
grand feïgneur Efpagnol, & cela ne la fait pas
•fleurir davantage. Il y a d’ ailleurs en cette ville
une académie des fciences & belles - lettres
fondée en 1.750.
Au midi de la ville , près de Peglifè cathédrale
, eft le palais roy al, nommé atcaçar, bâti
en partie à l’antique par lés Maures , &' en
partie à la moderne par lé roi D. Pedro, fur-
nommé le Cruel ■ mais l’antique eft infiniment
plus beau que le moderne* On donne a ce palais
un mille d’étendue*, il. eft flanqué de tours,
qui font faites de grofles pierres de taille y 8c
on y remarque l’appartement où. Pierre-le^-Cruel .
fit égorger lès deux freres.
La bourfe où les marchands s’affemblent, eft
derrière l’eglife cathédrale *, elle eft faite en
quarré , d’ordre tofcan , & compofee de quatre
corps de logis : chaque façade a deux cents pieds
de longueur avec, trois portes, 8c dix-neuf fenêtres
à chaque étage' : elle a deux étages, dont
" Pim 1ère pour les confeils & pour les tribunaux
de juftice. Les appartemens font de grandes fallés
îambriffées, où les marchands traitent enfémble
des affaires de commerce *, ce bâtiment, conv-
mencé en 158 4 , 8c qui n’ a été fini que 60 ans.
après , a coûté prodigieufement, puilque l’achat
de l’emplacement feul fut'payé 6.5,000 ducats.
A l’entrée du faubourg de Triana,. qui a ofe-
' tenu le nom de ville en 173a , eft le cours ,
où toute la ville va prendre le frais, en été ÿ il
eft fait comme un jeu de rçtàil double partagé
en,-deux allées de grands arbres , avec de petits
foffés pleins d’eaii.
La boucherie , par une plus fagè politique que
eelle - dé Paris., eft hors de la ville *, mai« par
une délieatefle de luxe , également cruelle 8c
effrénée, an prend foin avant que d’égorger les
boeufs, de les faire combattre contre lés. dogues ,,
afin que leur chair en fok plus teindre.
En rentrant dans la ville par le pont de bateaux
, on vok à l’entrée du port, qui eft fpa-
cieux, le long du bord du Guadalquïvir , une
grande place nommée 1’ A rénal 9 3a maifon- de
' P o r , où l’on décharge les effets, 8c où l’on met
l’or & l’argent qui viennent des Indes. Cette
• maifon a un grand nombre d’officiers, qui tiennent
regiftre de toutes les. màrchandifés qui arrivent
du1 nouveau monde, ou qu’on y porte.
On compte 24 hôpitaux dans Séville, la plupart
richement dotés y il y en a un où l’on donnei
a chaque malade fes mets particuliers , félon l’ ordonnance
des médecins *, les gentilshommes, lés
étudians de l’univerfité, y font reçus , & ont
les uns & les autres , des chambres féparées *,‘
c’eft une fort belle inftitution. Il s’y trouve une
fabrique de tabac, une fonderie de canons , un
hôtel des monnoies, une audience royale*, ma
plume fè refufe à le dire , un tribunal d’kiquifi-
tion.
Enfin Séville eft une ville d’Efpagne des plus
dîgrtés de la curiofité des voyagëurs y elle eft
moins peuplée que Madrid, mais plus grande
8c plus riche y aiifîi fournit-elle feule au roi ii*n
million d’or par an. On n’ÿ compte pas moins»
de 28,000- maifons , 8c les Efpagnols ont une
fi grande idée de Séville, qu’ils difeiit en proverbe
: Qui n’ a pas vu Séville, n’ a pas vu de
merveille.
Le pays dans lequel elle eft fi tuée , eft extrêmement
fertile en v in , en bled, en huile,
& généralement en tout ce que la terre produit
pour les befoins, ou pour les. délices de la vie.
Le Guadalquivir lui fournit du poiffon , & la
marée qui remonte- deux lieues au-deffus de Séville,
y jète entr’àutres., quantité d’àlofes &
d’ efturgeons y, cependant tout ce beau, pays, 8c
la ville même , peuvent être regardés comme
déferts-, en comparaifon de ce qu’ ils- étoient dii
temps des Maures y on en fera bien convaincu
fi onv lit l’hiftoire d’Elpagne, fous, le règne dit
roi Ferdinand;
; Cette ville- fouffrit beaucoup du tremblement
de terre de 175.5.. Il s’y conclut en 172.9 un
traité de paix entre- l’Angleterre ,. la France ,
l’Eipagne 8c la Hollande. Les. vaiffeaux chargés,
pour Séville , s’arrêtent à l’embouchure du Guadalquivir
, d’où leurs cargaifons fe tranfportent
à leur deftination fur des bateaux.
