
eft frappée à plomb de les rayons , & en fouffrs
une chaleur excejîive -, mais le milieu de -cette
zone eft beaucoup plus tempéré que fes extrémités
, tant a caufe de l’égalité des jours 8c des
nuits , qu’a caufe qu’il n’y a pas de folftice
comme fous les tropiques.
Les peuples qui demeurent précif ment au
centre de la zone torride j ont un continuel
equinoxe j les jours , ainii que les nuits, y font
perpétuellement de douze heures , 8c lès. crép.uf-
cules y font très - courts ^ parce que le foleil
descendant perpendiculairement fous l’horilon ,
arrive bientôt aux dix-huitième degré , qui eft
la fin du crepulcile du loir , & le commencement
de l’aurore.
On donne à la .zone torride neuf mille lieues
de z5 au degré en fon circuit fous l’équateur,
ce ^ qui e.ft fa plus grande étendue-, & environ
huit mille 2.5.3 lieues dans fes extrémités fous
les tropiques.
On- dit que les anciens ne croyoient la zone
torride ni habitée, ni habitable , 8c c’étoit là
effeâivement l’opinion générale.. Mais il eft à
propos de remarquer que notre zone torride eft
prefque le double de celle des anciens : la nôtre
s’étend d’un tropique à l’autre , la leur n’alloit
que du douzième degré de latitude fsp'tentrionaie
& un peu plus, au douzième degré de latitude
méridionale , Sc quelque chofe au-delà. Strabon
eft formel la defliis. Il dit qu’à trois mille ftades
de Méroé y en tirant droit au midi, on parvient
aux lieux où perfonne ne peut habiter à caufe de
ia chaleur v que ces lieux ont le. même parallèle
que la région Cinna Momifere -, que c’eft là qu’on
doit mettre les bornes de notre terre habitée
du côté du midi.
Ajoutons à ces trois mille, ftades, les cinq
milles que Strabon compte de Syéne à Méroé ,
nous aurons huit mille ftades du tropique du
cancer au commencement de la zone torride ;■
refie donc huit mille huit cents ftades de ce
dernier point à l’équateur ? or huit mille huit
cents, fiades font iz degrés 8c un peu plus, liii-
yant le calcul de Sfrabon , pu il qu’il compte feize
mille huit cents fiades de Syéne , ou du tropique
à l’équateur.
Quoique la plûpact des anciens ne cru fient pas.
leur zone torride habitable , il s’efi trouvé néanmoins
quelques - uns de leurs philofophes. qui
n’ont pas liiivi le. torrent. Strabon lui-même
qui tenoit pour l’opinion commune , dit que
tolybe 8c Eratofthene étaient d’un avis contraire.
On no voit pas,, en effet, comment avec
un peu de philofophie on pouvoit croire la terre
habitée en-deçà du douzième degré 8c inha--
bitable au-delà. D’aideurs dans le fait, il paraît
que Strabon & tous les auteurs qu’il cite con- 1
noifloient des pofitions au-delà du douzième
degré. Si le mont Elephas dont parle ce géo- •
graphe après Arthémidore, eft le mont Frellet
d’au ourrVhaî, comme il y a bien de l’apparence,’
fi le Holov x e?AÇ Je cap d’Orfai , ou un autre
encore, plus méridional, luivant Ptolétnée , nous
voila^ affurement au-delà du douzième degré.
L’equateur divife la zone torride en deux
parties égales , qu’on peut regarder comme
deux zones torrides , l’une au nord , & l’autre
au fiid dé l’équateur.
Sous la zone torride , font fitués une grande
partie de l’Afrique , l’Abaflie , l’Océan indien ,
une partie de l’Arabie, Camboye , FInde & les-
îles de la mer des Indes , Java , Geylan , l!e
Pérou , le Mexique , une grande partie de l’Océan
atlantique, l’ile de Sainte-Helène , le JBréflI 8c la nouvelle Guinée.
