
campagne dans leurs paroiffes ont fait le même
établiflement, 8c par-tout le fuccès a couronné
les foins qu’ils prenoient de protéger l’ innocence,
& d’encourager les bonnes moeurs. M. le cher. de
Sauvigny, connu dans la littérature par plufieurs
ouvrages eftimables, a le premier, dans un roman
aufli intéreflant que bien écrit, confacré (a plume
à célébrer la rolière -, on a depuis traité deux
fois ce fujet fur nos théâtres, mais il règne dans
ces pièces un caractère d’ intrigue bien oppofé à
la noble candeur des habitans de Salency. Madame
la comteffe de Genlis a fait une troifième"*
rolière •, on y trouve cette fimplicité touchante,
ces grâces naïves, ce charme inexprimable qu’exi-
geoit un pareil fujet. Son ame tendre 8c fen-
fible a peint les moeurs champêtres avec les „couleurs
de la nature. ( M. D. M. )
SALERNE , ville, confidérable d’ Italie , au
royaume de Naples , fur le bord de la mer ,
capitale de la principauté citérieure, au fond d’ un
golfe de même nom, à ix li. au f. ,e. de Naples ,
8c à égale diftance au midi de Bénévent. Long.
3a- j z.9 / lot» 4<> ■» 45'
Cette ville eft ancienne, 8c faifoit autrefois
partie du petit pays des Picentins , dont Picentia
étoit alors la capitale. Strabon dit que les Romains
fortifièrent Salerne pour y mettre gar-
nifon , & qu’elle étoit un peu plus haute que
le rivage. Tite-Live nous apprend, liv. X X X I I ,
chap. ay , que cette ville devint colonie romaine.
Après la ruine de l’empire d’Occident par les
Barbares venus des pays feptentrionaux, les Lombards
8c les Goths fe firent des établiflemens
aux dépens de l’empire g re c , qui s’étoit reflaifi
d’une partie de l’ Italie , liir-tout dans ce qu’on
appelle aujourd’hui le royaume de Naples. Mais
il n’étoit pas en état de fe foutenir contre tant
d’ennemis qui l’attaquoient de tous les côtés.
Les Lombards formèrent des duchés & des principautés
, comme Capoue, Salerne, & tant
d’autres villes qui étoient alors les réfidences
de fouverains qui s’y maintinrent, moyennant
quelques fournirions à l’empire grec.
Charlemagne , qui détruifit le royaume des
Lombards, ne toucha point à ces fouverainetés,
qui étoient fubordonnées à l’empire d’ Orient ;
ainfi , au commencement du onzième fiècle, Salerne
étoit capitale d’ une principauté , dont le
feigneur avoit un très - beau pays. Guaimare,
prince de Salerne , régnoit de cette manière ,
jorfqu’ une centaine de gentilshommes Normands
délivrèrent cette ville des Sarazins qui étoient
venus pour la piller.
« Ces François, partis en 983 des côtes de
» Normandie pour aller à Jérufalem , pafsèrent
» à leur retour fur la mer de Naples, & ar-
» rivèrent à Salerne dans le temps que cette ville
» venoit de ffe racheter à prix d’argent. Ils trou-
V vèrent les Salertins occupés à raffembler le
p prix 4e leur rançon, 8c les vainqueurs livrés
» dans leur camp a la fécurité d’une joie bru-
» taie & à la débauche. Cette poignée d’étran-
» gers » reproche aux affiégés la lâcheté de leur
» fourniOïon ; 8c dans l’inftant marchant avec
>■> audace au milieu de la nuit,fuivis de quelques
» Salertins qui ofent les imiter , ils fondent
» dans le camp des Sarazins , .les étonnent, les
» mettent en fuite , les forcent de remonter en
» 'défordre fur leurs vaifléaux , 8c non-feulement
» fauvent les tréfors de Salerne , mais ils y
» ajoutent les dépouilles des ennemis. »
Gifulphe, fils 8c fucceffeur de Guaimare , fè
trouva fort mal de n’avoir pas ménagé ces mêmes
Normands ; ils l’affiégèrent, prirent fa ville , le
chaînèrent du pays , & le réduifirent à aller vivre
à Rome des bienfaits du pape. Maîtres de Salerne,
ils la fortifièrent, 8c en formèrent une nouvelle
principauté-, dont 19 princes de la poftérité de
Tancrede jouirent fucceHivernent.
