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SIPYLE , montagne à’M e dans la Natolie.
Tournefort qui a eu la curiofité, dans le dernier
fiècle , de vifiter le mont Sipyle , nous en a
donné la defcription fuivante. __
La grande plaine de Magnefie , dit-il , eft
bornée au lud par le mont Sipyle *, & cette nion-
tagne, quoique fort étendue de l’eft a l’oueft,
paroit beaucoup moins élevée que le mont
Olymne. Le lommet du Sipyle relie au fud-eft de
Magnefie -, & le côté du nord eft tout elcarpé.
Du haut de cette montagne la plaine paroît admirable
j & l’on découvre avec plailir tout le
cours de la rivière. Plutarque dit que le mont
Sipyle s’appelloit montagne de la foudre, parce
qu’il y tonnoit plus ibuvent que fur les autres qui
font aux environs. C’eft apparemment pour cela
qu’on a frappé à Magnéfie, des médailles de
Marc-Aurèle, du vieux Philippe, d’Herenma &
d’Etrufcilla ,. dont les revers repréfentent Jupiter
armé de la foudre. . •
On ne peut être fur le Sipyle , continue io u r -
nefort, lans le repréfenter , tantôt les' grandes
armées d’Agéfilaüs & de Tiffapherne , tantôt I
celles de Scirion & d’Antiochus., qui dilpu-
toient l’empire 'd’Afie dans les vaftes campagnes
qu? offre à la vue cette montagne.
Paulïnm affiire qu’A gétihüs.battit larmee des
Perlés le long de l’Hermus , & Diodore de
Sicile rapporte que ce fameux général des Lacédémoniens,
defcendant du mont Sipyle , alla
ravager les environs de Sardes. > .
Il eft vraifenvblable que le mont Sipyle étoit
autrefois fécond en métaux & en aimant -, il n elt
donc pis étonnmt que la ville Sipyluin, htuee
au pied de cette montagne , ait ete engloutie
par des tremblemens de terre -, c’eft un malheur
allez ordinaire aux lieux qui abondent en mines
métalliques & ce malheur compenie trop les
richeftés que les mines fourniiïént aux liabitans.
Si la fable , bien plus que la vérité , n’av^it toujours
flatté le goût des Grecs , le mont Sipyie
auroit peut-être été plus fameux par l aimant,
que par'le rocher de Niobé, d’où félon les poetes,
les eaux qui coulent fans celle de cette.montagne,
font les larmes que dette malheureuie mère;
rerfe encore après fa mort j pour la perte de les
Paulanias étoit natif ou de Sipyle , capitale de
la Méonie, ou de quelqu’autre ville voifme du
mont Sipyle ; il vivoit à Rome fous l’empereur
Hadrien , & fous les Antonins ; il mit au jour
pins d’un ouvrage : car, outre' que Philoftrate lui
attribue des oraifons , Euftathe , Etienne de
Byiance, & Sùydas, le citent à l’occafion de
quelques noms dé villes ou de peuples nous
donnent à entendre que non-feulement il avoit
voyag é'en Syrie , dans la Paleftine , & dans
toute i’Alie , mais qu’ il en avoit publié une
relation. , « .
Q u o i qu ’ j j e u ( o i t , non? n’ a y o n s d e lu ; q ue
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le voyage hiftorique de la GrècÊ, ouvrage quî
eft écrit avec un détail, une exa&itude , un fonds
d’érudition, que l’on ne trouve dans aucun autré
voyageur, & qui peut , à bon titre , fervir de
modèle. Nous le trouvons trop concis dans le
ftyle , mais c’ eft qu’écrivant pour les gens de fon
temps , qui étoient au fait de ce qu?il racontoit,
il ne s’eft pas cru obligé de s’expliquer plus au
long. Son ouvrage eft par-tout femé de réflexions
utiles pour la conduite de la vie ; s’il s’y trouve
bien des chofes auxquelles nous ne prenons point
d’ intérêt , c’eft que le temps 8c la religion ont
mis une grande différence entre notre façon de
penfer , & celle des4anciens.
Son voyage eft écrit avec un ton de vérité qui ne
fauroit être lul’peét •, l’ auteur y rend compte de ce
qu’il a vu dans la Grèce -, & à qui en rend- il
compte ? Aux romains, au milieu de qui il v iv o it,
dont la plupart avoient été en Grèce aufli - bien
que lu i , 8c qui auroient pu le démentir s’ il avoit
avancé quelque fauffeté. .