Le tropique du cancer paffe un peu au - delà
du mont Atlas , fur la côte orientale d’Afrique,
fur les confins de la libye & autres, lieux dans
l’intérieur de l’Afrique, par Syéne en Ethiopie v
il triaver^e nier Rouge au - delà du mont
Sinaï 8c de la Mecque 5. les pays Mahométans , 8c l’Arabie heureufe ; il entre enfuite dans la
mer des Indes, touche les bords de la Perfe ,
& traverfe Cambaye , l’Inde , Camboye , ou
les limites du royaume de Si-am , jufqu’à- ce
qu’il arrive à la mer Pacifique. Après l’avoir
traverfee , au deflbus de la Cherfbnèfe d’Amérique
& la Californie, il-pafle par le Mexique,
par l’océan atlantique , 8c touche les côtes de
i île de Cuba , & enfuite retourne à la côte
occidentale d’Afrique.
Le tropique du capricorne ne pafle que par
un. petit nombre de pays , il traverfe prefque
par-tout des mers. \ il pafl'e d!abord par la partie
méridionale , ou la langue d’Afrique ,. kMono-
motapa, Madagafcar , dans l’océan Indien , dans
lanouvelle Guinée , l’Océan pacifique , le Pérou
le Bréfil & l’Océan atlantique.
Ce n’eft point le froid qui fait Phiver fous la>
zone torride , ce font les pluies, ou une chaleur
moindre que dans l’été , pareillement , il
n y a dans bien des endroits de la zone torride y
que deux fàifons par an , lavoir l’hiver & l’été.
Plufieurs caufes contribuent à diverfifier les
friions , la chaleur , le froid , les pluies , la
fertilité ou la ftérilité qui règne dans les différentes
régions de la zone torride..
Les pays fitués à l’oueft de l’Afrique, depuis
le tropique du cancer julqu’au cap verd qui eft
a quatorze degrés de latitude nord, font tous
fertiles en bled , en fruits de plufieurs fortes,
en beftiaux , & les habitans y ont des corps
robuftes. La chaleur n’y eft guère au defirus
d’un jufte milieu v les habkans vont aifément
nuds , à l’exception des riches qui portent des
habits. Les caufës de cette fe r tilité & de l’air
tempéré qui y règne ( quoique ce fait la zone
torride ) , font i°. plufieurs rivières , dont les
principales, le Sénégal 8c la Gambie , arrofent
le pays, 8c rafraîchirent l’a i r z ° , le voifmage
de la mer qui fournit des vapeurs humides &
des vents frais.
Dans la partie méridionale d’Afrique , appellée
Guinée , qui s’étend à l’eft & à l’oueft, 8c qui
eft a quatre degrés ou plus de latitude nord , il
y fait une chaleur continuelle fans aucune fraîcheur.
Il y fait dans certains mois une pluie
abondante, des tonnerres , des éclairs fi fréquens
& Res tempêtes fi terribles , qu’il faut l’avoir
vu pour le concevoir. Les campagnes y reftent
défertes pendant les .mois pluvieux , & le bled
n’y croît pas. Mais quand ils font paffés „ on
creufe le terrain qui eft fec, qui a bù toute la
pluie, 8c on y mêle du charbon broyé au lieu
de fumiei , qu’on y laifie pourrir pendant dix
jours après cette préparation de la terre , on
feme & l’on recueille enfuite la moifion.
Les tempêtes , les éclairs 8c les pluies femblent
provenir de ce que le foleil enlève une grande
quantité de vapeurs de la. mer & d’exhalaifons
fulphureufes de la terre de la Guinée, qui ne
font diiïipées par aucun vent confiant. Quand
ces pluies tombent, l’air eft tiède , le foleil eft
vertical, 8c la chaleur qui règne , caufe une
grande difficulté de refpirer.
Quoique leurs campagnes foient en friche pendant
les mois pluvieux, leurs arbres portent fans
ceflê du fruit. Le jour y eft prefque égal à la
nuit toute l’année le foleil fe lève 8c fe couche
a fix heures ; mais on le voit rarement fe lever
& fe coucher, parce qu’il le lève le plus fou-
vent couvert de nuages , 8c qu’il fe couche ,
après avoir été enveloppé dans les nues.
Viennent enfuite les pays fitués dans la langue
de terre d’Afrique , qui s’étend au nord 8c au
fud , comme le Manicongo , Angola , Sec. depuis
le fécond degré de latitude nord, jufqu’au tropique
du capricorne -, car le royaume de Congo
commence au fécond degré de latitude fud.
