L’arfenal fat commencé par le duc Charles
Emmanuel I I , & le feu roi y a fait des augmentations
confidérables. Il s’y trouve une fonderie
& une école de rrtétallurgie.
La tour de la ville eft d’un grand effet 8c d’un
afpeâ très - agréable : au - delîiis de l’étage des
cloches, elle ceffe d’être quarrée -, il s’en élance
une autre tour oâogone, furmontée d’une grande
aiguille dorée, au haut de laquelle eft le grand
taureau de bronze, fymbole de la ville de Turinr
s élançant & jetant les flammes par les nafeaux.
Sur la place du marché aux herbes, eft l’hôtel
de v ille , grand édifice d’un bon genre, 8c qui
fut bâti en 1663. La façade en eft ornée d’ un
foubaffement ouvert en portique , & de deux
ordres d’architeâure, furmontés d’ un attique. Il
contient une apothicairerie publique où l’on fournit
gratuitement aux pauvres les médicamens
dont ils ont beloin.
La langue françoife n’eft point étrangère à
Turin dans la bonne compagnie. Cette ville a
vu dans^ fon fein des favans & des littérateurs
diftingues : je citerai M. de la Grange , mathématicien
du premier ordre , que le roi de Prude
a appellé à Berlin, pour y remplacer le célèbre
Euler-, le père Beccaria, phyficien très-connu, le
comte Alfieri, M. Bartoli, poëte & antiquaire.
Dans le commerce ordinaire, le louis d’or de
France ne pâlie que pour 20 livres à Turin 8c
dans le Piémont. La livre pèfe 12 onces , 33
grains 8c l de grains poids de marc. Le pied,
réduit en mefure de France , vaut 1 pied 6 pouces
& 11 lignes à. Le mille de Turin équivaut à
peu près à une demi-lieue -, il-y en a 48 au degré.
On fait à Turin quelques étoffes de fo ie , des
velours , des taffetas , des étoffes brochées ;
mais fon principal commerce eft dans les foies
de Piémont. Cette ville tire de la Suiffe la plus
grande partie de fes toiles , & beaucoup de draps
d’Angleterre.
Les revenus du roi de Sardaigne font de .2$
a 30 millions. Les impofitions publiques font
réparties en Piémont avec une fageffe & une
économie dignes de fervir d’exemple. Dans ce
petit coin du monde on fait apprécier les fueurs
de cette claffe d’hommes, en même temps la plus
négligée 8c la plus précieufe de l’état. '
A une lieue & demie de Turin , fur le haut
d’une montagne, eft la magnifique églife de la
Superga, commencée en 1 7 1 5 , & eonfacrée en
1731. Philippe Juvara en fut l’architeéle. La coupole
eft. décorée intérieurement de colonnes,
dont plufieurs font tories jufqu’au tiers. Ce lieu
eft^ deftine a la fepulture de la famille royale.
L’églife eft deffervie par des prêtres fécu-
liers. (R.)
* Turin (province d e ) , en latin Taurinenjis
ager, province particulière du Piémont. C’étoit
wn duché du temps des Lombards, qui ayoit fon
duc particulier qui réfidoit à Turin, félon Pau*
Diacre. (R .)
TURKEIM. Voyef Turckeim.
TURKESTAN. Voye\ Turquestan.
TURKMENS BLANCS. Voyei l’article Turquestan.
Turkmens Noirs, peuples de la Tartarie indépendante
, lur les bords de la mer Cafpienne.
Ils dépendent du kan de Karafm, ou roi de
Corcang, qui réfide à Chiwa, fur les bords du
Gihon. (R.)
TURME TIN GEN, ou Dirmetingen , dans
le comté de Waldbourg, eft la réfidence d’ un
comte deWaldbourg. (R.)
TURNHOUT , ou Tourhout , petite ville
des Pays-Bas, au Brabant & dans la Campine ,
avec titre de duché , avec un hôpital, deux cou-
vens, 8c une collégiale, dont le chapitre fut
fondé en 1398 par Marie de Brabant, ducheffe
de Gueldres. Turnhout a été bâtie par Henri IV ,
duc de Brabant, vers l’ an 1212. Les Efpagnols
furent taillés en pièces près de cette v ille , en
1')97 » Par Ie prince Maurice de Naffau. Le
quartier de Turnhout eft,de la dépendance de
la ville d’Anvers , 8c comprend quinze villages.
