, n’ayant que
douze à quinze pieds de long fur deux de large.
Leur figure eft à peu près femblable a celle des
gondoles de Venilè.
Plufieurs de ces îles font couvertes de grands
arbres, entre lefquels on remarque de la moufle ,
de la fougère , 8c des liferons. Ces arbres foht
chargés d’une quantité incroyable d’oifeaux de
toute efpèce , qui font peu défians , 8c qui
viennent fe percher fi près .qu’ on ne peut plus les
tirer. On trouve fur-tout des canards fauvages de
differentes efpèces , dont quelques-unes font de
la erofleur d’une oie. Us rafent la fuperficie de
D la mer
mer avec une vîtefie incroyable. On y trouve
auffi de grofles mouètes qui font leurs nids dans
les herbes sèches de l’une dè ces îles.
Toutes ces îles varient par leurs produâions.
I l y en a qui produifent des arbrifleaux chargés
de fruits rouges de la grofleur des petites cerifes
aigrelettes 8c douces, qui font fort bons à manger.
Les rochers font remplis de grofles moules,
meilleures que des huîtres. Le gibier n’eft pas très-
abondant. On n’y trouve guère, outre les canards,
que des râles 8c des nigauds qui font en grand
nombre leurs nids dans les creux des rochers, ceux
fur - tout qui fe projètent fur la mer, afin que fi
les petits tombent ils ne fè blefient pas en tombant
fur l’eau. Dans d’autres de ces îles , on trouve
des oies, des faucons, d’autres oifeaux dé proie,
des hirondelles de mer, &c.
La côte de- la Terre de Feu eft très -élevée
le pied des montagnes eft rempli de gros arbres
fort hauts, mais le fournie t eft prefque toujours
couvert de neige. On trouve en plufieurs endroits
un mouillage afl’ez bon pour faire commodément
du bois 8c de l’eau -, mais il règne dans ces îles de
fréquentes tempêtes produites par les vents d’oueft j
c’eft pourquoi ceux qui .veulent faire route àl’oueft ;
évitent la côte'de ces îles autant qu’ils peuvent, 8c
courent au fud où ils trouyent les vents du lud
qui les conduifênt en toute fureté au lieu de leur
deftination. ( M. D. M * )
. T erre- fr an ch e ( l a ) , canton des Pays-
Bas dans la Flandre françoife. Il comprend les
■ châtellenies de Bourboufg , de Bergue - Saint-
Vinox 8c de Gravelines', Dunkerque en faifoit
autrefois partie. Ses principales villes font Gravelines,
Bourbourg & Bergue-Saint-Vinox. (IG)
T erre d e G am a ( la ) , elle eft dans l’océan
oriental, plus à l’eft, &que l’île des Etats, & que
la Terre de la Compagnie. Elle porté le nom d’un
capitaine efpagnol qui la vit en allant de la Chine
au Mexique. Quelques-uns la confondant mal K
propos avec Jupa, ont par trop étendu fa côte
méridionale qu’ils ont prolongée juflju’ au voifi-
nage de la Californie , au nord de la mer du
Sud-, mais d’après les navigations des Rufîes, la
Terre de Gama, doit être une île éloignée de la
.■ Californie de plus de foïxante degrés. (.R.)
T erre de G o n n e v il l e . Voye\ T erre A ust
r a l e TROP RE.
T erre de G u in é e , pays de l’Afrique occidentale
, à la droite de la rivière de Sénégal, après
qu’on a pafle la Barre. Ce pays eft beaucoup plus
agréable que la pointe de Barbarie. Il eft uni .,
couvert ça - & - là dé-verdure, avec- des bouquets
de grands arbres de différentes efpèces,
entremêlés de cocotiers 8c de palmiers.
T erre N euve (île de) grande île de l’Océan
fur la côte orientale de l’Amérique feptentrionale,
à l’-entrée du golfe de Saint-Laurent, entre le 36
8c le 53 degré de latitude , à 15 ou 16 lieues de
l’Ile du Cap Breton. Cette île fut reconnue en
Géogr. Tome HL
1497 par Jean & Sébaftien Cabot perc 8c fils, envoyés
pour des découvertes par Henri VII, roi
d’Angleterre ; c’eft pourquoi les Anglois la nommèrent
Newfound-land. On lui donne près de 300
lieues de tour. La difpute des Anglois 8c des François
fur la première découverte de cette île n’ a
plus lieu depuis que par le traité d’ ütrecht la
France a cédé la pofleffion entière de Terre-Neuve
à la grande-Bretagne.
C’eft à foixante lieues de Terre-Neuve qu’eft
le grand banc pour la pêche de la morue, étendue
de pays que l’on eftime avoir zoo lieues de
longueur / les morues y font fi abondantes , qu un
bon pêcheur en prend, plus d’une centaine dans
un jour. Cette pêche y eft très-ancienne, car
un anglois rapporte y avoir trouvé l’ an 152.1 >
cinquante bâtimôns de différentes nations. On
en- voit aujourd’hui chaque année cinq ou fix
cents, anglois, françois ou hollandois.
L’ île de Terre-Neuve èft remplie de montagnes
8c de bois j on y trouve beaucoup de gibier , tel
que des cerfs , des ours , des renards, des chevreuils,
descaftors, 8c d’excellens pâturages. On
a voulu en vain décrier cette île : fi elle offre en
plufieurs endroits un afpeâ effrayant 8c fauvage,
elle a auffi des vallées charmantes qui font d’une
grande fertilité. On y cueille la framboife, la
fraife 8c d’autres fruits ', la perdrix 8c les oifeaux
de. rivière y abondent. Lo climat, il eft v rai,
n’eft pas le même" par-tout : dans la partie du
fud 8c de l’eft, le ciel n’eft pas bien pur, 8c il
y règne d’éternels brouillards -, mais tout le côté
du nord & de l’oueft eft auffi pur qu’agréable. On
ne connoît pas encore l’intérieur de cette île fi
vafte. Le climat eft d’autant plus â p r e q u e les
forêts très - épaifles 8c. aufli anciennes que le
monde, les montagnes très-efcarpées 8c couvertes
de neiges , les marais 8c les rivières, les vents
de nord 8c d’oueft , enfin les amas monftrueux
de ces montagnes flottantes de glaces, qui arrivent
du nord, y entretiennent fans ceffe un
froid très-rigoureux. Sans les çaufes que je viens
de rapporter , la chaleur ne pourroit y être que
très-vive ; il arrive même que dans lés lieux
découverts , elle eft infupportable pendant l’été.
Si jamais cette île vient à fè défricher & à fe
peupler, ce ne peut être qu’un riche pays. On
.connoît bien peu encore les peuples de ces
vaftes contrées ;, ceux que l’on a remarqués juf-
qu’ic i, font de petite taille, n’ont prefque point
de barbe, ont le vifage large 8c p lat, les yeux
gros 8c le nez court. Les Efkimaux viennent de
ia grande terre de Labrador pour chafier 8c faire
la traite avec les Européens. ; .
Les François, s’emparèrent de Terre - Neuve
en 176z , 8c l’abandonnèrent la même année. La
cour de France l’a cédée, de nouveau par le traité
de paix de 1783 , fous la réferve d’une démarcation
diagonale entre les François 8c les Anglois
? pour la pêche 8c h fJcherïe. Par ce traiteâ