
.appellent: Cloaca maxima. Tarquin l’ancien le fît
bâtir de pierres de taille. Une charrette y peut
.aifément entrer, & il y a plufieurs canaux voûtés
par où s’écoulent les immondices. Cet ouvrage
eft un de ceux qui marquent le plus quelle a été
la grandeur de l’ancienne Rome.
Du mont Aventin on va à la porte de Saint-
Paul , & on voit en chemin la petite montagne
ou colline qu’on appelle communément il Doliolo ,
ou le monte Teflaccio, la montagne des pots cal1
l e s n o m qui vient de la quantité prodigieufe de
vafes de terre qu’on faifoit à Rome pour les gens
Àe médiocre condition pendant tout le temps que
dura l’ufage dçbrûlgr les morts , & l’on jettoit
dans cet endroit-là tous les débris de ces vafes.
;'En approchant de la porte dé Saint Paul , on
■ apperçoit le maufolée de.Caïus Ceftius , monument
fort fingulier , fo i t . pour Ion ancienneté ,
fuit pour les peintures en ftuc blanc dont il étoit
décoré.
Après que l’on a paffé la porte de Saint-Paul,
anciennement porta Tergemina , ou Ojîienfîs,
on va à l’églife du même nom , qui a été bâtie
par Conftantin. Cette églife eft en forme de croix,
8c a 477 pieds de long fur 2.58 de large*, quatre
rangs de colonnes, au nombre de cent, la fou-
tiennent, 8c on prétend qu’elles ont été tirées
des bains d’Antonin.
A environ deux milles de-là font les ruines du
preetorium. C’étoit le lieu où la garde prétorienne
de l’empereur logeoit : il .étoit hors de la ville ,
afin que les foldats n’y commiflent aucun défor-
dre , & qu’ ils puffent fouvent faire l’exercice dans:* 3e cirque de Caracalla , qui étoit au voifinage. Ce
cirque, bâti par cet empereur, eft le plus entier
de ceux qui reftent aujourd’hui à Rome. On y voit 3e lieu que les Romains nommoient carceres, d’ou
partoient les charrio.ts qui couroient dans le cirque,
8c celui ou étoit l’aiguille appellée meta.
Au bout de ce cirque délabré eft un vieux temple
rond, & un autre petit qui lui fert comme d’entrée.
Ce dernier étoit le temple de la vertu , 8c 3’autre celui de l’honneur. Ils étoient joints en-
femble, parce qu’on ne peut acquérir de l’honneur
que par la vertu.
En rentrant dans la ville par la porte de Saint 1
Sebaftien , autrefois porta Capena , on voit le
couvent de Saint Dominique , bâti dans le lieu
qui s’ appelloit autrefois Pifcina publica , parce
que tout le peuple de Rome venoit s’y baigner.
De-là on va à la porte Latine , d’où l’on fe rend
à l’églife Saint Jean-de-Latran , regardée comme
l’églife patriarchale de Rome. C’eft dans cette
églife que le papd nouvellement élu, prend pof-
feflion de fon patriarchat. Lès pontifes de Rome
demeuroient autrefois dans le palais voifin *, ce
n’eft que depuis leur retour d’Avignon qu’ ils ont
choifi leur demeure au Vatican , & dans les chaleurs
de l’été , à Monte-Cavallo. Sixte V , après
£Yoir réparé le palais de Latran, fit une bulle
pour obliger fes fucceffeurs à y demeurer cPaprè*
Ion exemple , trois mois de l’année j mais fes
fucceffeurs en ont appellé à eux-mêmes, & ont
fixé leur demeure au Vatican ou à Monte-Cavallo.
L’églife de Latran eft fous la prôteéfion de
l’empereur 8c du roi de France , qui lui a donné 1 abbaye de Clerac , dont elle jouit encore au-
; jourd’hui. Cette églife eft vafte , & a des niches
qui renferment des ftatues fort eftimées. Son
portail , après celui de Saint Pierre, eft le plus
beau qu’on voye à Rome. Il en impofe par la
grandeur & la richeffe de fa compofition. Autour
de l’autel du Saint-Sacrement , tlbnt quatre colonnes
de verd-antique 8c quatre de bronze de
neuf pieds de circonférence , cannelées dorées.
Sur le grand autel on croit con ferveur le chef de
Saint Pierre & celui de Saint Paul.
