
province Lyonnoife. Pierre Juenin a mis au jour
a Dijon , en 1733, en 2 vol. in~/f° ? l’hifloire de
cette ville t qui a z paroiffes deflervies par des
mépartifles , z couvens , un petit college, un
hôpital, ou maifon de charité pour les enfans.
On y trouve une tour fort ancienne , qu’on nomme
la tour des échelles, ou la tour delà Monrioie 3
parce qu’on prétend que les abbés de Tournus y
faifoient battre monnoie.
Cette ville efl la patrie de Jean-Baptifle Greuze,
qui s’efl fait une réputation fi bien méritée
dans la peinture , & qui tient un rang diflin-
gué entre les plus exeellens peintres de notre
nation. Il a réufîi fur-tout, a peindre le fen-
timent. Son coloris d’ ailleurs, efl vrai, brillant, &
plein de fraîcheur. Parmi les produirions de l’on
pinceau , je citerai la dame bienfaisante, la ma-
lédichon paternelle , le père de famille qui lit la
bible à J'es enfans , le paralytique > ( à l’impéra-^
trice de Rufïie ) Vaccordée de village, la cruche
cajjee , la prière a VAmoury le baifer3 la petite fille
au chien. , le fils puni, la mère bien aimée y (à
M. de la B ord é e,) l*ivrogne & j'es enfans, Va-
veugle trompe. le jîlence , le portrait de madame
Greu[e, peinte en jauvage.
Maignon (Jean) , poète françois, étoit auffi
de Tournus : il fit les études chez les jéfifites
de Ly on , & fut quelque temps avocat au préfidial
de cette ville : il vint eniuite à Paris, St s’y
établit. Il y mourut aflafILné , dit-on, fur le pont-
neuf en 1661 , étant encore aflez jeune. Il a
compofé beaucoup de m'auvaifes tragédies , en-
tr’autres Artaxerce , qui fut repréfentée par l’z7-
lufire théâtre • c’ étoit le nom que prenoit une
fociété de jeunes gens , du nombre defquels
etoient Molière & Maignon, & qui s’exerçant
a la déclamation, repréiëntoient des pièces, tantôt
dans le faubourg Saint-Germain, 8c tantôt
dans le quartier Saint - Paul. Artaxerce fut
imprime a Paris en 1645. Les autres pièces de
Maignon font ; les Amans dijcrets, 1645 ; le
grandTamerlandb Ba;a{et, 1648; le mariage cVO-
rondate & de Statira, 1648 , Zénobie , reine de
Palmire, 1660 y fon Encyclopédie parut à Paris,
z/2-40. fous le titre de la fcience univerj'elle, 166y,
l ’auteur mourut pendant qu’on l’imprimoit. Lorf-
qu’il trayailioit à cet ouvrage, quelqu’ un lui
demandant s’il feroit bientôt achevé ; bientôt
dit-il , je n’ai plus que mille vers. Le fingu-
lie r , c’ efl de faire une Encyclopédie en vers ;
on n’ a peut-être jamais rien imaginé de fi ridicule.
Defpréaux n’a pas .eu tort de mettre Mai-
gnon au rang des froids écrivains.
On ne lit guère plus Rampale & Mefnardîère
Que Maignon du Souhait % Corbin „ & la Morlière..
Scaron a dépeint admirablement le poète Maignon
dans certaine épître. chagrine, où il lui
fait dire qu’il a aufli deffein de mettre en. yers
les conciles. ( R. )
TO U R N Y , bourg de France, en Normandie,'
au diocèfe de Rouen, avec un château & titre
de marquifat. (/?.)
TOUROBIN , ou T urobin , petite ville de
Pologne, dans le palatinat de Ruflie, a 3 li. de
Chebrechin, & de la dépendance de. Zamoslci ,
principauté d u palatinat de Belz. (R.)
* TOURS , Turones, ancienne, grande Sc célébré
ville de France, capitale de la Touraine ,
dans une agréable èc fertile plaine , fur la rive
gauche de la Loire , entre cette rivière qu’on y
paffe fur un beau pont, & le Cher qui s’y jète
un peu plus bas. C’efl le fiégé d’un archevêché-
& du gouvernement général de la province. Elle
a- cinq faubourgs , St. contient environ 18 mille
habitans. Il y a préfidial, baillage , éleélion , bureau
des finances, grande maîtrife & maîtrife
particulière des eaux & forêts , juflice confulaire,
hôtel des monnoies très - ancien, intendance.
