
Gouduli (Pierre) fit dans une langiîe provinciale
qui n’eut jamais ' d’écrivains , ( en langage
gafcon, ) des vers où règne beaucoup de douceur,
d’agrément, 8c qui ne font dépourvus ni d’élégance
, ni quelquefois de fiâions heureufes -,
on les a imprimés plufieurs fois à Toulonfe &
même en Hollande. Il mourut en 1645?, à l’àge
de 70 ans..
Maignan (Emmanuel), minime très -célèbre ;
il apprit les mathématiques fans maître, & devint
profeffeur à Rome , où il y a toujours eu
depuis en cette fcience un profeffeur minime
françois. Ses ouvrages philofcphiques. n’ ont plus
de cours, mais fon traité fur les horloges & les
cadrans Polaires , intitulé , Perfpecliva horaria,
Romoe 2 G 4 8 , in-folio , montre beaucoup d’habileté.
Il inventa plufieurs machines qu’il avoit
travaillées de les propres mains. I l mourut dans
fon couvent de Touloufe en 16 76 , à 75 ans.
Maynard (F ran ço is ) , poëte, difciple de
Malherbe , & fecrétaire de la reine Marguerite,
naquit en 1582., 8c mourut en .1646.
et On peut le compter, dit M. de Voltaire,
» parmi ceux qui ont annoncé le fiècle de Louis
» XIV. Il relie de lui un affez grand nombre
» de vers heureux, purement écrits. C’eft un
» des auteurs qui s’eft plaint le plus de la mau-
» vaife fortune attachée aux talens : il ignoroit
>> que le fuccès d’un bon ouvrage, eft la feule
» récompenfe digne d’ un artifte -, que li les
» princes 8c les minillres veulent fe faire hon-
» ne.ur en réçompenfant cette efpèce de mérite,
» il y a plus d’honneur encore d’ attendre ces
3) faveurs fans les demander -, & que fi un bon
» écrivain ambitionne la fortune , il doit la faire
u foi-même. »
Rien n’ell plus connu que fon beau fonnet
pour le cardinal de Richelieu -, & cette réponfe
dure du miniftre , ce mot criiel, rien. Le pré-
fident Maynard, retiré enfin à Aurillac , fit ces
vers qui méritent autant d’être connus que fon
ionnet :
Par votre humeur le monde eflt gouverné.,
Vos yplontés font le calme ôc l’orage ,
Vous vous riez de me voir confiné
Loin de la cour dans mon petit ménage ;
Mais, n’eft-ce rien que d’être tout à fo i,
De-n’avoir point le fardeau d’un emploi,
D ’avoir dompté la crainte & l’elpérance ?
Ah i fi le ciel, qui me traite fi bien,
Avoit pitié de vous de la France,
Votre bonheur feroit égal au mien.
Voici l’épitaphe qu’ il fe fit :
Las d’efpérer & de më plaindre
Des mufes, des grands & du fort ,
C’eft ici que j’attends la mort,
Sans la délirer 1 f»us la craindre«
Les deux derniers vers font la tradu&ion d t f
cet ancien vers latin :
Summum nec metuas diem , nec optes.
La plûpart des beaux vers de morale font de*
traductions. Il eft bien commun de ne pas délirer
larmort *, il elt bien rare de ne la pas craindre ;-
& il eût été grand de ne pas feulement fonger
s’ il y a des grands au monde.
Pin ( Jean du ) , en latin Pinus, mourut vers
l’an 1536 y il alla chercher en Italie la culture
de l’éloquence , fut enl'uite confeiller au parlement
de Touloufe, 8c enfin évêque de Ri-eux.
Il fit un traité de vitâ aulicâ, 8c un livre de
claris foeminis , des femmes illultres, qui parut
à Paris en 1521 : la politeffe du llyle latin règne
dans ces deux ouvrages. Erafine dit à la gloire
de l’auteur : pojjet inter hujus taudis (Tullianoe
diâionis) competitores numerari (Joannes P inus) 9
niji negotiorum tumultus a Jîudiis avulfijjet. Nunc
epifeoputn audio faâum ■ quid accejjèrit éloquentioe
nej'cio ?
On,voit aulfi. dans la galerie de Touloufe , le
bulle en marbre de Nicolas Bachelier, élève de
Michel-Ange , diftingué dans l’architeclure &
dans la fculpture -, il falloit y joindre pour pendant
le bulle de François de Troy,un des peintres célèbre
de nos jours. Mais Touloufe eft encore la patrie
d’autres favans , dont plufieurs méritoient fans
doute d’avoir leür effigie dans la même falle du
capitole y c’eft ce dont on jugera par la lifte que
je vais donner de leurs noms.
