
pice confacré à la charité, qu’un Ambaffadeur de
l’empereur Charles V vint en 1 5 4 a , après les
fêtes de pâques, trouver François Ie r , où il lui
déclara la guerre. Ce prince a paffe dix jours à
Tonnerre avec fa cour.
Il yvavoit encore un hôtel-Dieu pour les pèlerins
& les pauvres voyageurs paffans, fondé
par les habirans, du temps des croifades, dans
le onzième fiècle ; on les recevoit 8c les nour-
rilfoit pendant une n uit, 8c on leur donnoit
5 fous pour continuer leur route : s’ils,étoient
malades, ils reftoient jufqu’à leurrétabliffement:
ils étoient fervis par des matrones qu’on appelloit
nonains aux poignets blancs, & par quatre chapelains
pour le fpirituel. La déclaration du roi
contre les mendians , rendue en 17 x6 , a fait
cefTer entièrement cet établiffement.
Les charges de l’hôtel-Dieu ne fubfiftant plus,
l’emploi des revenus.de cette maifon a fait naître
entre la ville qui défiroit les réunir au collège,
8c le curé de la paroiffe où cet holpice étoit
lîtu é , qui vouloir les réunir à fa cure , un procès
au confeil d’état, commencé en 1755 , 8c
qui n’eft pas encore jugé.
Le comté de Tonnerre eft fans contredit un
des plus anciens comtés de la France ; on ignore
les noms de ceux qui l’ont tenu en qualité de
comtes ou de gouverneurs dans les cinquième
6 fixième fiècles, jufqu’à la' fin du feptième. Le
premier dont le nom foit connu , eft Saint-Gueri,
q u i, de comte de Tonnerre, fut religieux, puis
abbé de Saint-Pierre^-le-vif-de-Sens, & de là
élevé fur le fiége archiépifcopal de la même
ville. Il eft mort en 708.
Nous ne ferons point mention de la longue
fuite de fes lucceffeurs •, nous nous bornerons
à dire que ce comté a paffé lucceflivement dans
les maifons, de Nevers , de Courtenay , de
Douz i, de Châtillon, de Bourbon , de Bourgogne
, de Tlhâlon , de Hurfon , & enfin de
Clermont , dont la mémoire & le nom font
encore chers aux habitans. Jofeph de Clermont
l’ a vendu , en 1684 , à Michel - François le
T e llie r , marquis de Louvois, miniftre & fecré-
taire d’état au département de la guerre.
Tonnerre a été deux fois, entièrement détruite
par le feu , après avoir été pillée 8c ravagée
: la première, en 13 59, parles Anglois,
fous la conduite d’Edouard III -, la fécondé, ainfi
que nous l’avons; obfervé plus haut , en 1414 ,
par le duc de Bourgogne Jean - fans - peur, qui
pourluivoit avec acharnement, les armes à la
main, Louis de Chàlon, comte de Tonnerre,
fon vaflal , à caufe de fes terres dé Crufy-
Argenteuil & Parfy. La caufe de fon inimitié !
venoit de ce que Louis de Châlon s’étoit déclaré
en faveur du duc d’Orléans. Ces deux princes
( le duc de Bourgogne & le duc d’Orléans )
étoient irréconciliables, parce qu’ils prétendoient
gouverner, à l’exclufion l’un de l’autre, pendant
la fâcheufe maladie du roi Charles VT.
Louis de Châlon n’ayant pas aflez de troupes
a oppofer à Jean - fans - peur, avoir abandonné
Tonnerre, obligé de laiffer fes. terres expofées
au refïentiment des Bourguignons. Ceux-ci ne
trouvant nulle part de réliftance , firent le
fiége de Tonnerre 8c du château, qui ne dura
pas long - temps , & s3emparèrent incontinent,
dit Guillaume Paradin , Annales de Bourgogne ,
livre I I I , p. 19° » de la ville de Tonnerre >
du château, & de leurs appartenances , lefquels
furent pillés. & mis totalement à fo c , 8 détruits
en haine du comte. En 1656, elle a encore- été
la proie des flammes, que des incendiaires gagés
pour cet effet par . . . . Je m’arrête , taifons
une atrocité , & ne troublons point les cendres
des morts -, deux fiècles 8c plus , qui fe font
écoulés depuis , n’ont pu cependant en faire oublier
les auteurs. On avoit mis le feu en cinq
ou fix endroits différens, dans un temps où une
partie des moiffons étoit entames dans les
granges •, c’étoit le 8 juillet : l’hôpital feul a
échappé à ces différens défaftres.
