
pétrole , des pyrites du foufre, de la nacre de
perles, 8c de très-belles perles que fourniffent
les pêcheries de Finlande. Le Smaland & le'territoire
de B abus donnent du fe l, mais pas fuffi-
lamment pour la confommation du pays.
Soft origine & ion commencement nous font
inconnus. Lès révolutions qu’elle a efluyées, ont
été exa&ement décrites par Puffendorf, & agréablement
par l’abbé de Vertot. La Suède, probablement
épuifée d’habitans par les anciennes
émigrations dont l’Europe fut inondée , ' parut
comme enfevelie dans la barbarie , pendant les
h u it, neuf, dix & onzième fiècles. Le chriftiâ-
nifme qui y fut prêché dès le neuvième , n’y fit
aucun progrès. Elle renonça au chriftianifme dans
le fiecle fuivant ; & dans le onzième , toutes les
cotes de la mer Baltique étoient encore païennes*-
Les premiers rois de cet état étoient ablolus.
Les Suenon.es, dit Tacite , font tonjbés fous la
domination d’un leul ; ce n’eft plus une monarchie
-tèmpéréè, c’eft le pur defpotifme. Les Sue noues
lont Tes Suédois; je n’ai pas befoin d’en avertir,
ni de remarquer que les choies ont bien changé.
Les Suédois, ce peuple de tous les Germains le
feul efclave du temps de T a c ite , & l’ un des plus
barbares dans les fiècles d’ignorance, font devenus
de nos jours une nation du nord des plus éclairées, .
8c l’une des plus libres des peuples européens qui
ont des rois. Outre que la monarchie y éft mi-
îig é e , la nation fuédoifè eft encore libre parla
conftitution , qui admet les payfans thèmes dans
les états-généraux.
La couronne de Suède , anciennement éleâive
n’e lt devenue fucceflive 8c héréditaire que fous,
le règne de Guftave I er. Il fut réfplu dans une
affembléè de la nobleffè, tenue à Stockholm en
1680, & confirmée à la diète en 1682, que les
filles fuecéderoient à la couronne , fi les mâles
venoient à manquer dans la famille royale.
Les états du royaume avoient beaucoup plus
d’autorité qu’ils n’ en o n t , depuis qu’on a changé
là forme du gouvernement. Il eonfifte en quatre
ordres , qui font : la noblefie § le clergé, les
•bourgeois, 8c les payfans. Ces quatre états, com-
pofés. d’un millier de gentilshommes , de cent
eceléfiaftiques, de cent cinquante bourgeois, &
d’environ deux cent cinquante payfans , fai-
foient les loix du royaume.
. La noblelfe a pour çhef le maréchal de la
diète, qui eft nommé par Je foi : elle eft partagée
en trois clafîes ; la première eft celle des
comtes & des barons ; la fécondé , celle lies
maifons illuftres par les charges de îa couronne ,
ou par- les emplois confidérables ; & la dernière
eft celle des fimples nobles.
L’archevêque d’Upfal êft à la tête du clergé ;
en qualité du primat du royaume. Les bourgeois
ont ordinairement à Jeur tête le bourguemëftre
de Stockholm ; les payfans choififlent un préfixent.
Le roi congédie le plutôt qu’il peut l’ affemblée
des états, de peur qu’elle ne cenfurd
1 adminiftration publique, 8c ne propofe des reformations.
Le fenat'•eft le corps le. plus confidérable du
royaume , apres les états généraux. Le corps des
lenateurs , aujourd’hui réduit à douze, étoit au-
trefois libre , juge des'adions & de la vie du roi ;
il n eft plus aujourd’hui que le témoin de fa conduite.