En fécond lieu , c’eft un voyage hiftorique : on
y remarque tout à la fois un voyageur curieux ,
& un écrivain profond, parfaitement inftruit de
tout ce qui regardoit les divers peuplés dont il
parle -, il en poffédoit la langue , c etoit la
fienne propre -, il connoiifoit leurs dieux' , leur
religion , leurs cérémonies , leurs loix , leurs
coutumes , leurs moeurs -, il avoit lu leurs
poètes , leurs hiftoriens , leurs généalogiftes ,
leurs géographes , en un mot, leurs annales &-
leurs monumèns les plus anciens -, annalês &
monumens qui étoient alors fubfiftans, qu il cite
à chaque page , 8c que le temps nous a ravis.
De là-, cette quantité prodigieufe de faits, d évene-
S mens, dé particularités, qui ne fe trouvent plus
que dans' cet auteur , & qui le rendent précieux
à tous ceux qui aiment l’ étude des temps & de
l’antiquité.- . _ ■
Enfin, c’eft le voyage de l’ancienne Grèce, non
de la Grèce d’ aujourd’h u i, ou telle que Spon 8c
Wheler l’ont décrite , pauvre , miférable , de-
peuplée, gémiflante dans une efpece d’efclavage ,
& qui n’offre plus aux yeux du voyageur que des
ruines fiîperbes , au milieu defquelles on la cherche
fans la trouver -, en un m o t, l’image de la dévastation
la plus affreufe , & l’exemple déplorable
des vîcillitudes de .ce monde. C’eft de la Grece
floriffante que Paufanias nous donne la defcription *,
de la Grèce, lorfqu’elle étoit le féjour des mules,
le foyer des fciences , le centre du bon goût , le
théâtre d’une infinité de merveilles , & pour tout
dire , le pays le plus renommé de l’univers.
Il eft yrai que Paufanias n’embrafïè dans fa
relation , qu’une partie de la Grèce , & les villes
que fes colonies occupoient dans l’Afie mineure .
mais c’eft auili la partie la plus interefïante, il
la divife en dix états , qui étoient autrefois inde-
pendans les uns des autres , favoir-, l’Attique , la
Corinthie, l’Argolide, la Laconie , la Meffeme,
* - l’Eiiûe 5
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PElide, PArcaÔie , la Béotie, & la Phocicle •, c’eft .
pourquoi chacun de fes livres donne la defcription
de chacun de ces dix états de la Grèce , a la j
réferve du cinquième & du fixième livre, qui tous j
deux ne traitent que de l’Elide , comme le fécond
•çomprend feul Corinthe & Argos. 'i
Il décrit exa&ement l’origine des peuples qu’il
fe propofe de faire çonnoître, il nous inftruit de
leur gouvernement, de leurs guerres , de leurs
colonies *, il parcourt leurs villes & leurs bourgades
, en rapportant ce qui lui a paru digne de
curiofité. Si dans la difculfion de quelques points
d’hiftoire ou d’antiquité , il embraffe un fentiment
plutôt qu’ un a u t r e i l cite toujours fes garans •,
& fes garans font ordinairement les hiftoriens &
les poètes les plus anciens, comme témoins des ,
faits qu’ il difeute , ou plus proches de ceux qui
en avoient été témoins. C’eft par cette raifon .
que la le&ure de Paufanias fait tant de plaifir
à ces favans, qui ont tous les fiècles préfens à
l’efprit, & qui ne veulent rien ignorer de ce
qu’ il eft poffible de favoir. M. Fabricius a fait
en leur faveur le détail des diveriès éditions &
traduâions de Paufanias , afin qu’ils puffent
choifir. Nous avons en françois celle dé M. l’abbé
Gedoyn, qui eft excellente, 8c accompagnée de
quelques cartes , 8c de courtes remarques , mais
bonnes 8c inftrudives. (iL)
SIRADIE (palatinat de) , palatinat de la
Grande Pologne. Il eft borné au nord par le
palatinat de Lencicza •, à l’orient, par le palatinat
de Sandoinir ; au midi, par le duché de Siléfie •,
. à l’occident , par le palatinat de Kalish. La
rivière de Warta le divife en deux parties , l’une
orientale , l’autre occidentale -, il eft-gouverné par
un palatin qui en prend le nom. La capitale en
eft Siradie, nommée aufîi Sirat[y Sirad, Siradien,
& S/ierads. Elle eft fituée dans une belle plaine j
fur les bords de la Warta, à 46 lieues riord-oueft
de .Cracovie, 8c %5 li. de Breftaw. C’eft le fiége
du palatin, d’un caftellanfupérieur, d’un ftarofte,
& d’un tribunal de juftice. Elle a pour fa défenfe
un château, qui n’a pas empêché les Tartares de
la piller en iz^o •, les Bohèmes la brûlèrent en
12 -9 2 .les chevaliers de l’ordre Teutonique en
agirent de même en 1331 -, 8c en 1447 eft® ^ut
déiolée par un nouvel incendie. Long. 3 6 , 2 8 j
ta t. j i , , 3 z . (R .)