Long, fuivant Cafïini, tff, n ' , 30 ; lat. 47, a.31, 40.
Cette ville ëft aflez bien bâtie : lés -maifons
en font couvertes d’ardoifes , Sc conflruites d’une
pierre blanche qui leur donne de l’apparence. On
■ y entre par 1 z portes, & elle efl munie d’un
château fort. Elle renferme 6 chapitres, y compris
celui de la cathédrale, 3 abbayes, i z mai-
ions religieufes , un collège, un féminaire. Elle
efl ornée de plufieurs places publiques , qui n’ont
rien de remarquable, non-plus que les fontaines
au nombre de fix. Le quai royal efl le plus bel
endroit de Tours, & fon mail pafle pour le plug,
beau du royaume.
La cathédrale , fous le titre de S. Gatien , efl
un magnifique vaifleau gothique , remarquable
parla grandeur, fa légèreté, Sc fur-tout, par
la richefle de fon portail, formé de deux tours,
gemelles , d’une belle forme , 8c très-élevées. On
regrette qu’il n’y ait point une place au devant
fur laquelle elles aient leur afpect. La bibliothèque
renferme quantité de manufcrits dont les plus
remarquables font un Pentateuque de 1000. ans ,
écrit en lettres maj u feules , . & les 4 Evangiles ,
en lettres Saxoniques , de 1 zoo ans d’ancienneté.
La taxe de l’archevêché, en cour de Rome,. efl
de 9J00 florins.
L’églife de S. Martin efl une des plus vafles
dé l’Europe ; mais l’architecture en eu pefante.
Son chapitre efl le plus nombreux qu’il y ait en
France, & un des plus riches & des plus nobles.
Le Roi en efl abbé premier chanoine-, comme
fuccefleur de Hugues Capet,. Sc l’on compte, parmi
fes chanoines, d’honneur, les Dauphins de France
le dues de Bourgogne ,. d’Anjou, de Bretagne &
de Never&y. les. comtes de Flandre , les archevêques.
de Mayence , de Cologne y les évêques:
dé Lyon, de Strafbourg y les abbés de Marmou-
tiers, &c. &c. &c.
Derrière le grand autel efl le tombeau de
S. Martin , en marbre noir blanc 8c jafpé ,,
élevé de trois pieds de terre feulement y &
Ton montre a l’angle rentrant d’un des piliers
de la croifée, le lieu où fon corps fut réduit en
cendres par les calvinifles, dans les guerres civiles.
Le parlement de Paris , & les autres cours,fu-
périeures furent transférées à Tours , en 158 9 , ;
par Henri I I I , pendant les fureurs de la ligué.
Cette ville efl à z$ li. n. é. de Poitiers*, Z4L o. -,
d’Orléans , 44 f. e. de Rennes y 8c 51 • o. de i
Paris.
Quelques auteurs prétendent que Tours étoit
Se Coefarodunum de Ptolémée St de la table
Théodofienne ou de Peutinger ; mais cette opinion
efl peu vraifemblable, parce que tous les ,
noms qui fe terminent en dunum , indiquent des
lieux fitués fur une hauteur , & que Tours efl j
fituée dans une plaine.
Quoi qu’il en fo i t , lorfque l’empire Romain fut
détruit en Occident , les Vifîgoths s’étant rendus
les maîtres de toute la partie des Gaules ,
qui efl au midi de la Loire, la ville de Tours
vint à leur pouvoir fous le règne d’Euric l Tours
étoit encore fous leur domination, l*an 506 , ■
lorfque Verus, évê^pie de ; Tours, .comparut par 1
procureur au concile d’Àgde compofé des
évêques & des députés des égîifès fujettes
aux rois des Gothsy mais l’année fuiyantp 507 ,
Clovis ayant vaincu & t ’é Àîaric , près de Poitiers
, il le rendit maître de tout ce quiefo entre
la Loire & les Pyrénées , Sc il afliijettit aifement
la ville de Tours, où il alla en dévotion au tombeau
4e S.: Martin, qu’on regardoit comme le
faint tutélaire des Gaules.
Après la mort de Clov is , les villes de Neuf-
trie & d’Aquitaine ayant été partagées entre fes
quatre fils , Tours échut à Thierri, roi d’Auflrafie -,
& 011 voit par Grégoire de Tours , que les rois
qui régnèrent à M e tz , dans la France-'orientale,
-pofledèrent toujours cette ville jufqii’au temps de
Clotaire II ,. qui réunit la monarchie jfrançoilè.
