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Idore enfuîte. Elles font placées en plulîeurs rangs
dans un Heu éminent, oit eft l’autel.
Dans quelques tem p le s, elles font rangées le
l e long des murailles, affiles les jambes croifées ,
toutes n u e s , excepté au milieu du co rp s , où
elles font ceintes d’un morceau de drap jaune
fon cé i elles ont au-ffi , depuis l’épaule gauche
}ufqu’au n om b r il, une autre pièce de drap de
la -m êm e couleur tortillée. Leurs oreilles font
.fen d u e s , & fi longues , qu’elles defeendent fur
.les épaules -,. leurs, cheveux lbnt frifes & noués
fur la tête ■, en deux noeuds-, de forte qu’on ne
peut pas diftinguer fi c’ eft un bonnet ou qüel-
qu’autre efpèce d’ornement. La main droite eft
pofee fur le genou d r o i t , & la gauche fur le
giron. A la place d’ honneur, qui. eft le milieu,
i l y a une id o le qui excède de beaucoup la grandeur,
d’fin homme , affile dans., la même pofture
fous un ‘dais elle, repréfente leur apôtre , ou
le fondateur da leur religion y leur Sammona-
JKhodura.
C e Khodum.a.des ftatues. d’une grandeur monf-
trueufe dans quelques, temples. Kæmpfer a vu une
de ces. idoles affile fur un lieu élevé. dont la proportion
étoit telle,, qu’elle a u ro it , . étant droite
ia o .p ied s .d e haut. Ces. fortes d!idoles font dans
la même- pofture où- Khodum & fes. difciples. fe
mettoient, îorfiju’ ilsé to ien t dans leurs méditations
xeligieufes» Les. prêtres fes feéUteurs font encore
obligés par leurs, règles.de s’âffeoir tous.les.jours
en certain temps pour l’exercice de leur dévotion.
Ils portent auffi le même habit -,. ils vont la tê te
nue & .‘ ralee -, & pour fé garantir du fo lé i ï, ils.
fe couvrent le vifage d’ un éventail fait dë bois. &
de- feuilles, de palmier.
- Les maifons des moines fon t près, dès temples.,.
elles,fon t allez chétives i, mais à;ira des cotés
ils o n t leur école publique. Ce tte école; e f t une
grande, fallè. o ù l’on, monte par quelques. der-
g rés & au lieu dé fenêtres, il y. a plufieurs.
petites lucarnes , pour donner de l’air aux étu-
dians pend'ant. les leçons •, cette faîte eft; remp
lie dë bancs. Au milieu, eft une eftrade fur
laque lle il y a un pupitre ouvragé St doré •, un
v ieu x prêtre y vient à'certaines,heures lire d’ ïinë
v o ix lente & diftin&e fés. leçon s aux jeunes... étu-
diansl Lorlqu’ i l prononce certain m o t , fës, auditeurs,
mettent leurs-mains-liir-leur front y mais
en général ils ne brillent pas. par leur dévotion",
ca r pendant les lëçons le s uns, coupent du pi-
nang , d’ autres le mettent en poudre d^àutees
mêlent, du mercure avec, du lus, de quelques
herbes r & d’ autres s’ amuiènt a, autre- choie.
Près du pu pitre, ou dans, un autre endroit
de là folle , on v o it l’ idole d’Am id a ,. fe tenant
debout fur la fleur ta ra te , fa b a Æ g yptiaca* o u
Nymphoea magna : ils-croient qu’ il intercède pour
le s âmes des morts. Autour dè là faite pendent
des- fleurs 8c des couronnes de papier, des ban-
dej'olleSÿ 8c d’autres ornemens-dorés ? attachés
$ I A
a des bâtons de bambou , qu’ils portent daflS
les convois funèbres. On remarque encore des-«
vant le pupitre une efpèce de table , faite da
bambou joints groffièrement enfemble, & cour,
verte de pièces de drap jaune , dont les. prêtres
fe couvrent la ceinture. Ce tte table e ft ordinairement
jonchée de fleurs , 8c quelquefois chargée
de plats pleins de r i z , de p in a n g d e p ifan g ,
de poiffon f e c , de limons, mangoftangs , 8 c au très-
fruits du pays-, qui. font des offrandes & des pré-
liens qu’on fait aux moines du couvent.