L’églife de Saint Jean-de-Latran eft l’ églife épif-
copale du pape, comme évêque de Rome. Il s’y
eft tenu douze conciles, dont le plus remarquable
eft celui de 11 15 qui a fervi de fondement
a la difeipline eccléfïaftique.
En paffant le long de la muraille de l’ancien
aqueduc de Clodius, on arrive à la villa Mathéi,
maifon de plaifance toute remplie d’antiquités ,
parmi lefquelles on remarque les ftatues de Bru-
tus 8c de fa femme Porcia, d’une feule pièce ;
celle de Cléopâtre, celle d’HercuIe, celle de
trois petits garçons qui s’embraffent l’un l’autre
en dormant 8c la tête de Cicéron. Dans un autre
corps-de-logis, font la belle ftatue d’Andromède
expolée aux monftres marins , une ftatue
de Maffias , fuyant Apollon , 8c la ftatue d’ un fa-,
tyre qui tire une épine de fon pied.
De ce lieu on defeend vers l’ ancien amphithéâtre
nommé Colifée , à caufe d’un coloffe qui
.étoit auprès. C’eft un des pliis précieux monu-
mens de l’antiquité ; Vefpafien le commença, 8c
Domitien l’acheva.
Ce prodigieux amphithéâtre, qui étoit deftiné
aux combats des gladiateurs, 8c autres fpeftacles
des Romains, a 581 pieds dans fon grand diamètre
& 481 dans le moindre -, fa hauteur extérieurement
, réfulte de quatre ordres d’architecture.
Il eft de figure ronde en dehors, quoique 1 arène fût ovale. Il contenbit quatre-vingt-lept
mille fpeclateurs ■, les colonnes du troifième ordre ,
8c les pilaftres du quatrième , ont le chapiteau
corinthien. *
On voit encore près de cet amphithéâtre les
mafures de briques qui compofoient autrefois la
belle fontaine qu’on appelloit meta fudans ; elle
fourniffoit de l’eau à ceux qui fe trouvaient à ces
fpeétacles. La façade /étoit revêtue de marbre ;
8c fur le haut il y avoit une ftatue de cuivre
qui repréfentoit Jupiter. L’arc triomphal de Conftantin
eft aux environs du Colifée : il eft affez
bienconferve mais il y a quelques ftatues dont on
| a enlevé les têtes } 8c on en acculé Laurent de
Médicis
Médicis , q u i, à ce qu’on d i t , les fit porter à
Florence. Les connoiffeurs remarquent que les
F as-reliefs de ce monument ne font pas d’égale
[beauté *, ce qui fait foupçonner que les meilleurs
jnorceaux furent empruntés quand on l’érigea.
De-là on fe rend aux thermes d’Antonin, qui
par leur étendue reffemblent plutôt à une ville,
•qu’à des bains. Olympiodore dit qu’ils avoient feize
-cents lièges de marbre, pour recevoir autant de
perfonnes qui auroient voulu s’y baigner. Dans -
quelques-uns de ces bains , les bancs étoient couverts
de lames d’argent, 8c d’autres avoient des
canaux de même métal,. par où l’eau couloit.
Us étoient d’ailleurs* ornés de ftatues, de tableaux
8c de pierres précieufes ; aujourd'hui ce
jn’eft plus qu’un endroit de récréation pour un
trille féminaire.
Entre le mont Aventin 8c le mont Palatin, on
'peut obferver le lieu où étoit le grand cirque.
Tarquin l’ancien le commença, 8c Jules Céfiar,
aulfi-bien qu’Augufte , l’augmentèrent beaucoup.
Il avoit trois ftades de longueur, 8c quatre ar-
pens de largeur. Trajan 8c Héliogabale l’embelli-
rrent de ftatues & de colonnes *, cent cinquante
mille hommes pouvoient tenir aifément dans les
trois galeries qui étoient couvertes •, l’une étoit
pour les fénateurs , l’autre pour les chevaliers ,
8c la troifième pour le peuple. Les obélilques qui
font aujourd’hui à la porte du peuple 8c à Saint
Jean-de-Latran , étoient dans le cirque. Il y. a
plufieurs voûtes fous ce bâtiment ; c’étoit là que
les courtifanes exerçoient leur honteux com-
-merce.
