
de Rome. Du palais de Saint Marc on va au
mont Quirinal , appelle préfentement Monter-
cavallo ; & en paffant par le quartier de la
ville , nommé autrefois forum Trajani y on s’arrête
à confidérer la célèbre colonne de Trajan ,
érigée par le fénat en l’honneur de cet empereur.
Nous en parlerons dans un inftant.
La place de Monce-cavallo eft remarquable par
les deux chevaux en marbre blanc que deux
hommes tiennent en main par les rênes, &
dont Tiridate , roi d’Arménie, fit préfent à Néron.
Sur le piedeftal de l’une on l i t , opus Phidias j
Sc fur celui de l’autre , opus Praxitelis.- Ce font
ces chevaux qui donnent préfentement lé nom
a la montagne iiir laquelle étoient les bains de
Conftantin. Le palais que le pape occupe en été
eCb vis-a-vis.. L’eglife de Saint Pierre-aux-liens
n.’eil pas éloignée de Monte-cavcdlo y c’eft dans
cette eglife qü’eft la ftatue de marbre de.-Moi-fe
par Michel-Ange.
L’églife de Sainte Marie majeure eft la plus
belle égliie de celles de Rome qui. font dédiées
a Notre-Dame , & c’eft. de là qu’efl venu fon
nom -, elle eft fur le mont Efquilin, au bout delà
rue des quatre fontaines -, on vante beaucoup
lés deux chapelles, qui ont- été bâties par
Sixte V &: par Paul V..
Cette églife a beaucoup d’éclat. La nef eft
fou tenue par une belle fuite de colonnes ioniques
y & au lieu de voûte , c’eft im plancher
à caiffqns. fculptés 8e dorés.
Celle de S. André étoit celle du noviciat des
Jélliites , qù l’on admire la belle ftatue de
S. Staniftas par le Gros. A l’églife de la Victoire,
on ne fe laflé point; de voir là figure de Sainte,
.Thérèfe,. du Bernin , l’un des chefs-d’oeuvres, les
plus vantés de ce grand artifte. . •'
La porte del popolny, du peuple, ou des peupliers
, s’appelloit anciennement la porte Flami-
nienne y parce qu’elle étoit fur la voie. Flaini-
nienne. Les uns prétendent qu’on la doit nommer
la porte des peupliers y à çaufe de la quantité
d’arbres de cette elpèce qu’il y avoir dans cet.
endroit ; les autres tirent ion nom d’une églife
de. Notre-Dame, qui .eft à gauche en entrant
dans la ville , & qui fut bâtie par le peuple
romain, à la fin du onzième fiècle , dans l ’endroit
où. étoit le tombeau de Néron, & qu’on
appella a caufe de cela Notre—Dame-du-peuple.
La porte que l’on voit aujourd’hui, a été bâtie
fous le pontificat de Pie IV y par Vignole, fur
.les deifeins de Michel-Ange Buonaro.ta. Elle eft
de pierre travertine ,- ornée de quatre colonnes
.d’ordre dorique ,. dont les piédeftaux font d’une
hauteur qu’on :he peut s’empêcher de critiquer,
.malgré le refpect que l’on a pour ceux qui ont
conduit l’ouvrage.
L’entrée-de Rome par cet endroit, eft la feule
qui plaife a la vue-, on y trouve une place triant
gulaire, ouverte par trois rues, longues, droites
te larges ; celle du milieu eft la nie du cou f i $
il corfo y ainfi nommée, parce qu’on s’y promène
en carrolfe pour prendre le frais, 8e qu’elle
fert aux courfes des chevaux , 8e aux diverdi-
femens du 'carnaval -, une de ces rues pafle par
la place d’Elp.àgne, qui eft le lieu le plus fre-,
quenté des étrangers qui viennent à Rome.
Après avoir paffé devant l’églilë des Grecs ,
on vient au palais Barberin, l’un des plus beaux
de Rome , tant pour fa fituation du côté de la
montagne , que pour fes riches appartenons. Il
y a deux efcaliers qui font des chefs-d’oeuvres i
& Pierre de Cor tonne s’eft épuifé pour embellit*
le plafond de la grande fille", la galerie eft ornée
de tableaux & de rares ftatues.