L’hiver y eft à peu près comme le printemps
en Italie , d’une chaleur tempérée : on n’y change
jamais d’iiabits , 8c il fait chaud , même fur le
fommetdes montagnes. L’hiver pluvieux y arrive
avec le mois d’ayril & dure jufqu’au milieu de
lèptembre v alors l’été commence 8c dure jufqu’au
quinze mars, & pendant tout cet intervalle
, l’air y eft toujours ferein mais en hiver
on voit rarement le foleil à caufe des nuages
pu des pluies. Il n’y pleut pas néanmoins tout le
jour , mais feulement deux heures avant midi , 8c deux heures après.
Dans la province de Loango qui borde là
mer, 8c n’eft pas loin du Congo , à quatre
degrés de latitude, il y a aufti des mois d’hiver
pluvieux , 8c des mois d’été fort clairs ; mais le
fingulier , c’eft que les pluies arrivent en des
mois differens dans ces deux royaumes voifiiis.
Quand on tourne autour du cap-, à 1-a-^ôte
orientale de la langue de terre d’Afrique , où
lbnt fitués Sophala , Mozambique 8c Quiola ,
jufqu’à l’équateur, l’hiver y dure depuis le premier
feptembre jufqu’au premier février-, 8c
.l’été règne tout- le refte de l’année.
Les autres pays fitués depuis cette-côte jufqu’à
l’embouchure du golfe d’Arabie, & de là ,
jufqu’au tropique du cancer, nous font trop
inconnus pour dire l’arrangement de leurs fai-
fons. Nous favons. feulement. , que tout cet
efpace de terre eft ftérile , l’ablonneux , extrêmement
chaud , 8c fans prefque aucune rivière
qui i’arrofè.
Paffons de l’Afrique aux pays de l’Afie , qui
font fitués fous la zone torride -, nous y trouvons
l’Arabie fur la mer Rouge , depuis la Mecque
jufqu’à Aden , à douze degrés de latitude-nord.
Il y règne de grandes chaleurs en mars 8c en
avril ; & encore plus quand le foleil y pafle
par le zénith , & qu’il en refte voifin en mai,
juin j juillet & août. La chaleur y eft fi grande ,
qu’on eft obligé de fe faire jetter de l’eau fur
le corps pendant le jour , ou de fe tenir dans
des citernes remplies d’eau. Les marchands
s’afîemblent la nuit à Aden pour les affaires de
leur commerce , & même alors, ils ont encore
bien chaud. Ou peut fuppofer avec Varenius ,
que cette extrême chaleur vient de ce qu’il ne
fort point de vapeurs aqueufes de la terre, qui
eft pierreufe 8c qui manque d’eau. Quant aux
vapeurs qui s’élèvent de la mer Rouge , le
vent général, quoique foible en cet endroit ,
lès emporte vers i’oueft. Il y a aufli beaucoup
de fables qui confervent toute la nuit la chaleur
qu’ils ont reçue le jour , & la communiquent
à l’air.
A Cambaye, & dans l’Inde qui eft fous le
tropique du cancer , & fur la côte de Malabar
aux Indes orientales , du côté de l’oueft -, la
faifon humide dure depuis le 10 juin jufqu’au
10 d’odobre , plus ou moins long-temps , 8c
plus ou moins conftamment.
Sur la côte orientale de l’Inde appellée Coromandel
, la chaleur eft infupportable depuis le
4 mai jufqu’au 4 juin *, le vent foufïle du nord ,
& l’on ne peut pas fe tourner de ce côté-là
fans fentir un air brûlant , tel qu’on en relfent
auprès d’une fournaife ardente : car le foleil eft
alors au nord à midi , & les pierres 8c le bois
font brûlans ; mais l’eau des puits eft froide :
de forte que plufieurs perfonnes font morte*
pour en avoir bu ayant bien chaud.
Dans les pays fitués fur la côte de la mer ,
à l’embouchure du Gange , qui font oppofés à la
côte de. Coromandel, 8c qui font au nord de la
zone torride , comme Siam, Pégu , 8c la pref-
qu’île , de Malaccales mois pluvieux qui font
déborder les rivières , font feptembre , oflobre 8c novembre : mais dans le pays de Malacca ,
11 pleut toute l’année deux ou trois fois par
femaine , excepté dans les mois de janvier ,