
d’étoffes de fo ie , & de celles de velours quï
y l'ont établies, & dont les matières premières
font du crû du pays , qui fournit aufli à l’exportation
une grande quantité d’amandes. Ses
manufaâures de draps ne font pas fort importantes.
Valence a une citadelle élevée , conftruite au-
delà du fleuve. Son univerlité , qui a toujours
été une des premières de l’Efpagne, ce qui n’ eft
pas beaucoup d ire, fut fondée en 1410 , 8c
fon académie des beaux-arts le fut en 1768. Il
y a une audience royale q u i, outre le gouverneur
& le capitaine général du pays , a encore
un régent. Elle eft compofée de huit confeillers ,
de quatre officiers pour le criminel, & de deux
fi'fcaux. La noblefle qui fait un corps* à part ,
reffortit à une chambre particulière, qu’on nomme
la chambre de la députation. Cette ville a aufli ,
mais à fa honte, un tribunal d’inquifition. Il s’y
tint un concile en 524. Long. , fuivant Caflini,
1 6 , 46' y lat. 39 , 30.
On trouve à Valence divers monumens. d’antiquité
-, c’eft en effet une ville très - ancienne ,
8c elle fut fondée l’an de Rome 516', près de
deux cent quarante ans avant Jéfus-Chrift , par
de vieux foldats qui avoient fèrvi fous le fameux
Viriatus, de là vient que les habitans prenoient
le nom de Veteres, ou de Veterani, comme il
paroît par l’infcription fuivante qu’on a trouvée :
C. Valenti hojîiliano. Mcfîio. QuinSio. Nobilif-
Jimn. Coef. principi juventutis Valentini. vetera.
& veteres. Pompée détruifit cette ville dans le
temps de la guerre de Sertorius ; mais elle fut
rétablie dans la fuite. Les Maures qui s’ en étoient
faifis , la perdirent dans le onzième fiècle , par
la valeur de Rodrigue Dias de Bivar, furnommé
le Cid. Ils la repfirent après fa mort, arrivée
l’an 1096 , & s’y maintinrent jufqu’en 1238 ,
que Jacques I , roi d’Aragon, la leur enleva
pour toujours.
C ’eft dans cette ville que naquit le pape
Alexandre V I , mort à Rome en 1503, à l’ âge
de 72 ans, laiflant en Europe, dit M. de Voltaire
, une mémoire plus odieufe que celle des
Nérons & des Caligula , parce que la fainteté
de fon miniftère le rendoit plus coupable. Cependant
c’ eft à lui que Rome dut. fa grandeur
temporelle, & ce fut lui qui mit fes fuccef-
feurs en état de tenir quelquefois la balance de
l’Italie.
Furius- (Frédéric) , furnommé Scriolanus, à
caufe qu’il étoit né à Valence, dont les _habi-
tans étoient appellés vulgairement Sériols, mourut
à. Valladolid l’ an 1592* Son traité du confeifler,
del conçejo. y confejcro , a été fort eftimé , il y
en a une traduâion latine imprimée à Bâle, in-8°.
en 1563 , & enfoite à Stralbourg, in - ta. On
ïui fit des affaires pour avoir mis au jour en
latin un fort bon traité intitulé Sononia, dans
lequel il foutenoit qu’ il falloit traduire l’Ecrï-*
ture-Sainte en langue vulgaire. Il ne fallut pas
moins que la proteéiion de Charles-Quint pour
préferver l’auteur de l’orage qu’on éleva contre
lu i , mais la lecture de fon livre a été défendue
par l’index du concile de Trente.
Minianà ( Jofeph-Emmanuel ) naquit à Va-«
lence en 1572 , entra dans l’ordre des religieux
de la rédemption des captifs , & mourut en 1630.
Il eft auteur de là continuation de l’hiftoire d’ Ef*
pagne de Mariana, & il y travailla douze ans,.
