
Ce fat la fécondé verfion d’Aquila , retouchée
par cet écrivain , que les juifs helléniftes reçurent,
& ils s’en fervirent par-tout dans la fuite , au
lieu de celle des leptante. De là vient qu’ il eft
louvent parlé de cette verfion dans le Talmud,
& jamais de celle des feptante. Cependant les
talmudiftes , jaloux contre les helléniftes , firent
leurs efforts pour en dégoûter les peuples, 8c
pour les ramener à l’hébreu. Cette affaire çaufa
tant de bruit & de divjfions , que les empereurs
furent obligés de s’en mêler.
Juftinien en particulier , publia une ordonnance
qui fe trouve encore dans fes nouvelles conf-
titutions , portant permiflion aux Juifs de ljre
l’écriture dans leurs fynagogues, dans la verfion
grecque des feptante , dans celle d'Aquila , ou
dans quelle autre langue il leur plairoit, félon
les pays de leur demeure. Mais les dodeurs
juifs ayant réglé la çhofe autrement, l’ordonnance
de l’empereur ne fervit de rien, ou de
fort peu de çhofe -, car bientôt après les feptante
& Aquila- furent abandonnés : 8c depuis ce
temps - là la leélure de l’ écriture s’eft toujours
faite dans leurs affemblées en hébreu &
en chaldéen, dont on fe fert même encore aujourd’hui
dans quelques-unes de leurs fynagogues,
pomme à Francfort. (R.)
Sinope ( l a ) , petite rivière de France dans
la baffe-Normandie , au Cotentin. Elle fort de
.plufieurs fourçes vers Famerville , & va tomber
dans le havre de Quineville. (R.)
SINSHEIM. Voyei Sintzheim,
SINSJU. Voye\ Sina.no.
SINSICH. Voyei Zinxich.
SINTAGORA , ville de la prefqu’ île de l’ Inde,
fur la côte de Malabar, dans la partie fepten-
trionale du royaume de Canara , aux confins du
royaume de Vifapour, près de l’embouchure de
la rivière Aliga. (R.)
SINTRA ou C intra , montagne de Portugal
dans l’Eftramadure , .à 7 lieues de Lifbonne. La
terre y forme un cap aVanpé , que les ançiens
ont nommé promontorium Lunce ou promontorium
Olifiponente ; ç’ eft le Tagrus ou Tagrum de
Varron, rei ruß. I. IL c. v. Ce cap eft un rameau
de la montagne Sintra , autrefois nommée morts
Lunoe. C’eft une montagne qui, par fon élévation,
fe préfente de fort loin aux vaiffeaux qui raient
•oette côte. A l’un des côtés de çette montagne
eft un gros bourg qui porte fpn nom. Au fommet
de la montagne il y a un monaftère d’où l’on
jouit d’une vue charmante. D’un côté l’on voit
l ’Océan , de l’autre le Tage , & des deux côtés
un payfage agréable de riches campagnes s’offre
£ux yeux. Au pied de la montagne Sintra , il y
avoit anciennement un temple dédié au foleii &
% la lune. {R.)
SINTZHEIM ou Sinsheim, ville d’Allemagne
dans le palatinat du Rhin , au grand baillage de
2$plbac, 44,h? un fond Wferépageux à 4 lipues f. e;
d’Heidelberg , 8c à 3 n. o. fi’Heitbron. t e t
François la brûlèrent avec quantité d’autres en
1689. Long, a7 , 34 ‘ lat. 49 , i$,
11 fe donna près de cette ville en 16 74 , un
fanglant combat entre M. de Turenne & le duc
de Lorraine, uni avec le comte de Caprara. Le
general françois , quoique moins fo r t , défit les
Impériaux, & les força de repaffer le Neltre 8c
le Mein , 8c d’abandonner le Palatinat.
Sintzheim eft le fiége d’une prévôté, inf-
çrite autrefois parmi les villes libres , elle vint
au pouvoir des éle&eurs palatins defquels ell©
a paffé entre les mains des nobles de Weinfberg ,
auxquels elle appartient depuis 142,6. (R,)
SINUESSE , ville détruite d’ Italie dans le
nouveau Latium , aux confins de la Campanie ,
au-delà du Liris, fur le bord de la mer.
Il y avoit au voifinage de cette ville des eaux
minérales , qui en prenoient le nom d’ctquoe
Sinuejfanoe, 8c auxquelles on attribuoit la vertu
de remédier- à lâr ftérilité des femmes , & de
remettre l’efprit aux hommes lorfqu’ il étoit aliéné-.
