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ayant eu la confcience bourrelée, S. Bernard lui
prefcrivit une croifade pour pénitence , tantum,
relligio. . . . .
- Il fut en partie incendié par Jean de Luxembourg
, & totalement ruiné par les troupes de
Charles-quint, en i $44* François ^ r ^ re~
bâtir à une demi-lieue plus loin iur la Marne, au
village de Montcontour , & cette nouvelle ville
prit le nom de Vitri-le-François. Voye[-enl’article.
On obferve encore au village de V i t r i, les
débris d’un château dépendant des domaines du
rç i y & dont relèvent 120 fiefs. (/?.)
V itri - le - François , Viâorïacum à Francisco
j ou Francifco- Viâorïacum, ville de France
en Champagne , fur la droite de la Marne qu’on
y paffe fur un pont, à 6 lieues au f. e. de Châ-
lo n , à n au couchant de Bar-le-Duc , 10 f. e.
de Reims , & à 42 au levant de Paris. Lang.
SL-Xy 2 6 i l u t 48 y ~
Qn appelle cette ville Vitri-le-François , en
latin barbare ViSoriacum Francifci J, parce que
François Ier la fit bâtir , & lui donna fon nom
Sc fa deviTe , après le fac de Vitri-le-Brûlé , ou
V itr i en Pertois, par les troupes de Charles-
cjuint , en 1544. François Ier y transféra les jurii-
diâions qui étoient dans ,1’autre, 8c Henri II fit
élever, fur la grande place, le palais où elles
tiennent leurs féances.
Cette ville eft aujourd’ hui très-peuplée, &
fa it un gros commerce en grains i elle eft affez
Jolie , quoique les miifons n’y foient que de bois.
Deïix rues larges & tirées au cordeau , qui fe
coupent à angles droits , & laiflènt a leur croisement
une place quarrée , vafte & régulière ,
forment à peu près toute la v ille , qui a pour fa
’défenfe huit baftions fans maçonnerie, mais eiittourés
de folles d’eau vive.
Il y a à V itri -un chapitre de fondation royale,
tm collège des pères de la doûrine chrétienne,
■ deux hôpitaux, un couvent de minimes, un
autre de récollets, & des religieufes de la congrégation.
Cette ville a auffi un baillage, un préfidial
'«réé eri 1551 -, & régi par fa coutume particulière
y un maître des eaux & forêts , un gouverneur
particulier , un grand bailli d’épée , une prévôté
royale, un-grenier à fe l , Sc une châtellenie
pour les donuines du roi. L’ églife paroiftiale &
collégiale a fon afpeéh fur la place.
Vitri-le-François eft la patrie de M. Moivre
Abraham ) , qui y naquit en 1667. Il entrevit
de bonne heure les charmes des mathématiques,
&c en fit fon étude favorite. Il eut pour maître
a Paris le célèbre Ozanam , avec lequel il lut
non feulement les livres d’Euclide , qui lui parurent
trop difficiles à entendre fans le fecours
d’ un maître , mais encore les fphériques de
Théodofe.
La révocation de l’édit de N-antes obligea
M- Moivre à changer de religtoiv çu de pays. .Il
v 1 T
opta fans balancer pour ce dernier parti, 8c pafih
en Angleterre, comptant, avec raifon , fur les
talens , & croyant cependant encore trop légèrement
avoir atteint le fommet des mathématiques.
Il en fut bientôt & bien fingulierement
délabufé. ,
Le hafard le conduifit chez le lora Devonshire ,
dans le moment où M. Newton venoit de laitier
à ce feigneur un exemplaire de les principes. L e
jeune mathématicien ouvrit le livre , & fedm t
par la {implicite apparente de l’ouvrage, fe per-
fuada qu’ il alloit l’entendre fans difficulté -, mais
il fut bien furpris de le trouver hors de la portée
de fes connoiffances , & de fe voir oblige de
convenir, que ce qu’ il avoit pris pour le faîte des
mathématiques, n’étoit que l’entrée d’une longue
& pénible carrière qui lui reftoit a parcourir, i l
fe procura promptement ce beau livre , & comme
les leçons qu’il étoit obligé de donner I engâ-
geoient à des courtes prefque continuelles , il ett
déchira les feuillets pour les porter dans la
poche, & les étudier dans les intervalle,s de fes
travaux. De quelque façon^ qu’ il s y fut pris y
il n’auroit jamais pu offrir à Newton un hommage
plus digne de lui, ni plus flatteur, que celui
qu’il lui rendoit en déchirant ainfi fes^ ouvrages*
M. Moivre parcourut toute la géométrie de
1 infini avec la même facilité & la même rapidité ,
qu’il avoit parcouru la géométrie élémentaire *
il fut bientôt en état de figurer avec les. plus
illuftres mathématiciens de l’Europe -, & par un
grand, bonheur , il devint ami de M. Newton,
même. ,./ • * *
Én 1697, il communiqua a la Société-royale. ^
une méthode pour élever ou pour abaiffer un
multinomè infini à quelque puiffànce quecefoit*
d’où il tira depuis une méthode de retourner les
fuites, c’eft-à-dire d’exprimer la valeur d’une
des inconnues par une nouvelle fuite , compclee
despuiffances delà première.'Ces ouvrage's lui procurèrent
fur le champ une place dans la fociéte..