Le port de cette ville étoit un des plus fréquentés
de cette côte, avant que celui de Naples
lui eût enlevé Ion commerce. Ce port n’eft plus
rien aujourd’hui qu’on a abattu le grand mole
qui l’enveloppoit, 8c qui mettoit les vaifléaux à
l’abri des orages. Il ne relie plus à cette ville
que Je commerce de terre pour la faire fubfi fier :
fes rues font vilaines & fort étroites ; mais elle
a quelques palais aux environs de la place , au-
deflus de laquelle elt le château.
Salerne fut honorée du titre d’archevêché
l’an 974 , par Boniface VII. Son univerlïté , aujourd’hui
très-méprifée, a été autrefois fameufe
pour la médecine. On en cite encoré aujourd’hui
quelques apophthegmes aflez vrais. Le monallère
des Bénédi&ins ell magnifique. La place publique
de cette ville ell fort belle & ornée de fontaines y
il s’y tient tous les ans plufieurs foires fameules.
La plaine de Salerne eit environnée de collines
très-fertiles 8c très-agréables. Outre la métropole
, cette ville a i 6 églifes paroilfiales , 13 cou-
vens d’hommes & 14 de filles. Les princes héréditaires
de la couronne des deux Siciles ont porté
le vain titre de grinces de Salerne.
C’ell à Salerne qu’elt mort, en 1085 , le pape
Grégoire V I I , qui avoit été fi fier 8c fi terrible
avec les empereurs & les rois : il s’étoit avifé
d’excommunier Robert, prince de Salerne y 8c le
fruit de l’excommunication fut la conquête de
tout le Bénéventin par le même Robert. Le pape
lui donna l’abfçlutjon, 8c accepta de lui la ville
de Bénévent, qui, depuis ce temps-là., eft toujours
demeurée au faint-fiége.
Bientôt après éclatèrent les grandes querelles
entre l’empereur Henri IV 8c Grégoire VII.
L’empereur s’étant rendu maître de Rome en
’ 1084, affiégeoit le pape dans ce château, qu’on
a depuis appelle le château Saint-Ange. Robert
accourt alors de la Dalmatie , où il faifoit des
conquêtes nouvelles i délivre le pape malgré les
Allemands & les- Romains réunig contre lui y fe
rend maître de fa perfonne , & l’emmène à Salerne
, où ce pape, qui dépofoit tant de rois ,
mourut le captif 8c le protégé d’un gentilhomme
normand.
Mafuccio , auteur du quinzième fiècle, peu
connu, étoit de Salerne. On a de lu i, en italien ,
cinquante nouvelles , dans le goût de celles de
Boccace, c’ eft-à-dire très-licencieufes : elles ont
été imprimées plufieurs fois , 8c pillées, par des
auteurs de même caractère y témoin les Contes du
monde adventureux , imprimés a Paris en 15 5 J y
in-8°. La première édition du livre de Mafuccio ,
a pour titre i l novellino , 8c parut a Naples en
1476 , in-folio. Elle fut fuivie de plufieurs autres ,
faites à Venife. (R.)
SALERNES, petite ville de France , en Provence
, dioc. de Fréjus.
SALERS , petite ville ou bourgade de France,
dans la haute-Auvergne , à 6 li. d’Aurillac, dans
les montagnes. On y commerce en bétail.
SALESKOI-STAN , contrée de Ruffie , dans
le gouvernement de Woranefch. Elle efl habitée
par des Morduanes.
SALES O ( le ) , rivière d’Afie, dans la Natolie j
elle arrofe la partie orientale ~ de la Caramanie,
& fe perd dans le golfe de Satalie , vis-à-vis de
l’ île de Chypre.
SALFELD , ou Sa a l fe ld , ville & baillage
d’Allemagne , au cercle de haute - Saxe, appartenant
aux ducs de Cobourg-Salfeld, La ville , qui
eft aifez bien bâtie , eft fituée fur la Saale, aux
frontières de la Franconie , à 7 li. au fud d’ Iène.
Les fondemens du château furent jetés en 1678,
& fut quelque temps la réfidence des ducs de
Saxe-Salfeld. Cette ville eft le fiége d’une furin-
tendance -, il s’y trouve une école latine , une
fabrique de draps , & on y prépare le vitriol.