Enfin, ce qui ne peut que foire honneur' à fes
habitans, c’eft que par leur fidelité 8c leur attachement
inviolable au ro i, du parti duquel ils
n’ont jamais voulu fe féparer, ils ont été rançonnés
plufieurs fo is , du temps de la ligue,
par les partis proteftans. Cette ville eut la gloire
de ne fe point détacher de l’obéiffance du ro i,
malgré les follicitations , le s . entreprifes des
ligueurs, & l’exemple des villes voifines qui fui-
virent ce parti.
Tonnerre eft renommé par fes vins -, ils font
fon principal commerce , & font connus dans
toute la France, & même chez l’étranger : les
vignes qui les produifent font fituées fur des
coteaux où la roche n’eft recouverte que d’ une
légère couche de terre ; encore cette terre eft-
elle pierreufe , friable , maigre, & ne gardant
point fon eau : aulli la vigne y vient - elle
difficilement, mais le fruit en a plus de qualité.
Elle produit du vin excellent , mais en
petite quantité, relativement à la multitude des
plantations ; tandis que les autres vignobles
donnent avee plus d’abondance. On fait à Tonnerre
des vins blancs & des vins rouges ; les
premiers font vineux, légers, agréables au goût,
8c accélérant l’adion des reins -, les rouges font
fins & laiflent dans la bouche un parfum très-
agréable. I l eft même quelques cuvées d’élite;
qui le difputent aux vins de Bourgogne, fur-tout
dans les années sèches ; ils ont d’ailleurs l’avam-
tage de fe conferver très-long-temps. Ce qui
précédé nous a été fourni par M. Campekon ,
JD. Med. à Tonnerre.
Tonnerre eft la patrie d’une héroïne de nos
jours, dont le nom mérite de pafl’er à la poftérité.
Cette ville a vu naître mademoifelle d’Eon q u i,
en diifunulant fon fexe , afpira à divers genres
de gloire, auxquels l’accès lui paroiffoit interdit :
rendue aujourd’hui à l’extérieur du fexe qu’elle
déguifa, on l’a vu fucceflivement Miniftre-pléni-
potentiaire du roi de France à la cour de Londres ,
Chevalier de Saint-Louis , Cenfeur-royal , & c . ,
& réunir le triple laurier de l’homme d’ éta t, de
l’homme de guerre , & du littérateur. (JR.)
TONNINGEN , ville de Danemarck, au duché
de Slefwick, dans une péninfiile formée par la rivière
d’Eyder, à 10 li. au f. o. de Slefwïck, 23
n. e. de Hambourg, 8c à 4 de la mer. Le roi de
Danemarck la prit en» 1707 fur ie duc de Gottorp,
8c en fit rafer les fortifications. Elle a un port où
les vaifléaux de l’Océan peuvent entrer aifément,
ce qui lui procure du commerce. Long. aff, 44 i
lat. *4, a. 8. (R.)
TONQUIN. Voye[ T unquin.
TONSA. Voyeti T osa,
TOOKAIDO , une des fept grandes contrées du
Japon. Tookaido veut dire la contrée du Jud-efl.
Elle comprend quinze provinces dont les revenus
fe montent en tout à 494 monkockfs de riz. Un
man contient dix mille kockfs, 8c un kockf trois
mille balles ou facs de riz. (B.)
TOOM. Voyei T omoskoi.
TOOSANDO , c’eft le nom d’une' des fept
grandes contrées de l’empire du Japon. Toofando
fignifie la contrée orientale. Elle comprend huit
grandes provinces qui font Oomi, Mino , Fida,
Sinano, Koodfuke, Simmodfuke, Mutfü &Dewa.
Les revenus de ces huit provinces de la contrée
orientale montent à 563 manckofs de riz. (JR.)
TO O TOM I , une des quinze provinces de
l ’empire du Japon , dans la contrée du fud-eft.
Cette province eft une des plus fertiles & des plus
belles de cette contrée par l’ agréable variété de
fes collines , rivières, plaines, villes 8c villages.
On compte fa longueur de deux journées & demie
de l’eft à l’oueft, 8c elle fe divife en quatorze
diftriéts. (R.)
TO PA YO S , nom d’une forterefle, d’un bourg
d’ une rivière,& d’ un peuple de fauvages de l’Amérique
méridionale au Bréfil.