I l y a plufieurs villages autour de Siarn. : dan»
quelques-uns les vaifièaux y fervent de maifons-,
& contiennent chacun deux ou trois familles-
Ils conduifent ces maifons flottantes dans tous,
tes. endroits où l’on tien t des foires , pour y
vendre leurs marchandilës. Dans le s villages fitués.
en terre- ferme, les. maifons font communément,
hâties de bambous., de r o f e à u x 8c de planches.
Quelques-unes de celles qui font le long de la r ivière
, font élevées fur des. piliers de la hauteur,
d’une hraffe, afin que les eaux qui inondent le pays.,
pendant quelques, m o is ,. purffent paffer librement,
deffous.. Chaque mai-foin a un degré ou une écheller
pour deicendre à terre quand les eaux.fe font re.-
eiréesy. 8c un. bateau pour, a ller aux environs lorir1
qu’elles, font, hautes».
C ’eft fur le s éminences, que font bâtis hors de*
la v illa plufieiirs temples & couvens : c’eft là que-
font les cimetières où l’on enterre les morts , 8c
les cours où.l’ an.brûle leurs.osi,, & a ù ü o n élève
de magnifiques pyramides.
Entre ces pyramides élevées, proche de Siarn ,.
i l y en a. une fàmeuiè à une lieue au:h. o. delà
ville . Elle eft: d'une ftruâure maffive r mais,
haute de plus de v in g t brafles., & placée dans un
quarré fermé d’ une muraille baffe. Cet.-, édifice
ré fui té de deux parties, l’ une fur l’autre celle de..
delîbus eft quarrée -, chaque côté a cent quinze-
pas de long , 8c s’élève à. la hauteur de plus de:
douze braffes.; % elle, a quatre étages bâtis l’un fur
l’a u t r e -, 8c. l e plus, haut s’ étréciffant.,. laiffe fur
le. fommec. de ce lu i qui.eft immédiatement deffous,,
un.eipace.vui.de pour marcher tout-autour : chaque,
étagé e f t embelli, de corniches. La fécondé, partie
de la pyramide, eft pofée fur la première, ch a-
ame. de: fes. faces., a trente - fix pas de long. Le:
piëdeftal de .cette fécondé-pièce eft oclangulaire.-,.
8c. s’élève, enfuire en. forme de clocher •, fur le.;
haut., il y a. plufieurs. colonnes, qui foutienhent:
une multitude de globes, qui fe cumulent en.
pointe , c!eft-à-dire , dont les diamètres diminuent.
en s’élevant -, le tout finit' par. une aiguille.:
fort longue 8c fort déliée.;
L e s Hollandois. font le. principal commerce dè
Siam y, mais malgré les préfens que le roi exige:
de la compagnie, il livre des. marchandifes aux.
navigateurs, de toutes, les.nations.,.8c iLën reço it
d’eux - feulement ceux-c i font obligés.de. s’arrêter:
à l’ embouchure du. M enam, au lieu que les Hoh;
s i B
ïa n d o ïs rem o n ten t ce fleu v e ju fqu ’ a la capitale^de
l’ em p i r e -, cepend ant ils n’ y e n v o ie n t ç lu s qu un
vaiffeau ch a rg é de ch e v a u x de Java , de fo e re ,
d’ ép ic e rie s 8c d e to i le s : ils en t ir e n t de l’e ta in
à JJJ l iv . lé c e n t , d e la g om m e - la cq u e a 57 Ev .
4 l o i s , des d en ts d’ éléphans à 3 l iv . 12. fo ls la
liv r e - , 8c d e la pou dre d’o r en p e t ite q u a n tité .