C’eft d’ailleurs une des villes monétaires du cercle :
le châteaù eft fur Remplacement même d’ïin fameux
monaftère de Bénédictins , dont l’abbé étoit
prince d’Empire , battoit monnoie, 8c avoit voix
8c féance aux diètes de l’Empire. Les. électeurs de
Saxe l’ont réunie à leur domaine, au temps de la
réformation. Le. baillage de Salfeld peut avoir
ix lieues de. long fur 3 de large* C’eft un. pays
de montagnes , où il fe trouve quelques, mines de
cuivre,. de plomb, de vitriol, 8c même d’ argent.
(R . )
»Sa l f e ld . Voye[ S a al f e ld ...
S alfeld ... Vôyeç Z a l l f e l d ..
S ALGUES , ' petite ville de France, dans le
Gévaudan, au diocèfe de Mende. Elle eft aifez
chétive 8c n’eft plus guère aujourd’hui qu’une
bourgade.
SALIES , bourgade de Gafcogne, dans le Béarn.
Elle eft remarquable par fes * deux fources d’eau
falée, qui font très-abondantes, r on en fait du fel
blanc -, çe qui eft une branche allez confidérable
de revenu pour les habitans.
SALIGNAC, autrefois petite ville,, aujourd’hui
bourg de France, dans le haut-Périgord , célèbre
pour avoir donné fon nom à la maifon dont étoit
iffu l’illuftre Fénélon, archevêque de Cambrai.
Son Télémaque a immortalifé fa mémoire. Long.
z8 , f 6 ; làt. 4* y 40.
SÀLINAS-DÈ-MENGRAVILLA ( las ) , falines
d’Efpagne, dans le village de Mengravilla, près
d’Avila. Ce font des mines de fel fort fingulières ;
on y defcehd, d it - o n , plus de cent degrés fous
terre, 8c l’on entre dans une vafte caverne fou-
tenue par un pilier de fel criftallin, d’une grof-
feur étonnante.
Salin as (ïas) y ou Gualsongo. Voyei Paça-
MORESSALINELLO
( le ) , rivière d’Italie, au royaume
de Naples , dans l’Abruzze ultérieure- Elle a fa
fource aux montagnes près d’Afcoli, & fe jete
dans le golfe de Venife , entre les embouchures
du Vibrato 8c du Tordino.
Salines ( la vallée des ) , vallée de la Paleftine
que les interprètes de l’écriture mettent communément
au midi de la mer Morte, du côté de
l’ Idumée. M. Halifax, dans fa relation de Pal-
myre, parle d’une grande plaine remplie de fel , (
d’où l’on en tire pour tout le pays; Cette plaine
eft environ à une lieue de Palmyre , 8c elle s’étend
vers* l’ïduméè orientale, dont la capitale étoit
Bozza. Il eft affez vraifemblable que cette plaine
de fel eft la vallée des Salines de l’écriture.
SALINS , ville confidérable de France, dans
la Franche-Comté , fituée entre deux montagnes,
à la fource de la Furieufe, qui naît dans la ville
même. Sa population eft de 8000 habitans. Desdeux
montagnes qui l’avoifinent , celle dite
Poupet furpafle en hauteur toutes celles des environs
au fommet eft le fort Belin ,. avec un
commandant.-, fur l’autre étoit le fort Bracon où
naquit S. Claude, ifïii des comtes de Salins, au
fixième fiècle. Ce château n’exifte plus : à la
place s’eft élevé le fort Saint-André, muni d’une
garnifon,. avec commandant & lieutenant de roi ;
au voifinage eft une redoute qui perpétue le nom
du fort Bracon.
Une grande rue traverfe Salins d’un bout st
l’autre , 8c laide d’urt côté les falines fur le bord
de la Furieufe, & de l’autre la grande partie de
la ville qui eft fur un coteau. C’èft le fiége d’un
gouverneur lieutenant de roi. Il y a préfidial ,
baillage , & c. & on y compte trois chapitres ,
quatre paroiffes, cinq couvens d’hommes , y
compris deux maifons~d’Oratoriens y pareil nombre
de monaftères de réligieufes, trois hôpitaux , une
infirmerie hors dé la v ille , 8c un collège régr
par les prêtres, de l’Oratoire.
Les fourcës falées d’où elle tire fon nom , font
d’un rapport confidérable. La grande faline eft au
milieu de la v ille, & forme une efpèce de place
forte de 140 toifes de longueur, fur 46 de large ,
entourée de tous côtés de bonnes & épaiifes. murailles
, flanquées de- tours d’ efpaçe en efpace. *