I l avoit donné, en 1707, différentes formules
pour réfoudre , à la manière de Cardan , un. grand'
nombre d’équations , où l’inconnue n’a que des
. puiffances impaires-, ce« formules étoient déduites
\ de la confidération des fe&eurs hyperboliques. ,
' & comme l’équation de l ’hyperbole- ne diffère
que par les lignes de celle du cercle , il appliqua
les mêmes formules aux arcs du cercle, i par ce
fecours , 8c celui de certaines fuites , il réfolut.
- des problèmes qu’ il n’eut oie tenter fans cela.
C e s fuccès lui attirèrent les plus grand« eloges
de la part de M. Bernoulli & de M. Leibnitz
M. de Montmort-ayant publié fon analyfe des
jeux de hafard , oft propofa a M. Moivre quelques
problèmes, plus difficiles 8c plus generaux ,
qu’aucun de ceux qui s’y rencontrent comme
il étoit depuis long-temps au fait de la dodi in e ,
des fuites & des combinaifons, il n’eut aucune
peine à les jréfQudréj mais U il multiplia
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fes recherches , 8c trouva fes (blutions & la route
qu’il avoit prife fi différentes de celles de M. de
Montmort , qu’il ne craignit point qu’on pût
l ’accufer de plagiat -, auffi, de l’aveu de la fociété
royale qui en porta le même jugement, fon ouvrage
fut imprimé dans les tranfactions philofo-
phiques , fous le titre de merifura Sortis.^
M. Moivre donna depuis deux éditions an-
gloifes de fon ouvrage , dans lelquelles il renchérit
beaucoup fur les précédentes -, la fécondé fur-tout
qui parut en 1738, eft précédée d’une introduction
qui contient les principes généraux de la
maniéré d’ appliquer le calcul au hafard -, il y indique
le fondement de fes méthodes , 8c la nature
des fuites qu’ il nomme récurrentes, dans lelquelles
chacun des termes a un rapport fixe avec quelques
uns des précédens ; 8c comme elles fe divi-
lènt toujours en un certain nombre' de pro-
greffitons géométriques, elles font toujours aufîi
facilement fomniables.
Les. recherches de M. Moivre fur les jeux de
hafard, l’avoient tourné du cote des probabilités :
»1 Continua de travailler fur ce fu je t, & refolut
la queftion fuivante : « fi le nombre des obfer-•
» vations fur les événemens fortuits .peut être
» affez multiplié , pour que la probabilité fe
change en certitude. » Il trouve qu’ il y a effectivement
un nombre de faits, ou d’obfervations
affignables, mais très-grand, après lequel la probabilité
ne diffère plus de la certitude -, d’où il
fuit qu’à la longue le hafard ne change rien aux
effets de l’ordre, 8c que par conféquent, où l’on
oblerve .l’ordre & la confiante uniformité, on
doit reconnoître auffi l’ intelligence 8c le choix*,
raifonnement bien fort contre ceux qui ofent
attribuer la création au hafard 8c au concours
fortuit des atomes.
L’âge de M. Moivre commençant à s’avancer,
il fe trouva fucceflivement privé de la vue & de
l’ouie-, mais cé qu’il y eut de plus fingulier , ■;
c’ eft q%e le befoin de dormir augmenta chez lui f
à un tel point, que vingt heures de fommeil par
jour , lui devinrent habituelles. Enfin , enxi754 ,
il ceflâ dé s’éveiller , étant âgé de 87 ans. L’a--
cadémie des fciences de Paris, l ’avoit nommé*
cinq mois auparavant à la place d’affocié étranger.,
8c il fe flattoit même a'ors , de pouvoir
payer cet honneur par quelque tribut académique.