S I A N , p e t it é ta t d’A f r iq u e , dans la b a f fe -
E th io p ie , au v o ifin a g e d e c e u x d e C h e lic ie &
d ’ A inp aza . I l eft g o u v e rn é par un fe ign eu r M a h o -
m é tan . ( R . ) . . .
SIAN GY ANG , ville de la Chine , troihème
métropole de la province de Huquang, avec un
beau palais , & près de la riviere de Ham. Long•
z a .9 , zfl- / lat. 3X , x8. (& • ). _ , .
S IA R A , cap ita in e r ie de l’Am é r iq u e m e r id io -
n a l e , dans le B r é f i l , t a la c&te fe p t e nm o n a le ,
en tre c e lle de M a ra gn o n 8c c e lle d e R io -G r a n d e -,
le s P o r tu g a is y o n t deu x fo r te r e ffe s . L e s fau v a g e s
d e c e tte c ô t e fo n t g rand s -, ils o n t le s ch e v eu x
l o n g s , le s o r e ille s p e r c é e s , pen dantes prefque
fu r le s épaules , 8c la peau te in t e en n o i r e x c e p t é
depuis le s y e u x jufqu’ a la^ b o u ch e . Long. 33% >
la t . mérid. 3 , 1 5 . ( R •) , I , ,
S I B A , p ro v in c e de l ’em p ire du M o g o l , bo rnee
au n o rd par c e lle de N a g r a c u t , au m id i par ce lle s
d e G o r & de J am b a , au le v a n t par le G ran d
T i b e t , 8c au cou ch an t par la p ro v in c e d e Pen g ap .
.O n v o i t dans fa p a rtie fep ten tr io n a le l e la c d ou
f o r t le G a n g e -, & dans fa p a rtie m é r id io n a le
f e trou v e- la V ille 8c le p e t it ro y aum e d e S i r i -
îia g a r . (IL) . 0
S i b a ( l a ) , r iv iè r e d e la g ran d e T a r t a n e , cc
q u i s’ ap p e llo it au tre fo is A l t u i . E lle a fa fou rce
dans le s m o n ta gn e s d’ une b ranche du C a u c a fè ,
à 4 3 d e g . de lat. au lu d des. fou rce s de la J é n ifé a ,
& e lle fe perd v e r s l e n o rd des d é fe r ts du^Gobv.
S e s b o rds fo n t h a b ité s par les M o n g a le s d e l’o u e ft j
q u i o'n t un petit- k an pour ch e f, ( f t . ) • • • •• - r
; S IB É R IE -, o r ig in a ir em en t l e 5 n om d e Sibér ie
n ’ appart'ènoit qu’ à là pa rtie iiiéiridionale d è ^ la
p ro v in c e de T o b ô ls k , dans la g ran d e T a r t a r ie :
aujourd’h u i , dans un fens plus é t e n d u , ^ i l fe ;
don n e à - to u te la partie fep ten tr io n a le d e l’A f ie ,
& e lle con fin e v e r s le no rd a la m e r G la c ia le *,■
au m id i , à la T a r ta r ie in d épëùd an te & a la Tar--
ta r ie ch in o ife i-, -du- cô té ;d é : l’o c c id e n t , e lle tou ch e
à ,1a Ru ffie eu ropéenne & au g o u v e rn em e n t de-
C a f a n -, à l’ o r ie n t , e lle e f t b a ig n é e de l’ O c é an
o r ie n ta l. A in f i la S ib é r ie -pëut 'a v o i r t re iz e c ents
l ie u e s dans f a plus g ran d e é ten d u e d’ o c c id e n t en
o r ie n t , & c in q c en ts lieu es du m id i au n o rd . ;
r C om m e c e g ran d p a ys e f t f itu é e n t r e le 50e
& le 7 0 e d e g . ‘dé la t• , le f ro id y e f t e x c e ffiv em en t
r ig o u r e u x dans le s p a rtie s fe p t e n t r io n a le s -, mais
v o i c i u n e autre- caufe q u i a u gm en te l e frp id
iu fq u ë dans le s can to n s m é r id io n au x . L a S ib é r ie ,