Depuis ce temps-l^;,; Tours fut fujette aux rois.de’
Neuftrie , tant fous la race des Mérovingiens ,
que fous celle des Carlovingiens Ceux de cette
fécondé race perdirent leur pouvoir & leur autorité
fous Gharles-le-fimple,, .qui fut dégradé de
la dignité royale, & confiné dans une priion per-?-
pétuelle. -
C e fut dans ce temps que Thîbaud;,: fur nommé ■
li .richeur, comte de Çiois & de Chartres , qui s’é-
toit rendu - abloiu dans .ce pays-fà , au mépris, de
l’autorité royale, s’empara de la ville de Tours
que fes fuccefleurs pofledèrent long-temp^.. .L’an
1037? Geofrioi Martel vainquit en bataille le
comte de B lois, qui fut contraint d.e donner
Tours pour f a rançon, vGçof&ufi 1 Mortel laifla, en
mourant tous- fes états, à fes- neveux nommés
Plantagenets, à caufe de Geoffroi d’Anjou, qui
avoît porté, ce nom , & dont le kpet.it-fils Jean-
fans-terre y roi d’Angleterre , fut privé par Philippe
Augufte , des états qu’il avoit deçà la mer.
Enfin Henri I I I , fils de Jean, céda entr’autres
pays, Tours & la Touraine à S. Louis, par le
traité de l’an IZ56.
Le féjour que le parlement de Paris fit à Tours ,
la fituation de cétte ville dans un pays fertile1,
& la commodité de la rivière de Loire donnèrent
lieu au déflein d’y établir une univerfité, qui fut
créée par lettres patentes d’Henri IV , données
au mois de janvier de l’an 1594 y mais, comme le
parlement fut rétabli à Paris un mois après ,
cela fut caufe que ces lettres n’ont point eu d’exécution.
Nos rois ont convoqué plufieurs fois les états
à Tours. Loüis XI les y aflembla l’ an 1470 ,
Charles V I I I , en 1484, 8t Louis X I I , en i$oÜ> ,
pour le mariage de Madame Claude de France,
fa fille1, avec François de Valois, duc d’Angou-
lême;
Saint Gatien fut le premier évêque de Tours,
St mourut vers la fin du troisième fiècle. S. Martin
eut cet évêché l’an 371,, &> décéda l’an 3577;
on lé regardoit, de fon temps , comme le maître
dès évêques. Aujourd’hui, l’archevêque de Tours
a pour fufïragans les évêques du Mans , d’Angers
St les neuf évêques de Bretagne , conformément à
la déeifion du pape Innocent III. Le revenu de cet
archevêché efl de 60000 liv. Son diocèfe efl
compofé de 404 paroiflès , douze chapitres,
18 ab b a y es, Sep, Le chapitre de la cathédrale
de Tours efl un des plus illuflres qu’il y ait dans
le royaume,. ï
Mais ceux qui aiment jes hifloriens d’églife de
provincës , peuvent lire l’hifloire latine de l’églife
de Tours, par Jean Maau y elle efl imprimée à
Paris , en 16 6 7 , ïn-fol. , Sc s'étend depuis i’an de
J. C. z j i , jufqu’à l’ année 1Ô55. Au refie , cette
ville ëfl la patrie de S. Odon , d’un illuflre
prélat de i’ëglîfe gallicane St de quelques hommes
de lettres. -, S, Odon naquit .eii 879 y après avoir
été élevé par Foulques, comte d’Anjou, il fut
nommé chanoine de S. Martin de Tours, en
898 , & fécond abbé deClugny, en 9Z7. Il mourut
en 94Z , & laifla plufieurs ouvrages qui ont
été; imprimés avpc fa v ie , dans la biblf - r hèquê
dé Clugny.
L’ iîluflre . prélat de Téglîfe gallicane , dont je
yeux parler ? efl Renaud de Beautier archevêque
de,Bourges, né çiv 1J2.7 , l’un des plus éloquens
St des plus favans prélats de fon tempsy mais
çe qui le diflingue davantage, efl qu’il n’aban-*
donna point, comme firent tant d’ autres ecclé-
fiafliques les loix du .royaume a l’égard de la
fucéeffibn à la couronne. Il fou tînt toujours »
qu’encore que le roi d*jr Navarre fût hérétique;
c’étoit à lui que le îjoyaume ‘ de France appartenait
légitimement -âpres lanmort de Henri III.
Il déploya aux conférences, de. Sui"ène , tout c e
que le droit & l’ éçritute pouvoïent fournir de