C’étoit des bains d’ eàux chaudes -, çe qui a fait
que Silius Italiçus, l. V III. verf. Jz8 , a donné
à la ville de SinueJJà l’épithète de tepcns. Nous
voyons dans Tacite, /. X I I . c. Ipvj. que l’empereur
Claude ula de ces bains.
On voit encore aujourdhui quelques veftiges de
SinueJJà f 8c elles çonfervent le nom dé la ville.
Il y a près de Monte Draçpne quelques ruines
d’édifices, de même que vers le bord de Ja mer
où fans doute étoient les grandes murailles du
port, (il.)
SION , fameufe montagne d’Afie , dans fe
Judée, au midi & près de Jérul'alem, fur laquelle
fut bâti par Salomon le ! temple du Seigneur ,
ou pour mieux dire , il étoit lur le mont ‘ Jvïoria,
David 8c les autres rois fes fuçceffeurs choiiirent
leurs fépultures fur la montagne de Sion , mais on
n’en voit aujourd’hui aucune traçe. Ce mont
même, dont la beauté eft tant vantée dans
l’éçriture , eft à pr.éfent tellement difforme ,
qu’on ne devineroit jamais qu’il y eût eu
defîiis une ville , & moins encore un château
royal. Ce château détruit depuis tant de fièçles ,
a été fort renommé chez les Hébreux, par
fe perte fimeftè que David y fit de fbn innocence',
car çe fut du haut de la ter rafle où il fe
promenoit, qu’il laiffa échapper un regard in-
çonfidéré fur Bethfabé, femme d’Urie •, & ce fut
dans çc même endroit., que le" prophète Nathan
l’ ayant repris de la part de Dieu de l’adultère
qu’ il avoit commis , il reconnut humblement fon
crime. La maifon dé Caïphe , qui étoit proche de
la montagne de Sion, eft à présent changée èn
une églfie que les Arméniens deffervent. Le§
Turcs ont fajt une mofquée du faint cénacle. On
peut lire le voyage de la Terre-fainte par le
P. Nau , fur l’ état a£j;upl de la montagne dp
Sjpn. ÇR.) -
Sion, en latin Sedunum, 8c en allemand Sitten,
ville de Suiffe dans le Vallais , dont elle eft la
capitale, fur la petite rivière de Sitten, a quelque
diuance de la rive droite du Rhône, à z6 lieues
au levant de Genève , à i z au nord d’Aoufte , 8c
Z4 f. de Berne.
Cette ville, l’ancienne demeure des Séduniens,.
n’a point eu de fiége épifcopal qu’à la fin du
fixième fiècle. Son évêque , prend ridiculement
la qualité de prince de l’empire , quoiqu’il n’ en
fbit plus membre, qu’il n’ ait aucune féance aux
diètes , Sc qu’il ne contribue en rien aux charges
de l’Empire.
Il a d’autres grandes prérogatives. I l préfide aux
états du pays avec, une autorité à peu près fem-
blable à celle du doge de Venife. La monnoie fe
bat à fbn coin , fous fon nom, 8c à fes armes , .
cependant, fous certaines reftridions , & dans les
cérémonies publiques , on porte l’épée devant lui.
Dans les caules civiles on appelle indifféremment
à lui ou au capitaine du pays. Il a encore le droit
de faire grâce. Lorfque le fiége devient vacant, les
chanoines propofent quatre d’entr’eux , 8c
fept députés, des dixains choififfent un des
quatre. Le capitaine du pays 8c les autres députés
ont le droit d’approuver cette éledion ou de la
rejetter. Le chapitre compofé de Z4 membres , a
part aux affaires générales du Vallais. L’évêque
relève immédiatement du S. .Siège , il fut exempt
de la jurifdidion fpirituelle de l’archevêque de
Tarentaife en 1513. Il porte le titre de comte
& préfet du Vallais, & il a fon fénéchal -, mais
l’ autorité fouveraine eft entre les mains de l’affem-
blée formée des députés des fept dixains du
Vallais., qui ne peuvent trop furveiller fon autorité
croiffante.
Sion eft un des dixains du Valais les plus
étendus, ayant 10 lieues de longueur, 8c do-nt
le chef le change tous les deux ans. La ville a
trois châteaux ; c’eft dans celui qui eft au pied
de la montagne que s’affemblent les députés des
fept dixains ou départemens de la République.