ji’ e f t à p roprem en t p a r le r , qu’ une la r g e v a llé e
$*uyerte aux v e n t s du n o fd q u i la t ra v çr ien p fans
S I B Ï95
obftaçle depuis la nouvelle Zemble jufqu’ aufommet
du Païaffemnoï -, o r , cette expofition y rend le
froid plus exceffif .que dans des; pays fspten-
trionaux tels que la Suède , mais que des montagnes
mettent à l’ abri du nord-
Le fleuve Jenifeia divife ^la. Sibene en deux
parties qui diffèrent fingulièrement : ÿ l ? qu*
eft en deçà de ce f le u v e , retrace la Ruffie européenne
-, c e lle ,qui eft a u -d e là , eft t r e s - mon-
tueufe ; elle nourrit des animaux & on y trouve
des plantes qui ne fe vo ien t point dans la pre-
mière. ^ ^
C e tte cpntrée éprouve en été des chaleurs aullt
exceffives que \e froid l’eft en hiver *, elles font
même fi violentes , que les Tungufiens qui demeurent
dans la province de J akutzk, vont alors
la plupart du temps tout nuds. En cette faifon y
le fo le il'n e fe couche point pour ceux , qui font
vers la mer Gla cia le , qui le voient tourner autour
d’eux.
La Sibérie fournit les plus riches fourrures ;
& c’eft ce qui engagea à la faire reconnoître en
1563 . Ce fut fous Ivan Bafilideç , qu’ un particulier
des environs ;d’ Archange 1, nomme A n ik d 9
riche pour Ion état 8c pour fon pays , remarqua
que des hommes d’une figure extraordinaire»
vêtus d’ une manière jufqu’ alors inconnue dans
ce canton , & parlant une langue que perfonno
n’entendoit, defcendoient tous^ les ans une r iv ie re
qui tombe dans la D w in a , 8c venoient apporter
au marché d e sm a r t r e s 8c des renards noirs ,
qu’ ils troquoient pour des clous 8c des morceaux
, de verre , comme les premiers fauvages de l’Ame*
j rique donnoient leur or aux Éfpagnols •, il les fit
;. fuivre par fes enfans 8c par fes valets jufque dans
leur pays : c’ étoient les .Samojèdes.
L e s ,;domeftiques d*Anika, .étant. ,^e retour ,
rendirent compte à leur maître de l’état du pays
| qu’ ils avoient v u , & de la facilite de gagner
I des, riçheffes immenfes en portant aux habitans
i des marchandifes de peu 4e valeur contre leurs
: belles pelleteries. Anika profita de cet a v is , 8c
fit fi bien:;, qu’en peu ÿ an n ées , fes gens , fes
parens & ' fes amig fo trouvèrent enrichis par ces
, nouveau ttafio«
Les A n i c i e n s , . c’ eft ainfi qu’ on les n opm a y
fe: voyant comblés de biens , 8c craignant le!f\
révolutions de la fortun e, fongerent , pour fe?-
ma intenir, à fë procurer un appui dans la p er-
fonne du premier minifite : on les écouta favo •
i rablement, & peu de temps■ après , l’ empereur
de Ruffie fu t reconnu par tous le s •Samojedes
ppijr Jeur fouvçrain. ^
Ôn éleva des fortereffes le long de la rivière?
4’0 b y ;, on ,y mit des garnifons ^ 8c pn .nomma
un gouverneur général de tout le pays- On continue
d’ y 1 envoyer des colonies, de R u f f e s ,, d e ,
T a r ta re s , de Polonois -, on y condamne^ même ,,
comme; à un e x i l , des voleurs , des miférableg
8ç autres gens qui font l ’ eçume des^ homme?
B b ij