SIRAF, c’étoit une ville maritime du Farfiftan,
fur le golphe de Perfe , éloignée d’environ
00 li. de Schiiraz , capitale de la province. Cette
ville fut long-temps fameufe par fon trafic,
car tous les vaiffeaux arabes y abordoient, particulièrement
de Baflbra, & les autres peuples indiens
y apportoient aufli toutes fortes de mar-
chandifes de l’Inde •, le commerce floriffoit encore
a Siraf au commencement du quatorzième fiècle ;
mais étant paffé peu de temps après à Bander-
Congo, & de là à Ormuz , Siraf fut tellement
abandonnée, que l’on auroit peine à trouver de§
Céogr, Tome JIL
l u t $1*
veftîgéfi d’une ville - autrefois fi brillante, (jR.)
SIRAN , petite ville de France, dans le Lan*
guedoc, au diocèfe de Saint-Pons. {R.)
SIRBI, bourgade de la Turquie d’Afie , dans
la Natolie, fur une rivière de même nom, qui,
deux lieues au-deffous , fe jète dans la Méditerranée.
Sirbi étoit autrefois , félon quelques
favans , une ville épifcopale, nommée Xanthus ,
ou Xanthos', dans la notice d’Hiéroclès en ce
cas l à , cette ville auroit eifuyé bien des événe-
mens différens jufqu’à ce jour. Voye\ X anthus.
(*•>
SIRCK , SlRQUE , SlERCK ÔU SlERQUES ,
petite ville, du Luxembourg François, dans le
gouvernement de Metz , fur la rive gauche
,4e la Mofelle à 3 lieues & demie au couchant
de Thionville, 8c 10 lieues de Trêves. Elle a
été-cédée.à la France par le traité de Vincennes ,
de l’an 1661 , confirmé par celui de 1718. Long*
*3 >46 ; lat. 4$ > 24. (R.)
SIREF. Voyei Seiref.
SIRGIÀN ou Serdgian , ville de Perfe , capitale
du Kerman. Ellé eft arrofée par plufieurs
canaux , ce qui en rend le féjour gracieux. Les
tables arabiques lui donnent pour long. 90 > zo ;
lat. J'eptent. 2 .9 ,30. (IL)
SÎRINAGÂR, ville d’A fie , dans les états du
grand-mogol, 8c capitale du petit royaume de
Sirinagar , fitué dans la partie méridionale de la
province de Siba. (I?.)
SIRMICH , SlRMISCH, SZEREM, OU SlRMIUMTy
en latin Sirmienfis comitatus, contrée dû royaume
de Hongrie , dans l’Efclavonie. Elle s’étend au
midi le long de la Save , qui la fépare de la Servie
& de la Rafcie. Le Danube la borne à l’orient,
le comté de Valpon au nord, & celui de Pofega
à l’occident. Les Turcs font aujourd’hui les
maîtres de cette contrée.
Sirmich , en latin Sirmium > lui a donné fon
nom. Ce bourg, qui figura autrefois parmi les
grandes v illes, eft fitué fur la rivière de Bofweth,
proche la Save , au pied du mont Arpareta, aux
environs de Mitrowitz , à 15 lieues n. o. de
Belgrade, 13 f. e. d’Effek au midi. Long. 38 > 6 ;
latit. 4 5 ,4 .
Ce fut autrefois le fiége d’ un évêché , fous
la métropole de Colocza. Il s’y eft tenu deux
conciles, l’un en 351 , 8c l’autre en 537. Dans
c e lui-c i l’ arianifme prévalut. Cette ville con-
fidérable fut ruinée par les Huns vers l ’an 460,
8c les Turcs ne l’ont pas rétablie. Ce n’eft
pas le chef-lieu du comté de fon nom , cec
honneur eft réfervé au bourg ou petite ville
' d’Illok-U jlak.
Sirmich étoit puifTante 8c célèbre -fous les
Romains-, c’étoit une très-grande ville, au rapport
d’Hérodien, liv. V U , ch. ij > 8c la métropole
de la Pannonie.
Dans le temps de fon Indre c’ a été la réfidence r
la patrie, ou le lie u de la fépulture de plufieurs
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