On arrive enluite à i’égli-fe & au couvent des
Dominicains , appellé la Miherva, parce qu’ils
font conftruits fur.les ruines du temple de Minerve,
lequel renfermoit un bien plus grand efpace que
celui, qu’occupent aujourd’hui l’églife & le couvent.
On admire dans' cette églife le Chrift de
Michel-Ange. La figure eft de marbre blanc ,
de grandeur naturelle , entièrement nue , fans
la moindre draperie. C’eft un ouvrage fini, d’un
goût exquis , Se inappréciable. Les Dominicains
couvrent avec une riche écharpe la nudité de la.
figure.
' Antoine de Saint-Gall fut le- premier entrepreneur
du palais Farnèfe. Il le commença feulement
,• 8e Michel-Ange en eft regardé comme
le principal architeéle. La façade de ce bâtiment
eft large de cent quatre-vingt pieds y 8e haute
de quatre-vingt-dix. Les portes, les Ncroifées ,
les encoignures, la corniche 8e toutes les pierres-
principales font des dépouilles du Colilëe. On a.
ainfi détruit une partie de ce merveilleux monument.
On en a bâti prefque tout le grand
palais de la chancellerie,, aufîi-bien que l’églife
de Saint Laurent in Damafo-. Au lieu de' con-
ferver ces précieux reftes de l’antiquité, comme
a f.ïit Sixte V , à qui Rome moderne eft redevable
de- la plus grande partie de fa beauté, il
s’eft trouvé plufieurs papes qui ont contribué'
eux-mêmes à faire le dégât. Innocent V III ruina
l’arc, gordien pour bâtir une églife : Alexandre
V I démolit la belle pyramide de Seipion, pour
paver lès rués des pierres qu’il en ôta. Les
degrés de marbre par leiquels on monte à l’églife
d*Ara eceli y ont été pris d’un temple de Ro-
rnuîus ■, Saint Blaife eft bâti des débris d’un
temple de Neptune y Saint Nicôlas-de-l’Ame a
été élevé des débris du Cirque Agonal, & ainfi
de quantité d’autres.
Le palais Farnèfe eft un des plus beaux de
Rome-. On voit dans la cour, la ftatue de Flore ,
celle de deux gladiateurs , 8e celle d’Hercule
qui fut trouvée dans les bains d’Antonius Ca-
racalla. Il y a dans- une des; galeries , l’admirable
figure d’un dauphin portant fur fon dos un petit
garçon , & à Rentrée de la grande M i e l e s
ftatues de deux rois parthes qui font enchaînés.
On fait aufti grand cas des ftatues de la Charité.
& de l’Abondance , en pofture de deux personnes
qui s’embraffent. Tout autour de l’appartement
font les figures de plufieurs gladiateurs
l’épée à la main , dans les différentes
attitudes du combat. On aime encore mieux les
belles ftatues des anciens philofophes & peëtes
celles- d’Euripide , de Platon , de Poffidonius ,
de Zenon , de Diogène , de Sénèque , &c. On
entre aufti dans un appartement rempli de tableaux
des grands maîtres.
De là on paffe. 'dans la galerie dont les pla-ï
Tonds font de la main d’Annibal Carrache : ils
contiennent les hiftoires des amours des dieux
8e des- déeflés. La ftatue,d’Apollon taillée dans
un caillou , fe voit dans cette galerie. Dans
une cour de derrière eft le taureau de marbre
qui fait l’admiration des connoiffeurs , 8e qu’on
nomme le taureau Farnèfe. Voye[ Taureau
F arnèse.
A quelque diftance du palais Farnèfe , on
trouve la piazza de Pafquino , où eft la fameule
ftatue de Palquin, proche de la place Navone.
Voyei Pasquin.
La place Navone s’appelloit autrefois platea
agonalis y c’e f t - à - d ir e , la place des combats y
parce que c’étoit un cirque bâti par Alexandre
Sévère. Elle eft cinq ou fix fois plus longue
que large , & une de fes extrémités eft un arc
de cercle. On y voit le palais du prince Pamphile
, ainfi que la belle églife qu’il a fait bâtir
en l’honneur de Sainte: Agnès.