Quoiqu’ il promette dans fa préface la plus grande
impartialité, perfonne n’a efpéré de la' trouver
dans une hiftoire écrite par un religieux elpa-
gn o l, qui doit raconter tant de chofes concernant
des troubles de religion arrivés fous Charles-
Quint & fous Philippe II ; aufli n’a-t-il puifé
tout ce qu’il dit fur cette matière , que dans
des auteurs remplis des mêmes préjugés que lui ;
8c pour ce qui regarde les troubles des Pays-
Bas , il n’a fait qu’ abréger le jéfuite Strada. En
parlant de la mort tragique du prince d’Orange
Guillaume I , il loue extrêmement, liv. V I I I y
ch. 13 , p. 34x , col. t , la confiance avec laquelle?
l’affaflin Balthazar-Gérard fouffrit la mort \ &
loin d’infinuer que ce parricide la m é r i to i t ,i l
remarque que la tête de Gérard, expofée au
bout d'une pique , parut beaucoup plus belle qu’elle
n’étoit quand il vivoit. Il traite en même temps
de monftres 8c d’hommes déteftables , des gens
illuftres qui n’ont eu d’autres défauts que de ne
pas penfer comme l’églife romaine. Le père Mi-
niana auroit dû fe fouvenir de la difpofition où
il dit lui-même que doit être un bon hiftorien :
a de fè regarder comme citoyen du monde, de
» tout peler à la balance de .Thémis avec la
» dernière exaââtude , & fur-tout avec un amour
» dominant de la vérité ». Au refte , fon ftyle
n’eft point aufli net & aufli dégagé que celui
de fon modèle. U s’eft propofé mal-à-propos d’ imiter
Plaute, 8c quelquefois fes phrafes , par
leur concîfion, font obfcures 8c embarrafféesi
Vivès (J e a n -L o u is ) naquit à Valence en
149a , & mourut à Bruges en 1540, à 48 ans.
Il a beaucoup écrit, 8c avec peu d’utilité pour
le public cependant fes ouvrages recueillis &
imprimés à Bâle en 1555 en deux vol. in-foL ,
ont été recherchés dans le 16P fiècle.
Noublions pas Ferrier (Vincent) , dominicain
, qui fleuriffoit vers le milieu du quatorzième
fiècle. Benoît XIII le choifit pour fon confef-
feur -, & comme il avoit un talent peu. commun
pour la prédication, il fe rendit bientôt fameux.
Il fit aufli des miracles en nombre, 8c fut ca-
nonifé'. Ce faint thaumaturge , dit le père d’Orléans
, n’avoit pourtant rien de farouche 8c d’em-
barrafle lorfque fon miniftère lé mettoit dans le
commerce du monde , & à la cour des princes.
On tâcha de l’attirer dans l’affémblée du concile
de Confiance, par deux raifons f l’une pour
■ qu’ il aidât par fon crédit à terminer les affaires
■ épineufès qui occupoient les pères,. & l’autre
'pour l’empêcher cPautorifer les Fiagellans , dont
-la feéte avoit -fait de grands progrès malgré les
•édits des empereurs , 8c les bulles des papes.
Vincent Ferrier les favorifoit extrêmement
par fes manières & par fes adions qui refîen-
-toient beaucoup le fanatifme : il marchoit fou-,
vent à la tête d’une foule prodigieufe de pé-
nitens, qui fe fouettoient jufqu’au fang , & qui
couroient par-tout après lui pour l’entendre prêcher.
On peut juger que le faint voyoit fans'
•chagrin les fruits. de fa prédication , 8c que fi
les Fiagellans aimoient à l’entendre , il n’étoit
-pas fâché d’en être fuivi. Le concile de Confiance
eut beau s’y prendre avec dextérité pour
ramener le dominicain \ il ne voulut point fe
rendre à l’ aflemblée , malgré les follicitâtions
«mpreffées du roi d’Aragon même. Il mourut a
Vannes en Bretagne le 5 d’avril 1419 , jour auquel
en célèbre fa fête dans l’églife romaine depuis
fa c^nonifation. On a de lui quelques ouvrages
dont on ne fait aucun cas. (R.) Valence , Valentia, Civitas Valentinorum ,
ville de France allez confidérable, dans le Dauphiné,
capitale du Valentinois , fur la rive gauche
du Rhône, à 10 li. au n. o. de D ie , à 12 li.
-de Viviers , à 16 au midi de Vienne , 8c à
124 de Paris.
Elle eft entourée de bonnes murailles'.’ C’ eft
le fiége d’ un évêché , d’un gouvernement par- -
ticulier, 8c d’ un lieutenant de roi •, il. y a bail-
lage , préfidial, élection, 8c fénéchauffée. Outre
la cathédrale , il s’y trouve une églife collégiale
, une abbaye de chanoines réguliers de
l ’ordre de S. Auguftin , dédiée à S. R u f, &
«hef d’ordre ; deux autres abbayes, fix couvens,
.un féminaire, un collège, 8c une univerftté.