Le commerce des Indes 8c de l’Afrique, fait,
qu’on fè fort beaucoup à. Séville d’èfclaves qph
font marqués au. nez , ou a la joue y- on les. vend
& on les achète- à prix d’argent, comme des.
bêtes, 8c- on les fait travailler de même , fàns.
que le chriftianifme qu’ils embraifënt, ferve à_
rendre leur fort plus, heureux. L’ audience royale
1 de la contraâation fut transférée -à Cadix en.
1717 , & y fut confirmée en 1726. En général,
les manufactures y font languiflantea, 8c on n’y
compte guère que 400 ouvriers en laine 8t en
fo ie , de 16,000 qu’on y v k autrefois..
I l faut parler maintenant de quelques hommes;
• célébrés dans les lettres ,, dont Séville, a été la
. patriei
Avëiïroar (Abu Merwan Abd'almack Ebn Zohr) ,
: célèbre médecin arabe , qui floriffoit dans le douzième
fiècle y Léon-l’africain dit qu’il mourut a
92 ans, dans l’année 5.64 de l’hégire , qui tombe
. à l’àn r 1.6.7-8 de J. C. Né dans, la, médecine ,
8c d’une famille de médecin, il eut pour, maître
Averroës., .8c exerça fon art avec beaucoup de
* gloire dans Séville fa patrie. Il* rejeta les vaines
fuperftitions des. aftrologues , fuivk principalement
Galien dans fa théorie ,. 8c a cependant
infère dans fes écrits des chofes particulières ,
dont il parle d’après fa propre expérience. Son
ouvrage intitulé , TagaJJîr filmadavat waltadhir,
qui contient des règles pour les- remèdes & la
. diète dans la plupart des. maladies., a-été traduit
en hébreu l’an de. J. G. 1280 ? & de l’hébreu
en la tin , par Parayicius.
Alca&r ( Louis de) , ’jéfuite, a fait un ou- |
tarage fur l’Apocalypfe, qui paffe pour un des
meilleurs des catholiques romains ; il g M | g
tulé Vefligatio arcani fenfûs ili Apocalypp, oc
il a été imprimé plufieurs fois de fuite , fevoir
à Anvers en-1604, l é l I & i é r o , “ ’
un 1616 , in-fol. L’auteur prétend quelApoca-
Jÿpfe eft accomplie jufqu’au vingtième chapitre , & ne fait aucune difficulté fon explication, les pères de1 dl ’aébgalinied.o nInl emr oduarnust
danAsn ftao npiaot ri(eN einc o16la1s3) ,, âcghee vdael ie6r0 dane s.lordte.de ■
nSe. uJra càq ufoesn, p&ay sc h, anpoarin fea dbei bSleiovtihllèeq ,u ea dtaeist hécorni vains
efpagnols, qu’il mit au jour a Rome, en ,
fin qu’il porte de tant de poètes, & par fon
Voyage du Parnaffé,. . •,
Il paffa en Italie pour prendre le para des
armes , & lervit plufieurs années fous Marc-An- •
toine Colonne. Il fe trouva à la bataille de Le-
pante en 15 7 1', & y perdit la main gauche d un
coup d’arquebufe.j» ou du moins en fut-iLU tort
eftropié , qu’ il ne put plus sien fervir. Peu de
temps apres , il fut pris par les Maures , 6c
mené à A lg e r , où il demeura plus de 5 ans pn-
fonnier. De retour en Efpagne , il compoia plufieurs
W | en a vol. in-fol Elle, a;été reimpnmee
dliavnres elan mfoênm eg evnilrlee, eanv , e1c6 9u6ne; cperfeth ucne jlleLiems-bi °d"e
jugement. L’auteur mourut U l j f t i a ° 7 an=: On lui doit encore un livre d érudition . Ve exi
lio y five de pand exilii , exulumquecondiaone ,
(j juribus , Antverpiæ 1659, m-ful. Calas ( Barthelemi de las ) , evêque de Chiapa,
■avfueicvi t Cào l1o9m abn ,s efonn 1p4è9r3e . , Iql u.eim ppalïofay ae tl5 0A amnésr itqaunes •fduécvcoèsie nàt ttârcahiteerr dlee sp eIrnfudaiednesr aauvxe cE fdpoagunceoulsr ,q auv ielcs dveéfritnutsé. reDffee mreetonut,r e&n Elefupra gmnoe,n terner . 1l’5e5x1em, patcea.duefes ;■ ■-deé vêlcah é fo, i• b&le ffme oduer ufta àf aMmaéd, riild feen dé1m50i0t d, ea to9na ■laa nsd. efOtrüné tiao nd e d, elus i Iunndee sr ’elpaatri onle s inbtaérrbefafraineste ddees > -Epafpgangonlo, lesn. 1C5e5ttae; erenl alatitoinn àp aFrruat nac fiSoertv,i lelen ein el- en italien è Venife„en 1643; & en franço5i9ss a) : Pbaornitsé ,1 deun ; c1oe69u7r ., Cla’ evfet rutun o&uv ralag-e v rqauiei preiéfptéir ye olna a encore de ce digne & favant homme , un livte
' l1a6ti2n5 ,, cfuurri ecuext te& q ruaerfeti ,o: ni m*. p■r« imSié làe sT urobiisn gouue en le s .