Cette même ville a un confeil de Z4 perfonnes,
préfidé par un bourguemeftre qui fe change tous
les ans.
Après l’évêque , celui qui tient le premier rang
eft le bailli du pays , nommé en allemand I.ands-
hauptmann , c’eft-à-dire , capitaine du pays ; 8c
fa charge dure deux ans. Long. de Sion , 2.4,2. y
lat. 4.6 9 8. '
On trouve aux environs de Sion, du marbre
bleu , du marbre noir veiné de blanc , du bel
albâtre , & de la houille. (R.)
S JO O , une des quinze provinces de la grande
contrée du fud-eft de l’empire du Japon. Elle eft
très - considérable., puifqu’on lui donne trois
journées de longueur de tous côtés •, c’eft un pays
médiocrement fertile , mais qui abonde en vers
à foie qui fourniffent à fes manufactures } cette
province a onze diftricts. (R*)
Si OR. Voye{ K ingkitao.
SIOULE^(la) , petite rivière de France dans
l’Auvergne. Elle prend fon nom d’un village
nommée Sioule dans la généralité de Riom, 8c
fe perd dans l’Ailier 7 à 4 lieues au - deffus de
Moulins. (R.)
SIOUNE,, ville d’Afrique, dans la Barbarie,
au royaume de T rip oli, dans les montagnes de
Derne. C’eft une petite république , dont les
habitans Nègres & Arabes, ont pour tout bien
des forêts de palmiers , qui avec un peu de laitage
8c .d’orge, leur donnent à vivre. Ils ne paient
aucun tribut, ils font libres 8c contens. (R.)
SIOUTH ou Siut-h , ville d’A frique, dans 1a
haute-Egypte , - au pied d’une montagne , 8c à
demi-lieue du Nil , qu’on paffe dans cet endroit
fur un pont de pierre, le feul qui loit fur ce fleuve.
Cette ville eft une des plus grandes & des plus
peuplées de l’Egypte. Il y a plufieurs mofquées ,
& minarets. Le cafcief y réfide, & l’on y fabrique
les toiles les mieux façonnées de toute
*JEgyPte: Cette ville , au voifinage de laquelle
il y a beaucoup de cophtes , eft à 70 lieues du
Caire. Long. 4.9 , a.G ; lat. xG ,5 2 . (II.)
SIPHANTO, ou Siphno , île de l’Archipel
connue des anciens fous le nom de Siphnos.
Elle eft à l’oueft de Paros , au f. e. de Serfanto
Sc à 36 milles 11.. e. de M ilo , fous un très-beau
ciel. L’a ir , les- eaux, les fruits , le gibier, la
volaille., . tout y eft excellent -, les raifins y font
merveilleux , mais la terre qui les produit eft
trop forte , & les vins n’y font pas délicats. Elle
a 9 fi’ long r fur 1 fi® large. On y compte
environ cinq mille âmes , cinq villages , &
quelques couvens. Le principal port de l’ île eft
Faro , qui fans doute a tenu fon nom d’un
ancien -phare qui fervoit à guider- les vaiffeaux.
On voit dans Goltzius une médaille , où d’un
côté eft repréfentée une tour avec un homme
placé au haut. De l’autre côté eft la tête de
quelque dieu, peut-être de Neptune.
Les moeurs des habitans de Siphanto, ne font
point décriées comme celles de leurs ancêtres ,
hommes 8c femmes. Les dames même de Siphanto
quand elles font à la campagne, couvrent, pour
n’être pas connues , leur vilage avec des bandes
de linge qu’elles roulent fi adroitement , qu’on
ne voit que leur bouche, leur nez , 8c le blanc
de leurs yeux. Certainement elles n’ont pas i’air
conquérantes avec ce mafque , 8c reflemblent
plutôt à des momies ambulantes : aufii font-elles
plus foigneufes d’éviter les étrangers, que celles
de Milo 8c de l’Argentière n’ont d’emprefiement
à les accueillir. Il y a un archevêque grec dans
cette petite île. Long. 4 2 ,4 9 • lat. 38.
Strabon la .compte au nombre des Cyclades. On
y trouve, pour toute antiquité quelques tombeaux
de marbre , qui fervent communément d’auge
pour faire boire les animaux. (R.)
SIPHNO. Voye[Siphanto.