On y remarque la citadelle ou le gouvernement,
8c le palais épifcopal , dont la partie la
plus digne d’attention eft la nouvelle galerie ,
conftruite fur le bord - du Rhône.
Le diocèfe de Valence renferme 140 paroiffes ,
quatre abbayes d’hommes , deux abbayes de
femmes, 8c trois chapitres. L’ abbaye de S. Ruf
fu t fondée vers l ’an 1038 , d’abord hors des
murs d’Avignon, par quatre chanoines de la
métropole y comme ils fe retirèrent dans l’églife
de Saint-Ruf ou Roux, près de la Durance , le
nom leur en eft refté. Cette églife ayant été
ruinée durant la guerre des Albigeois , les religieux
vinrent s’établir près de< Valence, dans
l’île Eparviere, que Raimond avoit achetée de
Eudes, évêque de Valence , où il fit bâtir un
beau monaftère. Il fut renverfé en 1562 , pendant
les guerres de religion ; alors ils fe réfugièrent
dans leur prieuré de Valence , qui eft
devenu chef. d’ordre. Henri IV approuva cette
tranflation en 1600. Quarante abbés généraux
Glogr. Tmùe I IL
ont gouverné cette congrégation depuis fort éta-
bliflement. Les papes Anaftafe IV , Adrien IV ,
Jules I I , ont été chanoines de Saint - Ruf. Les
cardinaux Guillaume de V e r g y , Amedée d'Al-
bret , & Angélique de Grimoald de C r ifac ,
fondateur du collège de Saint-Ruf, à Montpellier
, en 13 é'5 , avoient été de cette congrégation.
Les biens de l’ordre de Saint - Ruf viennent
d’être réunis à l’ ordre de S. Lazare, &
l’abbaye à l’ évêché de Valence.
L’évêché établi dès le troifième fiècle , eft
fuffragant de Vienne.—Cet évêché vaut environ
-20,000 liv. de revenu.
L’ univerfité avoit d’abord été fondée à Grenoble
par le Dauphin Humbert I I , & fut transférée
à Valence par Louis X I , l’ an 1454. Elle
eft compofée de trois facultés , 8c n’a pas fou-
tenu fa première réputation. Long. 22., 30 y lat.
44S S8-
Cette ville eft une des plus anciennes de*
Gaules -, car elle étoit déjà colonie romaine du
temps de Pline le naturalifte. Après l’ inftitution
des nouvelles provinces , elle demeura fous la
première Viennoife -, & après la. ruine de l’empire
romain , elle fut foumife aux Bourguignons.’,
8c enfuite aux François- Mérovingiens-} fous les
Carlo vingienss elle fut du royaume de Bourgogne
8c d’Arles , & reconnut' ceux qui n’étant pa*
de la race de Charlemagne , .jouirent de ce
roÿâumé.
Il s’eft tenu à Valence fix conciles généraux,
fuivant quelques auteurs , & félon d’autres , troiâ
feulement -, favoir én 374 , 584, & 8,5.5.
Il s’y fait un alfez bon négoce en laines7 &
en peaux.
Sautel ( Pierre-Jufte) , jéfuite, né en 1613
à Valence , s’eft diftingué par fes petites pièces
en vers latins, lefquellés font délicates 8c in—
génréufes. On eftime fon élégie fur une mouche
tombée dans une terrine de lait % fon effaim
d’abeilles, diftillànt du miel dans le carquois de
l’Amour \ fa querelle des mouches ; fon oilbau
mis en câge -, fon perroquet qui parle, &c. Il
mourut à Tournon en 1&02 , âgé de 50 ans.
Baro (Balthazar)$ né à Valence en 1600 ,
8c reçu à l’académie françoife en ié.33 , 'fut
gentilhomme de mademoiièlle Anne - Marie-
Louife d’Orléans , fille de Gafton. Il mourut ea
ï 6 50. L’ouvrage qui lui fait le plus d’hon'r
neur , eft le cinquième tome S'Aftrée, qui en
formoit la conclufion, 8c qui ne fut guère moins
bien reçu que les quatre autres volumes donnés
par M. d’ ürfé , dont Baro avoit été fecrétaire.
Le grand fuccès de ce roman produifit ceux de
Gomberviile , de la Calprenèdë, de Des-Ma-
rais , & de Scudery. Que de différence entre
les romans de ce 'temps - là , & ceux de Ri-
chardfon l Baro fit aufli neuf pièces de théâtre
S s s