Campiftron ( Jean Galbert) , né en 16 56, &
mort en. 1723 , fut élève & imitateur de Racine.
Le Duc de Vendôme, dont il devint fecrétaire,
fit fa fortune, 8c le comédien Baron fit une partie
de fa réputation. Il y a des chofes touchantes dans
l’es pièces, quoiqu’elles foient foiblement écrites,
mais le langage en eft affez pur. Il a compofé pour
l’opéra Acis 8c Galathée , paftorale , que l’on redonne
quelquefois, & qui a été mife en mufique
par Lully.
Coras (Jean de) , Corajîus, confeiller au parlement
de Touloufe, chancelier de Navarre, l’un
des favans jurifçonfultes du xvje fiècle , 8c l’ami
du chancelier de l’Hôpital y il mit au jourd’excellens
ouvrages en latin & en françois , qui ont été recueillis
en 2 vol, in - fo l. on eftime fur^tout fes
Mifcellaneorum juris civilis libri très. Ce favant
homme n’avoit que 59 ans quand il fut enveloppé
dans le maffaçre de la S.Barthelemi, le 4 Oéiobre
1572-, fa vie a été imprimée en 1673 , m-40.
Doujat, ( Jean ) , né en 1609, 8c mort à Paris
en 1688 , comblé d’honneurs 8c de penfions. Il
étoit tout enlemble jurifconfulte & littérateur. Il
fut reçu de l’Açadémie françoife en 16.50, 8c devint
préçepteur de M. le Dauphin. On a de lui
i° . Proenotiones çanonicce ^civiles , qui paffent
pour fon meilleur ouvrage y z°, l’hiftoire duProit
eahon, & celle du Droit civil ; 30. înftîtntion du
Droit canonique de Lancelot, avec des notes y 40.
un abrégé en françois de l’hiftoire grecque Sc romaine
, tirée de Velleius Paterculus , 8c des nbtes
fur Tite-Live , à l’ufage du Dauphin , &c.
Grégoire (Pierre) floriffoit au xvj fiècle. Ses
livres de d ro it, & entr’autres l’ouvrage intitule,
Syntagma juris univerji, ainfi que celui de republicâ.,
libri xvj fo n t remplis d’une vafte érudition,
mais des plus mal digérés. Eruditione non vulgari
luxuriansy dit Naudé, omnia ingerit, non digerit,
cateriim vald'e utilis , quod ibi meliorum auclorum
gemmas pojjis invenire. Il mourut en 1597*
Laloubère ( Simon de ) , né en 1642, & envoyé
à Siam en 1687, finit fes jours en 1729, à 87 ans.
On a de lui une relation de fon voyage de Siam
en deux vol. in- 22 y cette relation eft eftimee •,
mais elle laiffe bien des chofes à défirer , qui y
manquent, pour nous donner de vraies connoil-
fances de ce pays. Son traité de la refolution des
équations prouve qu’il étoit affez profond dans
cette fcience, 8c Pafcal ne lui a pas tout-à-fait
rendu juftice.
Mauffac ( Philippe Jacques) favant critique du
xvij- fiècle, mourut en 1650 , âgé d’environ 70
ans. On a de lui des opufcules eftimés & de lavantes
notes fur Harpocration.
Péchantré, poëte françois & latin, nïort à Paris
en 1708. Sa tragédie intitulée Géta fe repréfente
encore quelquefois. On rapporte Une anecdote affez
fingulière fur fa tragédie, la mort de Néron, pièce
qui n’a point eu dé fuccès. Péchantré la failoit dans
une auberge i il laiffa fur fa table le papier où il
difpofoit fa piece, & fur lequel il avoit écrit après
quelques chiffres , ici le roi J'cra tué. L’ aubergifte
ayant lu ces mots , avertit aufîitôt le commiffaire
du quartier , 8c lui remit le papier en main. Le
poète étant revenu le loir à l’auberge , fut bien
furpris de fe trouver entouré de gens armés qui,
voùloient le faifir. Que veulent ces gens-là, dit-;
il au commiffaire , & vous , moniteur, avec ce
papier , fur lequel il jeta les yeiix y comment,
s’é c ria -t-il, vous l’avez volé fur ma table ? c’eft:
précilement la fcène où je dois placer la mort de
Néron. Le commiffaire honteux de fa méprife ,
lui fit des exeufes, lui rendit fon papier, 8c congédia
les archers.