Du grand cirque en allant à l’églife de Saint- '
-George , on voit les ruines du palais des empereurs
, appellé pala[[o maggiore. Il occupoit pref-
que tout le mont Palatin. L’églife de Saint-Anaf-
;tafe qui eft fur ce mont, étoit autrefois le temple
■ de Neptune.; Près de-là étoit le temple de Janus
quadrifons, parce qu’il y avoit quatre portes ,
qui, avec les trois niches de chaque face ,. peuvent
faire allufion aux quatre faifons $c aux
douze mois de l’année. L’eau du Tibre couloit jadis
près de l’églife de Saint-George , 8c on appelloit
ce bras de rivière velatum , à caufe que
l’on y paffoit en bateau avec une petite voile
dans un vent favorable *, on va de-là à l’églife
ronde de Saint-Théodore, qui, à ce qu’on croit,
étoit anciennement ,1e temple de Remus 8c de
Romulus. Il faut un peu monter pour aller à l’hôpital
de Notre-Dame-de-Confolation , qu’on prétend
avoir été dans l’antiquité, le temple de
Vefta.
L’eglife de Santa-Maria-JL'ib oratrice eft au pied
du mont Palatin, près de l’endroit nommé lacus
Curtii. Ce fut la que s’ouvrit un gouffre d’où for-
toit une puanteur infupportable , & qui ne fe
referma qu’apres que Curtius , chevalier romain,
s y fut précipitée cheval pour le bien de fa patrie.
En tournant a droite, on trouve le jardin
Géographie; Tome III.
Farnèfe. Il eft rempli de jets d’eau 8c de grottes V
8c au-deffus font des lieux * de promenade, d’oùr
l’on découvre le grand cirque. En continuant de
marcher à droite , on arrive à l’arc triomphal de
Titus *, il fut érigé pour le triomphe de ce prince ,
après la prife de Jérufalem. Cet arc eft fur-tout
remarquable par fes bas-reliefs qui repréfentenc
Tite rentrant en triomphe avec les dépouilles du
temple , le chandelier à fept branches , les tables
de la loi , les vafes, les trompettes du
grand jubilé , 8c quelques vaiffeaux qui furent
apportés du temple. Cet arc eft dans la rue facrée,
au .pied du mont Pàlatin.
Le temple de la P a ix , n’eft pas loin du
campo Vaccino, qui eft le forum Romanum ;
mais on n’en voit plus que des ruines , quoique
ce fût un des plus fuperbes édifices de Rome.
Vefpafien l’avoit élevé, 8c y avoit mis les dé-*
pouilles du temple de Jérufaleifi.
Plus avant eft l’églife de Saint Laurent in
Mirandaj c’étoit anciennement un temple que
l’empereur A.nronin dédia à l’impératrice 'Fauf-
tine fon époufe, dont il ne put jamais faire une
honnête femme pendant fa vie *, le veftibule de
cette églife eft magnifique.
Le capitole moderne eft bâti fur les ruines de
l’ancien ; tout y eft plein de pièces antiques
dont la defeription feroit un volume. Il liiffinr
de dire ici qu’on y remarque la louve de bronze
qui allaite Remus & Romulus*, les'quatre grands
reliefs repréfentant plufieurs "traits de l’hiftoire
de Marc—Aurèle , la couronne roftrale du conful
Duillius , qui eut le premier dans Rome l’honneur
du triomphe naval *, le courier qui s’arracha
une épine du pied après avoir apporté de bonnes
nouvelles au fénat, ayant mieux aimé fouffrir
de grandes douleurs dans fon voyage , que de
retarder la joie publique *, les buftes de Cicéron
8c de Virgile *, les quatre anciennes mefùres romaines
, une pour l’huile, une autre pour le
grain , & deux autres pour le vin *, la nourrice
de Néron qui le tient par la main *, la déefïe
du filence *, le dieu Pan *, les trois Furies *, une
ftatue de Céfar avec fa cuiraffe *, une ftatue d’A u -
gufte *, celles de Caftor 8c de Pollux ; les débris
des coloffes d’Apollon -, de Domitien , & de
Commode *, le lion qui dévore un cheval *, les
trophées que quelques-uns difent être de Trajan,
8c les autres de Marius *, une colleélion de figures
égyptiennes. Les. deux chevaux de marbre qui fe
voient dans la place du capitole , ont été enlevés
du théâtre de Pompée *, 8c la ftatue équeftre
de bronze que l’on voit dans le même lieu , y
fut mife par Paul III. On croit que c’eft la ftatue
de Marc-Aurèle.
Pour ce qui eft du milliarium,/ ou colonne
milliaire du capitole, voye[ Milliaire.
On monte enfuite au palais de Saint Marc,
qui appartient à la république de Venife, 8c où
logent les ambaffadeurs qu’elle tient à la cour
D