Long. 5 7 ; Ut. s i , 24, jo .
Dridoens ( Jean ) , en latin Driedus , théologien
du feizième fiècle , étoit natif de Turnhout,
8c mourut dans fa patrie en 1535. Ses ouvrages
théologiques, écrits en latin , ont été imprimés
plufieurs fois à Louvain , en 4 vol. in - f o l 8 c
in-40. ; mais on ne les recherche plus aujourd’hui.
(R.)
TUROBIN. Voyei Tourobin.
TURPEN AY , abbaye de France , au diocèfe
de Tours : elle eft de l’ordre de S. Benoît, &
vaut 12,000 liv. (R.)
TURQUESTAN ce nom lignifie le pays des
Turcs, 8c il eft aujourd’hui fort refferré , en
comparaifon de ce qu’il étoit autrefois. Les
hiftoriens de l’empire grec de Conftantinople ,
8c ceux de l’empire de la Chine, nous apprennent
que les Turcs formoient au fixième fiecle une
monarchie qui s’étendoit depuis la mer Noire
jufqu’â la Chiffe -, mais les divifions & les guerres
inteftines qui la déchirèrent, donnèrent lieu à la
plôpart .des peuples qui lui étoient affujettis , de
lècouer le joug. Les Turcs confervèrent cependant
encore un état affez confidérable dans le
pays dont il eft ici queftion , & dans la petite
Bukarie, c’eft-à-dire au pays de Cafchgar, où
M. Delille a placé le Turkeftan fmais Gengiskan
les fournit dans le treizième fiècle.
Le Turqueftan eft aujourd’hui borné à l’ occident
par la mer Cafpienne & le Jemba, au nord
par une partie de la Tartarie rufiienne, à l’orient
par les Eluths ou Caîmouçks , au midi par les
Ufbecks. Il eft traverfé par le Sir , anciennement
le Jaxarte, qui fe jète dans le lac Arall.
On diYife le Turqueftan, âinfi défigné, en
quatre parties , habitées par quatre peuples principaux
-, favoir : du midi au nord-oueft , i° . les
Tartares Poruttes, qui dépendent en partie des
Eluths leurs voifms , 8c font partie des Ufbecks :
-2°. les Kafats , ou Tartares de la horde ou tribu
de Kafatchia , dont une partie s’eft foumife aux
Eluths •, ils font mahométans , 8c en partie
errans 8c pillards , allant quelquefois jufqu’en
Sibérie, & ne cultivant de leurs terres , qui
£jnç fertiles , que ce qu’il leur faut précifément
pour vivre j leurs chevaux font d’excellens cour-
fiers qui vivent de pou ■, Tackund eft leur capitale:
30. les Mankats , ou Karakalpacs, Tartares vagabonds
comme les précédens ; ils font mahométans,
mais ils n’ont ni alcoran, ni doéteurs, ni mof-
quées : Turqueftan ouTiourcouftan eft leur capitale;
elle eft fituée fur le Sir, & c’eft la réfidence
du kan pendant l’hiver : fa long. y 4 , 25 ,* lat.
9 30 % 4°. les Turkmens blancs qui habitent
entre la mer Cafpienne 8c lé lac Arall ; ils font
aufli mahométans 8c n’ont point de demeures
fixes. (R.)
TURQUIE , vafte empire, un des plus grands
üe l’univers , & qui s’étend en Europe , en Afie
8c en Afrique. On lui donne ordinairement 800 li.
d ’orient en occident, & environ 700 du fepten-
trion au midi.
Les Turcs font Scythes d’origine , 8c ils habitaient
autrefois dans la grande Tartarie. Ce
n’eft que dans le moyen âge qu’ils furent connus
fous le nom de Turcs ; ils ne le regardent pas
eux-mêmes comme leur étant propre , mais comme
un titre d’honneur. Le mot Tur ^ pris adjeéli-
vement, fignifie éminent, & fubftantivement il
défigne un chef. Leur morzar, ou prince Ordogrul.
mourut l’an de l’hégire .687, & de Jéfus-Chri.?