Tourreil( Jacques d e ) , mourut àParis en 17 14 ,
à 58 ans. Il étoit de l’académie françoife & de
' celle des inferiptions. Ce fut par fes intrigues que
l’abbé de Chaulieu ne fut pas de l’académie françoife
, & ce procédé ne lui fit pas honneur. Il
doit fa réputation à la traduélionde Démofthènes,
laquelle l’ a fait beaucoup plus connoître lui-même,
qu’il n’a fait connoître l’orateur grec y mais il a
orné fon ouvrage d’une très - belle préface pleine
d’érudition 8c de recherches fur Phiftoire de la
Grèce. La meilleure édition eft celle de Paris 1721,
en deuxvol. in-q°. & e n quatre v ol.in-ix.
Serré ( Jean Puget de la ) , fut garde de la bibliothèque
de Monfieur, & eu t le titre d’ hifloriographe•
Il mourut en 1666, & publia quantité d’ouvrages
en vers 8c en proie qui fouffrirent plufieurs éditions
, mais dont Defpreaux & toutes les perlonnes
de goût parlèrent avec mépris. La Serre convenoid
lui-même du peu de mérite de fes ouvrages, quoiqu’ils
lui valuffent beaucoup d’ argent. On raconte
qu’il eut un jour la curiolité d’ aller entendre les
conférences queRichefource failoit fur l’éloquence
dans une maifon de la place Dauphine. A| rès que
celui-ci eut débité toutes fes extravagances , la
Serre en manteau long 8c en rabat , fe leva de
fa place, & allant embraffer Richefource : ah ,
monfieur, lui dit-il , je vous avoue que depuis
vingt ans j’ai bien débité du galimathias ; mais
vous venez d’en dire plus en une heure que je n’en
ai écrit en toute ma vie.
Marcel ( Guillaume ) mort en 1708 .à 61 ans,
eft auteur d’une hiftoire de l’origine de la monarchie
françoife , de tablettes chronologiques , &
de quelques autres ouvrages de ce genre, (i?.)
TOUQUE ( l a ) , en latin moderne Tulca y
rivière de France , en Normandie. Elle porte
d’abord le nom de Le[on , prend celui de Touque
a fa jonéfion avec l’Orbec , & fe jète dâns la mer
au bourg de Touque , à fix lieues du Havre - de-
Grace y fon cours eft de feize lieues. Elle paffe près
de Gracey, à Lifieux 8c à Pont-l’Evêque. (i?.)
TOUR-DU-PIN ( l a ) , bourg de France , en
Dauphiné , dans le Viennois, & fur la route de
Lyon àPont-de-Beauvoifin. Ce fut anciennement
une baronnie libre, réunie au Dauphiné en 1273,
parle mariage de Humbert de laTour-du-Pin avec
Anne , héritière du Dauphiné. Ce Humbert fut la
tige de la troifième race des Dauphins, de laquelle
les lèigneurs aéluels dé la Tour-du-Pin fe difent
iffus. Sur quoi voyez mon article Dauphiné. (R.y
T our-du-Renard ( la ) , en Allemand Fuchs-
Thurn. C’eft le feul refte exiftant de l’ancien château
de Kirchberg. Voye{ Kirchberg. {R.)
T our-de-Roussillon ( la ) , tour de F rance,
dans le Rouffillon, près d u T e t, à 2 milles de
Perpignan. Ce font les reftes infortunés de l’ancienne
ville de Rufcino , qui a donné le nom à
tout le pays. Tite-Live nous apprend que c’étoit
une ville célèbre du temps d’Annibal , où les
petits vois des pays voifins s’affembloient pour
délibérer fur leurs affaires. L’ illuftre & favant
M. deMarca, croit que cette ville fut détruite vers
l’an 828, lorfque Louis le Débonnaire châtia ceux
auxquels la garde de la frontière avoit été confiée ,
& qui l’avoient mal défendue contre lesSarrafins.
(R.)
T our-la-V ille , bourg de France , en Normandie
, au diocèfe de Coutances, élection de
Valogne,féparéde Cherbourg par une rivière. (R.)
TOURAINE , province de France , bornée au
nord & nord-eft par l’Orléanois , au fud par le
Poitou, au lud-oueft par le Saumurois, au nord