. depuis 17721 époque de la révolution politique
de la Suede, le -roi a porté une loi approuvée
des Etats , i par laquelle on a reconnu foïi
autorité^ indépendante : il ne doit plus1 fuivre
1 avis du fenat, que quand il fera univerfellemenc
contraire au fien. Dans le cas où les avisferoient
partagés, le roi peut choifir celui qui lui conviendra
le plus : aufii le fenat celfe-t-il d’être
Comptable, de fa conduite aux états ; c’eft le
monarque qui Tê devient. Lé roi ne peut faire ni
abroger aucune lo i , impofer aucun .fubfide , ni
deçlarer la guerre ', fans le contentement dés
état*, qui n’ont point de temps fixe pour s’affem-
bler, 8c qui ne peuvent l’être que de l’ordre du
prince. La tenué des états ne peut durer que trois
mois ; & fi , a ce terme, il n*y â rien de décidé,
les choies reftent fur l’ancien pied. Le roi
nomme a toutes les grandes charges du royaume ,
en çhoififfant parmi les prétendans que le fenat
lui prétente. D’après cette courte expofition de
| | ConftitutionJ politique a élu elle de la Suède 1 '
il eft clair que çe royaume a perdu une partie
de fa liberté | & que la monarchie, toute modérée
quelle peut être aujourd’hui , menace de faire
^chaque jour des pas infenfibles vers le defpotifme
! ; ' r
Les confeils fupérieurs du royaume , font : le
eonfeil royal de la cour , 1 e college royal de
guerre, le collège de l’amirauté , le college royal
de la chancellerie , le collège royalVdes finances ,
le comptoir royal de l’éta t, le collège royal des
mines, lè college royal de commerce, la chambre
royale de révilion.
La Suède a l’avantage d’avoir un nouveau cbdè
de,loix, examiné par les diètes en 1731 8c 1734,
confirmé par le roi, &: publié en 1736. L’ordonnance
concernant la forme d’ inftruébfcn pour les
procès , eft. aufii courte que fimple. C’eft ainfi
qu’une nation que nous jugeons fi loin dé nous
encore pour les beaux-arts , nous a déjà devancé
dans une partie aufii effentielle au bonhèur des
citoyens , en fecouant une légiflation qui! étoit
l ’ouvrage des fièçles de barbarie & d’ignorance.
Buiffe cet heureux exemple, déjà imité par l’impératrice
des Ruflies, 8c le grand Frédéric , nous
faire rougir-enfin de notre code féodal, & nous
jdonner des loix deftinées à affurer la protèélion
& le repos des familles , & non à enrichir les
avides 8c méprifables fuppôts de-la chicane!- >
"■ Le revenu des rois de Suède a été beaucoup
augmenté depuis le changement de religion, par
îa poflefiion des biens du clergé, 8c par la réunion
au domaine de tous ceux qui* en avoient été
aliénés. Le roi tire encore fon revenu des droits
qu’il lève fut; les mines:du royaume, fur ies
amendes , & far les marchandifes;
- Nous n’avons pu nous procurer jufqu’ ici des
mémoires fur la totalité des revenus de cette
couronne ; nous favons feulement qu’en 1753
la dépenfe montoit à 11,800,42-3 rixdallers ; en
1766, la'dette nationale montoit à 33,680,000
écus.
Les revenus du royaume ne pafient point dix-
fept millions de livres ; & les dettes en 1772
montoient à 90,450,000 liv ., q ui, à 4 J pour
cen t, payoient aux nationaux ou aux étrangers
4,070,250 liv. A cette époque même ,• il .n’y
avoit.pas plus,-de 2 millions d’argent en circulation
dans le royaume ; on y avoit fubftitue le.
papier de la banque. On font combien peu de
fi foibles revenus, doivent itiffire aux beloins de
l’état ; mais -, depuis la guerre d’Amérique, nous
devons obferver que la .Suède a beaucoup gagné
en fourniffant aux nations belligérantes les matériaux
néceffaires pour la marine : fon commerce
d’ailleurs s’eft beaucoup plus étendu ; & l’ambition
démefurée de l’Angleterre., qui lui a attiré
une.'guerre' fi fanglante 8c fi ruineufe, a du moins
été utile aux dinerëns états du nord , qui ont
été dédommages par-là de ce qu’ils avoient eu
à fouffrir depuis fl long-temps des prétentions
excefiives de la Grande-Bretagne.