1288. Il eut pour fils Ofman ou Othman , homme
plein d’ambition & de bravoure , qui jetta les
îondemens de l’empire que nous appelions, par
corruption , Vempire ottoman ; il fit de grandes
conquêtes tant en Afie qu’en Europe, profitant
des querelles qui régnoient entre les foudans de
Perfe 8c les Sarrafins ; il fut encore fe fervir à
propos de la défunion de tous les petits fou-
verains qui s’étoient appropriés de grandes provinces
, 8c q u i, en qualité de membre de l’empire
grec , ufurpoient le titre de duc , de def-
pote & de roi. Ces petits fouverains n’eurent
point d’autre reffource dans leur défefpoir., que
de fe jeter entre les bras des Turc s , de s’accommoder
à leurs lo ix , à leurs rites 8c à leurs
principes.
Une branche- de cette nation établit au treizième
fiècle un petit royaume dans la Natolie,
dont la capitale fut Çogni ou Icône. Au commencement
du quatorzième fiècle , Othomàn ,
ou mieux Ofman, chef des princes Turcs d’aujourd’hui,
s’empara de la plus grande partie de
la Natolie , 8c porta fes vues fur la ville de
Surfe , capitale de la Bithynie , pour y établir
le fiége d^Jon nouvel empire. Charmé de cette
ville fituée proche de la mer de Marmara, au pied
de l’Olympe , dans une agréable plaine arrofée
d’eaux minérales, froides 8c chaudes, en un mot,
une des plus belles contrées du monde, il y fixa
fa réfidence, 8c y bâtit un palais qui juftifie par
fa ftruélure que le luxe dans ce temps-là n’excé-
doit point lès revenus. Il fît aufli conftruire
plufieurs mofquées, dans une defquelles eft fon
tombeau. Ses l’uccefleurs firent de grandes conquêtes
fur les Grecs , & renversèrent enfin leur
empire, l’an 1453? en fe rendant maîtres de
Conftantinople. Ce fut le fultan Mahomet I I qui
l’enleva à Conftantin Paléologue X V , dernier
empereur des Romains Grecs.
L’empire ottoman s’eft prodigieufement augmenté
fous le règne de 19 empereurs , depuis
Ofman jufqu’à Mahomet I V , & fous le gouvernement
de 115 premiers vizirs jufqu’à la mort
de Cara Muftapha, qui fut l ’auteur du fiége de
Vienne. Mahomet IV fit la conquête de Naifel,
de Candie, de Kaminieck & de Zegrin ; en forte
que les limites de l’empire ottoman, en 1680,
s’étendoient à l’occident des deux côtés du Danube
, julqu’à 16 lieues de la capitale de l’Autriche.
Il comprend la Turquie d’Europe , la
Turquie d’Afie , 8c l’Egypte. Voyei chacune en
fon lieu. Pour ce qui eft des régences de Barbarie
, il y a long-temps _qii’elles ne font plus
regardées comme partie de J’empire du grand-
feigneur, depuis qu’elles fe font difpenfées de
lui envoyer le tribut qu’elles lui payoient autrefois.
C’eft un grand embarras dans l’empire ottoman
que de pouvoir gouverner un état compofé de
nations fi éloignées de la capitale , & fi différentes
par rapport au langage & par rapport à la
religion. On peut facilement comprendre que de
ce grand nombre de nations différentes, on ne
fauroit tirer des milices pour"défendre l ’empire ,
à moins qu’à chaque fois les bachas n’enrôlens
à bas prix la plus vile populace , 8c des chrétiens
même, faute d’autres fiujets. Pour ce qui eft des
troupes de la Moldavie 8c de la Valachie , les
Turcs ne s’en fervent qu’ à groflir leur armée ,
à difpenfer les braves foldats de certains emplois
désagréables , 8c conferver l ’ulàge d’avoir ces
troupes infidèles hors de leur pays, fous les yeux
d’une armée, lorfque la Porte eft'en guerre avec
les puiffances chrétiennes.
L’exercice des loix 8c de la juftice eft confié
dans ce grand empire à des juges de differens
ordres. Les moins conftdérables de tous, font les
cadis , enfuite les mollas, 8c puis les cadileskers ,
dont les fentences font portées devant le mufti
en dernière inftance. Ces juges font diftribués
dans tout l’empire par départemens ; & la dignité
de cadilesker eft partagée en deux, l ’une pour
N h ij