Le milieu de la place Navone eft moins élevé
que les bords de manière qu’on en peut faire
une -efpèce de lac , en retenant l’eau des trois
grandes fontaines qui font fur cette place. Celle
du milieu eft ornée d’un bel obélifque pofé fur
un rocher , a x quatre angles duquel font placées
quatre figures coloffales qui repréfentent les quatre
grands fleuves des quatre parties du monde le
Gange pour l’Afie , le N il pour l’Egypte , le
Danube pour l’Europe , 8e le Rio de la Pdata pour
l’Amérique. On peut donner trois pieds'd’eau au
milieu de.la place Navone, 8e c’eft. cequ*onfait
en é té , une heure'avant le coucher du foleil.
Le collège de la Sapience n’eft pas éloigné de
la place Navone. Eugène IV fit commencer le
bâtiment de ce collège. Enfuite Urbain VIII &
Alexandre VII l’embellirent d’une églife 8e d’une
bibliothèque publique. C’eft le plus ancien collège
de Rome , 8e le feul qui ait droit de. faire des
docteurs ; le pape en nomme les profeffeurs , qui
font prefque tous des religieux d’une érudition
peu brillante , quoiqu’ils aient beaucoup de privilèges
& d’honneurs. .
Le jardin de botanique eft. placé au Janicule
dans une expofition favorable , 8e dans un heureux
climat pour la culture des plantes , mais
«n n’.en profite pas davantage.
L’églifé de Saint Louis n’eft pas éloignée de
la -place Navone , 8e le palais Giuftiniani eft aux
environs. On voit dans ce palais de belles ftatues?
des dieux du paganifme. On y voit aufti divers
tableaux -de grands maîtres, entr’autres le tableau
de Saint Jean l’E van gélifie , qui eft de la
main de Raphaël.
On traverfe le campo - Martio , pour'aller à
l’églife- de fan-Lorenzo-in-lucina qui eft la plus
grande paroi (Te de Rome. .Elle avoifme le «palais
Borghèfe , palais qui renferme bien des chofes
rares, fur-tout en tableaux, dont le plus eftimé
eft du Titien :> c’eft une Vénus qui bande les
yeux à l’Amour, pendant que les Grâces lui
apportent fes armes. Le portrait de Paul V de
la maifon Borghèfe, eft un .ouvrage très-délicat
en mofaïque.
Augufte àvoit fon maufolëe dans le même
quartier , à peu de diftance de l’eglife de Saint
Charles dans le Coursé Cet édifice étoit rond ,
Se l’une des plus belles chofes qu’on pût voir
dans l’ancienne Rome. Il avoir trois rangs de
colonnes les unes fur les autres , dont les étages
alloient en décroiffant de diamètre , 8e fur chaque
étage étoit une efpèce de terraffe où l’on avoic
planté des arbres dont l’afpeâ étoit pittorefque-
La ftatue d’Augufte étoit fur le haut de tout-
l’ouvrage., élevée de terre de deux cent cinquante
coudées : le temps a détruit ce fuperbe
tombeau.
L’églife des Auguftins dans le voifinage, a
une bibliothèque ouverte le matin ; 8e tout près
de cette églife eft le palais du duc d’Altempi.
La grande faïle de ce palais eft remarquable par
le triomphe de Bacchus en bas-relief de marbre ,
par la repréféntation d’une ville taillée fur du
b o is , & par un portrait de la Vierge tenant'
l’Enfant Jéfus entre' fes bras ; c’eft un tableau
de Raphaël, qui eft fort eftimé. •
L’églife de Saint Pierre de Rome- eft , fans
contredit, la plus grande & la plus belle églife
qu’il y ait au monde, 8e les plus grands artiftes
en tout genre y ont développé leurs talens. Elle?
eft fituée au-delà du T ib re , au pied du mont
.Vatican , vers l’endroit où étoient les jardins
de Néron. La première pierre en fut pofée lé
l8 avril 1506, fous le pontificat de Jules I I ,
qui pour fa conftru&ion préféra les deflins de
Bramante. Après la mort de ce célèbre architeéle
, ceux qui lui fuccédèrent dans la conduite
de l’ouvrage , firent quelques changemens à fes
plans. C’eft à Michel-Ange qu’étoit réfervée la
gloire de donner un plan qui ne devoir plus
varier , ou du moins ne fubir que des changemens
peu. confidérables. Le Bernin y ajouta le
périftyle ; 8e Vignole les petits dômes d’accom-
pagnèmens.-
La coupole eft la 'plus vafte qui exifte :
l’intérieur en eft revêtu d’une riche mofaïque,
8ç a voûte de l’églife eft en ftucs dorés. L®
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