( R. )
V it ri - aux - Loges, bourg & château de
France, dans l’Orléanois, éleâion d’Orléans,
près du canal de ce nom, & fur la petite rivière
de Sepce. Quelques anciens monumens de l’hif-
toire.de France en font mention. (R.)
V it r i - en -P ertois , au V it r i - l e -B rulé.
V°ye{ fous ce dernier nom.
V it r i- sur- 1 A-Scaki*e , bourgade de France ,
dans les Pays-Bas , à deux lieues de Douay ,
connue pour avoir été le féjour de quelques
frinces de h première race de »0« ï§ts. ÇR-)
V it r i - sur-Seine , bourg de France, fur la
Seine, à l’orient de V ille-Juif, éleâion de Paris,
Sc à deux lieues & demie.de cette ville. C’eft la
patrie du cardinal Jacques de Vitri. (R.)
V it ri -, il y eut un château de ce nom dans la
forêt de Bière en Gâtinois -, 8c c’ eft ici que
mourut Henri I , roi de France, 1060, âgé de
55 ans, fans avoir rien fait de mémorable. On
fait que c’eft fous fon règne que commença lâ
maifon de Bourgogne , la mailon de Lorraine
d’aujourd’hui dans la perfonne de Gérard d’Al-
face, 8c la maifon de Savoie dans Humbert aux
blanches mains, comte de Maurienne. Le çhâtea»
de Fontainebleau eft vraifemblabîement élevé fur
les ruines de celui de Vitri dont nous parlons.
{ R . )
V IT TO R IA , jolie 8c affez confidérable ville
d’Efpagne, dans la Bifcaie , fondée par don San-
che , roi de Navarre, 8c capitale de la province
d’A lava, avec titre de cité, entre Miranda 8c
Tolofa, à 6x lieues au nord de Madrid, 13 f. e.
de Bilbao , 65 n. e. de Miranda, 16 f. o. de
Tolofa , à l’extrémité d’une belle plaine. Elle a
une double enceinte de murailles , fans aucunes
fortifications; Ses grandes rues font bordées d’ arbres
8c arrofées de ruifleaux d’eau vive. On y commerce
en marchandifes de fe r , 8c en lames
d’épées qu’ on y fabrique avec foin. Long. 24r
43 : fai] K jS ÎJ î jY [ • g ^ '■ W IJ* * 1“
Alava ( Diego Equivel de ) , célèbre évêque
efpagnol du feizieme fièclê, naquit à Vittoria, 8c
mourut vers'l’an 1 $62. Son ouvrage intitulé , de
conciliis univerfalibus , ac de his quae ad religionis
& reipublicoe chrijlianee reformationem injlituenda
videntur , parut à Grenade en 1582, in-fol. c’eft:
un ouvrage plein de bonnes vues dé réformation
qui n’ ont pas étafuivies. L’auteur avoit affilié au
concile de Trente, 8c propofa dans une congrégation
générale des évêques qui y étoient, de
lire publiquement les bulles du pape, concernant
les pouvoirs qu’il donnoit aux légats. Mais le
cardinal de, Ste Croix fit tomber cette propofi—
tiori , parcè .que la bulle du pontife de Rome ac-/
cordée à fes légats , ôtoit réellement toute autorité
au concile, ce qui fit que chaque légat
tint fa bulle fecrète. Lorfqu’ après l’ouverture du
concile oh débattit la queftion de la pluralité des
bénéfices , Alava propofit de défendre toutes les
conunendes &T l’union de deux bénéfices en un
même fujet:, quoique cette union ne fût que pour
la vie de celui qui en jouiffoit "> mais les autres
évêques , Sc fur-tout ceux d’Italie , ne goûtèrent
point cette réforme j Sc la rejettèrent hautement
d’un conlêntement unanime, (i?.)
V ittoria , ville de l’Amérique méridionale
, dans la Terre ferme , au nouveau
royaume de Grenade , dans l’ audience de Santa
Fé , à 50 lieues au n. e. dé cette ville. (R .)
VITULC). Voyei. V rm o .
VIVARAJS ( k ) * ou le V ivarez , petite