La religion luthérienne règne en Suède. L’é-
glife de. ce royaume eft gouvernée par un archevêque
& par dix évêques , qui ne font em-
barraftes de l’adminiftration d’ aucune affaire particulière
, 8c qui ne font jamais appelles au
conteil que lorfque les états a’afiemblent. Leurs
revenus font fort médiocres. Ils ont fous eux
f’ept ou huit furintendans qui ont tous autorité
d’évêques , mais qui n’en ont pas le nom ; 8c
fur chaque dix églifes y il y a un prévôt ou
diacre de la campagne. Il a quelqu’autorité fur
les' eceléfiaftiques inférieurs qu’on compte par
le nombre des églifes , qui montent tout au
plus à 2500 liv. , tarit dans le duché de Finlande,
que dans la Suède. Les chapelains 8c
les curés grofiifientle corps des eceléfiaftiques
de près de quatre mille pedonnes. Ils font tous
fils de payfans , ou de fimples bourgeois , &
par. conféquent ils fe contentent du petit revenu
qu’ils- tirent de leurs charges. Lorfqu’ il meurt
un évêque , le clergé,de chaque diocèfe propofe
trois perfonnes au ro i,’ qui choifit l’une des trois-
pour remplir la prélature vacante. ‘ Tous les cha- i
pitres du royaume donnent aufii leurs fuffrages
pour. Péleétion d’ un archevêque, mais la décifi-on
appartient au roi feul , qui de plus , a le patronage
de toutes les églifes , à la réierve de quelques
unes, dont la noblelfe difpofe.
On ne-connoiffoit point en huède, en Danémarck,
& dans le refte du nord, avant la
fin -du* leizième fiècle , aucun de ces titres de
comte, de marquis , de baron , fi ft'équens dans
le refte de l’Europe. Ce fut le roi Eric, fils
-de Giiftave Vafa , ;qui-les introduifit dans fon
royaume vers l’ an, 1561 , pour fe faire des créatures
; mais ce fut une foible reffource , & ce
prince laifia au monde un nouvel exemple des
malheurs qui peuvent fuivre le défit d’acquérir
un pouvoir arbitraire dêfpotique.
Le fils du reftaurateur de la Suède fut açcufo
dç. plufie'urs .crimes par-devant -les états aflem-
blés ,• 8c dépofé par une fentence unanime ,
-comme Ghriftiern II l’avoit été èn Dariemarck;
on le condamna à une prifon perpétuelle , 8c
on donna la couronne à fon frère Jean III.
On ne trouve dans toute la Suède que 120
villes; elles,font rares fur-tout dans la partie
feptentrionale 8c en Finlande ; il eft même de
grandes provinces où on n?en rencontre pas une
feule , comme le Jenitland, & le Herdalen*
Quant à.la population de'ce royaume , en 1760
on n’y compta que 2,383,113 perfonnes, lavoir
1,127,938 mâles, & 1,255,175 de.l’autre fexe.
En 1769 ce nombre étoit augmenté de plus de
2©p,ooa : une difette d’hommes , fi extraordinaire
dans un pays d’où fortoient ces nombreufes
peuplades qui ont tant de fois inondé. l’Europe y
doit bien occuper l’altention des politiques. On,
doit en açcufer la langueur de l’agriculture, le
luxe ,■ l’émigration des fujets qui vont chercher ,
une terre moins malheureufe , quelques maladies
épidémiques, mais fur-tout la religion 8c
le gouvernement, qui dans prefque touÉf les
pays du monde -, dévorent l’ efpèce humaine.
; La nobleffe fuédoife eft "très- nombreufe , &
jouit de droits 8c de privilèges confidérables.;
La langue êft une branche de l’ancien langage
de Scandinavie ; mais elle varie félon les pro-;
virices. Plufieurs. paroiffes de la Dalecarlie parlent
encore en partie l’ancien goth; & les Finlandçis
on t. le même -langage que les Eftonieris ; il
reffemble auffi à celui des Lapons' 8c des Hongrois.
Les arts 8c les fciencës , depuis quelque temps
ont fait des progrès affez confidérables dans ce
royaume. Il y a une univ.erfité célèbre à Upfal,
qui eft te. plus ancienne de la Suède , 8c une
académie des feiences fondée en 1728. Une fécondé
univerfité à Lunden en Scanie , 8c une troisième
enfin à Abo en Finlande. L’academie royale
des feiences de Stockolm a été érigée en 1739.
On y trouve aufii une académie pour les'antiquités
, une autre de belles-lettres fondée en 175 3,
une de peinture 8c de fculpture, un collège de
médecine, un laboratoire de chymie & de nié- *
canique , 8c piufieùrs autres établiffemens pour .
encoarager les feierices. Un grand nombre de
Villes ont des colleges 8c des écoles latines, 8cc.
Autrefois 011 ne coniptoit pas une feule manu- •