La fortereffe de Topayos appartenant aux Portugais
; elle eft à 15 lieues de Pauxis , à l’entrée de
la rivière du même nom , qui defcend des mines du
Bréfil. Des débris du bourg de Tupinambara, s’eft
formé celui de Topayos, dont les habitans font
prefque tout ce qui refte de la nation des Tupinam-
bas , dominante , il y a deux fiècles, dans le Bréfil.
Les Topayos, ou Tapuyes font cruels , vindicatifs
, &: antropophages. Us vivent dans des
cabanes, 8c couchent dans des réfeauxou filets
de coton fufpendus. Les uns vont prefque tout
nuds •, d’autres fe couvrent de peaux de bêtes.
Us n’ont ,point de loi;, ni de prince, & ils ne
donnent point de marques de religion. Leurs
armes font l’arc 8c les flèches -, leurs occupations
ordinaires font la chaffe , la pêche & la danfe *,
Ils font une rude guerre aux Tupiques leurs
voifins : dans leurs fêtes ils mangent les pri-
fonniers qu’ ils ont faits les uns fur les autres;
8c ces malheureux font invités à prend e part
à la joie avant leur morr. Us s’y divertifient &
font paroitre tant de confiance, qu’il feroit im-
poffible de s’imaginer que ce font des victimes
au moment d’être immolées.
C’eft chez les Topayos qu’on trouve le plus communément
de ces pierres vertes , connues fous le
nom de pierres des amazones, & qui ont été autrefois
fort recherchées, à caufe des prétendues vertus
qu’on leur attribuoit^de guérir de la pierre , de
la colique néphrétique, & même de l’épilepfie.
La vérité eft qu’elles réfiftent à la lime, & qu’elles
ne diffèrent guère ni en couleur ni en dureté du
jafpe oriental. Mémoires de Vacadémie royale des
Sciences , ann. 274^. (RJ)
-TOPHANA ouT opana, faubourg delà ville de
Conftantinople fur le bord de la mer, au-deffous de
Péra & de Galata, à l’entrée du canal delà mer
Noire, où la plûpart des gens fe rendent pour s’embarquer
, quand ils veulent aller fe promener fut
l’eau. On l’appelle Tophana, comme qui dirait,
arfenalp ou maifon du canon : car top en turc
fignifie maifon ou lieu de fabrique. Rien n’eft fi
agréable que l’ amphithéâtre que forment les maifons
de Galata, de Péra, 8c de Tophana-, il s’étend
du haut des collines jufqu’ à la mer. (R.)
TOPINAMBES (île des) , îles de l’Amérique
méridionale, dans la Terre-ferme , au pays des
Amazones , dans le fleuve de ce nom , au-deflus
du bofphore de l’Amazone. Le comte de Pagan
donne à cette île 60 li. d’étendue, 8c vante
beaucoup la fertilité de fes terres , ainfi que la
beauté de fes rivages,. (R.)
TOPINO ( le ) rivière d’Italie, au duché de
Spolète, en latin Tinia. Elle a fa fource dans
l’Apennin, paffe à Fuligno, 8c après avoir groffi
fos eaux de celles de diverfès rivières qu’ elle
reçoit , elle va fe jeter dans le T ib re , entre
Pontenuovo & Torsiano. (R.)
TOPLITZ. Voyei T oeplitz.
TO PO G L IA , bourgade des états du Turc ,
dans laLivadie. On croit que c’eft l’ancienne ville
Copce, fituée fur le marais Copaïs, que les Grecs
modernes appellent Limnitis Livadias. Le marais
ou lac de Topoglia reçoit le CephyfTus & autres
petites rivières qui arrofent une plaine d’environ
15 li. de tour , & qui eft abondante en bleds
8c en pâturages-, aufii étoit-ce anciennement un
des quartiers les plus peuplés de laBéotie. (R.)
TOR, petite ville d’Afie , dans l’Arabie pétrée,
fur le bord de la mer Rouge, avec un château
pour défenfe. Son port eft affez bon pour les
vaiffeaux 8ç pour les galères -, c’eft l’ abord des
pèlerins turcs qui vont à la Mecque ; il s’y trouve
un monaftère de moines grecs dans le jardin def-
quels font des fontaines amères. Bien des auteurs
prennent cette ville pour l’ancienne Elana. Long.
lat. z8. (R .)
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