» princes peuvent èn confcience , par quelque .
- » droit ou quelque titre aliënc-r leurs fujets de :
• » la couronne, & les foumettre à la domina-
». tion de quelqu’autre feigneur particulier,^ »
Voye{ fur ce fujet la Bibl. ecclef. de M. Dupin,
- 1 6e'fiècle. ' : . . . • ; ; Cervantes Saavedra ( Miguel de ) -p auteur de ,
Don'-Quichotte, naquit à Séville en 1549, félon
Ntaincto ldaes pAaniltloonn iopo, u8r c s’mihofutrruuitr ee,n q1u6’i1l 6d. itI l: xa«v oJiet ,
fuis curieux jufqu’a ramaffer les moindres mor-
- » ceaux de papier par l'es- rues. » Mais: il fit
fon étude particulière des ouvrages, d’efprit, tant
'e n vers qu’en proie, 8c fur - tout de ceux des
auteurs efpagnols & italiens. On voit qu’il étoit
fort verfé en ce qui a du rapport a cette forte
; de livres , par le plaifant & curieux inventaire
de la bibliothèque de Don-Quichotte., par les * fréquentes-allufions aux romans-, par le jvigement
comédies , qui eurent une approbation ge-
nérale , tant parce qu’elles étoient fuperieures a
celles qu’on avoit vues jufqu’alors , qu’.a caufe-
des décorations , qui étoient toutes de fon invention
, 8c qui parurent très - bien entendues;
Les principales de fes comédies , étoient les coutumes
d’Alger9 Numancia, 8c la bataille navale»
Cervantes traita le premier & le dernier de ces
fujets ■ en témoin oculaire. I l fit auffi. quelques
tragédies qu’on applaudit. ,
I .. En 1.584 il publia fa Galathée , qui fut très-
j accueillie^ Il prouva par cet ouvrage la beauté
de fon efpril dans l’invention, la fertilité de fon
| imagination dans la variété des deferiptions, fon
i adreffei à dénouer les intrigues , & ion'habileté
dans le choix des exprefiions propres..au fujet
qu’il traitoit. On eftima 'fur - tout la modeftie
avec laquelle , il parloit .de l’amour. On ne critiqua
que la multiplicité des épifodes , ^qui quoi-
qu’amenés .. avec beaucoup : .d’art ,i. empêchent de
fuivre le fil de la narration,. & l’ interrompent
trop, fouvent par de nouveaux ineidens.
. Son Don - Quichotte», eft -un ouvrage incomparable
par la beauté du ftyle f par la juf-
reffe de l’efp rit, la fineffe du g oû t, la délicat
teffe des perifées , le choix des ineidens , 8c la
plaifanterie fine qui y règne d’ un bout à l’autre*
Don-Quichotte nous offre en fa.perfonne.un fou
vraiment héros , qui .s’imaginant que quantité de
chofes qu’ il v o it , reffemblent aux aventures qai’ il
•a lues ,. s’engage à des .entreprises glorieufes dans
fon opinion, & folles dans celles des autres»
On voit en même-temps ce même héros-chevalier
, raifonner fort fagement quand il n’eft pas
dans fes accès de folie, La /implicite de Sancho-
Pança eft d’un comique qui n’ennuie perfo.nne*
Il parle toujours comme il doit parler, 8c agit
toujours conféquemment.-
Pour que i’ iüftoire d’un chevaliep errant ne
fatiguât pas le leéleur par la répétition tédieulè
d’aventures d’une même efpece, ce qui ne pouvoir
mariquer d’arriver, s’il n’avoit été queftion
: que de rencontres extravagantes : Cervantes a
fait entrer dans fon roman, divers epifodes, dont
les ineidens font toujours nouveaux & vraifem-
blables. Tous ces épifodes, hormis deux,, favoir,
l’HiJïaire de l’E fc la v ? 8 c la nouvelle du Curieux
impertinent, font énchâffés dans la. fable même,
ce qui eft un grand art, Le ftyle eft approprié